Jacques Vasseur

Jacques Vasseur, né le à Valenciennes et mort le à Heidelberg[1], est un collaborateur français naturalisé allemand, auxiliaire de la Gestapo pendant l'Occupation et accusé de 230 morts.

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Biographie

Originaire du Nord de la France, il est le fils unique d'un chef de bureau à la Banque de France. Sa grand-mère maternelle est allemande. Il passe sa jeunesse dans le Nord et passe régulièrement ses vacances en Allemagne dans le Bade-Wurtemberg. Ses parents s'établissent à Angers, rue Hanneloup. Instruit, bachelier ès lettres à Lille, Vasseur étudie à l'École des hautes études commerciales de Paris (HEC).

Germanophile, il est interprète, de mai à à la Kommandantur d'Angers. Son père, partisan de la paix et anti-allemand, le renvoie étudier à Paris. Adorateur du Parti franciste, il refuse à la fin de ses études un poste à Saint-Omer et est employé à la Banque de France d'Angers en 1941. En 1943, il devient le chef du service des agents auxiliaires de la Gestapo d'Angers et de Nantes. Il participe à des arrestations, des dénonciations, des sévices, des tortures et des meurtres, faisant infiltrer de nombreux réseaux de résistance. Il dénonce notamment Adrien Tigeot, qui sera fusillé, ainsi que Noëlla Rouget, déportée au camp de Ravensbrück.

En , après le débarquement en Normandie, il fuit en Allemagne, à Heidelberg. Il est condamné à mort une première fois par contumace, le . Il revient se cacher chez sa mère, rue Jeanne Maillotte à La Madeleine-lez-Lille. Il vit ainsi 17 ans dans un grenier jusqu'à son arrestation le . Durant sa clandestinité, il apprend huit langues, dont le russe, le japonais et le sanskrit[2].

Lors de son procès en 1965, 196 personnes affluent de toute la région d'Angers et même de Bretagne : il est accusé de 430 arrestations, 310 déportations et 230 morts. Jugé par la Cour de sûreté de l'État, il est condamné à mort le . Gracié, à la demande de Noëlla Rouget, par Charles de Gaulle en 1966, sa peine est commuée en détention à perpétuité, puis ramenée à 20 ans de prison par Georges Pompidou. Durant sa détention, il entretient une correspondance avec Rouget, qu'il avait arrêtée et torturée, sans cependant jamais exprimer de remords[2]. En 1974, il se marie en prison avec une bibliothécaire allemande, Johanna[3]. Il est libéré en . Il vit ensuite dans le nord-ouest du Bade-Wurtemberg, à Heildelberg, avec son épouse.

Jacques et Johanna Vasseur écrivent et publient une série de livres sur les prénoms allemands (dont Goldmanns großes Vornamen-Buch). Ouest-France révèle en 2014 que Jacques Vasseur est décédé sans descendance à Heidelberg le , sous la nationalité allemande. Au cimetière, son urne repose anonymement, tout près de la tombe du ministre des Armements de la production de guerre, Albert Speer. « Jusqu'au bout, l'homme parviendra à se faufiler entre les murs de l'Histoire », témoigne le journaliste angevin Benoît Robert[4].

Notes et références

  1. Enquête exclusive. Le tortionnaire de la Gestapo est mort en Allemagne
  2. Benoît Hopquin, « La déportée qui a fait gracier son bourreau : la leçon d’humanité de Noëlla Rouget », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  3. Vasseur. « Votre enquête marque un épilogue, mais l'histoire continue », Ouest-France, 17 novembre 2014
  4. Enquête exclusive. Le tortionnaire de la Gestapo est mort en Allemagne Ouest-France, 16 novembre 2014

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Dominique Jamet, Un traître, Flammarion, 394 p., 2008. Roman inspiré de la vie de Jacques Vasseur.

Liens externes

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