Iqbal Masih

Iqbal Masih (en ourdou : اقبال مسیح, né le à Muridke et mort le dans la même ville) est un jeune Pakistanais vendu comme enfant esclave à l'âge de quatre ans[1]. Il devint une figure mondialement connue de la lutte contre l’esclavage moderne à dix ans et fut assassiné en raison de son combat en 1995, à seulement 12 ans.

Pour les articles homonymes, voir Iqbal et Masih.

En 1998, la Radiotelevisione Italiana, Arte et Red Film Group ont produit un film reprenant l'histoire d'Iqbal Masih sous le titre Iqbal - Non à l'esclavage des enfants.

Biographie

Iqbal Masih est né le à Muridke, un petit village proche de Lahore, au Pakistan. Sa famille, très pauvre, doit emprunter de l'argent (chez un usurier, à un taux d'intérêt élevé) pour payer les médicaments de sa mère et assurer la subsistance de la famille. La dette ne cesse d'augmenter et Iqbal, à l'âge de quatre ans, est donc vendu par ses parents pour l'équivalent de 12 dollars américains afin d'aider à la rembourser : en effet, la servitude pour dettes est un système de remboursement répandu au Pakistan. Des parents endettés cèdent souvent leurs enfants moyennant un peu d’argent et c'est ainsi le travail de l'enfant qui rembourse la dette. Mais l'employeur retient sur le salaire de l'enfant des frais de nourriture, de logement et les amendes infligées en cas de faute. La dette ne peut donc en fait jamais être remboursée : l'enfant reste l'esclave de son employeur.

Iqbal travaille d'abord dans une fabrique de briques, puis dans un atelier de tisserand à raison de douze heures par jour. Il est enchaîné du matin au soir. En raison de ses très nombreuses heures de travail et de la malnutrition, à l'âge de 12 ans, Iqbal faisait la taille d'un enfant de six ans. Malgré cela, Iqbal a réussi à apprendre à écrire et à lire grâce à une autre enfant esclave du nom de Maria.

Un jour, alors qu'il est âgé de neuf ans, Iqbal et ses camarades de misère sortent en cachette de l'usine de tapis. Durant cette fuite, il rencontre un avocat, Eshan Ullah Khan, président d'une association, le Front de libération contre le travail forcé des enfants (BLLF). Eshan Ullah Khan l’aide à quitter la servitude et à partir de ses dix ans, Iqbal devient l'une des figures publiques de la lutte contre l’esclavage moderne au niveau mondial.

« N'achetez pas le sang des enfants ! » est le cri que pousse Iqbal et qui va bouleverser les consciences. Devenu le porte-parole du BLLF, Iqbal voyage en Europe et aux États-Unis pour lutter contre le travail des enfants et prononce de nombreux discours pour témoigner de son histoire. Sous la pression internationale, le gouvernement pakistanais ferme plusieurs dizaines de fabriques de tapis où travaillaient des enfants dans des conditions d’esclavage, libérant ainsi plus de 3 000 enfants.

En 1994, Iqbal est l'un des lauréats du prix Reebok des droits de l'homme, un prix de la fondation Reebok, accompagné d'une somme d'argent qu'il déclare vouloir utiliser pour suivre des études de droit.

Iqbal ne vivra pas assez longtemps pour aller à l'université : pendant une promenade à vélo avec deux amis dans son village, il est assassiné le , à l’âge de douze ans. Les circonstances du meurtre demeurent troubles, mais les soupçons pèsent sur la « mafia du tapis » pakistanaise qui souhaitait à tout prix faire taire ce porte-parole embarrassant.

Aujourd'hui, Iqbal est devenu un des symboles de la lutte contre l'exploitation des enfants.

Reconnaissance à titre posthume et inspiration

À Almería en Espagne, une plaque à la mémoire d'Iqbal et des millions d'enfants esclaves dans le monde.

En 2000, Iqbal a reçu à titre posthume le World's Children's Prize for the Rights of the Child (en).

Un collectif Iqbal-Masih a été fondé, qui œuvre à travers son acte fondateur, l’Appel d’Épinal, à faire connaître et appliquer la Convention internationale des droits de l'enfant.

En , le Congrès des États-Unis a créé un prix annuel, le Prix Iqbal Masih pour l'éradication du travail des enfants (Iqbal Masih Award for the Elimination of Child Labor).

Le travail et la mort d'Iqbal ont inspiré un jeune garçon canadien de 12 ans, Craig Kielburger (en), à consacrer sa vie à la cause d'Iqbal et à créer l'organisation Free The Children.

Tahar Ben Jelloun lui rend hommage dans sa fable pour la jeunesse L'École perdue (Folio Junior), dans laquelle un jeune instituteur africain s'appuie sur l'héroïsme du jeune garçon pour éveiller la conscience de ses élèves et les soustraire à l'usine. Dans sa chanson Esclave 2000 le groupe de rap français Assassin rend entre autres hommage à la mémoire de Iqbal Masih en prenant parti de manière explicite contre toute forme d'esclavage, illustrée de plusieurs exemple dont celui d'Iqbal Masih. Pierre Bachelet dans son dernier album Une autre lumière, sorti en 2001, rend également hommage à Iqbal Masih, dans une chanson intitulée Iqbal (paroles Alain Damecour, musique Pierre Bachelet).

En 2010, l'un des « villages » du rassemblement CitéCap, organisé par les Scouts et Guides de France, porte le nom d'Iqbal Masih.

On peut enfin noter que la ville de Saint-Denis a vu l'ouverture en 1998 d'un collège au nom d'Iqbal Masih dans le quartier de la Plaine[2].

Notes et références

Bibliographie

  • Richard Werly et Sylvie Coma, "Iqbal l'enfant esclave", Fayard, 1995.
  • Georges Berton, "Iqbal Masih, 12 ans"
  • Dominique Torrès, "Esclaves"
  • Francesco Di Adamo, "Iqbal, un enfant contre l'esclavage"
  • Andrew Crofts, "The Little Hero"
  • Chaïm Potok, "Zebra and other stories", Knopf, 1998. Trad. sous le titre "La course du zèbre". La nouvelle "Moon" décrit la rencontre d'un jeune américain avec Iqbal.

Filmographie

Voir aussi

Article connexe

Sources

Liens externes

  • Portail de l’esclavage
  • Portail du droit
  • Portail du Pakistan
  • Portail de l'enfance
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.