Hôtel du Grand Contrôle

L'hôtel du Grand Contrôle est un ancien hôtel particulier, situé au no 12, rue de l'Indépendance-Américaine à Versailles, dans le département français des Yvelines, en région Île-de-France.

Le bâtiment est construit à partir de 1681, à la demande de Paul de Beauvilliers, duc de Saint-Aignan, premier gentilhomme de la Chambre du roi Louis XIV et gendre de Jean-Baptiste Colbert, par l'architecte Jules Hardouin-Mansart, dont l'attribution n'est confirmée qu'en 2011[1].

Acheté par le roi Louis XV en 1723, il abrite la résidence du contrôleur général des finances jusqu'à la Révolution.

Depuis propriété de l'État, et après avoir été occupé par le ministère des Armées jusqu'en 2006, il est mis à disposition de l'Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles deux plus tard. Ce dernier accorde une concession, couvrant également l'hôtel du Petit Contrôle et le Pavillon au pied des Cent marches, en au groupe LOV Hotel Collection (Stéphane Courbit) et Alain Ducasse Entreprise, afin d'être converti en hôtel de luxe.

En rénovation depuis 2016, l'établissement ouvre ses portes le .

Histoire

De l'Ancien Régime au ministère de la Guerre

L'hôtel est bâti en 1681 pour Paul de Beauvilliers, duc de Saint-Aignan, premier gentilhomme de la Chambre du roi Louis XIV, ministre d'État, gouverneur du duc de Bourgogne et gendre du ministre Jean-Baptiste Colbert[2], par son mariage avec Henriette-Louise Colbert en 1671.

Le duc de Saint-Aignan.

Le duc décède en 1714 et l'hôtel est vendu par sa veuve en 1720, au marquis Antoine Chaumont de la Galaizière, seigneur d'Ivry, récemment enrichi grâce au système de John Law.

En 1723, ruiné à la chute du financier, le marquis doit céder son hôtel au roi Louis XV, qui l'annexe au domaine de Versailles, l'année suivante et y installe la résidence du contrôleur général des finances, qui y reste jusqu'à la Révolution ; Jacques Necker en est le dernier occupant. Cela explique le nom de « Grand Contrôle » donné à l'hôtel particulier. À noter qu'à l'époque, la rue de l'Indépendance-Américaine accueille plusieurs ministères et services de la couronne[2].

Durant la Révolution, l'hôtel sert successivement de siège au tribunal de commerce puis de résidence à différents particuliers. Sous le règne Louis-Philippe, l'architecte du château, Frédéric Nepveu y loge au rez-de-chaussée.

À partir de 1857, l'hôtel est affecté au mess des grenadiers, des zouaves, puis de la Garde impériale. Remis au ministère de la Guerre en 1872, il sert, à partir de l'année suivante, de bibliothèque militaire et de cercle des officiers de la place d'Armes. Il reste occupé par les services des armées jusqu'en 2006, et est inoccupé jusqu'en 2008, date à laquelle il est mis à disposition par l'État à l'Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, à la suite de la réorganisation des armées.

Reconversion en hôtel

En , le président du domaine de Versailles Jean-Jacques Aillagon annonce lors d'une conférence de presse que l'ancien hôtel particulier doit être transformé en hôtel de luxe de vingt-trois chambres par une société privée[3]. Le projet est relancé en 2015 par sa successeure Catherine Pégard et un appel d'offres est lancé, mais couvrant également l'hôtel du Petit Contrôle et le pavillon des 100 premières marches. La concession est finalement accordée en au groupe LOV Hotel Collection (Stéphane Courbit) et Alain Ducasse Entreprise[4]. La concession s'étend sur 50 ans. La réhabilitation des 2800 m² nécessite un budget compris entre 4 et 7 millions d'euros[5]. L'idée d'installer un hôtel dans des lieux historiques est récupérée des Paradores de Turismo de España fondés dès 1928, par le roi d'Espagne Alphonse XIII[6].

En 2011, l'historien de l'art Philippe Cachau confirme l'attribution de la construction de l'hôtel à Jules Hardouin-Mansart dans son article pour la Revue de l'histoire de Versailles et des Yvelines[7].

Le 1er juin 2021, LOV Group ouvre son hôtel de luxe sous le nom de Airelles Château de Versailles - Le Grand Contrôle. Doté de cinq étoiles, il compte 14 chambres ; la décoration est inspirée du dernier inventaire du Garde-Meuble royal (1788). Chiné puis restauré, le mobilier de 700 pièces compte certaines créations d'ébénistes célèbres (Boulard, Jacob). Selon les chambres, la vue donne sur le château, l'Orangerie, les deux escaliers des Cent-Marches ou la pièce d'eau des Suisses. Leurs noms sont baptisés d'après d'anciens occupants des lieux (Madame de Staël, Turgot, etc.). Une bibliothèque historique abritant 200 ouvrages rares est aussi installée. Un spa est aménagé en sous-sol tandis que le restaurant d'Alain Ducasse, au service inspiré du XVIIIe siècle, se prolonge par une terrasse. Parmi la centaine d'employés de l'hôtel, dont la moitié travaille pour la partie restauration, 17 majordomes portent des uniformes réinterprétés de l'Ancien Régime[2].

Le matin et le soir, avant et après l'ouverture au public, des visites privées sont organisées au château et au Trianon. L'hôtel dispose également de barques électriques pour naviguer sur le Grand Canal, de même que des voiturettes, spécifiquement dédiées à ses clients. Il leur est enfin permis d'accéder à tout moment aux jardins de l'Orangerie[2].

La nuit coûte en moyenne 2500 euros[2].

Protection

L'hôtel est classé aux monuments historiques dans sa totalité, par arrêté du [8].

Galerie

Références

  1. Didier Rykner,, « Versailles et Fontainebleau deux projets d’hôtels dans des monuments historiques », La Tribune de l'art, (lire en ligne)
  2. Philippe Viguié Desplaces, « À Versailles comme un roi », Le Figaro Magazine, , p. 86-94 (lire en ligne).
  3. Conférence de presse du 14 décembre 2010 (lire en ligne)
  4. "Le château de Versailles choisit le duo Courbit-Ducasse pour son hôtel de luxe - En savoir plus " par Christophe Palierse, lesechos.fr, 4 avril 2016.
  5. « Bientôt un hôtel au château de Versailles ? », Europe 1, (lire en ligne)
  6. Eléonore de Vulpillières, « Un hôtel au château de Versailles : «Le vrai scandale, c'est le Vagin de la reine» », Le Figaro, (lire en ligne)
  7. Philippe Cachau, « Les hôtels de Beauvillier, de Chevreuse et Colbert de Croissy : trois réalisations méconnues de Jules Hardouin-Mansart à Versailles », Revue de l'histoire de Versailles et des Yvelines, n° 93, 2011, p. 20-38.
  8. « Domaine national : ancien Hôtel du Grand Contrôle », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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