Château de Fougères

Le château de Fougères est l'un des plus imposants châteaux forts français, occupant une superficie de deux hectares, et constituant un ensemble médiéval du XIIe au XVe siècle[1].

Au titre des monuments historiques, le château fait l’objet d’un classement par liste de 1862 et journal officiel du  ; le terrain municipal d'une superficie de a 95 ca avoisinant la barbacane ouest du château, limité par la rue du Château, la route de Rennes et la prairie de la Palestine fait l’objet d’un classement par arrêté du  ; les douves et anciennes douves et les terrains situés aux abords immédiats et immeubles édifiés sur ces terrains notamment la maison du gardien font l’objet d'un classement par arrêté du 26 février 1953[2].

Le château est inscrit comme site archéologique depuis le 18 avril 1914[réf. nécessaire],[3].

Localisation

Le château est situé dans la partie ouest de la ville close de Fougères, en Bretagne, dans le département d'Ille-et-Vilaine. Le château est construit sur le site naturellement protégé d'un rocher émergeant du marécage cerné d'une boucle du Nançon, affluent du Couesnon, faisant office de douves naturelles. La forteresse avait pour fonction d'assurer la défense du nord-est du duché de Bretagne.

Historique

À l'origine, il s'agit d'un château en bois et terre, qui se dresse sur une motte castrale, et qui sera reconstruit à partir du XIIIe siècle[4].

Le premier château fort qui appartient, au XIe siècle à la famille de Fougères est ruiné en 1166 après le siège d'Henri II Plantagenêt. Il est démantelé et son donjon rasé. Raoul II le reconstruit vers 1173.

Raoul III fait hommage de Fougères à Louis IX. Pierre de Dreux, dit Mauclerc, s'empare de Fougères par surprise en 1231 mais Louis IX, à la tête de son armée, vient reprendre la ville. Raoul III est le compagnon d'armes de Louis IX lors de la septième croisade et meurt en 1256.

Son unique fille, Jeanne Ire de Fougères, qui épouse Hugues XII de Lusignan (petit-fils de Pierre Mauclerc), en , à Savigny, devenue châtelaine, construit les grandes tours Mélusine et des Gobelins, et dote la cité de portes fortifiées et de remparts.

Philippe le Bel, roi de France, confisque la baronnie de Fougères en 1307.

Jean de Montfort, duc de Bretagne, s'y installe mais Du Guesclin s'empare de Fougères qui revient à Pierre II d'Alençon en 1373. En 1428, Jean II d'Alençon vend le château de Fougères au duc de Bretagne pour payer sa rançon. En , en pleine trêve entre la France et l'Angleterre, François de Surienne, un mercenaire espagnol à la solde des Anglais, attaque en pleine nuit avec ses 600 hommes. Les habitants sont massacrés et la ville est pillée. En 1450, Surienne s'y installe et s'y retranche. Ce n'est qu'après deux mois de siège par le duc de Bretagne François Ier, aidé par une épidémie de peste, que Surienne se rend.

L'entrée du château de Fougères vers 1900 (lithographie d'Albert Robida).

Les fortifications sont encore augmentées, en particulier par Pierre II au XVe siècle. Le château est doté de deux tours trapues, la « Françoise » et la « Tourasse ».

En 1488, La Trémoille, lieutenant général des armées royales, prend le château en une semaine malgré une défense composée de 3 000 hommes et le roi de France laisse une garnison à Fougères une fois celle-ci rattachée au royaume de France, en 1491.

Le château de Fougères vers 1900 (lithographie d'Albert Robida).

Diane de Poitiers le reçoit d'Henri II en 1547. Il devient alors le logis des gouverneurs de Fougères.

Le duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, ligueur, en rébellion contre Henri III, s'empare du château le et s'y réfugie.

L'abbé Déric, nommé par Louis XV, le , en fut le dernier prieur jusqu’à la Révolution[5]. Enfin, en 1793, le château est pris par les Chouans et les Vendéens. Le logis du XIVe siècle est détruit vers 1810.

En , Honoré de Balzac séjourne plusieurs semaines à Fougères chez Gilbert de Pommereul. Il visite le château et l'ensemble de la région pour y puiser l'inspiration pour son roman Les Chouans, paru en 1829.

Vue panoramique.

Victor Hugo, dans Quatrevingt-treize (1879), s'inspire de la tour Mélusine qu'il décrit longuement : c'est la « Tourgue » d'Hugo, « une haute et large tour, à six étages, percée çà et là de quelques meurtrières, ayant pour entrée et pour issue unique une porte de fer donnant sur un pont-châtelet ». Au sol se trouve la grille par laquelle est visible la fameuse oubliette, tantôt prison, tantôt garde-manger.

Description

Le château féodal de Fougères est un véritable condensé d'architecture militaire érigé sur 400 ans : les premières tours sont carrées et ont un rôle certes défensif, mais passif ; les tours circulaires permettent aux défenseurs de ne pas redouter les angles morts lors des tirs ; les tours en fer à cheval protègent astucieusement les bases des tours et donnent assez de débattement aux archers et arbalétriers.

Les remparts sont très bien conservés et forment trois enceintes.

Si le logis seigneurial est en ruine, les tours s'élèvent encore avec majesté. Certaines sont visitables : la tour carrée de la Haye-Saint-Hilaire (XIIe siècle) qui donne accès à la « basse cour », la tour Raoul (XVe siècle), la tour Mélusine (XIVe siècle) et à la tour du Hallay. Le châtelet d'entrée, est défendu par les tours Mélusine et des Gobelins.

Le gros-œuvre est en granite et en schiste, monté en pierre de taille et appareil mixte. Les toits sont en ardoise.

Les tours d'entrée et de Coigny datent de la fin du XIIe siècle.

Au XVe siècle la tour d'Amboise (poterne), puis les tours Raoul et Surienne complètent les fortifications. Ces dernières sont remaniées en 1481[6].

Propriété depuis 1820 de la famille de Pommeureul, le château est vendu en 1892 à la municipalité pour la somme de 80 000 Francs-or (environ 282 000 euros d'aujourd'hui).

Le château de Fougères est en état de vestiges restaurés.

Le moulin à eau à quatre roues.

En 2009-2010, un nouveau parcours scénographique est aménagé dans les 3 principales tours, sur le thème des « Marches de Bretagne ». Ce parcours est conçu par l'architecte du patrimoine Régis Ribet, de l'agence Softage (Le Loroux-Bottereau), et par Agnès Badiche, scénographe à La Rochelle.

À l'entrée, on trouve un moulin à eau quadruple dont les roues ont été restaurées en 2013 et fonctionnent encore ; l'une d'elles fait tourner un générateur électrique. Ce moulin est situé en contrebas de la conciergerie. En même temps que le nouveau parcours scénographique, le bâtiment est complètement remanié et aménagé pour devenir l'entrée du château, accueillant ainsi la billetterie, la boutique, une salle de projection, et un espace pédagogique. Ces travaux, permettant d'offrir l'accessibilité aux personnes à mobilité réduite, sont conçus et mis en œuvre par Régis Ribet. L'accès à la courtine ouest permet d'observer la ville haute.

Un timbre postal représentant le château est émis le 18 janvier 1960.

Les 5 étendards alignés qui flottent derrière les remparts représentent les blasons de certaines des familles qui ont possédé ou gouverné le château : de gauche à droite, vu de l'extérieur du château : Plesguen, la Haye Saint-Hilaire, Lusignan, Guibé, Pommereul.

Dans la culture populaire

Le château a servi plusieurs fois de lieu de tournage pour la web-série Joueur du Grenier, notamment en 2018 pour une vidéo parodiant la saga Harry Potter[7].

Voir aussi

Ouvrages généraux

  • Jean Mesqui, Châteaux et enceintes de la France médiévale, Paris, Éditions Picard, 1993 et 1993, 2 tomes, 375p. et 382p., (ISBN 978-2-7084-0961-3) et (ISBN 2-7084-0444-X)

Ouvrages sur la Bretagne, son histoire et son patrimoine

  • Jean-Marie Pérouse de Montclos, Bretagne Dictionnaire guide du patrimoine, Paris, Monum Éditions du patrimoine, 2002, 531p., pp.242-248, (ISBN 2-85822-728-4)
  • Jocelyn Martineau, Les tours à canon du Duché de Bretagne au XVe siècle, in Artillerie et fortification 1200-1600, Rennes, Presses universitaires de Rennes, collection Archéologie et culture, 236p., (ISBN 978-2-7535-1342-6), pp.191-214.

Ouvrages sur l'Ille-et-Vilaine, son histoire et son patrimoine

  • Paul Banéat, Le Département d'Ille-et-Vilaine, Éditions Librairie moderne J. Larcher, Rennes, 1928, Réédition Éditions régionales de l'Ouest, Mayenne, 1994, 4 tomes, (ISBN 2-85554-067-4), tome 2, p. 22-37.
  • Michel Brand'Honneur, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes - Habitat à motte et société chevaleresque (XIe-XIIe siècles), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2001, Collection Histoire, 317p., (ISBN 2-86847-561-2).

Ouvrages sur Fougères, son histoire et son patrimoine

  • Fougères in Philippe Le Bas, France. Dictionnaire encyclopédique, Paris, Firmin Didot frères, 1840-45. (OCLC 13697756)
  • Vicomte Le Bouteiller, Notes sur l'histoire de la ville et du pays de Fougères, Rennes, Librairie générale J. Plihon et L. Hommay, 1913, 4 tomes, Réédition à Bruxelles, Éditions Culture et Civilisation, 1976.
  • Bernard Heudré, Fougères, Le Pays et les Hommes, Imprimerie OCEP, Coutances, 1980, 215p., p. 33-34
  • Christophe Belser, Fougères il y a 100 ans en cartes postales anciennes, Éditions Patrimoines médias, Prahecq, octobre 2010, 156p., (ISBN 978-2-916757-52-0), p. 22-33.

Ouvrages et articles spécialisés sur le château de Fougères

  • Vicomte Le Bouteiller, Notice sur le château de Fougères, in Comptes-rendus, procès-verbaux, mémoires de l'Association Bretonne, Quarante-huitième congrès tenu à Fougères, 300p., Imprimerie-Librairie-Lithographie René Prud'Homme, Saint-Brieuc, 1909, pp.72-263. Disponible sur Gallica.
  • Émile Pautrel, Le château de Fougères, 1924, Réédition Le Livre d'histoire-Lorisse, Paris, 2012, 91p., (ISBN 978-2-7586-0687-1).
  • Syndicat d'Initiative de Fougères, Notice sur le château de Fougères (Citadelle du Duché de Bretagne), Imprimerie de la Chronique de Fougères, Fougères, s.d., 38p.
  • Jean Mesqui, Le logis du château de Fougères, in Bulletin monumental, 2001, vol.159, pp.334-335, Disponible sur Persée.
  • Service du patrimoine de la Ville de Fougères, Laissez-vous conter un château fort médiéval, Studio et Imprimerie Labbé, Lécousse-Fougères, 09/2009, 4p.
  • René Cintré, Le château de Fougères, Éditions Ouest-France, Rennes, 2011, 32p., (ISBN 978-2-7373-5473-1).
  • Julien Bachelier, Le château médiéval de Fougères Un siècle de recherches, in Cent ans d'histoire et d'archéologie en Pays de Fougères, Actes du Colloque du Centenaire de la Société d'Histoire et d'Archéologie du Pays de Fougères (14 septembre 2013), S.H. A.P.F., Fougères, décembre 2014, 159p., pp.9-54.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Dominique Allios, Architecture des châteaux forts, Architecture et patrimoine, Ouest-France, 2014, (ISBN 978-2-7373-6250-7), p. 2.
  2. « Château », notice no PA00090557, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. Site 35 115 1 AH.
  4. « Insolites ou incontournables, dix châteaux médiévaux à découvrir », Dossiers d'archéologie, no 404, , p. 73 (ISSN 1141-7137).
  5. Bulletin et mémoires de la Société archéologique du Département d’Ille-et-Vilaine, 1888, t. 18, p. 161.
  6. Bernard Heudré, Fougères, Le Pays et les Hommes, Coutances, Imprimerie OCEP, , 215p p., p. 33-34.
  7. Maïté Hellio, « Fougères. Une parodie d’Harry Potter tournée au château », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  • Portail du duché de Bretagne
  • Portail des châteaux de France
  • Portail des monuments historiques français
  • Portail d’Ille-et-Vilaine‎
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.