François Boursier

L'abbé François Boursier, né le à Saint-Laurent-du-Pont[1], et fusillé à Saint-Genis-Laval le , est un prêtre catholique, musicien et résistant français. Un site internet lui est consacré : https://chanoineboursier.fr

Pour l’article ayant un titre homophone, voir François Bourcier.

Biographie

François Louis Zozime Boursier naît dans une famille d'agriculteurs dauphinois. Après des études au petit séminaire de La Côte-Saint-André puis au séminaire de Grenoble, il est ordonné prêtre et nommé vicaire à Dolomieu[1]. Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, il est ensuite nommé vicaire à Villeurbanne. Il y développe les activités paroissiales et obtient l'accord du maire Lazare Goujon et de l'évêque de Grenoble pour la construction d'une nouvelle église, sous le vocable de Sainte Thérèse-de-l'Enfant-Jésus, qui est consacrée le 17 mai 1931 par Monseigneur Caillot[2]. Amateur de musique et organiste, il est également l'un des fondateurs, avec Jean Bouvard, Marcel Péhu et Adrien Rougier[3], de la Société des amis de l'orgue à Lyon. Par ailleurs, originaire du Dauphiné et ami des Chartreux, il est un militant de leur cause en vue de leur réinstallation à la Grande Chartreuse de Voiron[4]

Pendant la guerre de 1939-1945 il s'oppose publiquement à la politique du maréchal Pétain et ne peut accepter la capitulation. Il entre en Résistance. Dès 1941 et jusqu'à août 1943, sous la direction de Georges Bidault, qui en est le rédacteur en chef, il accepte d'héberger dans une salle de la paroisse sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus de Villeurbanne, dont il est le curé fondateur, l'imprimerie du « Bulletin de la France Combattante », bulletin qui a pour but de « rassembler, publier et distribuer » toutes les informations nécessaires à la presse de la Résistance et en particulier au journal « Combat » [5]

Du 15 décembre 1942 au 30 octobre 1943, il est affilié au réseau Jove, héberge des résistants, abrite des Juifs dans sa cure.

Du 30 octobre 1943 à sa mort, le 20 août 1944, il intègre la Section Atterrissage Parachutage (SAP) sous la direction du Colonel Rivière. Dans les orgues construits par le facteur Ruche[6], il cache des armes destinées à la Résistance[7],[8]. Le 16 juin 1944, il est arrêté par des Miliciens et incarcéré à la prison Montluc où il sera torturé à plusieurs reprises. Dans sa dernière lettre destinée à l'évêque de Grenoble il écrit : « Ils m'ont flagellé jusqu'au sang, ils m'ont plongé huit fois dans la baignoire... La victoire s'achète par la souffrance et par la mort[2] ». On l'appelait le « Curé de Montluc ».

Le 20 août 1944, il est conduit au fort de Côte-Lorette à Saint-Genis-Laval où il est fusillé avec d'autres résistants, dont l'abbé François Larue, et son corps brûlé[9]. Le 23 août 1944, le cardinal Gerlier célèbre des funérailles solennelles pour les résistants tués et prononce l'éloge funèbre du chanoine Boursier trois jours plus tard en l'église paroissiale de Villeurbanne [10].

Après sa mort

Il obtiendra immédiatement une reconnaissance nationale tant civile que religieuse.

Le 28 Octobre 1944, la municipalité communiste de Villeurbanne, par une délibération du Conseil Municipal, donnera à la place du Marché du nouveau Centre le nom de Place Chanoine Boursier.[11]

Plaque de rue Chanoine Boursier

Le 17 juin 1945, un monument en son honneur est érigé dans l'église de Villeurbanne[12].

Par décret du 27 juillet 1946[13] il est promu dans l'ordre National de la Légion d'Honneur au grade de Chevalier à titre posthume.

En 1948, par une lettre de l'Ambassade de Grande-Bretagne, la famille Boursier apprend que le nom du Chanoine François Boursier, par ordre du Roi, est inscrit dans les archives royales d'Angleterre le 19 janvier 1948, avec attribution de la « feuille de laurier d'argent »

Requête en Béatification

Au début de 2018, à la suite d'une longue réflexion de l’Église locale, le Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, au nom du diocèse, reconnaissant sa mort en martyr pour sa foi, a décidé d'ouvrir une requête en Béatification au sujet du Chanoine Boursier. Celle ci a été confirmée par la Conférence Plénière des Évêques de France, à Lourdes le 08 Novembre 2018[14],[15] et définitivement mise en place par Rome avec la réception du « Nihil Obstat » mi mars 2019 (art 45 et 46 de l'Instruction Sanctorum Mater (2007) ).

Bibliographie

  • Hippolyte Cottin, « Le chanoine François Boursier, curé-fondateur de la paroisse de Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus à Villeurbanne », Semaine religieuse du diocèse de Grenoble,
  • Alain Moreau, François Boursier (1878-1944). Un prêtre de combat. Curé de Villeurbanne, bâtisseur et « Apôtre de l’idée de Résistance » : mémoire de maîtrise d'histoire sous la direction de Jean-Dominique Durand, Université Lyon III - Jean Moulin,
  • Édouard Herriot, Études françaises, Paris, Milieu du monde, , 270 p.

Notes et références

  1. Bruno Permezel, Résistants à Lyon : 1144 noms, Lyon, BGA Permezel,
  2. Bernard Bligny, Histoire des diocèses de France n°12 : Grenoble, Paris, Editions Beauchesne, , p. 284
  3. « Adrien Rougier », sur editionsrubin.com (consulté le )
  4. « aieux Delporte Boursier Genevier brocard tome1 », sur www.jean-marcshdelporte.com (consulté le )
  5. Georges BIDAULT, Les Voix de la Liberté, La documentation Française, p. 267
  6. Les Orgues de Sainte Thérèse
  7. « Musée du diocèse de Lyon », sur museedudiocesedelyon.com (consulté le )
  8. Philippe Bourdrel, Histoire des Juifs de France - volume 2 - De la Shoah à nos jours, Paris, Editions Albin Michel,
  9. Henri Besseige, Herriot parmi nous, Paris, éditions Magnard, , 391 p.
  10. « François Boursier (chanoine), 1878-1944 », sur Le Rize+
  11. Bulletin municipal de Villeurbanne de décembre 1944, n°192, p. 4743, A.M.V.
  12. « Hommage au chanoine Boursier, héros de la résistance », sur Viva Interactif,
  13. Décret du 27 juillet 1946, publié au Journal Officiel le 18 août 1946
  14. Communiqué final de l'A.P . des Évêques de France du 08-11-2018
  15. "Église à Lyon" du 6-11-2018 p.24

Articles connexes

Liens externes

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