Groupe Hervé

Le Groupe Hervé s’est constitué progressivement à partir de la société Hervé Thermique fondée en 1972 par Michel Hervé et qui reste la principale entité du groupe, dirigé depuis 2012 par Emmanuel Hervé.


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Groupe HERVE
Création 24 janvier 1972
Fondateurs Michel Hervé
Siège social Joué-lès-Tours
 France
Direction Emmanuel Hervé
Effectif 2020 : 3000 salariés
Site web Site du groupe

Fonds propres 99 069 000 € en 2019
Chiffre d'affaires 517 445 000 € en 2019
Résultat net 5 974 000 € en 2019

En 2020, il est constitué de vingt-trois sociétés organisées en trois pôles d’activité : Énergies-Services, Industrie et Numérique et compte plus de 3 000 salariés.

Son modèle organisationnel et managérial, qualifié de "concertatif" par le fondateur, proche dans les principes affirmés de l'entreprise libérée, est objet de débats.

Histoire

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La société Hervé thermique est créée en 1972 par Michel Hervé à Parthenay[1]. Elle compte alors 174 salariés répartis entre trois sites (Niort, Parthenay et Thouars). En 1978 la société s'engage dans l'ère informatique : premier ordinateur à carte et mise à disposition de l'outil informatique dans les agences grâce à un terminal passif connecté à un Bull DPS4.

Onex fait son entrée dans le Groupe en 1980 puis Tôlerie industrielle en 1981.

La holding Financière-Hervé est créée en 2001. Hervé Thermique en devient filiale. L'effectif du Groupe est alors de 1 000 personnes. L'année suivante, Hervé Thermique déplace son siège social à Joué-lès-Tours. Le département informatique de la société intègre Hervé consultants, filiale du Groupe.

L'agence de développement Web et mobile Imdeo et Cel font leur entrée dans le Groupe en 2004. En 2007, le Groupe suisse Alvazzi rejoint le Groupe Hervé, ce qui permet au Groupe d'acquérir une dimension internationale. Mécamarc fait son entrée aussi dans le Groupe dont l'effectif passe à 2 000 personnes.

Le Groupe SMC et la société PR2i sont intégrés en 2008 et la société BSE crée puis, en 2011, ce sont les sociétés Air Techneau et Alerteo qui le sont et la société Hervé Maroc est fondée.

Mativi Val de Loire et Guard's formation entrent dans le Groupe en 2012.

Hervé Thermique fête alors ses 40 ans.

En 2013, c'est au tour de la société Billon d'être intégrée et la même année est créée Hervé Belgium.

Suivent l'intégration d'Actem'Otel et la création d'Hervé management et en 2016, celle du Groupe belge Pelzer et la création d' Henelia, agence de communication 360°. Le Groupe compte alors 2 800 employés.

Entreprises du groupe

Pôle Industrie
  • Chouteau Atlantique (Donges): serrurerie et métallerie
  • CTL : chaudronnerie pour la construction navale militaire ;
  • Onex : chaudronnerie tous métaux ;
  • Tôlerie industrielle : gaines de ventilation ;
  • SMCT : pièces aluminium pour l'aéronautique ;
  • SN Hydro : Commerce de détail de flexibles et connectiques tous fluides.
Pôle Énergie – Services
  • Hervé Thermique (Joué-les-Tours): génie climatique, génie électrique, ingénierie réseaux, GTB-GTC, cogénération, couverture, piscines, cuisines professionnelles et froid (entité principale)
  • Alvazzi : chauffage, ventilation, climatisation, sanitaires, couverture et dépannages ;
  • Billon : chauffage, plomberie et ventilation en logements collectifs. Étanchéité, bardage et isolation ;
  • Cel : commercialisation et installation de matériels dédiés aux énergies renouvelables ;
  • Alerteo : collecte et traitement des données techniques, compteurs, consommation énergétique des bâtiments ;
  • BSE : optimisation énergétique et environnementale du bâtiment ;
  • Actem O'Tel : maintenance multi-service couvrant l'ensemble des domaines techniques d'hôtels et de résidences hôtelières ;
  • Hervé Belgium : développement des activités du Groupe en Belgique ;
  • Hervé Maroc : développement des activités du Groupe au Maroc ;
  • Pelzer s.a: réfrigération, climatisation, HVAC, études et installations commerciales, industrielles et tertiaires. Services entretiens et dépannages.
Pôle Numérique
  • Imdeo : développement d'applications web et mobiles ;
  • Henelia : agence de communication 360° ;
Pôle Formation
  • Guard's formation : prestation de conseil et formation en entreprise et à distance ;
  • Hervé Management : accompagnement de ses clients dans la mise en place d'organisation adaptative au management.

Modèle organisationnel et managérial

Le fondateur du Groupe Michel Hervé indique que son approche est inspirée par les notions d'économie contributive et de création collaborative. Chaque collaborateur peut être "intra-entrepreneur" en s'impliquant dans le collectif. Les salariés sont ainsi réunis régulièrement en petit groupe pour réfléchir, s'exprimer librement, se confronter sur des sujets stratégiques et choisissent leur leader parmi leurs membres. [2].

Chaque équipe de production, constituée de dix à vingt personnes, est encadrée par le « manager », qui portera les décisions de l'équipe au niveau hiérarchique supérieur et cherchera à les harmoniser avec celles des autres équipes. Les dirigeants affirment que le manager est choisi à la fois par les membres de l'équipe, les collègues de même niveau et la direction. Michel Hervé dit ainsi mener depuis plus de 40 ans une expérience de « démocratie concertative et représentative »[3].

Le management pratiqué n'est pas qualifié de participatif, mais de « concertatif » par le fondateur du groupe[4] qui affirme : « chaque salarié est considéré comme un intra-entrepreneur, et les décisions sont prises collectivement au niveau d’une unité de quinze personnes lors d’une réunion mensuelle (…). Les équipes se fixent leurs propres objectifs[5]. »

Le Groupe Hervé servirait de modèle auprès d'autres entreprises pour son management qualifié de concertatif, consistant à impliquer les personnels dans les décisions[6].

Selon le journal Les Échos, le fait que l'entreprise soit bâtie sur la confiance et l'autonomie des équipes avec une valorisation des résultats collectifs et non individuels lui a permis de traverser la première phase de crise sanitaire de 2020 avec seulement 3 % de chômage partiel alors que le secteur du BTP « se situait plutôt autour de 90 % »[7].

Études, critiques et enquête

Une équipe dirigée par Alain d’Iribarne, sociologue directeur de recherches au CNRS, étudia Hervé Thermique, entre 2004 et 2005[8]. Cela donna lieu à la publication d'un livre[9].

Par la suite, différents auteurs qualifient tour à tour l’organisation du Groupe Hervé de « fractale »[10], « dotée d’un fonctionnement holistique »[11] et de« collaboratif »[12].

Si le Groupe Hervé a été parfois décrit comme une « entreprise sans chef »[13], il ne relève pas pour autant de l’autogestion, forme organisationnelle dénuée de managers. Les sociétés constituant le Groupe Hervé comportent des managers, mais ceux-ci ne sont pas censés avoir pour fonction de décider, mais plutôt d’organiser la coopération entre les membres de l’équipe afin de faire émerger des décisions collectives. En ce sens, il est plus juste de parler d’auto-organisation[14].

Christophe Assens explique en 2013 : « Le partage de l’autorité́ chez Hervé Thermique est comparable à une "démocratie d’entreprise"[15]. »

Christophe Assens, en 2016, écrit que « la "libération de l'entreprise" repose tout d'abord sur la volonté des dirigeants-propriétaires de renoncer au financement sur les marchés financiers pour préserver l'indépendance de gestion, avant de déléguer le pouvoir aux collaborateurs pour utiliser au mieux cette indépendance. Il s'agit d'inverser la pyramide hiérarchique »[14]. En 2018, il ajoute que « l'auto-organisation dans le Groupe Hervé ne signifie […] pas absence totale de contrôle, ce contrôle est simplement exercé collectivement par tous les membres de l'équipe, à partir de normes communes de travail co-construite, puis harmonisées au niveau supérieur »[1].

Thibaud Brière de la Hosseraye, ex-cadre licencié fin 2018, critique une pratique instaurée en 2017 de catégorisation des salariés en fonction de leur adaptation supposée au modèle participatif, visant à écarter ceux qui n'y souscriraient pas. Le virage pris en 2016, selon Brière, amène aussi à cesser de donner aux salariés l'accès aux compte-rendu des réunions des managers, à l'arrêt des formations au fonctionnement concertatif des équipes et à une remise en cause de la philosophie de confiance a priori[16].

En 2019, Thibaud Brière affirme : « Dans les années 70, Michel Hervé s'est efforcé, dans son entreprise, de tenir ensemble l'affichage de hautes intentions humanistes avec des préoccupations actionnariales de nature économique. Son expérience entrepreneuriale indique, dans son cas au moins, que ces intentions ont peu à peu cédé le pas face aux traditionnelles préoccupations [...] de contrôle et de rentabilité financière »[16].

Une enquête de la cellule investigation de Radio France indique que Michel Hervé promeut une grille d'analyse classant les salariés en trois catégories : dauphins, moutons et renards. Ces derniers, « rusés » et « menteurs », font figure de menace pour le collectif, aussi Michel Hervé juge-t-il qu'ils sont à « supprimer » de l'entreprise, relate Radio France. Cette grille d'analyse des salariés a été appliquée à plusieurs reprises par des managers, soulignent les journalistes[17],[18]. Le Groupe Hervé affirme ne pas réaliser de classement des salariés, ce que confirment des élus du comité social et économique de l'entreprise ; La Nouvelle République du Centre-Ouest indique a contrario qu'une source interne à l'entreprise confirme l'existence dudit classement[18],[19].

Prenant du recul par rapport au cas particulier du groupe Hervé, la sociologue Danièle Linhart considère que l'entreprise libérée garde les salariés sous contrôle : la transparence exigée sert à déployer une forme renouvelée de contrôle, dont les salariés sont à la fois les victimes et les complices[18].

Présenté fréquemment comme un modèle d'entreprise « libérée », le groupe Hervé est connu pour son organisation alternative, « sans chef et sans ordres ». Mais selon France Culture et la cellule investigation de Radio-France « cette philosophie originale a aussi épuisé certains salariés et conduit les dirigeants du groupe à les classer en "dauphins", "moutons" et "renards" »[20].

Notes et références

  1. Christophe ASSENS, Le Groupe Hervé perd la tête ! Le leadership en partage, InstitutSupérieur du Management – UVSQ,
  2. « Groupe Hervé une culture managériale inspirée des sciences sociales »
  3. Christophe Assens, Réseaux sociaux : tous ego ? Libre ou otage du regard des autres, De Boeck, , 208 p. (ISBN 978-2-8073-0738-4 et 2-8073-0738-8, lire en ligne), p. 158
  4. Michel Hervé, Une Nouvelle Ere : sortir de la culture du chef, Paris, Bourin Éditeur, , 232 p. (ISBN 979-10-252-0157-2)
  5. Claire ALLET, « Groupe Hervé, des managers élus », Alternatives Économiques, , p. 79
  6. Jean-Louis Etienne et Reporters d'Espoirs, 20 initiatives qui font bouger la France : portraits de citoyens qui bâtissent l'avenir, Paris, Librio, , 126 p. (ISBN 978-2-290-17359-6), p. 29-32
  7. « Les intrapreneurs d'Hervé Thermique ont défié le Covid-19 », sur Les Echos, (consulté le )
  8. Alain d’Iribarne et Anne De Fenoyl, Hervé Thermique et son système : un modèle pour une @-entreprise performante à la française, ou la flexibilité sans précarité, rapport final 2005
  9. Michel Hervé, Alain d’Iribarne et Élisabeth Bourguinat, De la pyramide aux réseaux. Récits d’une expérience de démocratie participative, Editions Autrement, , 316 p. (ISBN 978-2-7467-0982-9 et 2-7467-0982-1)
  10. Bruno Marion, Chaos, mode d’emploi : solutions individuelles et collectives, Yves Michel, , 183 p. (ISBN 978-2-36429-049-5 et 2-36429-049-X), p. 146-149
  11. Hervé Lefevre et Jacques Jochem, Le mix organisation : et si l'entreprise mobilisait enfin l'énergie naturelle de l'autonomie, Eyrolles, , 149 p. (ISBN 978-2-212-55998-9 et 2-212-55998-4, lire en ligne), p. 78
  12. Martin Roulleaux-Dugage, Organisation 2.0 : le knowledge management nouvelle génération, Eyrolles, , 258 p. (ISBN 978-2-212-54012-3 et 2-212-54012-4, lire en ligne), p. 45
  13. Jean-Pierre Bouchez, « Tisser du lien social pour le bien-être économique », revue Personnel, , p. 75
  14. Christophe Assens, Réseaux sociaux : tous ego ? Libre ou otage du regard des autres, De Boeck, , 208 p. (ISBN 978-2-8073-0738-4 et 2-8073-0738-8, lire en ligne), p. 156
  15. Christophe Assens, Le management des réseaux : tisser du lien social pour le bien être économique, Collection Méthodes & Recherches, Editions de Boeck,
  16. Thibaud Brière, Le groupe Hervé ou les ambivalences de la vertu. In Laurent Karsenty (Ed.) Libérer l'entreprise, ça marche ?, Toulouse, Octares Edition, , 290 p. (ISBN 978-2366300987), chap. 2 pp. 65-108
  17. « Le Groupe Hervé ou le mirage du "management concertatif" », sur www.franceinter.fr (consulté le )
  18. « Le Groupe Hervé : derrière la façade de l’entreprise "libérée", des salariés classés et sous surveillance ? », sur www.franceinter.fr, (consulté le )
  19. Alexandre Métivier, « Renard, dauphin, mouton: des salariés du groupe Hervé ont-il été fichés de cette manière ? », La Nouvelle République du Centre-Ouest, (lire en ligne).
  20. « Le Groupe Hervé ou le mirage du "management concertatif" », sur France Culture, (consulté le )

Lien externe

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