Ignace Baudinot

Henri-Aloyse-Ignace Baudinot ( - Sélestat[1] - Sélestat [2]), fils de Albert Eléonore Baudinot, capitaine de la légion de Conflans, mort à Perpignan (Pyrénées-Orientales) et de Marie Jeanne Jobart, était un militaire français des XVIIIe et XIXe siècles.

Ignace Baudinot

Ignace Baudinot

Naissance
Sélestat
Décès  64 ans)
Sélestat
Origine France
Grade Colonel
Distinctions Baron de l'Empire
Commandeur de la Légion d'honneur

Biographie

Ignace Baudinot avait à peine treize ans, lorsque le 8e bataillon des chasseurs des Vosges le reçut dans ses rangs ; et tandis que ses compagnons d'enfance, se livraient encore aux jeux de leur âge, lui, affrontait déjà, sur la terre étrangère, les balles ennemies ; sa mère leur lisait avec orgueil une lettre de son époux, qui lui disait: « Ton fils vient de se battre comme un petit lion, il a été nommé lieutenant sur le champ de bataille, aux acclamations de tout le bataillon. »

Durant la campagne d'Égypte, un vaisseau turc battu par la tempête, était sur le point de périr. Une embarcation française vole à son secours. Ce n'étaient pas des ennemis à combattre, c'étaient des hommes à sauver. Les éléments viennent en aide à l'humanité, à la générosité française. Dès que le danger eût disparu, les infidèles, comptant leur nombre, conçoivent l'espoir de capturer ceux, qui s'étaient présentés comme des libérateurs et les somment de déposer les armes. À cette interpellation inattendue, Baudinot, alors capitaine, répond en mettant le sabre à la main et jette au chef des Musulmans ce chevaleresque défi : « À nous deux le gage du combat ». Les deux champions se sont compris, et leurs fers se croisent. Comme à un signal donné les équipages attentifs se sont rangés pour élargir la lice. La lutte est longue, vive : vingt fois des cris de victoire ou de détresse ont été subitement comprimés par les chances incertaines du combat. Tout à coup le cimeterre de l'Arabe échappe de ses mains, le capitaine français lui faisait grâce de la vie ; mais déjà le poignard menace la sienne. Baudinot prompt comme l'éclair, arrache cette nouvelle arme à son ennemi, la lui plonge dans le cœur, puis l'étreint d'un bras vigoureux et le lançant dans la mer, s'écrie dans la langue énergique de l'Alsace : « Meurs traître, je garderai ton cimeterre et ton poignard, comme un souvenir de ta déloyauté ».

Membre de la Légion d'honneur le , Baudinot fut promu Officier le puis Commandeur de la Légion d'honneur le .

Il fut blessé d'un coup de feu au bas ventre à Hoff le et d'un autre qui lui traversa la jambe droite à Heilsberg le 10 juin suivant.

Le , l'Empereur jugea Baudinot digne de commander le 46e de ligne, dans les rangs duquel, mourut au champ d'honneur le plus ancien grenadier de la république, le brave entre les braves, le chef de la colonnes infernales, Latour d'Auvergne.

À trente trois ans colonel du plus beau régiment de l'armée, quel avenir s'ouvrait devant lui ! Quelle perspective d'honneurs, si l'ambition avait trouvé place dans ce cœur où battaient tant de bravoure et de noblesse ! Mais tous ses vœux étaient comblés, jamais il n'accepta le rang supérieur, qui maintes fois lui fut offert. Aussi avec son régiment, eut-il fait des miracles.

L'occupation d'Enzersdorff était nécessaire à Napoléon pour réaliser les plans sublimes de la bataille de Wagram. Le colonel Descorches Sainte-Croix, aide de camp du maréchal Masséna, transmet au colonel Baudinot l'ordre de passer le Danube avec son régiment, pour prendre position sur la rive gauche au-dessous de la petite ville et protéger la construction d'un pont. Le fleuve est franchi rapidement sur des barques, par les braves commandés par Baudinot. Le débarquement s'opère sons une pluie d'obus et de boulets ; un pont de quatre-vingts toises bientôt lie les deux rives. À trois heures du matin l'armée française se déploie dans les plaines d'Enzersdorff. Durant toute la nuit les batteries françaises battent la ville en brèche. Entre sept et huit heures Baudinot reçoit l'ordre de s'en emparer. Il commande la charge et s'avance sur l'ennemi. L'empereur voit le mouvement : il craint que les forces du régiment ne soient pas suffisantes et s'informe du nom du colonel qui le dirige. Mais dès qu'il eut appris que c'était Baudinot : « cela suffit, dit-il, je suis sûr de lui ». Peu après l'aide-de-camp, Sainte Croix apporta la nouvelle que l'ordre était exécuté.

Pendant la campagne de Russie (1812) Baudinot fut mis à la tête du 12e de ligne (1er octobre).

Dans la retraite de Moscou, le régiment de Baudinot formait l'arrière-garde. Il était poursuivi par une nuée de Cosaques. Déjà retentissait rapproché leur hourra exterminateur. Que faire ? Combattre, c'était compromettre le salut de l'armée. Un pont les sépare encore : sous ses arches, le colonel français fait placer un caisson chargé de poudre ; les Cosaques arrivent, la mine improvisée éclate sous leurs pieds et l'armée française poursuit sa retraite avec sécurité.

Baudinot fut fait prisonnier de guerre après la capitulaton de Dresde le . Il ne rentra en France que le .

Après la chute de Napoléon, Baudinot revint en France, baron de l'Empire, commandeur de la Légion d'honneur, le corps mutilé, la tête fracassée par un éclat d'obus, mais les bras robustes, mais le cœur toujours chaud. Il avait trente neuf ans et à cet âge on aime encore la gloire.

De nouvelles épreuves l'attendaient dans sa patrie. Le nom de son empereur était resté gravé dans son cœur. Les désastres de la France, troublaient le repos auquel était condamné le soldat de l'Empire. Assez d'autres mentaient à leur origine et s'efforçaient de faire oublier un passé, dont ils auraient dû être glorieux. Baudinot ne put point réprimer l'énergie de ses regrets. Il se vit obligé du rendre compte à un tribunal de la Restauration, de la franchise de son langage. Devant ses juges, sa fermeté ne se démentit point. Ceux qui furent témoins de ces débats, auraient peine à dire, ce qu'ils admirèrent le plus, ou la noble attitude du prévenu ou la parole éloquente de son défenseur. Les juges restèrent à la hauteur de leur mission, la comprirent et prononcèrent à l'unanimité l'acquittement.

Rentré dans ses foyers, alors que la plupart de ses compagnons d'armes, moins jeunes que lui, moins pleins d'avenir, ceux surtout qui plus que lui, avaient mis à profit le droit de conquête, briguèrent de nouveaux honneurs, ployant le genou devant un nouveau maître : lui, fidèle à ses serments, se cacha dans une retraite obscure et ne signala plus sa présence, que par le bien qu'il faisait, à tous ceux qui l'approchaient, et surtout aux pauvres dont il devint le père.

Quelques traces de lui ont subsisté à Sélestat [3], et aussi, comme nous le démontre Alexandre Dorlan : À la Restauration, "… à côté des troupes en activité, il y avait à cette époque les officiers en demi-solde, ou bien encore ceux que des infirmités précoces avaient contraints à la retraite. Nombreux, en effet, étaient les officiers qui, après avoir pris part aux guerres de la Révolution et de l'Empire, étaient venus, modestes comme Cincinnatus, planter leurs choux à Schlestadt. Il y avait alors dans la petite ville le général baron Amey, ancien commandant de la 21e division militaire; le général baron Lataye, meusien, marié à une Sélestadienne, ancien brigadier de cuirassiers; le général Klinger, le défenseur de Neuf-Brisach en 1814; le général Schaal, frère du curé de Sainte-Foy; le colonel Renouvier; le colonel baron BAUDINOT, le baron Treuille de Beaulieu, ancien colonel de cuirassiers (qui avait aussi épousé une Sélestadienne, père du baron Thésée, général d'artillerie, vulgarisateur en France des canons rayés), et d'autres vieux braves encore, quoique parvenus à des grades plus modestes. Tous les ans, au , l'administration de la Restauration les invitait, par la voie de l'ordre, à assister en grand uniforme dans le chœur de l'église Saint-Georges, au service commémoratif de la mort de Louis XVI. Beaucoup de ces vieux grognards y allaient sans conviction et conservaient pieusement par devers eux leur fidélité "au père La Violette". La vogue s'était répandue rapidement parmi les survivants des armées impériales, des pipes secrètes, dont le couvercle dissimulait une minuscule statuette de Napoléon 1er, vêtu de sa légendaire redingote. D'un coup de pouce, le fumeur actionnait un mécanisme qui faisait surgir la figurine. (Coll. Bilger, au Raincy)." [4]

C'est ainsi que sa vie s'éteignit au mois de , au moment où la France, après 25 ans d'exil, recevait en dépôt les dépouilles mortelles, de celui que Baudinot avait adoré comme le « Dieu des batailles ».

Dans sa carrière, Baudinot, s'était distingué à Marengo, en Égypte, à Austerlitz, à Eylau, à Wagram, en Russie, à Waterloo.

Il est resté célibataire.

Titres

Décorations

  • Commandeur de la Légion d'honneur

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes du baron Baudinot et de l'Empire

Coupé : au 1er, parti à dextre d'or à un cheval cabré de sable et à senestre des barons militaires ; au 2e, d'azur à un sphinx mouvant du flanc senestre, duquel sort aussi un fleuve en fasce d'argent, le tout soutenu d'une champagne de sinople sommée à dextre d'un palmier du même et chargée d'un crocodile passant d'or.[5]

Annexes

Bibliographie

Notes et références

  1. Sélestat, B, (1774-1779), 1776, acte no 190, original en mairie, Adeloch p. 136/290, folio 268.
  2. Sélestat, D, 1840, 4E462/59, Adeloch p. 86/94. L'acte de décès précise : "Commandeur de la Légion d'Honneur, colonel en retraite, ayant joui d'une pension de 1.799 francs inscrite au Trésor sous no 10.504, et en outre d'une dotation de 1.000 francs en sa qualité de Baron de l'Empire investi le 15 août 1809".
  3. Une rue qui porte son nom au centre-ville, et son nom figurant sur une liste de généraux Sélestadiens (30 !), gravés sur une plaque du monument établi sur le mur de l'école Sainte-Foy, place du Marché-Vert, commémorant l'entrée de Louis XIII à Sélestat.
  4. "Histoire architecturale et anecdotique de Sélestat (jadis Schlestadt", par Alexandre Dorlan, tome 2, p. 528,529. (ISBN 2-84373-270-0), (ISSN 0993-7129).
  5. Tout sur l'héraldique : dessin de blasons et d'armoiries sur toutsurlheraldique.blogspot.com

Articles connexes

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