Hanane Karimi

Hanane Karimi, née en 1977, docteure en sociologie, est une des voix du féminisme musulman en France.

Hanane Karimi
Naissance
Troyes
Nationalité Française
Diplôme
Docteur en sociologie
Profession
Enseignante à l'université de Strasbourg
Chercheuse associée au Laboratoire SAGE Sociétés, Acteurs et Gouvernement en Europe[note 1].
Activité principale
Post-doctorante à l'Université de Créteil
Autres activités
Porte-parole des Femmes dans la mosquée
Formation

Elle travaille sur la frontière entre le culturel et le religieux et milite pour que les femmes musulmanes remettent en cause, quand c'est le cas, une pratique religieuse qui tend à imposer une domination patriarcale, tout en luttant contre l'islamophobie.

Biographie

Hanane Karimi est née en 1977 à Troyes, de parents immigrés marocains, ouvrier et femme au foyer[2].

À 16 ans, elle anime un groupe de jeunes filles de son quartier pour échanger entre elles. Puis, lors de ses études universitaires à Nancy, elle participe à des ateliers de réflexion avec de jeunes musulmans[3]. Elle suit alors des études de biotechnologies mais pour éviter d'enlever son foulard (qu'elle porte alors) à l'entrée du lycée, elle arrête ses études. Mariée, elle reste dix ans au foyer pour élever ses trois enfants[4]. Elle divorce et reprend finalement ses études.

Thèse

Elle a soutenu une thèse, intitulée Assignation à l'altérité radicale et chemins d'émancipation : étude de l'agency de femmes musulmanes françaises, sous la direction d'Anne-Sophie Lamine, le [5].

Associations

Elle a été porte-parole des Femmes dans la Mosquée et est membre du collectif de la Marche des Femmes pour la Dignité, qui s'est tenue le à Paris.

En , le collectif Les Femmes dans la Mosquée exige de la direction de la Grande Mosquée de Paris de pouvoir prier dans la même salle que les hommes, après que les femmes en ont été exclues et reléguées à l'entresol[6]. Pour la porte parole du mouvement Hanane Karimi : « Ce qu’il s’est passé reflète l’organisation de la communauté musulmane à certains endroits aujourd’hui, les femmes n’y ont pas de place, elles sont devenues invisibles. »[3]. Selon elle, « il y a quatorze siècle, les femmes priaient derrière les hommes sans aucune séparation visuelle »[7].

Elle est à la tête de Féministe pour l'égalité, qui milite pour l'abrogation de la loi interdisant le voile à l'école.

Médias et colloque

Hanane Karimi a participé à un séminaire de quatre jours sur l'antiracisme en , initié par Sihame Assbague et Fania Noël. Le séminaire, où « ceux qui se nomment les « racisés » entendent se retrouver pour discuter et élaborer leurs outils de lutte[8] », est réservé aux personnes « subissant le racisme d'État en contexte français ». Selon Jack Dion[note 2], ce rassemblement « a validé le contrôle au faciès en excluant les Blancs »[4],[9].

Points de vue

Elle ne milite pas pour le voile à l'école mais pour la liberté de l'instruction[non neutre] et regrette ces écoles confessionnelles où dans certains cas des enfants sont déjà voilées à 8 ou 9 ans[4]. Par contre, elle estime qu'il faut laisser aux jeunes filles voilées le droit de faire leur propre expérience et ne pas les affronter sur ce choix. Cette pratique peut être, selon elle, une étape dans l'évolution religieuse d'une femme. Ainsi les jeunes filles voilées seraient maintenues au sein de la communauté et ne seraient pas rejetées dans ses « marges »[2]. Pour Hanane Karimi : « Ce n’est pas à un gouvernement, à un mari ou à une religion de décider pour moi. Imposer le voile ou l’interdire, c’est suivre la même logique. Celle qui empêche les gens de choisir leur liberté »[10]. Quand il est demandé de parler du voile à Rokhaya Diallo, cette dernière donne les coordonnées d’Hanane Karimi considérant sa parole comme légitime[11].

Pour Hanane Karimi, les « enfants de la troisième ou quatrième génération de l'immigration » « s’installent dans une double culture, ils ont une lecture critique de leur religion. D’où un grand écart entre la lecture misogyne de l’islam qu’on voulait nous imposer et la nôtre »[10].

Féminisme musulman

Hanane Karimi milite pour un féminisme musulman et a choisi, selon Lauren Bastide (France Inter) « d’axer son travail politique sur la recherche, sur la science[1]. »

Hétéronormativité

Pour Agathe Larisse, Hanane Karimi affirme « de manière intellectualisée, son attachement à la défense de l'égalité entre les sexes, autant que l'importance qu'elle accorde à la normativité sexuelle majoritaire musulmane. Celle-ci est hétéronormative, comme c'est le cas dans le christianisme et le judaïsme. Cette posture explique sa tendance à disqualifier la pensée queer[12]. »

Notes et références

Notes

  1. Le laboratoire SAGE Sociétés, à l'université de Strasbourg, est « une unité pluridisciplinaire qui travaille particulièrement sur la sociologie des acteurs et les processus de transnationalisation[1]. »
  2. Jack Dion (journaliste, éditorialiste, essayiste) est le directeur-adjoint de la rédaction de Marianne.

Références

  1. Émission « Les Savantes », Lauren Bastide, « Hanane Karimi, sociologue », sur franceinter.fr, (consulté le ) [audio] 56 min
  2. Tiphaine Le Liboux Féminisme et islam : Hanane Karimi, l’orthodoxie et la révolte Jeune Afrique, 19 mai 2016
  3. Hanane Karimi : la mosquée pour tous Les Inrocks, 4 février 2014
  4. Hanane Karimi fait entendre la voix du féminisme musulman L'Obs, 2 septembre 2016
  5. « Catalogue SUDOC », sur abes.fr (consulté le ).
  6. Stéphane Koviacs, « Guerre des sexes à la mosquée de Paris », in Le Figaro, vendredi 27 décembre 2013, page 8.
  7. Hanane Karimi : la mosquée pour tous, lesinrocks.com, 4 février 2014
  8. Sylvia Zappi, « La non-mixité raciale, outil d’émancipation ou repli communautaire ? », sur lemonde.fr, (consulté le )
  9. Jack Dion, « Quand Mediapart blanchit la censure chère au Camp d'été décolonial" », sur marianne.net,
  10. Matthieu Stricot Féminisme islamique versus féminisme laïque Le Monde des Religions, 31 mai 2016
  11. On a parlé féminisme avec Rokhaya Diallo Les Inrocks, 8 janvier 2017
  12. Agathe Larisse, « Réception de la "théorie du genre" par les autorités religieuses musulmanes en France: Alliances, dissidences et silences et (non)débats en interne. », Sextant, Éditions de l'Université de Bruxelles, no 31 « Habemus gender ! : Déconstruction d’une riposte religieuse », (ISBN 978-2-8004-1594-9, lire en ligne)

Lien externe

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