Fruit défendu

Le fruit défendu est d'abord, selon le récit biblique de la Genèse[1], le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal planté au milieu du jardin d'Éden, qui donne la connaissance du bien et du mal.

Pour les articles homonymes, voir Fruit défendu (homonymie).

Adam et Ève chassés du jardin d'Éden, chaire de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles (détail). Ève tient encore le fruit défendu dans sa main.

Récit biblique

Dieu a interdit la consommation du fruit défendu mais le serpent (« Nahash » en hébreu) tente Ève qui en mange puis en fait manger à Adam. Dieu décide alors d'expulser Adam et Ève de l'Éden, et place des chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l'arbre de vie[2]. Ce faisant, privant Adam et Ève des fruits de l'arbre de la vie, il les rend mortels.

Interprétations

Même si le pommier est le plus souvent cité, parce que c'est un arbre courant en Europe, l'espèce de l'arbre n'est pas indiquée dans les textes. Ainsi, selon les interprétations, le fruit défendu serait une pomme, une poire, une figue[3] ou une grenade (principalement en Arménie[4]).

La référence fréquente à la pomme pourrait être due au fait qu'en latin, pomum signifie « fruit », le terme propre pour désigner les pommes étant malum, mala. Ainsi, quand les peintres ont illustré le fruit défendu ils ont le plus souvent choisi celui qui paraissait le mieux correspondre au terme pomum, la pomme, mais Dürer dans son tableau la Vierge à la poire utilise la poire.

Selon d'autres interprétations, la pomme est restée associée au péché originel, du fait de la traduction latine de la Vulgate et aussi du fait que si malus est le nom du pommier en latin, c'est aussi l'adjectif pour « mauvais », c'est-à-dire interdit[5]. Du fait de cette confusion, la pomme peut symboliser aussi bien l'acte sexuel que la connaissance interdite[réf. nécessaire].

Michel Bakounine, dans Dieu et l'Etat estime que le vrai sens de ce mythe est l'accès de l'homme à la conscience qui le fait échapper à la condition animale et au diktat de l'instinct, mais au prix de la culpabilité de ses actes, dont il devient pleinement responsable[6]

Depuis quelques siècles, le fruit défendu est aussi présenté comme un symbole du péché de chair. Toutefois, dans le texte de la Genèse, Adam et Ève sont mariés par Dieu qui leur ordonne de croître et de multiplier[7].

Selon une interprétation répandue, le serpent du récit est le Diable, ou est animé par lui.

Ce récit biblique et son interprétation trouvent un écho direct avec le nom « pomme d'Adam » pour désigner le cartilage thyroïde apparent chez l'homme. Le morceau de pomme croqué par Adam lui serait resté coincé dans la gorge.

Autres fruits

Dans plusieurs églises, on trouve des interprétations de la scène du péché originel avec une grappe de raisin[8]. Voir par exemple les chapiteaux sculptés dans la basilique de Vézelay en Bourgogne, dans la basilique Saint-Sernin de Toulouse, dans l'abbaye Sainte-Geneviève de Paris, dans la cathédrale de Gérone en Espagne ou encore dans la basilique Notre-Dame-du-Port.

La feuille de vigne sert d'ailleurs à cacher la nudité, même sur les arbres portant des pommes. D'autres cas présentent des feuilles de figuier avec des figues, des pommes ou du raisin. La Bible dit cependant : « Alors ils se firent des pagnes en cousant ensemble des feuilles de figuier. » Genèse 3 verset 7, traduction Semeur.

Sur un chapiteau du monastère de Sant Pere de Rodes (Espagne), le fruit défendu est un épi de blé.

Sur la fresque de la chapelle romane Saint-Jean-des-Vignes à Saint-Plancard (Haute-Garonne), le fruit défendu serait une olive[9].

Notes et références

  1. Extrait de la Genèse (chap 2, verset 16 et 17) — « 16 Et Yahvé Dieu fit à l’homme ce commandement : tu peux manger de tous les arbres du jardin. »« 17 Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas de ce fruit car, le jour où tu en mangeras, tu mourras ».
  2. « Le livre de la Genèse : Gn 3 », sur www.bibliques.com (consulté le )
  3. « Entre la figue et la pomme : l’iconographie romane du fruit défendu », sur rhr.revues.org.
  4. Exposition « « Fils d'Ararat 2 » : la grenade », sur Armania.fr, site de la Maison Arménienne de la Jeunesse et de la Culture à Marseille, octobre 2010.
  5. « Le fruit défendu une savoureuse énigme. », sur lemondedesreligions.fr.
  6. « La Bible, qui est un livre très intéressant et parfois très profond, lorsqu’on le considère comme l’une des plus anciennes manifestations, parvenues jusqu’à nous, de la sagesse et de la fantaisie humaines, exprime cette vérité d’une manière fort naïve dans son mythe du péché originel. »
  7. Genèse 1,28.
  8. Franco Júnior, Hilário, « Entre la figue et la pomme  : l’iconographie romane du fruit défendu », sur revues.org, Revue de l’histoire des religions, Armand Colin, (ISBN 2200-92103-9, ISSN 0035-1423, consulté le ), p. 29–70.
  9. D’après l’interprétation de Marcel Durliat, Pyrénées romanes [1969], 2e éd., La Pierre-Qui-Vire, Zodiaque, 1978 (coll. « La Nuit des temps », 30), p. 42.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Marc Rouvière, Adam ou l'innocence en personne, Édition L'Harmattan, 2009.

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la Bible
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.