Guillaume de Jerphanion
Guillaume de Jerphanion, né à Pontevès le et mort à Rome le [1], est un jésuite français, épigraphiste, géographe, photographe, linguiste, archéologue et byzantiniste.
Biographie[2]
Guillaume de Jerphanion est né le 3 mars 1877, 3ème d’une fraterie de huit enfants. Il est issu d’une famille de vieille noblesse originaire de la Haute-Loire en France.
Plutôt que la carrière d’officier de marine, il choisit de rentrer à 16 ans chez les Jésuites.
En 1903 il est envoyé pour la première fois à Tokat en Turquie pour enseigner les sciences aux enfants arméniens dans l’une des écoles fondée sur le territoire anatolien par les Jésuites. Il y reste jusqu’en 1907. A cette occasion il apprend le turc, une langue qu’il maîtrisa parfaitement. Avant de retourner en France pour étudier la théologie et être ordonné prêtre, il parcourt l’Anatolie (Amasya – Ankara - Samsun – Sivas…) et découvre la Cappadoce.
A propos des écoles Jésuites d’Anatolie. Entre 1881 et 1924, les Jésuites ont ouverts 11 écoles gratuites et mixtes ainsi que 6 écoles gratuites pour filles et 12 autres écoles payantes pour garçons et filles. Il y avait 550 élèves en tout en 1886, 5521 en 1914. Le nombre de Jésuites servant dans ces écoles atteindra à son apogé un peu moins de 60. La langue d’enseignement était le français. Les écoles accueillaient surtout des enfants chrétiens mais aussi pour des “cours du soir” des non-chrétiens comme les juifs et les enfants de notables turcs attirés par la langue française, langue de la diplomatie et du commerce de l’époque. Dans les écoles pour filles les Jésuites étaient secondés par de nombreuses religieuses. Et pour occuper la jeunesse en dehors des heures d’école, les Jésuites organisaient conférences et activités (fanfares, cours de musique, cours de théâtre...)[3]
De retour en Turquie en 1911 Guillaume de Jerphanion est membre de la communauté jésuite d’Istanbul. C’est désormais depuis Istanbul qu’il organisera ses voyages vers la Cappadoce.
La première guerre mondiale l’éloigne de la Turquie. Il est Officier-interprète auprès de la Légion d'Orient à Chypre jusqu'en 1918. Il n’y reviendra en Turquie qu’en 1921. Tout en s’occuper de la publication de son ouvrages sur les églises rupestres de Cappadoce, il est alors chargé de fermer la plupart des écoles et maisons que la Compagnie de Jésus possédait dans l’Est de la Turquie.
Guillaume de Jerphanion quittera définitivement la Turquie en 1927 et deviendra professeur d’archéologie chrétienne à l’Institut pontifical Oriental de Rome. Il est élu membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1947. C’est à Rome qu’il meurt en 1948.
Guillaume de Jerphanion, l’écrivain et le photographe
Guillaume de Jerphanion tout au long de ses voyages tiendra un journal dans lequel il couchera nombre de ses découvertes et impressions. Issu d’une noblesse attachée à la terre, il est touché par la grande pauvreté qui règne en Anatolie. Il est frappé par la situation misérable des paysans et leur exploitation par les grands propriétaires terriens qui leur louent la terre.[4]
En même temps qu’il met par écrit ses impressions, il photographie beaucoup, les paysages, les scènes rurales, des portaits et des monuments. Aujourd’hui ses photos sont aujourd’hui disséminées dans les archives des Jésuites à Beyrouth, Rome et Paris.
Son oeuvre: Une nouvelle province de l'art byzantin, les églises rupestres de Cappadoce (5 volumes, 1925-42)
Il s’agit d’un ouvrage sur les églises de Cappadoce qu’il écrira suite à 3 voyages en Cappadoce réalisés, le premier en août 1907, le second et le plus important en 1911 (de août 1911 à janvier 1912) enfin le troisième en août-septembre 1912.
Dans les 5 volumes que constitue l’oeuvre complète sont répertoriées de manière méthodique et homogène toute une série de monuments échelonnés du IX au XIII siècles et principalement situés dans la région d’Ürgüp. L’oeuvre complète se présente donc comme un grand inventaire. On y retrouve décrite une 100ène d’églises sur les plus de 230 monuments que la Cappadoce chrétienne recense, le texte et le plan des églises accompagnés de photos, de dessins au trait et de quelques planches en couleur.[5]
La publication de l’ouvrage fut annoncée pour 1913. Selon ses propres dires (Cf introduction du Tome 1) les 3 quart de l’ouvrage étaient prêts à la publication à Beyrouth lorsque la guerre éclata. A la fin de la guerre les manuscrits et planches en couleur laissés à l’abandon dans un hangar furent retrouvés en mauvaise état, inexploitables. Guillaume de Jerphanion dû tout recommenser. Par chance ses notes conservées dans la résidence Jésuite d’Istanbul et ses photos qu’il avait conservées avec lui en France étaient sauves. Finalement la publication de l’ouvrage s’étendra entre 1925 et 1942.
Guillaume de Jerphanion peut être considéré comme le fondateur des études cappadociennes.[6]
Ouvrages
- La Légion d’Orient : études, 1919
- Une nouvelle province de l'art byzantin : les églises rupestres de Cappadoce (5 vol.), 1925-1942
- La voix des monuments : notes et études d'archéologie chrétienne, 1930
- La voix des monuments : étude d'archéologie : nouvelle série, 1938
- prix Charles-Blanc de l’Académie française en 1939
Notes et références
- Éloge funèbre du R. P. Guillaume de Jerphanion, membre de l'Académie
- Vincenzo Ruggieri, Guillaume de Jerphanion et la Turquie de Jadis, Rubbettino Editore, , p. 13-17
- Philippe Luisier, La Turquie de Guillaume de Jerphanion sj, Actes du colloque de Rome, , p. 787
- Philippe Luisier, La Turquie de Guillaume de Jerphanion sj, Actes du colloque de Rome, , p. 793
- Catherine Jolivet-Lévy, La Turquie de Guillaume de Jerphanion sj, Actes du colloque de Rome, , p. 898
- Nicole Thierry, La Turquie de Guillaume de Jerphanion sj, Actes du colloque de Rome, , p. 867
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
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