Herculine Barbin

Les informations concernant sa vie viennent des mémoires qu'il a écrites. Adélaïde Herculine Barbin est né à Saint-Jean-d'Angély en 1838. Considéré comme une fille, l'enfant est élevé comme telle, et renommé par la suite Alexina. Sa famille est pauvre, son père est sabotier et habite rue de Jélu, mais il reçoit une bourse pour étudier à l'école appartenant à un couvent d'Ursulines.

Selon son récit, Alexina tombe amoureux d'une condisciple de famille aristocratique. Lui-même se considère comme une fille peu attirante mais il se rend la nuit, dans la chambre de son amie, ce qui lui vaut d'être puni. En 1856, à dix-sept ans, il commence des études pour devenir enseignant et tombe amoureux d'une enseignante.

À la puberté, il n'a pas de règles et son torse reste plat. Il se rase au-dessus des lèvres, ainsi que les joues et les bras.

Barbin obtient en 1857 un poste d'adjoint dans une école de jeunes filles où il tombe encore une fois amoureux d'une autre enseignante, Sara. Barbin exige qu'elle seule ait le droit de l'habiller. Ses soins se changent en caresses et ils deviennent amants. Par la suite, des rumeurs au sujet de leur liaison commencent à circuler.

Barbin commence à souffrir de douleurs inattendues. Un médecin l'examine, et déclare qu'il doit être renvoyé, mais il reste.

Finalement Barbin avoue sa condition à l'évêque de La Rochelle et Saintes, Jean-François Landriot. Celui-ci lui demande l'autorisation de rompre le secret de la confession pour envoyer un médecin l'examiner. Lorsque le D^r Chesnet l'examine, en 1860, il se rend compte que, même si Barbin a un petit vagin, il est physiquement de sexe masculin et posséde un très petit pénis avec les testicules à l'intérieur du corps. En termes médicaux, il s'agit d'un « pseudo hermaphrodisme masculin ».

Une décision juridique fait par la suite officiellement de Barbin un homme. Il quitte sa maîtresse et son emploi, change son nom en celui d'Abel Barbin et est brièvement mentionné dans la presse. Il s'installe à Paris où il vit dans la pauvreté et écrit ses mémoires, dans le cadre, pense-t-on, d'une thérapie.

En février 1868, le concierge de la maison où il habite, rue de l'École-de-Médecine, le découvre mort chez lui. Il s'est suicidé au gaz d'éclairage. On retrouve ses mémoires à côté de son lit.

Le D^r Regnier signale le décès, récupère les mémoires et pratique l'autopsie. Plus tard il remet ces mémoires à Auguste Ambroise Tardieu qui en publie des extraits en 1874 dans Question médico-légale de l'identité dans ses rapports avec les vices de conformation des organes sexuels, traduits en anglais en 1980.

Alexina apparait par la suite dans le roman d'Armand Dubarry, L'hermaphrodite (1897), puis de façon plus explicite dans A scandal at the convent (1893) d'Oscar Panizza alors que F.L. von Neugebauer parle de son cas en 1908 dans son inventaire des hermaphrodites dans l'histoire.

Michel Foucault redécouvre les mémoires dans le département français de l'Hygiène publique et les réédite en 1978 avec ses commentaires. Le livre inspire le film Mystère Alexina en 1984. Judith Butler se réfère aux travaux de Foucault et aux mémoires dans Troubles dans le genre et Jeffrey Eugenides dans son livre Middlesex traite de thèmes voisins, comme le fait Virginia Woolf, dans Orlando: A Biography.

Mes Souvenirs est un texte difficile à classer : il peut être considéré comme un document, mais contient également un ton littéraire évident : figures de styles, expression lyrique du désir, comparaisons de lui-même avec un monstre ou un ange et art de conter et mettre en scène les événements, notamment celui de sa peur face à l'orage. De plus, le prénom employé dans ce texte n'est pas Herculine, mais Camille.

Barbin apparaît comme un personnage de la pièce A Mouthful of Birds de Caryl Churchill et également dans la pièce Hidden: A Gender de Kate Bornstein.

• Herculine Barbin, Mes souvenirs, texte à télécharger [PDF].
• Herculine Barbin, Mes souvenirs : histoire d'Alexina/Abel B., La Cause des livres, 2008 (ISBN 978-2-917336-01-4).
• (en) Herculine Barbin. Being the recently discovered memoirs of a nineteenth-century hermaphrodite. Revu par G. S. Rousseau. Med Hist., n^o 2, 25 avril 1981, p. 211-212.
• (en) Arnold I. Davidson, « Styles of Reasoning, Conceptual History, and the Emergence of Psychiatry », The Science Studies Reader, dir. Mario Biagioli. p. 133 : description clinique et autopsique des organes génitaux externes et internes de Barbin.
• Michel Foucault, Herculine Barbin, dite Alexina B, Gallimard, 1978, 162 p.
• Gabrielle Houbre, Les deux vies d'Abel Barbin né Adélaide Herculine (1838-1868). Édition annotée des Souvenirs d'Alexina Barbin, Paris, Puf, 2020, 310 p.[1].

• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Herculine Barbin » (voir la liste des auteurs).

• fiche de l'état-civil [lire en ligne].

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