Francis le Belge

Francis Vanverberghe, dit « Francis le Belge » ( à Marseille - à Paris), était le « parrain » du milieu marseillais.

Biographie

Jeunesse

Francis le Belge naît à Marseille le dans le quartier de la Belle de Mai, fils de François Vanverberghe, un ancien légionnaire devenu menuisier, né à Croix, et d'Herminia Gomez, une « pied-noir » d'Algérie d'origine espagnole.

Francis Vanverberghe avait les qualités pour être footballeur professionnel. Cependant, à l'âge de 16 ans, il se blesse et voit ses rêves de jouer à l'Olympique de Marseille s'envoler.

Après une première arrestation pour vol à la roulotte en 1962, le jeune Francis est condamné en 1965 à quinze mois de prison ferme pour proxénétisme aggravé. À 19 ans, il avait déjà une "fille" qui se prostituait pour lui dans le quartier de l'Opéra, dans le 1er arrondissement de Marseille.

Après sa sortie de prison, Le Belge prend la tête d'une bande de la « Belle de Mai ». Cette bande comprend Antoine Cossu, Robert Di Russo, Charles Filippi, Victor Fumenia, Émile Chessa, Sebastiano Denartis, Emile et Jean Pardo, Daniel et Gérard Alesso.

Le , Le Belge est de nouveau condamné à un an de prison ferme pour coups et blessures pour s'être battu dans un bar du Vieux-Port contre des policiers venus arrêter Antoine Cossu dit « Tony l'Anguille », son beau-frère. Son père meurt neuf jours après son incarcération, le 24 juin, tandis que sa fille, Sylvie, naît pendant son séjour en prison. Le Belge, ne voulant pas d'enfant, ne reconnaîtra jamais sa fille. À sa sortie de prison, son fait d'armes le fait remarquer auprès des Guérini. Ces derniers le présentent à Tany Zampa et Jacky Imbert, futurs parrains de la ville, qui évoluent à Paris dans la « bande des Trois Canards ».

La même année, Antoine Guérini, parrain incontesté de Marseille, est assassiné au volant de sa Mercedes. Une nouvelle génération émerge. En 1968, à l'âge de 22 ans, Francis le Belge est classé au Fichier du grand banditisme.

« French Connection » et trafic de drogue

Le 29 février 1972, les douaniers français arraisonnent le chalutier-crevettier « Caprice des Temps » au large de Marseille, en partance pour Miami et opèrent une saisie record de 425 kg d'héroïne[1]. Ce trafic était orchestré par Jean-Claude Kella et Laurent Fiocconi avec l'argent de Francis le Belge. Le Belge ne sera pas inquiété dans cette affaire. Ambitieux, il se lance dans le trafic d'héroïne et fréquente la comédienne Maria Vincent. Il finit par s'opposer au parrain du moment, Tany Zampa qui l'escroque d'une cargaison d'une valeur de 600 000 Francs. Prévoyant une riposte, Zampa décide d'agir : le 5 septembre 1972 sont abattus au Canet Robert Di Russo, Jean-Claude Bonello et Daniel Lamberti. L'un des tueurs est abattu le 14 octobre 1972 en Corse, et l'autre le 28 octobre 1972. Le 26 décembre 1972, c'est un homme du Belge qui tombe, puis deux autres en février 1973, à la Belle-de-Mai. Il s'ensuit une guerre qui aura son point culminant le 31 mars 1973 ; une fusillade éclata ce jour-là au bar du Tanagra et quatre personnes sont assassinées[2], dont deux pointures proche de Zampa. Il s'agit de Joseph Lomini dit le Toréador, l'un des trafiquants ayant escroqué le Belge et cible principal du commando, Ansan Bistoni dit l'« Aga Khan », poids-lourd de la French Connection, Jean-Claude Napoletano, un petit truand, et la patronne du bar. À la fin de la même année, Francis le Belge est de nouveau condamné à trois ans de prison ferme pour proxénétisme aggravé, détention d'armes et usage de faux papiers. Entre-temps, il est condamné à 12 ans de prison ferme pour un trafic d'héroïne (1977) et à cinq ans d'interdiction de séjour en région parisienne, en région lyonnaise et en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pour cette affaire, il purgera sept ans à la centrale de Poissy. Il passera au total près de 11 années derrière les barreaux (1973-1984) jusqu'à sa libération pour bonne conduite en juin 1984.

Sorti de prison, c'est un homme changé qui retrouve la liberté. En prison, le Belge a énormément lu, notamment les philosophes, et a noué les derniers contacts qui lui manquaient. Il est désormais en quête d'honorabilité, se rapprochant du grand monde parisien, notamment dans l'univers de la mode, ainsi que du football dans le sud. Il essaye désormais de se faire le plus discret possible.

Interdit de séjour en Provence Alpes Côte d'Azur, ainsi qu'en régions lyonnaise et parisienne, il va néanmoins reprendre ses affaires en main depuis l'extérieur. Installé dans le nord de la France, il redescend régulièrement dans le Sud, dans sa luxueuse villa de Vitrolles, où il organise des réunions avec ses hommes de confiance. Véritable parrain de Marseille , Francis le Belge va étendre son empire sur le reste des Bouches-du-Rhône, principalement sur la région aixoise. Là, accompagné de ses anciens acolytes, Tony l'Anguille en tête, il met la main sur les établissements laissés vacants après la mort de Zampa, des bars branchés, des boîtes, des restaurants… On lui oppose peu de résistance. Il s'est entouré de nouveaux voyous, déterminés et très dangereux, capables de sortir leur arme à tout propos. Les plus importants sont Laurent Boglietti, dit « Lolo », Jean-Jacques Maillet, Noël Mariotti, Patrick Fontana. Ensemble, ils n'auront pas de mal à prendre la contrôle de la région aixoise, même si des fidèles du clan Zampa implantés dans le monde de la nuit leur opposeront une forte résistance. Épaulé par Jacky le Mat, il fera taire ces foyers entre 1985 et 1987, laissant dix hommes à terre, dont Christian Betta (avec deux autres personnes) et Gérard Vigier, respectivement en mai 1986 et février 1987. Par ailleurs, en plus d'avoir établi un pacte de non-agression avec le Mat, Francis le Belge devient l'un de ses intimes. D'après les proches de Vanverberghe, Jacky le Mat aura été comme un second père pour Francis (17 ans les séparent).

Mais en mai 1986, le Belge est de nouveau dénoncé pour l'héroïne, cette fois-ci par François Scapula, dit Scapu la Balance. En cavale, le Belge est rattrapé en 1988 et va passer quatre ans en détention préventive, avant d'être relaxé.

La sanglante « guerre des boîtes »

Le caïd à l'ombre, certains ne vont pas hésiter à sortir le revolver. C'est ainsi que commence la sanglante « guerre des boîtes », qui durera de 1988 à 1994. Il ne s'agit pas d'une guerre où s'affrontent deux équipes, mais d'un ensemble de règlements de compte qui s'entremêlent, tous liés aux boîtes de nuit de la région Aixoise et Marseillaise. Trois groupes surnagent néanmoins : celui de Francis le Belge (soutenu, semble-t-il, par Jacky le Mat), celui de Raymond « le Chinois » Mihière, l'un des nouveaux hommes forts de la région, et celui de Souhel Hanna-Elias, dit « Joël le Libanais », l'autre valeur montante.

Le premier meurtre concernant le clan Vanverberghe survient le . C'est José Vanverberghe qui tombe, le frère de Francis le Belge, n'étant pourtant que très peu impliqué dans le Milieu. Son assassin, Bernard Bousquel, un braqueur à l'ambition un peu trop démesurée par rapport à son envergure, disparaît deux jours plus tard. En plus de la vingtaine d'assassinats qui auront lieu, des boîtes seront plastiquées. Le , après 4 ans et 8 mois de détention, Le Belge est relaxé et remis en liberté après le paiement d'une caution de 1 500 000 francs (225 000 ). Il semble vouloir s'en prendre à Maridet et ses amis, des indépendants qui avaient prévu de racheter des boîtes aixoises. En 1993, ils sont cinq à tomber sous les balles du « groupe de feu » du Belge (composé de Boglietti, Maillet, Mariotti et Fontana). Henri Maridet est le premier, assassiné le 8 juin à Marseille. Suivent tour à tour Robert Dahan, son fils Mickaël (dont le seul tort aura été d'avoir annoncé qu'il vengerait son père), Jean-Pierre Jativa et Dominique Fontana. Ces meurtres ne sont pas les seuls à impliquer Francis le Belge et son équipe. La « guerre des boîtes » va se terminer en 1994 grâce à une vaste opération de police visant le Milieu des boîtes. Ainsi seront arrêtés, entre autres, Jacky le Mat et Francis le Belge. Le , le Belge est mis en examen dans le cadre de la « guerre des boîtes ». Le , il est libéré faute de preuves.

L'exil parisien

Puis Le Belge abandonne Marseille et cède la plupart de ses intérêts à Le Mat pour prendre le contrôle de Paris, devenant ainsi un des seuls parrains marseillais à s'imposer dans la capitale.

Le , il se remarie avec Lydie Fleury.

Francis le Belge vit dans un appartement rue Lord Byron sur les Champs-Élysées à Paris. Il vit confortablement du business de machines à sous clandestines et de la prostitution dans le quartier des Champs-Élysées et la place de l'Étoile appelé le « Triangle d'or ». Chaque semaine, un de ses hommes resté sur Marseille lui apporte une valise de billets. Il parvient à blanchir cet argent en rachetant des tickets gagnants de PMU.

Le , Le Belge est arrêté pour proxénétisme aggravé, il sera relâché le après le paiement d'une caution de 800 000 euros.

Assassinat

Il meurt le , assassiné par une équipe de tueurs à moto dans un café de course de standing L'Artois Club, du VIIIe arrondissement de Paris, de 7 balles de 11,43. Boualem Talata (1968-2000), un garde du corps du comédien Jamel Debbouze[3], est bientôt arrêté puis relâché, la police concluant par la suite qu'il n'était pas impliqué. Cependant, ce dernier sera assassiné à Dreux le 19 novembre 2000[4].

Francis le Belge a pour seule descendance vérifiée encore en vie sa fille Sylvie Borel.

Le , deux neveux du Belge sont assassinés dans les Bouches-du-Rhône, mettant fin au clan Vanverberghe.

Celles qui sont écartées
  • Djilali Zitouni, un exploitant de machines à sous clandestines, qui en aurait chargé Boualem Talata. Talata est tué deux mois plus tard à Dreux ; Zitouni est exécuté en juillet 2001, mais les enquêteurs considèrent cela comme la conséquence de la rumeur, bien qu'infondée[5].
  • Joël le turc, lieutenant du Belge, qui aurait trahi, en s'alliant aux frères Hornec, de puissants gitans de Montreuil-sous-Bois pour se partager l'empire du Belge - mais l'information n'a jamais pu être vérifiée[5].
  • Les frères Hornec, avec lesquels le Belge se serait trouvé en bisbilles à la suite d'une tentative de racket des gitans sur l'un des établissements du Belge[5].
Celle qui est privilégiée

Le Gang de la brise de mer aurait éliminé le Belge à la suite d'un litige dans une histoire de racket sur un casino de la région niçoise, le Belge ayant encaissé sans redistribuer aux Corses[5].

Annexes

Bibliographie

  • (en) Sylvie Borel, Mon père Francis le Belge, Paris, J.-C. Lattès, , 204 p. (ISBN 2-7096-2549-0 et 978-2709625494).
  • Thierry Colombié, Le Belge, t. 1 : Emboucaner la planète, Paris, Stock, , 430 p. (ISBN 978-2-234-05519-3)
  • Thierry Colombié, Le Belge, t. 2 : Casser la baraque, Paris, Stock, coll. « roman », (ISBN 978-2-234-05595-7)

Documentaire

Téléfilm

Radio

  • Les mises en cause dans la mort de Francis le Belge : Djilali Z. Imed M. Kelan V : la vérité. Émission radio du 28 avril 2012 - Front'attitude.

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. (en) « History of the DEA: 1970-1975 »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur DEA Museum (consulté le ).
  2. Référence à cette fusillade, LCI, 05/04/2006.
  3. Article de Marianne2 du 4 décembre 2000.
  4. Article de Libération du 27 juillet 2001.
  5. Brendan Kemmet et Matthieu Suc, « Dix ans après, les policiers cherchent toujours les tueurs du Belge », France Soir, (lire en ligne).
  6. « Les Parrains de la côte » : Francis le Belge.
  7. Francis le Belge, de Thierry Aguila.
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