Ismaël Boulliau

Ismaël Boulliau (écrit aussi : Boulliaud), dit aussi Ismaël Boullian (en latin Ismael Bullialdus), né le à Loudun et mort le à Paris, est un astronome français.

Biographie

De parents calvinistes, de père notaire, Ismaël Bouillau porte le nom d'un frère aîné mort l'année précédente. Son père est féru d'astronomie et porte le même prénom qu'eux. Le père et le fils observent ensemble la comète de 1618 (son père a déjà observé en 1607 la fameuse comète de Halley).

Converti au catholicisme, il fut ordonné prêtre et en 1632, il devint à Paris le secrétaire de Jacques du Puy, garde de la bibliothèque du roi. Là s'assemblaient l'« Emericus Bigotius », ou Émery Bigot, avec Grotius, Blondel, de Launoy, Guyet, Ménage, Thoinart, etc., ses amis les plus intimes[1]. Il voyagea alors pour leur compte, afin d'acheter des livres et traduisant de nombreux ouvrages du grec en latin.

À la tête du « cabinet » des Dupuy, il commet lors de la mort de Jacques Aleaume (1627) une coupable indélicatesse en faisant disparaître l’Harmonicon Celeste de François Viète pour l'envoyer sur la fin de sa vie à Cosme III de Médicis dont il espérait gagner les faveurs[2],[3]. À la mort des frères Dupuy, il fut employé en Hollande, comme bibliothécaire de l'ambassadeur français le président de Thou, dont il était un protégé.

Ismaël Boulliau devint l’ami de Pierre Gassendi, Christiaan Huygens, Marin Mersenne et de Blaise Pascal.

Après de nombreux voyages, tant en Italie qu'en Hollande, en Allemagne, en Pologne, ou en Orient, la reine Louise-Marie de Gonzague l'attira à la cour de Pologne et lui fit un présent considérable. Le roi Jean II Casimir Vasa l'a envoyé auprès des États des Provinces-Unies pendant la guerre de Suède et de Pologne.

Il s'est fâché avec son dernier protecteur, et s'est retiré en 1689 à l'abbaye Saint-Victor de Paris. Il a fait son testament le et est mort le .

Travaux

De natura lucis, 1638

Boulliau est connu pour ses travaux en astronomie, en mathématiques, en observations météorologiques et en musique.

Il publia en 1645 Astronomia philolaica, dans lequel il indiqua que la force de gravitation suit la loi en carré inverse[4]. Isaac Newton était un lecteur de Boulliau (il cite ses données dans les Principia). Robert Hooke lui indiqua cette loi du carré inverse et il l'élabora dans les Principia.

Ismaël Boulliau fut, le , l'un des premiers associés étrangers de la Royal Society, fondée sept ans auparavant. Il a également travaillé sur les variations lumineuses de quelques étoiles.

Utilisant le premier thermomètre introduit en France, Boulliau a réalisé, avant même Louis Morin de Saint-Victor, les premières mesures météorologiques faites à Paris[5].

Principaux ouvrages

Opus novum ad arithmeticam infinitorum libris sex comprehensum, 1682.

Ouvrages originaux

Traductions

Hommages

Notes et références

Notes

  1. Le sous-titre est De vero systemate mundi [Le véritable système du monde].
  2. Titre complet : Astronomia Philolaica opus novum in quo motus planetarum per novam ac veram hypothesim demonstratur, medii que motus, aliquot observationum authoritate, ex manuscripto Bibliothecae regeae, quae hactenus omnibus astronomomis ignotae fuerunt stabiliuntur. Superque illa hypothesi tabulae constructae omnium, quotquot hactenus editae sunt, facillimae.
  3. Titre complet : Observatio secundi deliquii lunaris anno 1652 mense septembri facti, una cum calculo illius, et futuri alius lunae defectus mense martio 1653 ex tabulis Philolaicis, et Observationes circa cometam qui mense decembri 1652 fulsit, tam ab ipso quam ab aliis factae.

Références

  1. Vigneul-Marville, Mélanges d'histoire et de littérature, vol. 3, Paris, Claude Prudhomme, 1701, p. 257–258.
  2. (en) Augustus de Morgan, A budget of paradoxes, vol. 2, 1954, p. 295.
  3. Frédéric Ritter, Étude sur la vie du mathématicien François Viète (1540–1603), son temps et son œuvre, t. 1.
  4. (en) (fr) Jean-Baptiste Joseph Delambre, « Carré inverse de Ismaël Boulliau », dans Histoire de l'astronomie moderne, 2 volumes, Paris 1821 — Transcription et traduction de Robert A. Hatch.
  5. Rousseau.
  6. Recension dans Delambre.
  7. Seth Ward, évêque anglican de Salisbury, avait écrit en 1653 In Ismaelis Bullialdi astronomiae philolaicae fundamenta inquisitio brevis [Courte recherche sur les fondements de l'astronomie philolaïque d'Ismaël Boulliau].

Bibliographie

  • « Boulliaud Ismaël », dans Dictionnaire de la conversation et de la lecture, t. 55, Paris, Garnier, 1844, p. 343
  • Pascal Baron, Gérard Jubert et Jean-Marie Trouvé, « Ismaël Boulliau. Le désir ardent de savoir », Aventures scientifiques. Savants en Poitou-Charentes du XVIe au XXe siècle, J. Dhombres, dir., Les éditions de l’Actualité Poitou-Charentes, Poitiers, 1995, p. 30-43 (ISBN 978-2-91132-000-2).
  • Jean-Baptiste Joseph Delambre, « Bouillaud », dans Histoire de l'astronomie moderne, vol. 2, p. 142
  • Louis Ellies Dupin, « Ismael Bouillaud », dans Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, chez Pierre Humbert, Amsterdam, 1711, t. XVII, p. 105–108
  • Robert Alan Hatch, The Collection Boulliau (BN, FF, 13.019-13.059). An Inventory, Philadelphie, 1982, 538 p.
  • Robert Alan Hatch, « Boulliau, Ismaël » , dans Thomas Hockey, The Biographical Encyclopedia of Astronomers, Springer, p. 155.
  • (en) Alexandre Koyré, « Bullialdus », dans « A documentary history of the problem of fall from Kepler to Newton : De motu gravium naturaliter cadentium in hypothesi Terrae motae », dans Transactions of the American Philosophical Society, vol. 45, no 4 (1955), p. 329–395 DOI:10.2307/1005755 — Disponible chez jstor.org.
  • Henk J. M. Nellen, « Ismaël Boulliau : 1605 – 1694 : astronome, épistolier, nouvelliste et intermédiaire scientifique ; ses rapports avec les milieux du libertinage érudit », Études de l'Institut Pierre Bayle, Nimègue, 24, APA-Holland University Press, 1994 (ISBN 978-9-03021-034-4)
  • Louis Moreri, « Ismaël Boulliaud », dans Supplément aux anciennes éditions du grand dictionaire historique de Mre Louis Moreri, ou le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane, t. 1, A – H, p. 336–337, 1716
  • Charles Perrault, « Ismael Boüilleau, astronome », dans Les hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, chez Antoine Dezallier, 1700, t. 2, p. 73–74
  • René Pintard, Le libertinage érudit dans la première moitié du XVIIe siècle, Paris, 1943
  • Daniel Rousseau, « Les moyennes mensuelles de températures à Paris de 1658 à 1675. D’Ismaël Boulliau à Louis Morin », dans La Météorologie, no 81, , p. 11–22

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