Incident de Nikolaïevsk

L'incident de Nikolaïevsk (尼港事件, Niko Jiken) est une série d'évènements qui se déroulèrent de février à mars 1920 durant l'intervention alliée dans la guerre civile russe, culminant avec le massacre de plusieurs centaines d'expatriés japonais et de la plupart des habitants russes de la ville de Nikolaïevsk-sur-l'Amour dans l'Extrême-Orient russe[1].

La ville de Nikolaïevsk-sur-l'Amour, vers 1900.

Historique

La ville de Nikolaïevsk-sur-l'Amour fut occupée en septembre 1918 par l'armée impériale japonaise durant l'intervention en Sibérie. Début février 1920, une communauté d'environ 450 Japonais habitait sur place en plus d'une garnison de 350 militaires du 3e bataillon du 2e régiment d'infanterie de la 14e division de l'armée impériale japonaise. En outre, les Russes blancs avait sur place une garnison de 300 hommes. La population civile totale était alors de 15 000 personnes. En janvier 1920, la ville fut encerclée par une force de 4 000 hommes commandée par Yakov Triapitsyne (en), allié de l'armée rouge bolchevique (renié par la suite).

Le , se rendant compte qu'ils étaient en infériorité numérique et loin de tous renforts, le commandant de la garnison japonaise autorisa les troupes de Triapitsyne à entrer dans la ville avec un drapeau blanc. Triapitsyne commença cependant à rassembler et à exécuter les partisans des Russes blancs, la seule force restant intacte étant la petite garnison japonaise. Le 10 mars, Triapitsyne lança un ultimatum à la garnison pour l'obliger à rendre les armes, ce qui était inacceptable pour le code japonais de l'honneur. Contre toute attente vu leur infériorité numérique, le détachement japonais lança une attaque surprise le . L'attaque échoua et la plupart des soldats japonais furent tués, ceux qui survécurent ne se rendirent qu'après en avoir reçu l'ordre du haut-commandement japonais. Triapitsyne avait cependant décidé de se venger, il fit exécuter tous les soldats restants et massacra la petite communauté japonaise en ne laissant que 122 survivants, en tout plus de 700 Japonais furent tués pendant ces événements[1].

Après cela, Triapitsyne instaura un régime de terreur rouge et fit exécuter tous les civils qu'il jugeait suspects. À court de munitions, il continua à exécuter des victimes à la baïonnette ou en les jetant dans un trou scié dans la glace du fleuve Amour. Plusieurs milliers d'habitants de la ville furent tués ainsi et par d'autres méthodes d'exécution[1].

12h, 24 mai 1920 ne pas oublier!. Écrit par l'une des victimes japonaises.

Fin mai, ayant appris qu'une expédition de secours japonaise approchait, Triapitsyne décida d'exécuter tous les habitants restants, Japonais et Russes, et incendia toute la ville. Les forces japonaises arrivent le dans les ruines de la ville[1]. Celle-ci retourne en 1922 sous contrôle soviétique après le départ du contingent japonais de Sibérie.

Le gouvernement japonais protesta auprès de celui de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, demandant compensation. Le gouvernement bolchevik russe récusa toute responsabilité dans les actes de Triapitsyne, considéré comme non-membre de l'Armée rouge et indiscipliné, puis arrêté et exécuté le . Le gouvernement japonais ne se satisfit pas de cette réaction et utilisa l'incident comme prétexte pour occuper la partie nord, russe, de l'île de Sakhaline, et en refusant de reconnaître diplomatiquement de l'Union soviétique jusqu'en 1925.

Bibliographie

  • Hara, Teruyuki. Niko Jiken no Shomondai (Problems in the Incident at Nikolaevsk-na-Amure) // Roshiashi Kekyuu, 1975, No. 23.
  • Gutman, Anatoly. Ella Lury Wiswell (trans.); Richard A. Pierce (ed.) The Destruction of Nikolaevsk-on-Amur, An Episode in the Russian Civil War in the Far East, 1920. Limestone Press (1993). (ISBN 0-919642-35-7)
  • White, John Albert. The Siberian Intervention. Princeton University Press (1950)

Notes et références

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