Guy Ier de Lusignan (comte de la Marche)

Guy Ier de Lusignan ou Guy de la Marche[1],[2] (v. 1269-nov. 1308) est un seigneur du Poitou. Il reçoit en apanage le fief vicomtal d'Angoulême situé à La Rochefoucauld[3] et hérite de son grand-oncle Guy de Lusignan (♰1288), fils d'Hugues X de Lusignan et d'Isabelle d'Angoulême, de la seigneurie d'Archiac [2],[4],[5].

Pour les articles homonymes, voir Guy de Lusignan (homonymie) et Guy Ier.

Guy de la Marche devient seigneur de Lusignan, de Fougères, de Porhoët, comte de la Marche et d'Angoulême au décès de son frère aîné, Hugues XIII le Brun (♰ ) et prend le patronyme de "Lusignan". Il est parfois nommé Guiard[2] ou Guyot.

Il a été parfois confondu avec son oncle, un autre Guy de Lusignan (v. 1243-août 1310/août 1311), seigneur de Couhé et de Peyrat, fils d'Hugues XI le Brun et de Yolande Bretagne, du fait qu'il décéda après lui.

Biographie

Famille

Guy est le fils d'Hugues XII de Lusignan (av. 1241-ap. ), seigneur de Lusignan, comte de la Marche et comte d'Angoulême et de Jeanne de Fougères (av. 1242-ap. 1273), dame de Fougères et de Porhoët.

Héritage

Guy, bien que déshérité par son frère aîné, Hugues XIII le Brun[6] en 1297, prend possession des comtés de la Marche et d'Angoulême à son décès. Dès le mois de , il s'entend avec son neveu, Renaud IV, seigneur de Pons et de Bergerac (av1274-1305/08) l'un des héritiers désignés dans le second testament d'Hugues XIII le Brun.

Le , le parlement déclare que Guy resterait en saisine, malgré les réclamations de Geoffroy II de Lusignan[7] (v. 1268-nov .1306), le cousin de son père, et du comte de Sancerre, son beau-frère[8]. Le suivant, Guy est au camp devant Lille. Peu après, il traite avec le roi d'Angleterre Edouard Ier.

Succession et testaments

Le 9 décembre 1303, Guy de Lusignan désigne comme usufruitière de ses biens, sa sœur aînée Yolande et institua son fils, Renaud IV de Pons, héritier[9]. Par son testament du 24 septembre 1304, il s'exécuta[10].

En 1306, il soutient un procès contre Dreux III de Mello[11] (av. 1270-1310), seigneur de Saint-Bris, pour la succession de Geoffroy II de Lusignan, seigneur de Jarnac.

Le décès de Renaud IV de Pons l'amène à transférer ses droits au fils de ce dernier, Hélie II Rudel (v. 1300-av. 1334), seigneur de Pons et de Bergerac, qu'il nomme héritier universel le 13 avril 1308[12].

Décès

Célibataire et sans enfant, Guy de Lusignan meurt en novembre 1308, quelque temps avant le 28 novembre ; car à cette date le représentant de l'évêque de Poitiers réclame la possession du château de Lusignan, à raison de la mort du comte de la Marche.

Sa sœur, Yolande de Lusignan, lui succède.

Annexion des fiefs Lusignan au domaine royal

La branche masculine de la Maison de Lusignan éteinte, Philippe IV le Bel réunis l'Angoumois et la Marche au domaine royal. Il traita avec Yolande de Lusignan, qui conserva l'usufruit des comtés de la Marche et d'Angoulême (testament daté du ). Le roi racheta, en 1308 et 1309, de différentes manières, les droits de plusieurs autres parents du dernier comte de la Marche, à savoir : de Jeanne, de Marie, comtesse de Sancerre, et d'Aymar de Valence, comte de Pembroke[13].

Ainsi, les deux comtés de la Marche et d'Angoulême firent retour à la couronne.

Armoiries de Guy Ier de Lusignan

Notes et références

  1. Anonymum S. Martialis chronicon, ad annum M. CCC. XV. Continuatum (éd. Joseph-Daniel Guigniaut et Natalis de Wailly), t. XXI : Recueil des historiens des Gaules et de la France, Scriptores, Paris, Imprimerie Impériale, (lire en ligne), p. 806 :
    « Eodem anno, in festo sancti Martialis, post prandium, quidam juvenis, qui vocabatur Guido de Marcha, fuit vulneratus cum ense a Britonibus ; et oociditeum prœpositus Lemovicensis. »
    Limoges, 30 juin 1294 : Guy est blessé par un breton avec une dague.
  2. Les olim ou registres des arrêts rendus par la cour du roi (éd. Jacques Claude Beugnot), vol. 1, t. III : 1299-1311, Paris, Imprimerie royale, (lire en ligne), partie XLVIII, p. 99-100 :
    « Guiardus de Marchia, domicellus, in castellania de Archiaco »
    1302, 31 mars, Parlement de Paris : Guy de la Marche, damoiseau, Pierre Audrant, son bailli et Aimery, son valet et prévôt à Archiac, sont condamnés, malgré un appel de Guy, à une amende de 500 livres pour avoir maltraité un sergent du roi venu de la part du sénéchal de Saintonge, déclarer nulle et illégale une proclamation par laquelle ils défendaient aux habitants de la châtellenie d'Archiac d'exporter aucune denrée.
  3. Clément de VASSELOT de REGNE, Le "Parentat" Lusignan (Xe-XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, vol. 1 : Texte (Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell), Université de Nantes, (lire en ligne), p. 744
  4. Layettes du trésor des chartes, de l'année 1261 à l'année 1270 (éd. Élie Berger), t. IV, Paris, Plon, , partie 5630, p. 413-415
    1270, 1er février : Hugues [XII] de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême, seigneur de Fougères fait son testament. Il demande que toutes ses dettes soient payées. Il institue son fils, Hugues [XIII], héritier de ses biens et le constitue son successeur. Il demande que Yolande, sa fille aînée, reçoive le fief vicomtal d'Angoulême ou bien une rente de 100 livres et la somme de 1000 livres, desquelles seraient déduites 100 livres si elle épousait Renaud [III] de Pons qui lui a emprunté cet argent. Jeanne reçoit une rente de 100 livres, Marie et Isabelle, une rente de 60 livres. Il donne à son fils Guy 1000 livres qu'il assied sur le château d'Archiac avec ses dépendances qui doivent lui revenir à la mort de son oncle Guy [seigneur de Cognac]. Si cette seigneurie ne suffit pas, elles seront assises sur les terres qu'il tient de sa mère, Yolande de Bretagne, en France et en Champagne. Son épouse [Jeanne de Fougères] doit recevoir le château d'Ahun et les revenus qui lui reviennent assignés sur la Marche à l'exception des châtellenies de Crozant et d'Aubusson. Il demande que 200 livres soient distribuées à ses serviteurs qui ne partent pas avec lui, en fonction de leur mérite et de leur travail. Il demande que 250 livres soient remises au chevalier Pierre de Torçay à qui il les doit et qu'il reste en pleine possession de ce qu'il lui a donné. Il lègue une valeur totale de 151 livres à vingt-cinq établissements, 200 livres pour marier les jeunes filles, une rente de 10 livres à l'abbaye de Valence pour l'établissement d'une chapelle pour le salut de son âme et de celle de ses parents, de 60 livres et de 100 sous respectivement à Angoulême et à Lusignan pour fonder des anniversaires. Il laisse la garde de sa terre à son oncle, Geoffroy [Ier] de Lusignan [seigneur de Jarnac]. S'il venait à mourir avant la majorité de ses enfants, il demande que leur garde soit assurée par sa mère [Yolande de Bretagne] et si ce n'est pas possible, par son frère Guy [coseigneur du Dorat], et si aucun ne le peut, il sera assuré par le seigneur Aubert Sénéchal. Comme il a pleine confiance dans l'amour et la fidélité de son oncle, il le dispense de rendre compte de sa gestion mais en revanche, tout autre gardien devra rendre un compte semestriel. Il demande que le testament de son père soit accompli par ses exécuteurs et que le douaire de sa mère soit respecté. Il autorise ses exécuteurs à vendre des bois et des forêts à hauteur de 600 livres si c'est nécessaire pour accomplir ses legs. Il institue exécuteurs testamentaires son oncle Geoffroy, Hélie, abbé de Nouaillé, Pierre de Torçay, Aubert Sénéchal, Simon de Baudiment et maître Arnaud Faber.
  5. Daniel BOUGES, « Sur les traces du château », Sud Ouest, (lire en ligne)
  6. Chartes et documents poitevins du XIIIe siècle en langue vulgaire (éd. Milan Sylvanus La Du), vol. II, t. LVII, Poitiers, coll. « Archives historiques du Poitou », , partie 415, p. 354-363
    1297, 12 juin, Touvre : Hugues [XIII] le Brun, comte de la Marche et d'Angoulême et seigneur de Fougères fait un nouveau testament. Il demande que le testament de son père [Hugues XII], de sa mère [Jeanne de Fougères] et de son grand-oncle, Guy, seigneur de Cognac soit exécuté et que ses dettes soient payées. S'il venait à décéder sans enfants, il établit héritier universel son cousin Geoffroy [II] de Lusignan, seigneur de Jarnac. Si c'est impossible, il demande qu'il reçoive le tiers de ses biens, notamment le comté d'Angoulême et les châtellenies de Cognac, Merpins et Lusignan. Il demande que son épouse [Béatrix de Bourgogne], reçoive son douaire conformément à la coutume. Il déshérite son frère, Guy de Lusignan, et interdit qu'il reçoive quoi que ce soit de sa succession à l'exception des 1000 livres de rente attribuées par le testament de son père et la succession maternelle, selon la coutume de Bretagne, car il s'est toujours mal comporté envers lui et agit de toutes ses forces au détriment de son frère, en aidant ses ennemis mortels publiquement et notoirement. Si par hasard, Guy parvenait tout de même à entrer en possession de son héritage, il assigne 60 000 livres tournois à Geoffroy [II] dont la moitié sera pour lui et l'autre pour l'exécution de son testament, ce qu'il fait à cause des grands services que le père de Geoffroy, Geoffroy [Ier] de Lusignan, avait rendu à son père, [Hugues XII] et pour les grands services que Geoffroy [II] lui a rendu. Il demande que son frère soit contraint par le roi de France, Philippe [IV le Bel] à accepter son testament. S'il advenait que Geoffroy [II] meure sans descendants, tous ses biens devraient aller à son cousin Aymar de Valence. Si celui-ci n'avait pas non plus de descendants, les biens iraient au neveu du comte de la Marche, Renaud [IV] de Pons. À défaut, ici aussi, de descendants, les biens devraient revenir à son cousin issu de germain, Amaury [III] de Craon. S'il meurt sans descendants, Hugues [XIII] demande également que soient assignées à ses sœurs, Jeanne, veuve de Pierre de Joinville et Marie, comtesse de Sancerre, la part que leur attribue la coutume. Il lègue à sa nièce, Yolande de Pons, épouse de Foulques [II] de Matha, 5000 livres en accroissement de dot, à son chapelain, Pierre Faure, 60 livres de rente sur la châtellenie de Bouteville, à son chevalier, Aimery d'Archiac, 40 livres de rente sur la châtellenie de Bouteville puis sur les rentes assignées à sa tante, Isabelle, dame de Beauvoir, à sa soeur, Isabelle, moniale à Fontevraud, 100 livres. Il choisit comme lieu de sépulture l'abbaye de Valence à laquelle il laisse 15 livres de rente ou 195 livres en deniers pour célébrer son anniversaire. Il demande que son coeur soit enterré devant le maître autel de l'église des dominicains d'Angoulême dont il veut être le fondateur et patron et donne 500 livres tournois pour faire le premier ciboire de l'église. Il fait également des legs à vingt-et-un établissements religieux pour un montant total de 612 livres. Toutes les églises du diocèse d'Angoulême reçoivent 6 sous pour s'acheter 6 deniers de rente afin que son nom soit prononcé chaque dimanche dans les églises. Il laisse à Geoffroy [II], 5000 livres pour aller en Terre Sainte pour le salut de son âme au prochain passage Outremer qui aura lieu sur lesquelles 500 livres seront pour lui et 4500 pour qu'il puisse emmener avec lui quinze chevaliers et les entretenir pendant un an. Si Geoffroy ne peut ou ne veut y aller, les 5000 livres iront à son neveu, Foulques [II] de Matha et, à défaut, à un de ses chevaliers dans l'ordre suivant : Aimery d'Archiac, Jourdain de Lohert, Guillaume de Genetines, Pierre Constantin, Bouchard de Cornafou et à défaut de tous ceux-là, un chevalier choisi par ses exécuteurs testamentaires. Il supplie le roi de France, Philippe [IV le Bel] de garder, défendre, parfaire et accomplir son testament et il lui lègue son château de Chilly si le roi, en cas de contestation, fait exécuter ses dernières volontés. Il institue exécuteurs testamentaires, l'évêque d'Angoulême, l'évêque de Saintes, l'évêque de Rennes et son oncle, Guy de la Marche [seigneur de Couhé], à qui il laisse 100 livres à chacun et son chapelain Pierre Faure, ses clercs, maîtres Guillaume Faure et Pierre Rouleau, le dominicain Bos de Lille et le chevalier Aimery d'Archiac, à qui il laisse à chacun 50 livres. Il annule tous les autres testaments qu'il a pu faire et obtient les confirmations de ses exécuteurs testamentaires, du roi de France et de son oncle.
  7. Seigneur de Jarnac, de Châteauneuf et de Château-Larcher.
  8. Étienne II comte de Sancerre (ap. 1259-1303/06), époux de Marie de Lusignan (v. 1267-ap. 1312).
  9. Original, parchemin (larg. 322 mm x haut. 474 mm, dont 34 mm de repli, scellé du sceau du roi de France, en cire verte, sur cordons de soie jaune), Paris (no AN, J//407, n°9.),
    1303, 9 Décembre, Angoulême : Guy de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême et seigneur de Fougères, parce que son neveu, Renaud [IV] de Pons, avait refusé la succession de son frère, Hugues [XIII] le Brun, à son exclusion, et après sa victoire devant le roi de France, contre son cousin, Geoffroy [II] de Lusignan, pour le remercier de son soutien et de ses démarches, l'institue héritier universel, à l'exception de 1500 livres de rente pouvant être assignées à diverses causes, en précisant que s'il venait à mourir sans héritiers, sa soeur Yolande de Lusignan devrait avoir l'usufruit de ses terres jusqu'à sa mort où elles reviendraient alors à son fils.
  10. Original, parchemin (larg. 250 mm x haut. 450 mm, dont 37 mm de repli, scellé du sceau de Guy de Lusignan, en cire verte, sur double queue de parchemin), Paris (no AN, J//407, n°10),
    1304, 24 Septembre, Au camp devant Lille : Guy de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême et seigneur de Fougères, fait son testament. Il institue sa soeur aînée, Yolande de Lusignan, mère de Renaud [IV] de Pons, héritière universelle. Il demande que ses dettes, celles de son père [Hugues XII], de sa mère [Jeanne de Fougères], de son grand-père [Hugues XI] et de son arrière grand-père [Hugues X] soient réglées et que ses exécuteurs testamentaires perçoivent à cette fin tous les revenus de sa terre jusqu'à ce qu'elles soient entièrement payées. Il lègue 20 livres au chevalier Ebles de Tonnay, pour ses services, 100 livres de rente à sa soeur, Isabelle de Lusignan, moniale à Fontevraud, sur la forêt de Saint-Michel à Fougères, 2000 livres pour marier les jeunes filles de ses terres, 6000 livres à diviser entre les différentes églises des diocèses de Saintes et d'Angoulême pour le salut de son âme, 1000 livres à ses exécuteurs, 100 livres à Pierre Andraud, son clerc, pour ses services et 100 livres à partager entre tous ses serviteurs. Il choisit d'être enterré à l'abbaye de Valence et lui assigne la somme de 100 livres. Il institue exécuteurs testamentaires l'évêque d'Angoulême, Guillaume [III de Blaye], Olivier, abbé de Saint-Jean d'Angély, Pierre Bondet, maître de l'école d'Angoulême, et maître Arnaud Gunlaud, chanoine d'Angoulême.
  11. Dreux de Mello époux de Eustachie de Lusignan (v. 1250-1270), elle-même demi-sœur de Geoffroy II de Lusignan.
  12. Chartrier de Pons (éd. Georges Musset), vol. II, t. XXI, Paris - Saintes, coll. « Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis », (lire en ligne), partie XXII, p. 65-66
  13. Yvonig Gicquel, Alain IX de Rohan (1382-1462) : un grand seigneur de l'Age d'Or de la Bretagne, Éditions Jean Picollec, (lire en ligne), p. 32.
  14. « Guy de Lusignan », sur http://www.sigilla.org/
  15. Armorial Le Breton (Original) (Paris, AN, double cote MM//684/L et AE/I/25/6), (lire en ligne), 645. Guis de le Marche, p. 44

Bibliographie

Sigillographie

Articles connexes

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