Guy du Faur de Pibrac

Guy du Faur, seigneur de Pibrac, né en 1529 à Pibrac et mort à Paris le , est un poète, magistrat et diplomate français.

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Biographie

D’une ancienne famille parlementaire, Pibrac fut élevé avec soin. Il étudia le droit sous Jacques Cujas et Alciat, et se rendit célèbre par ses talents et son caractère au Parlement de Toulouse. Il fut choisi par Charles IX pour être un de ses représentants au concile de Trente.

En 1565, il devint avocat général au parlement de Paris, sur la demande du chancelier Michel de L'Hospital, puis, en 1570, conseiller d’État. Il fut chancelier du duc d’Anjou, futur Henri III, en Pologne, puis de Marguerite de France (1578), pour laquelle il manifesta une passion amoureuse qui lui attira la défaveur de cette princesse et les moqueries des courtisans.

La vie publique de Pibrac fut celle d’un homme de bien, d’une âme élevée. On lui reproche d’avoir fait l’apologie du massacre de la Saint-Barthélemy, dans l’opuscule intitulé : Ornalissimi cujusdam viri de rébus Gallicis ad Stanislaum Elvidium epistola (Paris, 1573, in-4°), dont il fit aussi une version française.

Comme orateur, Pibrac se plaça parmi les plus illustres de son siècle, sans échapper à l’abus, alors général, des citations grecques et latines. On a conservé de ses discours : Oratio habita in concilia Tridentino (Paris, 1562, in-8°) ; Recueil des points principaux des deux remontrances faites en la cour à l’ouverture du parlement de 1569 (1570, in-4°) ; Discours de l’âme et des sciences, dans le Recueil de plusieurs pièces (1635, in-8°).

En 1575, Pibrac vendit sa charge d'avocat général à Barnabé Brisson. En 1576, il fonda l’Académie du Palais, celle-ci continuant l’œuvre de l’Académie de musique et de poésie fondée par Jean-Antoine de Baïf et Joachim Thibault de Courville en 1570.

Œuvres

Page de titre d'une édition des Quatrains de Pibrac, 1583.

Comme poète, Pibrac acquit de son temps une grande réputation par ses quatrains, dont la première édition parut sous le titre de Cinquante quatrains, contenant préceptes et enseignements utiles pour la vie de l’homme, composés à l’imitation de Phocylide, Epicharmus et autres poètes grecs (Paris, 1574, in-4°). Cet ouvrage, augmenté par l’auteur de soixante-seize quatrains, a été réimprimé très souvent et mis entre les mains de la jeunesse jusqu’au XIXe siècle. Florent Chrestien l’a traduit en vers grecs et latins, vers pour vers (Paris, 1584, in-4°). Il a été traduit en vers latins par Augustin Prévost (1584, in-4°), Christian Loisel (1600, in-8°), etc.; en prose grecque par Pierre Dumoulin (Sedan, 1641, in-4°) ; en vers allemands par Martin Opitz (Francfort, 1626, in-8°); etc.

Les Quatrains de Pibrac, supérieurs à ceux du président Favre et de Pierre Matthieu auxquels on les a réunis dans plusieurs éditions, sont en vers de dix syllabes, d’un style vieilli, mais plein de noblesse et précision :

Ris, si tu veux, un ris de Démocrite,
Puisque le monde est pure vanité,
Mais quelquefois, touché d’humanité,
Pleure nos maux des larmes d’Héraclite.

Tout l’univers n’est qu’une cité ronde :
Chacun a droit de s’en dire bourgeois,
Le Scythe et le Maure autant que le Grégeois[1]
Le plus petit que le plus grand du monde.

On a encore de Pibrac dans quelques éditions des Quatrains : Poème sur les plaisirs de la vie rustique, et De la manière civile de se comporter pour entrer en mariage. Son Apologie à la reine de Navarre a été insérée dans le Recueil de plusieurs pièces (Paris, 1635, in-8°).

Ses quatrains ont été parodiés par l'écrivain Pierre Louÿs dans un recueil obscène publié à titre posthume, intitulé Pybrac.

La mise en musique des Quatrains

Page de titre des Quatrains de Pibrac mis en musique par Guillaume Boni (Paris : Le Roy et Ballard, 1582).

Pièces très connues en leur temps, les quatrains de Pibrac ont été mis en musique par de nombreux musiciens. On peut citer essentiellement[2] ceux de Guillaume Boni (1583), Paschal de L'Estocart (1582), Jean Planson (1583), Jean de Bournonville (1622) et Artus Aux-Cousteaux (1643 et 1652). Outre ces compositeurs, qui les ont mis en musique par dizaines entières, on connaît encore[3] quelques pièces de Roland de Lassus, Piat Maulgred, et d'autres auteurs encore des XVIIIe et XIXe siècles.

Références

  1. Le Grec.
  2. Colin 2006.
  3. Latour 2016.

Bibliographie

  • Raoul du Faur, comte de Pibrac. Catalogue des ouvrages et éditions de Guy Du Faur, seigneur de Pibrac, depuis 1562 jusqu'à nos jours, avec la nomenclature des livres parlant de cet illustre personnage. Paris et Orléans, 1901.
  • Guillaume Colletet, Vie de G. du Faur de Pibrac publiée par Ph. Tamizey de Larroque. Paris, 1871.
  • Charles-Joseph de Lespine de Grainville, Mémoires sur la vie de Pibrac, avec les pièces justificatives, ses lettres amoureuses et ses quatrains, Amsterdam, 1761.
  • E. Cougny, Guy du Faur de Pibrac, sa vie et ses écrits : fragments d'une étude historique et littéraire, Versailles, 1869.
  • Abbé Alban Cabos, Guy du Faur de Pibrac : un magistrat poète au XVIe siècle (1529-1584). Thèse. Paris, 1922.
  • Abbé Alban Cabos, Un essai de propagande française à l'étranger au XVIe siècle : l'apologie de la Saint-Barthélemy par Guy du Faur de Pibrac. Thèse. Paris, 1922.
  • Marie-Alexis Colin, « Les Quatrains de Guy du Faur de Pibrac mis en musique », L'Humanisme à Toulouse (1480-1596) : actes du colloque international de Toulouse, , réunis par Nathalie Dauvois (Paris : Honoré Champion : 2006), p. 535-554.
  • Melinda Latour, « Les Quatrains de Pibrac en musique : supplément bibliographique », Revue de musicologie, Paris, vol. 102, no 1, , p. 143–151. (ISSN 0035-1601, OCLC 937116384, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

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