Ilija Garašanin

Ilija Garašanin (en serbe cyrillique : Илија Гарашанин ; né le à Garaši près d'Aranđelovac - mort le à Grocka près de Belgrade, aussi retranscrit Élia Garachanine) était un homme politique serbe. Représentant du prince puis président du Conseil des ministres ainsi qu'historien, il joua un rôle important dans les affaires de la Serbie. Il est parfois surnommé « le Bismarck serbe ».

Ilija Garašanin
Илија Гарашанин
Fonctions
Président du Conseil des ministres serbe

(6 ans et 25 jours)
Monarque Michel III
Prédécesseur Filip Hristić
Successeur Jovan Ristić
Représentant du prince de Serbie
(chef du gouvernement)

(11 mois et 4 jours)
Monarque Alexandre
Prédécesseur Avram Petronijević
Successeur Aleksa Simić
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Garaši (Empire ottoman)
Date de décès
Lieu de décès Grocka (Principauté de Serbie)
Nationalité Serbe
Chefs de gouvernement de Serbie

Biographie

Ilija Garašanin était le fils d'un paysan serbe qui faisait des affaires en exportant du bétail et des porcs en Autriche. Par son intelligence et sa prospérité, il exerçait une certaine influence sur le pays. Il voulut donner à son fils la meilleure éducation possible. Ainsi, il l'envoya étudier en Hongrie, d'abord dans une école grecque puis dans une école allemande. Le jeune Ilija se montra un élève extrêmement doué. Il est aussi auditeur étranger à l'École polytechnique[1].

En 1837, le Prince Miloš Ier Obrenović le nomma colonel et commandant en chef de l'armée régulière serbe qu'il venait juste de créer. Un peu plus tard dans la même année, le prince fit d'Ilija Garašanin le chef de la police militaire. En 1839, il la réorganisa sur le modèle de la Geheime Feldpolizei prussienne[2]. En 1840, après l'abdication du Prince Miloš, Garašanin dut s'exiler[3] à Istanbul, où il resta jusqu'en 1842.

Ministre d'Alexandre Karađorđević

De retour en Serbie, il fut nommé ministre de l'Intérieur du prince Alexandre Karađorđević[3]. À partir de cette date et jusqu'en 1867, année où il se retira des affaires, Ilija Garašanin allait jouer un rôle prépondérant dans la vie de son pays, faisant de lui un des plus grands hommes d'Etat serbes du XIXe siècle[4], lui valant le surnom de « Bismarck serbe »[2]. Durant son mandat à l'Intérieur, il développe une stratégie d'influence par la religion et l'éducation, utilisant propagande et action clandestine pour soutenir la cause de la Grande Serbie[2].

Du jusqu'au , il fut Représentant du prince et ministre des Affaires étrangères[3]. Son projet était de remplacer le protectorat russe sur la Serbie par une protection assurée par l'ensemble des puissances européennes. Il s'opposa ainsi vigoureusement à la guerre qui affrontait la Russie à l'Empire ottoman et aux puissances occidentales. Cette hostilité conduisit le prince Menchikov à demander sa démission au prince Alexandre Karađorđević.

Malgré cette démission, Ilija Garašanin réussit à obtenir la neutralité de la Serbie dans la guerre de Crimée. C'est à son initiative que la France, lors de la conférence de paix qui se tint à Paris en 1856, proposa que la constitution de 1839, accordée à la Serbie par son suzerain turc et son protecteur russe, soit remplacée par une constitution plus moderne et plus libérale, dessinée par une commission internationale européenne. Mais malgré ses efforts, Ilija Garašanin ne put obtenir l'accord de toutes les puissances.

En tant que ministre de l'Intérieur, Garašanin persuada le prince Alexandre de convoquer l'assemblée nationale, ce qui ne s'était pas produit depuis dix ans. Cette assemblée se réunit en 1858 mais sa première décision fut de détrôner le prince et de rappeler au pouvoir le vieux prince Miloš Obrenović[5].

Sous Michel III Obrenović

À la mort de son père, en 1860, le prince Michel III Obrenović lui succéda sur le trône. Il confia à Ilija Garašanin la charge de président du Conseil et celle de ministre des Affaires étrangères[4]. Ilija Garašanin resta en fonction du jusqu'au . Le prince et son ministre s'accordèrent pour établir une constitution plus conservatrice. Mais surtout, en 1867, ils réussirent à obtenir le départ hors de Serbie de la dernière garnison turque[3].

Ilija Garašanin préparait un soulèvement général des Balkans contre les Ottomans[2]. Il établit des accords secrets avec la Roumanie, la Bosnie-Herzégovine, l'Albanie, la Bulgarie et la Grèce, et plus spécialement encore avec le Monténégro. Mais son plan ne put aboutir. En 1867, il fut brusquement écarté du pouvoir, sans doute parce qu'il s'opposait au mariage du prince Michel avec Katarina Konstantinović (en)[3]. Son renvoi souleva une vague de protestation. Le , le prince Michel était assassiné.

Ilija Garašanin passa les dernières de sa vie à l'écart de la vie politique, dans son domaine de Grocka.

Positions

Ilija Garašanin était conservateur en matière de politique intérieure. Il considérait que la bureaucratie était pour l'administration le seul moyen d'être efficace.

Sur le plan des affaires étrangères, il fut le premier homme d'État serbe à maintenir l'indépendance du pays, aussi bien face à la Russie que face à l'Autriche-Hongrie.

Dès 1844, Ilija Garasanin avait aussi rédigé un programme confidentiel (Nacertanije) ayant pour objectif de réunir tous les Slaves des Balkans au sein d'une Grande Serbie[3],[2]. Animé par le souvenir de l'empire médiéval de Stefan Dušan, ce programme n'est pas étranger à l'établissement, en 1918, du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, qui, en 1929, allait devenir le Royaume de Yougoslavie.

Famille

Son fils Milutin Garašanin (homme politique) (en) (1843-1898) fut également homme politique, occupant les fonctions de premier ministre et d'ambassadeur de Serbie à Paris[6].

Notes et références

  1. Albert Lévy et G. Pinet (préf. Armand Silvestre, ill. Bracquemond), L'argot de l'X : illustré par les X, Paris, Émile Testard, , 327 p. (lire en ligne), p. Constances
  2. Gérald Arboit, « LE PREMIER SERVICE DE RENSEIGNEMENT SERBE : 1884-1914 », Centre français de recherche sur le renseignement, (consulté le ), p. 3.
  3. (en) « Ilija Garašanin, Prime Minister of Serbia », sur global.britannica.com, (consulté le ).
  4. Stokes 1990, p. 9.
  5. (en) Gale Stokes, Politics as Development : The Emergence of Political Parties in Nineteenth-Century Serbia, Duke University Press, , 422 p. [détail de l’édition] (ISBN 0-8223-1016-3, lire en ligne), p. 8.
  6. (en) Edin Hajdarpasic, Whose Bosnia?: Nationalism and Political Imagination in the Balkans, 1840–1914, Cornell University Press, (ISBN 9781501701108, lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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