François Topino-Lebrun

François Jean-Baptiste Topino-Lebrun, né le à Marseille, guillotiné le à Paris, est un révolutionnaire et un peintre français, de l'école néo-classique de Jacques-Louis David dont il fut un des disciples favoris.

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Vie

Neveu de Charles Topino, un maître ébéniste, fils de Jean-Baptiste Topino, dit Le Brun ou Lebrund, un marchand de meubles à Marseille[1], il suit des études de peinture à l'académie de Marseille sous la direction de Jean-Joseph Kapeller et se rend à Rome en 1784. C'est là qu'il rencontre Jacques-Louis David, qui travaille alors au Serment des Horaces. De 1787 à 1790, il étudie à Paris dans l'atelier de David et à l'académie royale. De retour à Rome de 1790 à 1792, il se lie avec un groupe d'artistes favorables à la Révolution française.

Menacé par les autorités romaines, il regagne Paris en . Logé chez David, il obtient, en , une mission du ministre de l'Intérieur afin d'évaluer l'état d'esprit des Marseillais. Puis, en septembre, grâce à l'appui de David et d'Antonelle, il est nommé juré au tribunal révolutionnaire. Il fait ainsi partie des jurés lors du procès de Danton[2], où il témoigne. D'opinions modérées, il conserve sa place après le 9-Thermidor, jusqu'en . Il apparaît notamment dans le procès du Comité révolutionnaire de Nantes, à la fin de 1794.

À l'automne 1795, peut-être après un séjour en prison, on le retrouve parmi les relations de Gracchus Babeuf et de Jullien de Paris. Toutefois, en novembre, il quitte Paris pour accompagner le montagnard Bassal en mission officielle en Suisse.

Rentré à Paris au printemps 1797, il est bouleversé par le procès des babouvistes à Vendôme. Retournant à la peinture, qu'il délaissait depuis le début de la Révolution, il peint la Mort de Caïus Gracchus, allusion à la tentative de suicide de Gracchus Babeuf dans la salle du tribunal lors du prononcé de la sentence de mort. D'ailleurs, lors du salon de , aucun critique ne prononce le nom de « Gracchus ».

Durant l'été 1799, Topino-Lebrun figure parmi les membres du club du Manège, réunissant les Néo-Jacobins. À la même époque, il prépare un grand tableau représentant le Siège de Lacédémone, incitant le peuple à défendre la République.

Connu comme jacobin et sympathisant babouviste, il est impliqué dans un complot visant à assassiner Napoléon Bonaparte, largement provoqué par un agent de police, et arrêté avec d'autres conjurés, dont Demerville, l'adjudant-général Aréna, et le sculpteur Ceracchi, après la tentative d’assassinat du , dite « conspiration des poignards »[3]. Lors de son procès, qui se déroule peu après l'attentat de la rue Saint-Nicaise, attribué alors aux Jacobins, il proclame son innocence, mais il est condamné à mort, le , malgré le manque de preuves. Dans un long texte publié le 22, il réfute les accusations portées contre lui, avant d'être guillotiné, le 31.

Œuvres

En tant qu'artiste, il fut remarqué pour son tableau La Mort de Caius Gracchus (Marseille, musée des Beaux-arts), une peinture d'histoire redécouverte dans les années soixante-dix par l'essayiste Alain Jouffroy.

Il est également connu comme étant l'auteur d'une Tête de femme et du Siège de Sparte par Pyrrhus (Vizille, musée de la Révolution française).

Source principale

  • « Topino-Lebrun, François Jean-Baptiste », dans Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses universitaires de France, 1989 (rééd., Quadrige, 2005, p. 1039-1040)

Notes et références

  1. François de Salverte, Les ébénistes du XVIIIe siècle: leurs œuvres et leurs marques, F. de Nobele, 1962, 365 pages, p. 219.
  2. Émile Campardon, Histoire du Tribunal révolutionnaire de Paris 17 mars 1793-31 mai 1795, Poulet-Malassis, 1862, p. 484
  3. Voir la première partie des Mémoires de Joseph Fouché, Paris, Le Rouge, 1824. Selon Fouché, vers la mi-septembre, il est question d'un complot visant à « assassiner le premier consul à l'Opéra ». Un nommé Harel, présenté comme « l'un des complices », fait « de concert avec le commissaire des guerres Lefebvre, des révélations à Bourienne, secrétaire du premier consul », désignant les conjurés : « Cerrachi et Diana, réfugiés romains ; Arena, frère du député corse qui s'était déclaré contre le premier consul ; le peintre Topino Lebrun, patriote fanatique, et Demerville, ancien commis du Comité de salut public, intimement lié avec Barrère ». Harel est chargé de dresser un piège aux conjurés « en leur procurant, comme il le leur avait promis, quatre hommes armés, disposés à l'assassinat du premier consul, dans la soirée du 10 octobre, à la représentation de l'opéra des Horaces. Le jour du « simulacre d'attentat », « des hommes apostés par la contre-police, et sur le compte desquels les conjurés avaient été abusés », arrêtent « eux-mêmes Diana, Cerrachi et leurs complices. »

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • Philippe Bordes, « Documents inédits sur Topino-Lebrun », Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, 1976, p. 289-300.
  • Philippe Bordes et Alain Jouffroy :
    • Guillotine et peinture : Topino-Lebrun et ses amis, Paris, Éditions du Chêne, 1977.
    • « Les Arts après la Terreur », La Revue du Louvre, 1979, no 3, p. 203-212.

Liens externes

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