Horizon (trou noir)
En astrophysique, l'horizon d'un trou noir, ou l'horizon des évènements (event horizon en anglais), représente la frontière d'un trou noir à partir de laquelle la vitesse de libération atteint celle de la lumière. Selon le type de trou noir concerné, la taille et la forme de l'horizon seraient variables. Elles seraient en grande partie déterminées par la masse et par le moment cinétique du trou noir.
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L'horizon des évènements est une hypersurface de genre lumière[1],[2]. Il représente la limite de l'extension spatiale du trou noir, définissant ce qui peut être considéré comme étant sa taille. La région délimitée par l'horizon des évènements diffère ainsi de la singularité gravitationnelle centrale, qui serait d'un rayon nul et d'une densité infinie[3]. Le théorème de Hawking sur la topologie des trous noirs affirme que, dans l'espace-temps à quatre dimensions, asymptotiquement plat et obéissant à la condition d'énergie dominante, l'horizon des évènements d'un trou noir stationnaire a la topologie d'une 2-sphère[4],[5].
Types
Selon le théorème de calvitie, les trous noirs peuvent être décrits à partir de trois paramètres : la masse, le moment cinétique et la charge électrique.
Selon ces paramètres, on distingue quatre types de trous noirs :
- Le trou noir de Schwarzschild (moment cinétique et charge électrique nuls),
- Le trou noir de Reissner-Nordström (moment cinétique nul),
- Le trou noir de Kerr (charge électrique nulle),
- Le trou noir de Kerr-Newman.
Le rayon de l'aire de l'horizon d'un trou noir est donné par une fonction dite horizon function[6],[7] (« fonction d'horizon(s) » en anglais) et notée Δ[8],[7] (« delta »). Pour le trou noir le plus général, qui est celui de Kerr-Newman, Δ est défini par[9] :
- ,
où :
- est la coordonnées radiale,
- et sont respectivement la masse et la charge électrique du trou noir,
- , et sont respectivement la vitesse de la lumière dans le vide, la constante de la gravitation et la permittivité du vide,
et avec :
- ,
où est la moment cinétique du trou noir.
Horizon de Schwarzschild
Le théoricien Karl Schwarzschild a été le premier à étudier sérieusement les trous noirs en tenant compte de la relativité générale. Il a ainsi mathématisé le rayon de Schwarzschild, qui définit le rayon minimum dans lequel une certaine masse doit être confinée afin de créer un trou noir, i.e. le rayon nécessaire pour que la force gravitationnelle engendrée par la masse amène une vitesse de libération égale à la vitesse de la lumière.
Le rayon de Schwarzschild () s'exprime en fonction de la constante gravitationnelle (), de la vitesse de la lumière () et de la masse () ainsi :
Ainsi, par exemple, le rayon de Schwarzschild du Soleil correspond à environ 3 km.
Une masse comprimée à son rayon de Schwarzschild continuerait à se comprimer pour former la singularité centrale, laissant derrière un horizon des événements sphérique[10].
Horizon du trou noir de Kerr
Selon la relativité générale, un trou noir en rotation entraînerait autour de lui l'espace-temps dans le même sens par effet Lense-Thirring. La région affectée s'appelle l'ergosphère.
Ces effets entraîneraient un horizon ou des horizons des événements chez les trous noirs de la « famille » de Kerr[11]. L'une des possibilités postule l'existence d'un horizon « interne » et d'un horizon « externe ». Ainsi, un rayon lumineux ayant traversé l'horizon externe sans avoir franchi la limite de l'horizon interne serait dans la possibilité d'en ressortir[12].
Effets
Les horizons des différents types de trous noirs entraîneraient divers effets physiques mesurables.
Effet de marée
Selon la taille de l'horizon et la masse du trou noir, les forces de marée à proximité de l'horizon peuvent être très importantes et amener une « spaghettification » des objets qui l'approchent[13].
→ Plus la masse du trou noir est grande, plus l'horizon est grand et plus l'effet de marée serait faible. Inversement, un petit trou noir aura un grand effet de marée au niveau de son horizon.
Évaporation des trous noirs
Selon la théorie quantique des champs, des paires de particules-antiparticules virtuelles peuvent se créer par fluctuation du vide. En général, ces paires se créeraient et se détruiraient très rapidement[14]. Cependant, si une paire est créée près d'un horizon des évènements, il est possible que l'une des particules soit capturée par le trou noir, l'autre particule étant éjectée dans l'espace extérieur. Dans ce cas, par conservation de l'énergie, le trou noir perdra une partie de sa masse en une sorte « d'évaporation »[15].
Censure cosmique
Le théoricien Roger Penrose a postulé qu'il n'existerait pas de singularité gravitationnelle sans horizon des évènements. Il a présenté cette conjecture, dite de la censure cosmique, en 1973[16].
Selon certains théoriciens, le Big Bang pourrait avoir été créé à partir d'une singularité nue[17],[18].
Notes et références
- Le Bellac 2015, p. 116.
- Éric Gourgoulhon, Relativité générale, Paris, Observatoire de Paris, universités Paris-VI, Paris-VII et Paris-XI et École normale supérieure, , 341 p. (lire en ligne [PDF]) page 129.
- Valeurs limites atteintes dans le formalisme de la relativité générale.
- Galloway et Schoen 2006, p. 572.
- Galloway, Miao et Schoen 2015, p. 438.
- Chandrasekhar 1998, p. 124, 215, 250, 275 (§ 41) et 622 (n. 8).
- O'Neill 2014, p. 62 et 365.
- Chandrasekhar 1998, p. 124 (221), 215, 250, 275 (§ 41) et 622 (n. 8).
- Calmet 2015, chap. 1er, § 1.1, p. 3.
- Séguin et Villeneuve 2002, p. 295-296
- Jacques Fric, « Les trous noirs de la famille de Kerr », sur planèteastronomy.com, (consulté le )
- Lussance 2001, p. 49.
- Olivier Esslinger, « L'espace-temps autour d'un trou noir », sur Astronomie et Astrophysique, (consulté le )
- (en) Dr. Dave Goldberg, « What makes black holes so black? », sur io9, (consulté le )
- Olivier Esslinger, « L’évaporation des trous noirs », sur Astronomie et astrophysique, (consulté le )
- (en) Hubert L. Bray, Piotr T. Chrusciel, « The Penrose Conjecture », sur The vienna University of Technology, (consulté le )
- (en) Ian O’Neill, « No Naked Singularity After Black Hole Collision », sur Astroengine, (consulté le )
- (en) T. P. Singh, « Gravitational Collapse, Black Holes and Naked Singularities », sur Indian Academy of Sciences, (consulté le )
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- [Calmet 2015] (en) X. Calmet, « Fundamental physics with black holes », dans X. Calmet (éd.), Quantum aspects of black holes [« Aspects quantiques des trous noirs »], Cham, Springer, coll. « Fundamental theories of physics » (no 178), , 1re éd., 1 vol., XI-322 p., ill., 24 cm (ISBN 978-3-319-10851-3 et 978-3-319-35475-0, OCLC 910099374, DOI 10.1007/978-3-319-10852-0, SUDOC 185668828, présentation en ligne, lire en ligne), chap. 1er, p. 1-26. .
- [Chandrasekhar 1998] (en) S. Chandrasekhar, The Mathematical Theory of Black Holes [« La théorie mathématique des trous noirs »], Oxford, Clarendon Press, coll. « Oxford Classic Texts in the Physical Sciences », , 1 vol., XXI-646 p., port. et fig., 15,6 × 23,4 cm (ISBN 978-0-19-850370-5, EAN 9780198503705, OCLC 468412010, notice BnF no FRBNF37547997, SUDOC 045942986, présentation en ligne, lire en ligne).
- Marc Séguin et Benoît Villeneuve, Astronomie et astrophysique, Éditions du Renouveau Pédagogique, , 2e éd., 618 p. (ISBN 978-2-7613-1184-7, présentation en ligne).
- Johann Lussance, LA GÉOMÉTRIE DU TEMPS : Une étude sur la nature de l'espace et du temps, Editions L'Harmattan, , 170 p. (présentation en ligne).
- [Le Bellac 2015] M. Le Bellac (préf. de Th. Damour), Les relativités : espace, temps, gravitation, Les Ulis, EDP Sciences, coll. « Une introduction à » (no 12), , 1re éd., 1 vol., XIV-218 p., ill., 24 cm (ISBN 978-2-7598-1294-3, EAN 9782759812943, OCLC 910332402, notice BnF no FRBNF44362603, SUDOC 185764118, présentation en ligne, lire en ligne), chap. 7 (« Trous noirs »), p. 111-135.
- [Galloway et Schoen 2006] (en) G. J. Galloway et R. M. Schoen, « A generalization of Hawking's black hole topology theorem to higher dimensions » [« Une généralisation du théorème de Hawking sur la topologie des trous noirs »], Commun. Math. Phys., vol. 266, no 2, , art. no 11, p. 571-576 (DOI 10.1007/s00220-006-0019-z, Bibcode 2006CMaPh.266..571G, arXiv gr-qc/0509107, résumé, lire en ligne).
- [Galloway, Miao et Schoen 2015] (en) G. J. Galloway, P. Miao et R. M. Schoen, « Initial data and the Einstein constraint equations », dans A. Ashtekar, B. K. Berger, J. A. Isenberg et M. A. H. MacCallum (éd.), General relativity and gravitation : a centennial perspective [« Relativité générale et gravitation : une perspective centenaire »], Cambridge, CUB, hors coll., , 1re éd., 1 vol., XXI-674 p., ill., 26 cm (ISBN 978-1-10-703731-1, EAN 9781107037311, OCLC 927527086, DOI 10.1017/CBO9781139583961, SUDOC 189302305, présentation en ligne, lire en ligne), 3e part. (« Gravity is geometry, after all ») [« La gravitation est de la géométrie, après tout »], chap. 8 [« Données initiales et équations de contrainte d'Einstein »], p. 412-448.
- [O'Neill 2014] (en) B. O'Neill, The Geometry of Kerr Black Holes [« La géométrie des trous noirs de Kerr »], Mineola, Dover, coll. « Dover Books on Physics », , 1re éd., 1 vol., XVII-381 p., 24 cm (ISBN 978-0-486-49342-8, EAN 9780486493428, OCLC 899240780, SUDOC 182698726, présentation en ligne, lire en ligne).
Voir aussi
Articles connexes
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