Héliogabale (tragédie lyrique)

Héliogabale est une tragédie lyrique française avec ballet en trois actes et un prologue, composée en 1910 par Déodat de Séverac et donnée dans le cadre des spectacles de plein air, dans les arènes modernes de Béziers en , sur un livret d'Émile Sicard et un prologue de Charles Guéret.

Genèse de l'œuvre

En , Déodat de Séverac écrit à Fernand de Castelbon de Beauxhostes l'initiateur des représentations lyriques aux arènes de Béziers qui ont lieu chaque été depuis 1898 et lui propose de composer une œuvre « absolument méridionale pour l'admirable cadre de Béziers ». Il lui est répondu favorablement. Le compositeur s'installe à Céret dans les Pyrénées afin d'écrire la musique de sa tragédie lyrique en trois actes ainsi qu'un prologue et un ballet mimodrame. Le livret en vers et adapté du livre de Jean Lombard, L'agonie par Emile Sicard.

Séverac déclare à propos d'Héliogabale : « J'ai conçu cette musique comme des séries de panneaux décoratifs. je suis très satisfait de mes chœurs. Il me semble qu'il sonne bien. Nous verrons ! Quant à l'orchestration, je considère l'énorme masse sonore dont je dispose comme un grand orgue et je fais surtout des oppositions de claviers »[1]. Après dix jours de répétitions menées parfois au piano par Séverac lui-même, la première a lieu le dimanche à 15 h 30 devant plus de quinze mille spectateurs. Malgré les deux représentations, le et le , l'entreprise s'avère un gouffre financier. Les dépenses (102 627 francs) dépassent largement les recettes (51 192 francs). Joseph Charry directeur artistique du théâtre, a en effet considérablement baissé le prix de places et distribué de nombreux billets gratuits pour s'assurer de l'affluence de cette semaine festive a Béziers. Séverac, Charles Guéret, Emile Sicard et Gabriel Boissy déposent plainte contre lui auprès de la Société des auteurs afin de sauvegarder leurs droits. Cherry confisqua le matériel orchestral et vocal d'Héliogabale. À la suite d'une médiation d'Henri Auriol un avocat et député de Toulouse et du docteur Boyer, la plainte est retirée. Le 4 et ainsi que le , la pièce musicale est donnée à la salle Gaveau à Paris, toujours sous la direction orchestrale de Louis Hasselmans[2]. Par la suite Héliogabale fut joué plus ou moins partiellement à Orange, le , à Céret et la dernière fois à Barcelone en juillet 1972 sous la direction de Àngel Colomer i del Romero avec l'orchestre du grand théâtre de la ville de Barcelone[3]

Réception

La presse nationale et régionale est presque unanime. Dans la revue Le Théâtre (en ), Gabriel Boissy écrit : « M.D. de Séverac a composé sur un triple thème : l'occident romain, l'orient d'Elagabale le syriaque, la liturgie des catacombes, une musique qui est bien près d'être un chef-d’œuvre ». Félicien Grédy : « la musique de M.D. de Séverac, un des meilleurs musiciens de cette époque, a la double vertu de la force et de la simplicité »[4]. Raoul Davray dans L'éclair : « M. de Séverac est excellent musicien. Mais surtout, quel exquis musicien. Depuis le Prométhée de Gabriel Fauré, nous n'avions pas vu à Béziers pareille fête d'art lyrique. Mes préférences convergent sans hésitation sur l'acte religieux des catacombes. Ici tout est ordre et beauté »[5].

L'Action française dans son édition du est plus nuancée à propos du livret d'Émile Sicard notamment : « [...] ses fantaisies prosodiques, ses métaphores déroutantes n'ajoutent rien aux beautés réelles de certains passages, a moins que ce ne soit à titre de repoussoir, ce qui serait insuffisant ». De Séverac il est dit : «Toute la musique du deuxième acte est de la plus pure beauté [...] Quoi qu'il en soit, il faut saluer cette œuvre comme une des meilleures qu'on ait jamais écrite pour les théâtres en plein vent.»[6]

Rôles

Rôle Voix Première représentation,
(Chef d'orchestre : Louis Hasselmans)
Cynthia soprano Germaine Le Senne, de l'Opéra de Paris
Lucius ténor Paul Franz, de l'opéra de Paris
Praetextat baryton M. Demangane
Héliogabale acteur Edouard de Max
Rusca acteur M.Alexandre, de la Comédie-Française
Calixtus acteur Henri Perrin, de l'Odéon
Claudien acteur Jean Hervé, de la Comédie-Française
Soemias actrice Madeleine Roch, de la Comédie-Française
Julia actrice Lucie Brille, de l'Odéon
Coelia actrice Marcelle Schmidt
danseuse étoile Jeanne Barbier, de l'Opéra de Paris
danseuse étoile Nina Sereni, de la Scala de Milan
danseuse étoile Ea Karité, de l'Opéra-Comique
Corps de ballet de 60 ballerines,ensemble vocal de 160 personnes

Résumé de l'œuvre

Cette tragédie lyrique évoque le règne bref et mouvementé de l'empereur romain Héliogabale de 218 a 222 sous le nom de Marcus Aurelius Antonius.

Prologue

À Rome, Cynthia et Lucius évoque la luxure romaine et l'ascension de la religion chrétienne (duo :"Les deux triomphes")

Acte I

Soemias, mère d'Héliogable et sa sœur, Julia se retrouvent et tentent de se tromper mutuellement . Julia veut faire de son fils, Antonius le nouvel empereur. Héliogabale, mis au courant n'y prête pas attention, il ne s'intéresse qu'aux fêtes et voluptés qui ont cours en son palais. Alors qu'il devrait veiller sur l'empire, il annonce un nouveau supplice. Il a fait enlever les deux filles de Rusca, un riche fermier, celui-ci vient réclamer leur libération. Pour toute réponse Héliogabale lui dit qu'elles seront données en pâture a deux jeunes lionceaux. Pour finir la journée, il invite a un banquet, certains de ces amis qu'il sait être conjurés contre lui. Au milieu du festin, des roses pleuvent du plafond, si nombreuses qu'elles finissent par étouffer les convives. Le jeune empereur exulte, des chants s'élèvent dans la frénésie.

Acte II

Devant l'entrée des catacombes, Rusca en chef chrétien, assiste a la bénédiction par l'évêque de Rome, du mariage de Claudien, un ancien favori d'Héliogabale et d'une jeune vierge, Coelia. Julia toujours prête a comploter, cherche des complices parmi les chrétiens réunis. Rusca accepte d'aider Julia a renverser l'empereur.

Acte III

Devant le danger imminent, Soemias tente de galvaniser son fils. Héliogabale, de nature neurasthénique , dédaigne toute lutte et préfère se souvenir de ses jeunes années. Rusca, accompagné d'une horde de chrétiens déchaînés et de prétoriens révoltés, envahissent le palais. L'empereur déclame un hymne au soleil avant d'être jeté dans le Tibre et de mourir.

Structure musicale

Prologue

  • Les deux triomphes

Acte I

  • no 1 4:15 3
  • no 2 - Scène VI - Cortège des Roses
  • no 3 - Scène VII - Cortège d'Héliogabale
  • no 4 - Scène X
  • no 5 - Scène X

Acte II

Prélude (Invocation)

  • no 1 - Scène I - Les Chrétiens
  • no 2 - Scène I - Sortie de Callixtus
  • no 3 - Scène IV - Entrée des Chrétiens (avant la scène du Baptême)
  • no 4 - Scène du Baptême / Le Baiser de Paix
  • no 5 - Scène IV / Chœur final

Acte III

  • no 1 - Introduction et Danse du Soleil
  • no 2 - Scène II - Procession / Ballet - La Résurrection d'Adonis / Les Funérailles d'Adonis
  • no 3 - Scène IV - Allegretto / Final / La mort / Schlußapplaus

Fiche technique

  • Compositeur : Déodat de Séverac
  • Livret : Emile Sicard, d'après Jean Lombard
  • Mise en scène : M. Dherbilly
  • Direction : Joseph Charry
  • Prologue : Charles Guéret
  • Orchestration : Joseph Lignon
  • Direction musicale : Louis Hasselmans
  • Ballet mimodrame : La résurrection d'Adonis = scénario : Gabriel Boissy / Maître de ballet : M.Belloni
  • Décors : Eugène Ronsin et L. Darlot
  • Costumes : de l'Opéra Nationale
  • Régisseur général : M. Derbilly
  • Musiques militaires : Equipages de la flotte de Toulon, 2e génie de Montpellier, école d'artillerie de Toulouse
  • Harmonie : Les enfants de Béziers, Le rallye biterrois, L'estudiantina biterroise

Livret

  • Edition originale en 1910 par Imprimerie moderne., 1910 (Béziers)
  • Réédition en 1930 par Rouart, Lerolle & Cie (Paris)[7]

Partitions

Bibliographie

  • Pierre Guillot : Déodat de Sévérac, musicien français, éditions L'Harmattan ().

Notes et références

  1. La musique et les lettres, p. 341
  2. Le monde musical, février 1911, p. 59-60
  3. http://www.operapassion.com/cd90916.html
  4. Musica, octobre 1910, p. 152
  5. « 4 MI 186/97 - N° 11971-12062. 4 MI 186/97 - juillet 1910-septembre 1910 », sur Archives départementales de l'Hérault (consulté le ).
  6. « L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet », sur Gallica, (consulté le ).
  7. « BnF Catalogue général », sur bnf.fr, Rouart, Lerolle & Cie (Paris) (consulté le ).
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