In persona Christi

In persona Christi, latin pour « dans la personne du Christ », est un concept important du catholicisme et, à divers degrés, d'autres dénominations chrétiennes signifiant que le prêtre ou l'évêque agit dans le cadre de la messe non seulement à la place mais en tant que Jésus-Christ, en identification à lui. Le Catéchisme de l'Église catholique introduit le concept sous une appellation plus longue : In persona Christi capitis (« dans la personne du Christ, la tête [de l'Église] »)[1]. Le concept signifie que, à travers le prêtre ou l'évêque, « la présence du Christ comme chef de l’Église est rendue visible au milieu de la communauté des croyants[2]. » Au sein de l'Église catholique, le prêtre agit dans la personne du Christ lorsqu'il prononce les mots qui font partie d'un rite sacramentel incluant, par exemple, les paroles de la consécration durant la messe, lorsque le pain devient le Corps du Christ et le vin devient le Sang du Christ.

Le Christ distribuant l'Eucharistie aux apôtres à la manière d'un prêtre (Cathédrale Sainte-Sophie de Kiev)

Textes

Pie XII, Mediator Dei
40. Seuls les apôtres, et ceux à qui leurs successeurs ont imposé les mains, se voient octroyer le pouvoir de la prêtrise, en vertu duquel ils représentent la personne de Jésus-Christ devant leur peuple, agissant en même temps comme représentants de leur peuple devant Dieu.
68. L'auguste sacrifice de l'autel n'est donc pas une simple commémoration vide de la passion et de la mort de Jésus-Christ, mais un acte de sacrifice véritable et approprié, par lequel le Souverain Sacrificateur par une immolation sanglante s'offre lui-même comme victime au Père éternel, comme il l'a fait sur la croix. « C'est une seule et même victime; la même personne l'offre maintenant par le ministère de ses prêtres, qui s'était offert sur la croix, seule la manière d'offrir étant différente. »
69. Le prêtre est le même, Jésus-Christ, dont le ministre représente la personne sacrée. Or, le ministre, en raison de la consécration sacerdotale qu'il a reçue, est rendu semblable au Souverain Sacrificateur et possède le pouvoir d'accomplir des actions en vertu de la personne même du Christ…[3]
Concile Vatican II, Lumen Gentium
28. Tout en n’ayant pas la charge suprême du pontificat et tout en dépendant des évêques dans l’exercice de leurs pouvoirs, les prêtres leur sont cependant unis dans la dignité sacerdotale ; et par la vertu du sacrement de l’Ordre, à l’image du Christ prêtre suprême et éternel (He 5, 1-10 ; 7, 24 ; 9, 11-28), ils sont consacrés pour prêcher l’Évangile et pour être les pasteurs des fidèles et célébrer le culte divin en vrais prêtres du Nouveau Testament. Participant, à leur niveau de ministère, de la charge de l’unique Médiateur qui est le Christ (1 Tm 2, 5), ils annoncent à tous la Parole de Dieu. C’est dans le culte ou synaxe eucharistique que s’exerce par excellence leur charge sacrée : là, agissant en la personne du Christ et proclamant son mystère, ils réunissent les vœux des fidèles au sacrifice de leur chef…[4]
Paul VI, Sacerdotalis Caelibatus
29. Agissant en représentant du Christ, le prêtre s’unit plus intimement à l’offrande, en déposant sur l’autel toute sa vie marquée des signes de l’holocauste.[5]
Jean-Paul II, Dominicae cenae
8. Le prêtre offre le Saint Sacrifice "in persona Christi", ce qui veut dire davantage que "au nom" ou "à la place" du Christ. "In persona" : c'est-à-dire dans l'identification spécifique, sacramentelle, au "grand prêtre de l'Alliance éternelle", qui est l'auteur et le sujet principal de son propre sacrifice, dans lequel il ne peut vraiment être remplacé par personne. Lui seul - le Christ seul - pouvait et peut toujours être véritable et effective " propitiation pour nos péchés... et aussi pour ceux du monde entier ". Seul son sacrifice - et non celui d'un autre - pouvait et peut avoir " vertu propitiatoire " devant Dieu, devant la Trinité, devant sa sainteté transcendante. La prise de conscience de cette réalité jette une certaine lumière sur le caractère et sur la signification du prêtre célébrant qui, en accomplissant le Saint Sacrifice et en agissant "in persona Christi" est introduit et inséré, de manière sacramentelle (et en même temps ineffable), au coeur même de ce "Sacrum" dans lequel, à son tour, il associe spirituellement tous ceux qui participent à l'assemblée eucharistique.[6]
Catéchisme de l'Église catholique
875. Personne ne peut se conférer à lui-même la grâce, elle doit être donnée et offerte. Cela suppose des ministres de la grâce, autorisés et habilités de la part du Christ. De Lui, les évêques et les prêtres reçoivent la mission et la faculté (le "pouvoir sacré") d’agir in persona Christi Capitis, les Diacres, la force de servir le peuple de Dieu dans la "diaconie" de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son presbytérium. Ce ministère, dans lequel les envoyés du Christ font et donnent par don de Dieu ce qu’ils ne peuvent faire et donner d’eux-mêmes, la tradition de l’Église l’appelle "sacrement". Le ministère de l’Église est conféré par un sacrement propre.[7]

Analyse

Stéphane Joulain, prêtre et psychothérapeute, explique qu'il existe une évolution de la culture cléricale, qui place les clercs au dessus des autres fidèles, il agit alors in persona Christi. Ainsi certains clercs se considèrent comme supérieur, ce qui justifie à leurs yeux les abus commis[8].

Notes et références

Annexe

Article connexe

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