Georges Delaw

Georges Delaw de son vrai nom Henri Georges Deleau (né le à Sedan[1] et mort le à Paris) est un dessinateur, décorateur et illustrateur français.

Son enfance

Son père est originaire d'Herbeumont en Belgique[2]. Son grand-père paternel est meunier à Herbeumont[3]. Son grand-père maternel tient un café rue Turenne à Sedan, puis fonde le café des Soquettes, dans la même ville, sur la place Turenne et à proximité de la Meuse[4]. C'est dans cet établissement que le père de Georges Delaw, Jean Hubert Deleau, modeste garçon de café, côtoie la fille du patron, Elisa Camille Notaux, et l'épouse en [5]. Ce café bien connu sert d'hôpital pendant le siège de Sedan en 1870, on y opère les blessés sur les billards[6], l'établissement retrouvant à la fin du conflit un caractère plus ludique. Henri Georges Deleau naît alors que le siège de Sedan se termine, le jour même de la proclamation de la troisième République.

Le garçon passe sa petite enfance entre la ville de Sedan et la campagne, chez ses grands-parents à Herbeumont[7]. Élève au collège Turenne de Sedan, il y rencontre Jules Depaquit. Celui-ci, de deux ans son aîné, est le fils d'une des personnalités qui comptent à Sedan, Édouard Depaquit, un ingénieur des Pont et Chaussées qui a mené brillamment un projet d'extension, de transformation et de réurbanisation de la ville ardennaise[8]. Une ville meurtrie par la guerre franco-allemande de 1870 mais paradoxalement à l'apogée de son développement économique ! Les deux adolescents, tous deux doués pour les croquis, deviennent des amis. Ils font leurs premières armes en dessinant pour un journal de collégiens, un fanzine avant la lettre, Le blagueur, qui ne dépasse pas les cinq numéros, puis en écrivant une pièce de théâtre, la Ribaude, qui fait l'objet de répétitions bien arrosées mais sans suite[9].

Son parcours

Il s’installe à Paris, ou plus exactement dans le village de Montmartre, en 1893, avec son compatriote Jules Depaquit[10]. Leur premier refuge sur la butte est l'hôtel du Poirier, place Ravignan (aujourd'hui dénommée Place Émile-Goudeau), à côté du futur Bateau-Lavoir.

Il devient un des piliers du Chat Noir, y créant des pièces de théâtre d'ombres très à la mode, et commence à collaborer dans un journal humoristique, la Vie Drôle, bientôt suivi d'autres journaux. Il fréquente une bande de joyeux crayonneurs, et bientôt, plus largement, toute la communauté artistique vivant à Montmartre à cette époque. C'est dans ces premières années parisiennes qu'il adopte le nom de Georges Delaw.

Il trouve ensuite un logis dans une petite maison en haut de la rue du Mont-Cenis, qui a un air provincial avec son sol pavé de carreaux rouges, la grosse horloge de l’entrée, et les rideaux de mousseline des fenêtres aux rebords garnis de pots de jacinthes. Avec comme décoration des pipes au ratelier, et de grandes peintures à la détrempe[11],[12].

Il illustre de nombreux livres. Il est très attaché aux illustrations pour enfants comme Les premières années de Collège d'Isidore Torticolle. Il collabore à des journaux satiriques comme Le Rire où il publie notamment Les Aventures du Capitaine la Brandade. Durant 38 ans, il offre également aux lecteurs de ce journal un dessin en couleur sur la dernière page du journal[4]. Il dessine également pour la revue Fantasio. Il s'intéresse au fées et aux lutins, mais caricature aussi les petits travers de la société et reste attaché à sa région natale. Il est cité dans le premier numéro de La Nouvelle Revue française[13]. Il se qualifiera d' « Ymagier de la Reine ».

Le Lapin Agile, à la fin du XIXe siècle.

Il devient aussi un des habitués du Lapin agile, autre lieu de ralliement avant la Première Guerre mondiale. Autour de Frédéric Gérard dit Frédé, le patron du cabaret, sont très souvent attablés dans les années 1910 Georges Delaw, Jules Depaquit toujours, Pierre Mac Orlan, Maurice Sauvayre, Max Jacob, Georges Tiret-Bognet, André Warnod, Aristide Bruant, Jehan-Rictus, Francis Carco, Léon-Paul Fargue, puis Roland Dorgelès, Jean-Gabriel Daragnès et Gus Bofa. Une communauté artistique brillante, libertaire, vivant en amitié et sans l'sous, et non dénuée d’auto-dérision. En 1910, une toile, Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique, peinte par la queue de Lolo, l'âne de Frédé, est présentée au Salon des indépendants. La butte réunit encore un mélange d'autochtones, d'artistes, de marginaux mais également de voyous, avec une cohabitation qui n'était pas tous les jours facile. Avant que les beaux quartiers de Paris ne viennent s'y amuser et contempler les excentriques...

Il part combattre pendant la Première Guerre mondiale, et participe en particulier à la bataille de Verdun.

À son retour, il reprend pleinement son activité d'illustrateur. Il dessine pour ses propres ouvrages, et pour ceux de grands écrivains, dont Anatole France, Francis Jammes, Jules Renard, ou Charles Perrault. Il participe à une revue ardennaise, La Grive, et illustre des recueils de légendes ardennaises, ou des œuvres d'un autre compatriote, Paul Renaudin.

Il prend plaisir également à intervenir comme décorateur, pour des décors de théâtre, pour de grands magasins, mais aussi pour des particuliers ou encore pour des pouponnières[14]. Il dispose d'un atelier au 20 rue Durantin, une grande verrière sous les toits. Il y réalise le portrait de Francis Jammes qui lui a dédicacé son portrait “Au grand Delaw”.

À la fin de sa vie, il souffre d'une paralysie du côté droit à la suite d'une congestion cérébrale[2], vit modestement[3]. Une souscription est lancée par ses amis pour l'aider[7]. De la main gauche, il écrit un an avant sa mort les souvenirs de ses années d'enfance heureuses, le beau voyage, entre Sedan et Herbeumont[2].

Il meurt le en son domicile, au no 74, rue des Couronnes dans le 20e arrondissement[15], et, est inhumé à Varennes-Jarcy.

Le dessinateur et son style

Delaw possède une large palette, avec des dessins quelquefois très épurés et un trait ferme, et d'autres dessins grouillant au contraire de personnages et de petits détails.

Avec ses séries « la première année d'Isidore Torticole » ou « Les mille et un tours de Placide Serpolet », il participe à l'invention de la bande dessinée[16], avec des images en séquence, quelquefois dans des cases qui se suivent, mais sans bulles . Comme d'autres dessinateurs à la même époque, puisqu'on retrouve ce procédé dans les aventures de Bécassine, de Joseph Pinchon, ou dans Les Facéties du sapeur Camember, de Christophe ainsi que dans d'autres séries de ce dernier auteur, notamment la Famille Fenouillard, l'Idée fixe du savant Cosinus, ou les Malices de Plick et Plock.

Il est très proche de la gravure notamment lorsqu'il illustre Poil de Carotte et se rapproche aussi des Nabis, comme Felix Vallotton, qu'il côtoie au cabaret du Chat noir, ou de l'école de Pont-Aven. En particulier, il travaille par à-plats, sans utiliser de dégradés. Sa façon de travailler les noirs dans certaines de ses œuvres le relie également au style japonais que pratique Henri Rivière.

« Le miracle de Georges Delaw, c'est d'avoir emmagasiné dans son enfance et sa jeunesse ardennaise le suc dont il fera le miel de son œuvre. Il a puisé toute sa vie dans ce vivier inépuisable qu'est la mémoire d'un enfant éveillé, dans ce tabernacle du folklore qu'était sa vieille Ardenne[17]. ».

Le décorateur

Parmi son activité de décorateur, on citera :

L'illustrateur

Principaux livres illustrés par Delaw :

  • Francis Jammes : Le roman du Lièvre - Aquarelles de Georges Delaw
  • Anatole France : La comédie de celui qui épousa une femme muette - Aquarelles de Georges DELAW
  • Vincent Hyspa : Chansons d'humour
  • Georges Ponsot : Le roman de la rivière.
  • Max et Alex Fischer : Camembert sur Ourcq.
  • Gabriel Pierné : Voyez comme on danse - Chansons de jeu et rondes enfantines.
  • Gabriel Pierné : En Avant, Fanfan la Tulipe ! Chants Militaires et Chansons de Route
  • Contes d'Andersen
  • Caruel, d'Acremont, Secheret, Vaillant : Légendes ardennaises 1929
  • Maurice-Edme Drouard : Montmartre. Trente croquis (1913), préface, Galerie Charles Vildrac, 1915.
  • Paul Yaki : Montmartre, terre des Artistes.

Les principaux journaux et périodiques auxquels il a collaboré

Couverture de La Baïonnette (février 1917).

Publications

Notes et références

  1. Rédaction L'Union 2011.
  2. Roger 2012 (mai).
  3. Page de la commune d'Herbeumont sur Georges Delaw
  4. Berthéas 2012.
  5. Tables décennales des mariages, période 1862-1872, commune de Sedan, Archives départementales des Ardennes, Consultable en ligne , image 6 sur 23
  6. Site internet de l'école La Prairie, "Les Soquettes, un hôpital militaire, académie de Reims, Consultable en ligne
  7. Hureaux 2011.
  8. Jacques Rousseau, Sedan, ville nouvelle, Édition pôle position communication, collection patrimoine ardennais.
  9. Desban et Lemarchal 2003.
  10. Roger 2012 (fev).
  11. Carco 1926, p. 364
  12. Dorgelès 1963
  13. Michel Décaudin, La Crise des valeurs symbolistes: vingt ans de poésie française, 1895-1914, Éditions Slatkine, 1981, (ISBN 2-05-100293-2) -Ouvrage en ligne
  14. Catherine Rolle-Echallier, La politique à l'égard de la petite enfance sous la troisième République, Institut National d’Études Démographiques, PUF, Travaux et Documents, cahier 127 - Ouvrage en ligne
  15. Archives de Paris 20e, acte de décès no 4414, année 1938 (vue 24/31)
  16. Rédaction L'Union 2012.
  17. Vaillant 1951.
  18. Thierry Dupont, « La villa Arnaga », L'Express, , p. 5 (lire en ligne)
  19. « DELEAU Henri, Georges, “Georges DELAW” » (consulté le )

Voir aussi

Sources

Ouvrages et articles sur Georges Delaw, utilisées dans cet article, classées par année de parution.

Sources sur Montmartre, citant Georges Delaw, utilisées dans cet article, classées par année de parution.

Vidéos

Notices

Liens externes

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