Forain
Originellement un forain est un "non résident" (le mot a donné l'adjectif anglais foreign, qui a gardé ce sens). Il avait encore ce sens, pour l'administration fiscale française, jusqu'à la fin du XXe siècle, époque où le terme fut remplacé par l'expression "non domicilié".
Pour les articles homonymes, voir Forain (homonymie).
Par restriction, et c'est désormais son usage le plus commun, un forain est un propriétaire ou un employé des grandes et petites attractions, des manèges, des stands de foire, des étals de foire et de marché. Les entreprises foraines étant pour la plupart familiales, le terme « forain » s'applique par extension à la famille de ces personnes.
Origines et acceptions du terme
Mot issu du latin foris (extérieur) le terme « forain » désigné en vieux français quelqu'un d'extérieur, d'étranger au village.
Ainsi, les personnes qui avaient des propriétés, des terres dans une paroisse ou une commune sans résider dans celle-ci étaient qualifiées de « forains »[1].
Ce sens premier est encore utilisé comme adjectif dans des expressions comme :
- « audience foraine » (audience tenue par un juge en dehors du tribunal),
- « journée foraine » (sortie annuelle organisée par une société savante),
- « mouillage forain » (mouillage en dehors d'un port),
- « commerçant ou marchand forain » (commerçant non sédentaire, payant un droit de place).
- « procureur forain ».
En France, il a également conservé ce sens dans certains textes à portée règlementaire (notamment article R4312-75, R4321-117 et R4127-74 du Code la Santé Publique ; R4622-18 du Code du Travail).
Histoire
La tradition des fêtes foraines remonterait aux saltimbanques du Moyen Âge et aux spectacles donnés lors des fêtes religieuses[2].
Description
Activités professionnelles
Les activités des entreprises foraines se répartissent en :
- grandes et petites attractions,
- manèges,
- stands,
- étals de foire et de marché[3].
Dans les années 2000, en France, environ 30 000 familles de forains vivent et travaillent[4].
Les arts forains ont été officiellement reconnus par l'État en 2017, par une inscription à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel, à l'instigation de l'association foraine "Le petit cheval de bois".
Catégories professionnelles
Bien qu'itinérants, les artisans forains ne doivent pas être confondus avec les gens du voyage. Les premiers sont une catégorie professionnelle, les seconds une catégorie juridique. Toutefois, beaucoup de ces derniers ont exercé le métier de forain, qui leur permettait d'avoir un travail régulier tout en gardant leur mode de vie nomade.
De même, les gérants et les animateurs de parc d'attractions permanents ne sont pas des forains. Seuls les parcs d'attractions estivaux (ils sont au nombre de 35 environ) sont tenus par des forains[4].
La quinzaine de cirques qui existent en France sont gérés par des forains, ainsi que les quelque 300 petits cirques dénommés « cirques familiaux »[4].
Une catégorie de forains en plein essor est celle qui s'occupe des spectacles de rue. Il y avait en France, à la date de 2003, 75 festivals officiels, auxquels participent des troupes allant de deux personnes à une trentaine de personnes. Les deux plus grands festivals sont ceux de Chalon-sur-Saône et d'Aurillac[4].
La communauté foraine a ses traditions, sa mentalité et ses mœurs propres[5].
Avantages et inconvénients de la profession
S'il y a des avantages à être forain (une certaine liberté d'action, un métier jamais ennuyeux), la profession est soumise toutefois à certains inconvénients (scolarisation des enfants problématique)[6]. Ils doivent obtenir un livret spécial de circulation s'ils ne sont ni propriétaires, ni locataires d'une résidence fixe.
Les conditions d'accueil et d'hygiène dans certaines villes laissent à désirer, le regard des autochtones n'est pas toujours bienveillant[7].
Les rapports que la communauté foraine entretient avec les autorités municipales ne sont pas exempts de conflits, suscités par des initiatives telles que :
- la suppression de la fête foraine,
- la modification de sa date,
- l'interdiction de la tenir à l'emplacement habituel et son excentrage à la périphérie de la ville[5].
Ces initiatives, prises sous prétexte de réaménagement urbain, n'améliorent pas la situation financière des forains.
Devenir de la profession
La popularité des foires se maintient malgré la concurrence des autres formes de divertissement. Selon les statistiques officielles, plus de 90 % de la population de 15 ans et plus, se rend dans une foire au moins une fois tous les deux ans[3].
En général, les grandes foires régionales incluent la fête foraine dans leurs animations[7].
Musées
Littérature
- Youri Messen-Jaschin, Le Monde des forains du XVIe au XXe siècle, Éditions des Trois Continents, 1986 (ISBN 2-88001-195-7)
Voir aussi
Notes et références
- Définition donnée par le Centre national de ressources textuelles et lexicales : « DR. Vieilli. Propriétaire forain. Propriétaire qui n'a pas son domicile dans le lieu où ses biens sont situés et où il est porté au rôle des contributions (Ac. 1835; dict. xixe et xxes.) »
- Aumônerie des Forains, Diocèse d'Angers, Maine-et-Loire
- Les gens du voyage, tziganes bohémiens et gitans.
- Cf. R. P. Jean-Claude Démota, L'aumônerie française des artisans de la fête : forains - circassiens - spectacle de rue, dans People on the Move, No 99 (suppl.), December 2005.
- Aumônerie des Forains
- Cf Les forains font-ils encore vraiment la fête ?, Le Bien Public, 12/09/08
- Cf Les forains font-ils encore vraiment la fête ?, op. cit.
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