Giorgio Basta

Giorgio Basta (en français Georges Basta, en allemand Georg Basta[1]), comte d'Hust et du Saint Empire[2], né le [3] à Rocca (Royaume de Naples) et mort le à Prague (Royaume de Bohême), était un général du Saint-Empire romain germanique d’origine albanaise et byzantine[4], gouverneur de Transylvanie de 1601 à 1604.

Giorgio Basta

Titre Comte d'Hust et du Saint-Empire
Grade militaire Général du Saint-Empire romain germanique
Commandement Gouverneur de Transylvanie
Conflits Longue Guerre
Faits d'armes Bataille de Brașov, Bataille de Sibiu
Biographie
Naissance
Rocca, Royaume de Naples
Décès
Prague

Il est envoyé par l'empereur Rodolphe II du Saint-Empire romain germanique pour commander les forces des Habsbourg pendant la Longue Guerre (1591-1606) contre les Turcs et plus tard pour administrer la Transylvanie pour le compte des Habsbourg.

Sur ses ordres, son allié Michel Ier le Brave, prince de Valachie et de Moldavie, fut assassiné le , parce que Basta le soupçonnait de vouloir se retourner contre Rodolphe II, quelques jours après leur victoire commune à la bataille de Goroszló (en roumain Guruslău, commune de Hereclean, dans le județ de Sălaj).

Les historiens hongrois et roumains le dépeignent comme un homme déloyal, licencieux et violent, célèbre pour sa barbarie, motivé par une haine profonde contre la noblesse hongroise fréquemment opposée aux Habsbourg. Aux Pays-Bas méridionaux, il garde la réputation d'un homme sans état d'âme mais toujours fidèle à sa parole[5]. L'historien italien Ambrogio Merodio le décrit comme « la terreur des armées ottomanes » ("fu lo spavento delle armi ottomane")[6].

Origines

Il naît en 1544 à Rocca (aujourd'hui Roccaforzata), cité du Royaume de Naples, dans une famille d'origine albanaise. Il reçoit une solide formation militaire dans les Pays-Bas du sud, province du Saint-Empire.

Il commence sa carrière militaire au service de Charles Quint et Philippe II, combattant principalement sur le front français, puis passe en 1590 sous les ordres d'Alexandre Farnèse (1545-1592) dans les Pays-Bas espagnols.

Bénéficiant des recommandations de Philippe II, il devient général dans l'armée de l'empereur Rodolphe II. Il sert principalement en Hongrie royale et en Transylvanie, où il commande les forces des Habsbourg dans la guerre contre l'Empire ottoman et ses alliés hongrois dont Sigismond Ier Báthory.

Pendant son séjour aux Pays-Bas, il épouse en 1589, Anne de Liedekerke, fille d'Antoine de Liedekerke, vicomte de Bailleul et seigneur de Mouscron. Par son mariage, il devint le beau-frère de plusieurs hommes de guerre[7] :

  • Ferdinand de Liedekerke, baron de Moorsel et de Gracht, capitaine d'une compagnie de cavalerie légère en Hongrie et Transylvanie ;
  • Charles-Philippe de Liedekerke, chevalier de l'Ordre militaire de Saint-Jacques et gentilhomme de bouche de l'archiduc Albert ;
  • Don Juan de Robles, comte d'Annapes, colonel d'infanterie et gouverneur des villes et châtellenies de Lille-Douai et Orchies ;
  • Don Juan d'Avalos de Zambrana, membre du Conseil suprême de guerre et lieutenant-gouverneur de Cambrai ;
  • Don Carlos Coloma, marquis d'Espinar et d'Embid, chevalier de l'Ordre militaire de Saint-Jacques, officier militaire puis diplomate espagnol.

Conquête de la Transylvanie

Giorgio Basta, aquarelle du XVIIe siècle

En , à la bataille de Goroszló/Guruslău (en), Giorgio Basta et Michel le Brave défirent la noblesse hongroise alliée aux Ottomans, menée par Sigismond Báthory. Michel le Brave voulut alors, selon Basta, traiter en secret avec les Ottomans pour reprendre le trône transylvain, en dépit de son serment d'allégeance à Rodolphe II. Basta envoya deux compagnies de Wallons et deux compagnies d'Allemands chercher le prince roumain. Face à son refus de les suivre, ils l'exécutèrent[8]. Basta victorieux reste seul maître en Transylvanie, pour le compte de Rodolphe II.

Illustration d'une exécution

La noblesse hongroise transylvaine, en grande partie protestante (la Transylvanie avait un Édit de Tolérance depuis 1568), entre alors en révolte contre les Habsbourg. Cette révolte est menée par Étienne II Bocskai (István Bocskai), ancien conseiller de Sigismond Bathory, et futur prince de Transylvanie. Avec ses 20 000 hommes, Basta organise la répression contre le soulèvement et fait régner la terreur de 1601 à 1604 : ses mercenaires ravagent la région, les transylvains de toute condition sont pillés, la contre-Réforme est imposée par les armes. Basta massacre un camp de révoltés et de leurs alliés Turcs à Edelény, puis reprend Szendrő, Tokay, et plusieurs villes de la région de Zips. La Transylvanie perd un tiers de sa population et sa noblesse est réduite à l'impuissance.

Mais le manque de vivres et des émeutes internes font échouer l'attaque de Basta sur Cassovie, et l'oblige à se replier à Eperies. Profitant de l'occasion, les généraux de Bocskai s'emparent de toute la région, avec les villes de Szathmar, Hust, Neutra et Tyrnau. Le soulèvement finit par gagner et contraint Basta à se retirer.

Le , en remerciement de sa participation au rappel du général Basta par Rodolphe II, la diète hongroise désigne Étienne II Bocskai comme prince de Transylvanie. Cette mise à l'écart du général Basta n'empêchera pas Rodolphe II de lui octroyer le [9] le titre héréditaire de comte d'Hust et du Saint-Empire et l'ajout à ses armes d'un écusson brochant en cœur aux armes du Saint-Empire. Giorgio Basta est souvent cité comme comte de Hust et de Waewmosch, mais si Hust est une ville connue de Ruthénie subcarpathique, en revanche Waewmosch ne correspond à aucun toponyme connu, et peut-être est-ce seulement une erreur de transcription de Marmarosch, nom allemand du comitat hongrois de Máramaros où se trouve Hust.

Matthias Ier, succédant à son frère Rodolphe II, négocie la Paix de Vienne avec le nouveau prince Étienne II Bocskai le et la Paix de Zsitvatorok avec les Ottomans le de la même année.

Retrait du pouvoir

Bataille de Kronstadt/Brașov
Bataille Goroszló/Guruslău

Après ses défaites de Transylvanie, Basta se retire à Prague et à Vienne.

Profitant de son expérience dans les guerres de l'est, il rédige plusieurs traités sur l'art de la guerre. Trois de ces traités ont été traduits dans d'autres langues et sont devenus des classiques de l'enseignement militaire, utilisés encore de nombreuses années après sa mort:

  • II maestro di campo generale de Governo della cavalliera (Venise, 1606)
  • Il governo della cavalleria leggiera (Venise, 1612, publié à titre posthume)
  • Del Governo dell'Artigliera (Venise, 1612, publié à titre posthume)

Mis à l'écart du pouvoir, ses revenus énormes de 42 200 florins sont réduits à 3 240 florins, somme déjà respectable pour l'époque, mais ne permettant plus un train de vie princier, ni l'engagement de mercenaires. Il reste dans l'attente des fiefs de Troppau et de Greiffenstein en Silésie, promis par l'Empereur, qui ne tiendra pas ses engagements. Il meurt dans la matinée du dans son domaine de Prague. Il est inhumé en l'église de Sainte-Croix à Vienne.

Son épouse, Anne de Liedekerke, meurt à Courtrai le . Elle est inhumée dans l'église Notre-Dame de Courtrai[10].

Descendance

Selon Philippe du Puy de Clinchamps, la transmission  à ses descendants légitimes des deux sexes  du titre de comte d'Hust, accordé à Georges Basta, ne s'entendait que de la seule descendance des deux sexes issue en ligne masculine (aujourd'hui éteinte) de ce dernier, et non de ses descendants par les femmes, ce que les tribunaux ont confirmé, comme le rappelle cet auteur, lui-même descendant en ligne féminine de Basta[11]. Gustave Chaix d'Est-Ange a indiqué que des familles issues en ligne féminine de Basta ont prétendu au titre de comte d'Hust et du Saint-Empire en vertu d'une interprétation tout à fait abusive et erronée donnée au bref concédé à leur ancêtre[12]. Octave Le Maire, quant à lui, a cité des cas où des juridictions ont reconnu le droit au titre de comte d'Hust à des descendants en ligne féminine de Georges Basta — voir les arrêts des Cours des comptes du duché de Bar () et du duché de Lorraine ()[13]. Et l'universitaire et juriste Alain Texier a confirmé les points de vue de du Puy de Clinchamps et de Chaix d'Est-Ange et l'extinction du titre de comte d'Hust avec la descendance en ligne masculine de Basta[14].

Notes et références

  1. Monatsblatt der Heraldischen Gesellschaft "Adler"., Volume 4, 1896, p. 8.
  2. de Vegiano, Nobiliaire des Pays-Bas et du comté de Bourgogne, F. et E. Gyselynck, 1865, p. 106.
  3. La date exacte de sa naissance est incertaine. Plusieurs auteurs donnent le .
  4. « Dominique Labarre de Raillicourt », sur data.bnf.fr (consulté le )
  5. Nobiliaire des Pays-Bas et du Comté de Bourgogne, Louvain, Jean Jacobs, , "On a beaucoup loué un trait de ce Général des Impériaux. Les Révoltés du parti de Bathori [Sigismond Ier Báthory] ayant emporté Bistricz [Bistrița], Basta reprit cette place par capitulation, qui fut violée pendant son absence par quelques soldats Allemands; ce qu'il n'eut pas si tôt appris à son retour, qu'il fit pendre tous ces soldats & paya de ses deniers aux habitants le dommage qui leur avait été fait. Cette action toucha si fort les Révoltés, qu'ils se soumirent tous à l'Empereur, sans demander d'autre caution que la parole de Basta" (p. 225).
  6. (it) nopAdvance, « ISTORIA TARENTINA (STORIA TARANTINA) », sur SalentoLibri (consulté le )
  7. Les Comtes d'Hust et du Saint-Empire, descendants du général comte Basta (1550-1607), Octave le Maire, Bruxelles, 1966, p. 21
  8. Emmanuel de Meteren, Histoire des Pays-Bas, Amsterdam, Jean de Ravenstein, traduction en français de 1670, Folio 525
  9. Diplôme donné à Prague le 4 septembre 1605: "(...) Nous décrétons que toi, Georges Basta, et toute ta descendance et postérité légitime, masculine et féminine, à l'infini et à perpétuité vous aurez les titre, nom et dignité de comtes du Saint-Empire (...)". Cf. Octave Le Maire, Les Comtes d'Hust et du Saint-Empire (voir bibliographie).
  10. Chanoine F. Van De Putte, La Chapelle des Comtes de Flandre à Courtrai, Bruges 1875, p. 85
  11. Philippe du Puy de Clinchamps, La Noblesse, PUF, réédité par l'I.C.C.
  12. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, tome VI, 1907, page 26.
  13. Octave Le Maire, Les Comtes d'Hust et du Saint-Empire, descendants du général comte Basta (1550-1607), Bruxelles, 1966, p.82, citant entre autres ces arrêts qui figurent dans les archives de la famille d'Esclaibes, 1re série
  14. Alain Texier, Qu'est-ce que la noblesse ?, éditions Tallandier, 1988.

Voir aussi

Bibliographie

  • Historia della Transilvania, raccolta dal cavalier Ciro Spontoni e registrata dal cavalier Ferdinando Donno, Ciro Spontoni
  • Habsburg und Siebenbürgen 1600 – 1605, Meinolf Arens, Böhlau Verlag, Köln 2001, (ISBN 9783412156008)
  • Basta, Georg Graf von, Wilhelm Edler von Janko
  • Las Guerras de los Estados Baxos desde en año de 1588 hasta el de 1599, Carlos Coloma , Anvers, 1635. Ce livre a été réédité en 2010 par le ministère de la Défense espagnol.
  • Le général Georges Basta, comte d'Hust et du Saint-Empire, terreur des armées ottomanes, Charles-Albert de Behault, Bulletin trimestriel de l'ANRB, n°300, .
  • Basta, Comte d'Hust et du Saint-Empire (1550-1607), sa vie, sa famille et sa descendance, D. Labarre de Raillicourt, Lauréat de l'Institut, Paris, 1968
  • Les Comtes d'Hust et du Saint-Empire, descendants du général comte Basta (1550-1607), Octave Le Maire, Bruxelles, 1966
  • Histoire des Pays-Bas, Emmanuel de Meteren, Amsterdam, traduction en français, 1670

Liens externes

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