Gustave Vandersmissen

Gustave Vandersmissen, né à Alost, le et mort à Leffrinckoucke, le est un avocat et un député belge qui défraya la chronique pour avoir assassiné sa femme volage, Alice (Rufine) Renaud, le . Cette affaire est connue sous le nom d'affaire Vandersmissen[1],[2].

Éléments biographiques

Gustave Vandersmissen naît à Alost, le dans une grande famille d'industriels. Le paternel est libéral et la maman catholique. Gustave a deux frères, ils reprendront l'entreprise familiale. Après des humanités chez les Jésuites, au collège Saint-Joseph d'Alost, il s'inscrit ensuite à Saint-Louis puis à l'Université de Louvain pour y poursuivre ses études en droit. On le dit volontiers naïf à l'égard de la gent féminine. Le , il se rend à Bruxelles pour assister au Théâtre de la monnaie à une représentation du récent opéra de Georges Bizet: Carmen. Ce fut la première fois qu'il découvre dans le rôle de Micaela, Alice Renaud[Notes 2]. En 1876, ayant décroché son doctorat en droit, il s'installe tout d'abord à Gand où il commence à exercer en tant qu'avocat, c'est également à cette époque que débute son investissement en politique. Chaque fois qu'il le peut, il se rend à l'opéra pour y écouter "sa" soprano préférée, Alice Renaud. Il la voit à Gand et même à Alost lors d'un récital de charité. Une idylle, tout d'abord platonique, se noue. Gustave Vandersmissen souhaite ardemment épouser Alice. Il sonde sa famille qui ne pourrait souffrir une telle mésalliance avec une comédienne à la réputation si sulfureuse. N'a-t-elle pas été la maîtresse de Félicien Rops tandis qu'elle n'avait que 17 ans comme s'empressent de l'en instruire ses frères. Hélas, la majorité matrimoniale est fixée à 25 ans pour les hommes et 21 ans pour les femmes. Qu'à cela ne tienne, le couple se rend aux Pays-Bas et se marie religieusement, sans l'assentiment parental, le . Le couple s'installe à Bruxelles, tout d'abord chez la maman d'Alice, puis à Saint-Josse, au 26 de la Chaussée de Louvain. Une année plus tard, jour pour jour, le couple s'y marie civilement malgré une énième tentative de la famille de s'y opposer derechef mais la missive adressée au juge n'étant pas motivée, rien ne s'oppose plus désormais à ce qu'ils convolent en justes noces. Une fille, Madeleine, naît de leur union en 1881. Cette même année, Gustave Vandersmissen est élu conseiller communal, l'année suivante, conseiller provincial. Lors du scrutin du 10 juin 1884, il se présente en tant que candidat indépendant néanmoins rattaché aux catholiques, il est élu et fera partie des seize députés indépendants élus (les XVI[Notes 3])[1],[2].

L'affaire Vandersmissen

En 1882, il rencontre fortuitement au palais de justice un jeune hobereau, le vicomte Edgard Dupleix de Cadignan. Ce dernier, parisien, est cependant mis à la cause à Bruxelles dans une affaire de malversations financières. Son avocat étant absent, Vandersmissen propose ses services. Trop tard, le tribunal vient de rendre son avis, Cadignan est condamné et écroué. Gustave Vandersmissen lui rend visite en prison et devient son conseil. En appel, il obtient l'acquittement de son client. Les deux hommes deviennent amis. Le Dupleix de Cadignan dîne pour la première fois chez les Vandersmissen. Il devient un intime et davantage encore puisqu'il devient l'amant d'Alice. Gustave ne perçoit rien de cette union, mieux, il demande à son ami d'accompagner son épouse en villégiature dans leur villa à Heist ou encore à Paris. Edgard Dupleix de Cadignan vit grand train et ouvre des crédits à tout va en donnant pour garantie Gustave Vandersmissen qui découvre tardivement le procédé déloyal. Il assigne Cadignan en justice qui réplique par presse interposée qu'il a bien des révélations à faire sur la femme de Vandersmissen et questionne la complaisance avec laquelle Gustave Vandersmissen a laissé se nouer la relation adultérine entre lui et sa femme quasiment sous ses yeux. Gustave Vandersmissen répudie sa femme et introduit une procédure de divorce. Elle proteste, clame son innocence, supplie son mari de la reprendre. Gustave ne sait plus que penser. Il accepte de revoir son épouse en secret. Cadignan est condamné à 18 mois de réclusion qui seront portés à 30 en appel. Alice loue une petite chambre à l'angle de la rue Verte et de la rue de la Fraternité. Cadignan introduit une plainte à l'encontre de Vandersmissen pour violation du secret professionnel, Gustave Vandersmissen doit s'en expliquer devant le Conseil de l'Ordre. Le conseil interpelle Vandersmissen sur la relation entre son épouse et Cadignan, sur les rumeurs qui circulent également et selon lesquelles, il reverrait quotidiennement sa femme en secret. Il nie en bloc et invite son épouse à faire de même, elle y consent dans un premier temps mais insiste auprès de son mari pour qu'il annule la procédure de divorce et qu'il la reprenne sous son toit. Il refuse catégoriquement, ceci le déshonnorerait. La seule issue est de poursuivre la procédure pour que sa femme puisse faire état de sa bonne foi et de sa droiture de telle sorte que la procédure de divorce en deviendrait caduque. Elle le menace de divulguer les lettres enflammées que son mari lui adresse tous les jours, il la menace de mort si elle mettait son plan à exécution. Le , nous sommes à quelques heures du drame lorsque Gustave Vandersmissen achète l'édition du soir du journal La Nation où il découvre un entrefilet où son parjure est rendu public, il est déshonoré. Il fouille alors dans le secrétaire de son épouse et tombe sur des échanges de lettres entre son épouse et Félicien Rops. Tout s'effondre, elle lui ment et se joue de lui depuis le début[1],[2].

Peu après minuit, il se rend chez elle avec le journal, les lettres et son revolver British Bull Dog. Il frappe à la muraille avec le signal convenu, elle vient ouvrir en robe de nuit. Il lui demande de lire l'entrefilet, les lettres. On palabre pendant cinquante minutes, on brûle quelques lettres. Gustave est hors de lui, il menace de la tuer, elle n'en croit rien, il sort son revolver. Elle souffle la bougie plongeant la pièce dans l'obscurité, il tire une première fois, sous l'impact, la robe de nuit prend feu, elle s'encourt à la cave, il la suit et tire encore à quatre reprises. Elle s'enfuit sur la rue ou elle se jette littéralement dans les bras d'un policier attiré par le vacarme. Emmenée à l'hôpital, elle y décédera 13 jours plus tard, Gaspard Vandersmissen est arrêté[1],[2].

Jugement

Gustave Vandersmissen est condamné à quinze années de réclusion en première instance. Le jugement est cassé en appel pour vice de procédure et sa peine est ramenée à dix ans. Finalement, il est libéré après deux années suite à l'application de la toute récente Loi Le Jeune[1],[2].

Après l'affaire

Gustave Vandersmissen s'installe en France où il exerce en tant qu'avocat. Il épouse Jeanne Prié qui décédera en 1919 et, en troisièmes noces, il épouse à Paris, le , Marie Emma Joséphine Gounand. Gustave Vandersmissen meurt à Leffrinckoucke, le [1],[2].

Notes

  1. Par ses camarades étudiants en raison de son ignorance des choses de l'amour (source : Léon Delange-Janson, Paul Janson, 1840-1913, Éditions du Centre Paul Hymans, 1962, 1130 p., pp. 353 et sq.)
  2. De son vrai nom, Rufine Renaud (source : Le Guide musical, Éditeur Lombaerts, 1886)
  3. MM. Bilaut, de Borchgrave, Delebecque, de Merode, De Smedt, d'Oultremont (comte A.), Henrard, Merjay, Parmentier, Renson, Simons, Slingeneyer, Somzé, Stroobant, Systermans et Vandersmissen.

Références

  1. Liliane Schraûwen, Les Grandes Affaires criminelles de Belgique, éditions de Borée, 2014, p. 384.
  2. Paul Aron, l’affaire Vandersmissen, Du fait divers médiatique à la littérature judiciaire, FNRS-Université libre de Bruxelles, Centre Philixte.

Annexes

Bibliographie


Articles connexes

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