François Mader
François Mader est un facteur d'orgue de Marseille ayant œuvré durant la seconde moitié du XIXe siècle. Surnommé le « Cavaillé-Coll marseillais » pour la qualité et la quantité de ses travaux sur près de cinquante ans, ses orgues sont caractérisées par une harmonie pleine, ronde et puissante[1].
Biographie
Originaire de Pologne, il naît à Kamienica en Silésie polonaise le . Il se forme auprès de Théodore Sauer, alors directeur de la succursale lyonnaise de Daublaine & Callinet, et du toulousain d'adoption Frédéric Junck avec lequel notamment il travaille en 1853 sur l’instrument construit en 1668 par Charles Royer à Cuers. À Saint-Michel Archange de Marseille il collabore en 1850 avec Alfred Abbey (Dublin, v. 1824-Saint-Chamond, 16 décembre 1873, fils de John Abbey, fondateur de la dynastie, et d'Anne-Elisabeth Monkinson) à la construction d’un petit orgue de 2 claviers. En 1855, à l'âge de 28 ans, il ouvre son atelier marseillais et son premier chantier sous son nom propre est à Toulon à Saint-François-de-Paule où il répare l’orgue édifié en 1845 par le facteur lyonnais Augustin Zeiger. Il épouse, en l’église Saint-Théodore de Marseille, le , Marie-Louise Angélique Méritan née à Brignoles, sœur de l'organier Prosper Julien Méritan. À partir de 1861 il s'associe avec son beau-frère Prosper Méritan, mais brièvement puisque, dès 1865, le voilà de nouveau adjoint à Alfred Abbey. Il réalise jusqu’à sa mort une centaine, pour le moins, de chantiers conséquents. Vers 1885 il s'associe à son gendre Louis Arnaud. Sur la fin de sa vie, lors d'un voyage en Angleterre, il découvre la transmission électrique et devient l'importateur exclusif du procédé Hope-Jones, supérieur, d'après Charles Mutin, au système Schmoele & Mols distribué par Joseph Merklin, mais n'arrive pas à l'imposer ; le seul exemplaire monté en 1895 sur l'orgue de la salle Valette à Marseille est revendu à l'école Niedermeyer de Paris. Il meurt à Marseille le [2]; deux de ses collaborateurs, Félix Vignolo, associé à son frère Henry, et Léon Méritan, fils de Prosper, revendiquent sa relève.
Réalisations
Sur cette carrière bien remplie d’un demi-siècle, ses instruments et ses remaniements les plus caractéristiques sont :
- Entrevaux, ex-cathédrale N.D.de l'Assomption, réparation en 1858 puis restauration en 1864 de l'orgue de Jean Eustache de 1717, partie instrumentale Classée MH[3]
- Arles, abbatiale Saint-Césaire, construction en 1866, 20 jeux sur 2 claviers & Pédale, restauré par Yves Cabourdin en 1992 (PHOTO)
- Toulon, Saint-Flavien-du-Mourillon, construction en 1867, 20 jeux sur 2 claviers & Pédale
- Toulon, cathédrale Sainte-Marie, en 1869 transformation importante de l’orgue de Frédéric Junck de 1851 pour dégager la rose, puis en 1887 installation d’une « machine Barker »
- Lorgues, collégiale St Martin, modifications en 1874 puis en 1889 de l'orgue d'Augustin Zeiger de 1836, restauré par Alain Sals de 1986 à 1993, partie instrumentale Classée MH[4]
- La Ciotat, Notre-Dame-de-l’Assomption, construction en 1877, 28 jeux sur 2 claviers avec machine Barker sur le G.O., restauré en 1991 et 2003 par la Manufacture de Grandes Orgues de Lodève, un des mieux conservés
- Hyères, Saint-Louis, construction en 1878, 33 jeux sur 3 claviers et pédalier[5]
- Marseille, Église Saint-Cannat, réparation en 1886 de l’orgue monumental de Jean-Esprit Isnard
- Marseille, Saint-Théodore, construction dans buffet 18e, 26 jeux sur 2 claviers et Pédale, en 1890
- Marseille, les Grands Carmes, reconstruction dans le buffet de 1640 attribué à la famille Eustache, avec seulement 14 jeux sur les 24 prévus sur 2 claviers et Pédale, à cause de contingences financières
- Avignon, collégiale Saint-Didier, construction en 1891, 32 jeux sur 3 claviers et Pédale, réparé en 2006 par Jean Deloye
- La Seyne-sur-Mer, Notre-Dame du Bon Voyage, construction en 1892, 29 jeux sur 2 claviers et Pédale, seul orgue de Mader Classé MH[6], partiellement restauré en 1985 par Alain Sals (PHOTO).
De l’héritage de son maître Frédéric Junck avec jeux coupés au ton, jusqu’à l’apogée de l’orgue symphonique, son style ne cesse d’évoluer ; il pratique dès 1870 l’entaille de timbre, abandonne le positif dorsal (postiche quand il existe) pour le duo, dans les orgues de moyenne importance, Grand-Orgue/Récit expressif et installe la « machine Barker » dès que son instrument dépasse 25 jeux et 2 claviers.
En conclusion, on peut dire que François Mader est, toutes époques confondues, à placer parmi les plus grands organiers provençaux[1], aux côtés des : Pierre Marchand, Charles Boisselin, les Eustache, Charles Royer, et autres Meyssonnier, avec bien sûr l’illustre Jean-Esprit Isnard.
Arles église Saint-Césaire Avignon église Saint-Didier Marseille église des Grands Carmes, orgue Eustache-Mader Marseille, église Saint-Cannat, orgue Isnard-Mader
Annexes
Références
- Orgues en Provence-Côte d’Azur, page 23
- Archives des Bouches-du-Rhône, registre 2, acte de décès n°588 dressé le 20/02/1898, vue 45 / 58
- Notice no IM04002165, base Palissy, ministère français de la Culture
- Notice no IM83001987, base Palissy, ministère français de la Culture
- Notice no IM83001799, base Palissy, ministère français de la Culture
- Notice no PM83000555, base Palissy, ministère français de la Culture
Bibliographie
- Jean-Robert CAIN & Robert MARTIN, L'orgue dans la ville, Parenthèses, 2004, (ISBN 2-86364-086-0)
- Pierre Aumeran & Michel Colin, Survol de la facture d’orgues dans le Var et les Alpes-Maritimes, in Orgues en Provence-Côte d’Azur, numéro hors série de L’Orgue Francophone, 1995, (ISSN 0985-3642)
- Orgues en Provence-Alpes-Côte d'Azur, tomes 1, 2, & 3, ARCAM chez EDISUD, (ISBN 2-85744-255-6), (ISBN 2-85744-256-4), (ISBN 2-85744-257-2)
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Portail de l’orgue
- Portail de Marseille