Femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes

Le terme médical et scientifique « femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes » (ou FSF[1]) est employé pour désigner ces femmes en tant que groupe, notamment lors d'études cliniques, éliminant la nécessité de prendre en compte les divergences d'auto-détermination de l'orientation sexuelle des individus, ces femmes ne se considérant pas nécessairement comme lesbiennes, bisexuelles ou pansexuelles. Les femmes de ce groupe sont concernées par des questions de santé physique et mentale bien particulières.

Pour les articles homonymes, voir FSF.

Deux femmes sur le point de s'embrasser.

Santé physique

Sur le plan médical, les relations lesbiennes sont désignées sous le terme amours saphiques en raison des idées reçues et des conceptions erronées de la sexualité féminine, ainsi que de la réticence de certaines femmes à faire part avec précision de leurs antécédents sexuels, même à un médecin[2]. Beaucoup de lesbiennes s'identifiant en tant que telles n'estiment pas nécessaire de consulter un médecin parce qu'elles ne s'adonnent pas à des relations hétérosexuelles et n'ont pas besoin de contraception, ce qui est le facteur qui pousse la plupart des femmes à voir un gynécologue lorsqu'elles commencent à avoir des relations sexuelles[3]. De ce fait, beaucoup de lesbiennes ne procèdent pas régulièrement à des frottis vaginaux de dépistage. Les lesbiennes considèrent également courir moins de risques de contracter des IST ou des cancers touchant les organes reproducteurs. Aux États-Unis, l'absence d'assurance maladie lorsque les employeurs ne proposent pas de prestations de santé aux simples concubins, est un facteur additionnel qui incite les lesbiennes à négliger le dépistage médical[4].

Lorsque les femmes consultent effectivement un médecin, ceux-ci omettent souvent d'établir une anamnèse complète. Lors d'une étude récente portant sur 2 345 femmes lesbiennes et bisexuelles, seulement 9,3 % d'entre elles ont déclaré avoir été interrogées par un médecin sur leur orientation sexuelle. Un tiers des participantes pensaient que faire part de leurs antécédents sexuels provoquerait une réaction négative, et 30 % avaient effectivement fait face à une réaction négative de la part d'un médecin après qu'elles avaient révélé leur homo - ou bisexualité[5]. Un récit exhaustif des antécédents de la patiente aide les professionnels de santé à détecter d'éventuels risques et corrige les idées reçues sur le passé intime des femmes. Lors d'un sondage similaire effectué sur un échantillon de 6 935 lesbiennes, 77 % d'entre elles ont déclaré avoir eu des relations sexuelles avec un ou plusieurs partenaires masculins, dont 6 % au cours de l'année précédente[5],[note 1].

Selon le département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis, les maladies cardiaques sont la première cause de mortalité pour l'ensemble de la population féminine. Le tabagisme et l'obésité, deux des facteurs qui augmentent le risque de maladie cardiaque, sont plus répandus chez les lesbiennes. Des études ont montré que les lesbiennes ont un indice de masse corporelle plus élevé, et se préoccupent globalement moins de leur poids que les femmes hétérosexuelles, bien qu'elles soient plus susceptibles de pratiquer une activité physique régulière. Des recherches approfondies sont nécessaires afin de déterminer les causes spécifiques de l'obésité chez les lesbiennes[4],[5].

L'absence de distinction entre femmes lesbiennes et hétérosexuelles dans le cadre des études médicales portant sur les questions de santé féminine fausse les résultats aussi bien pour les femmes lesbiennes que non-lesbiennes. Les rapports sur la fréquence de cancer du sein chez les lesbiennes n’apportent aucune réponse claire[5]. Il a néanmoins été déterminé que le faible nombre de lesbiennes qui procèdent à des frottis vaginaux réguliers rend plus difficile chez elles la détection précoce du cancer du col utérin. Les lesbiennes présentent des risques plus élevés de développer un cancer ovarien que les femmes hétérosexuelles, possiblement en raison de l'absence chez nombre d'entre elles des facteurs de protection tels que la grossesse, l'avortement, la prise de pilules contraceptives, l'allaitement et les fausses couches[6].

Santé mentale

Depuis les premières descriptions de l'homosexualité dans la littérature médicale, celle-ci a souvent été abordée d'un point de vue cherchant à y associer une cause psychopathologique profonde. Nombre de textes médicaux portant sur la santé mentale chez les lesbiennes se sont focalisés sur la fréquence de la dépression, de la toxicomanie et du suicide au sein de cette population. Bien que ces problèmes existent chez les lesbiennes, il s'est opéré un glissement dans le débat sur leurs causes après que l'homosexualité fut retirée du DSM-II en 1973. Il semble que ce soit l'ostracisme social, la discrimination juridique, l’internalisation de stéréotypes négatifs et le faible nombre de structures de soutien qui constituent les facteurs auxquels les homosexuels sont confrontés dans les sociétés occidentales, et qui affectent souvent leur santé mentale[7]. Les femmes se considérant comme lesbiennes rendent compte d'un sentiment de différence notable et de mise à l'écart durant l'adolescence[8] ; ces émotions sont reconnues comme apparaissant en moyenne à l'âge de 15 ans chez les lesbiennes et 18 ans chez les femmes qui se considèrent comme bisexuelles[9]. Dans l'ensemble, les femmes ont tendance à développer par elles-mêmes leur conception de leur identité propre, ne la partageant éventuellement qu'avec d'autres femmes dont elles se sentent proches. Les femmes ne dévoilent également leur identité sexuelle qu'à un nombre restreint de personnes, et considèrent plus souvent le fait d'être lesbienne comme un choix, contrairement aux gays, qui manifestent leur identité plus ouvertement et voient le fait d'être gay comme ne relevant pas de leur contrôle[8].

Les troubles anxieux et la dépression sont les problèmes de santé mentale les plus courants chez les femmes. Il a été montré que la dépression est sensiblement aussi fréquente chez les lesbiennes que chez les femmes hétérosexuelles[10]. Ce problème prend de l'ampleur parmi les femmes qui estiment devoir dissimuler leur orientation sexuelle à leurs amis et leur famille, qui font l'objet de discrimination ethnique ou religieuse aggravée, ou sont confrontées à des difficultés relationnelles sans possibilité de soutien[11]. En 1994, lors d'un sondage portant sur les questions de santé chez les lesbiennes, plus de la moitié des participantes ont déclaré avoir des idées suicidaires, et 18 % avaient déjà fait une tentative de suicide[12].

Une étude de population menée par le National Alcohol Research Center a démontré que les femmes se considérant comme lesbiennes ou bisexuelles ont moins tendance à rester sobres. Les femmes lesbiennes et bisexuelles sont plus susceptibles de rencontrer des problèmes d'alcool, ainsi qu’une insatisfaction face aux programmes de désintoxication[13]. De nombreuses communautés lesbiennes se rassemblent dans des bars, et la consommation d'alcool est une activité qui va de pair avec l'intégration à la communauté des lesbiennes et des bisexuelles[14].

Infections sexuellement transmissibles

L'ensemble de ces recommandations pour le sexe sans risques sont approuvées par les responsables de la santé publique dans le cas des femmes qui s'adonnent aux amours saphiques afin d'éviter des infections sexuellement transmissibles (IST) :

  • Éviter tout contact avec le sang menstruel de sa partenaire, ainsi qu'avec toute plaie génitale visible.
  • Mettre un nouveau préservatif pour chaque personne qui utilise un jouet sexuel destiné à pénétrer le vagin ou l'anus de plus d'une personne ; envisager d'utiliser un jouet différent pour chaque individu.
  • Utiliser une barrière (par exemple un carré de latex, une digue dentaire, un préservatif découpé ou du film plastique) lors du coït buccal.
  • Utiliser des gants de latex ou vinyle et du lubrifiant lors de toute masturbation mutuelle pouvant entraîner des saignements[5].

Certaines infections sexuellement transmissibles peuvent se communiquer d'une femme à une autre, notamment le papillomavirus humain (VPH)  plus spécifiquement les condylomes , les lésions squameuses intraépithéliales, les infections au Trichomonas vaginalis, la syphilis, ou le virus de l'herpès génital (VHS). La transmission d'IST spécifiques parmi les femmes qui s'adonnent aux amours saphiques dépend de leurs pratiques sexuelles. Tout objet entrant en contact avec les sécrétions cervicales, les muqueuses vaginales, ou le sang menstruel, y compris les doigts ou les objets destinés à la pénétration, sont susceptibles de transmettre des IST[15]. Les contacts bucco-génitaux peuvent indiquer un risque plus élevé d'acquérir le VHS[16], même parmi des femmes qui n'ont auparavant jamais eu de relations sexuelles avec des hommes[17]. La vaginose bactérienne se rencontre plus fréquemment chez les lesbiennes, mais il n'a pas été démontré qu'elle se transmet par le contact sexuel ; elle peut survenir chez des femmes célibataires tout comme chez des femmes qui ont des relations sexuelles. La vaginose bactérienne se retrouve souvent chez les deux partenaires dans une relation lesbienne[18] ; une récente étude sur les femmes atteintes de vaginose a révélé que 81 % d'entre elles avaient une partenaire également atteinte[19]. Les statistiques concernant la fréquence de transmission du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) ne prennent pas en compte les lesbiennes, bien que la transmission soit possible par les sécrétions vaginales et cervicales. Les individus les plus susceptibles de transmettre le VIH aux lesbiennes sont les femmes qui prennent des drogues par voie intraveineuse, ou qui ont des relations sexuelles avec des hommes bisexuels[20],[21].

Notes et références

Notes

  1. Un autre regroupement de sondages généraux a révélé que, parmi les femmes qui se considèrent comme lesbiennes, de 80 à 95 % avaient eu auparavant des relations sexuelles avec des hommes, et certaines témoignent de comportements sexuels à risque.
    Holmes 2008, p. 221.

Références

  1. Crips Rhône-Alpes, « VIH/sida : quelles pratiques de prévention des femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes (FSF) ? », sur lecrips-idf.net.
  2. Holmes 2008, p. 219.
  3. Zimmerman 2003, p. 359.
  4. "(en) « Frequently Asked Questions: Lesbian and Bisexual Health » [PDF], sur womenshealth.gov, Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis.
  5. (en) Mravack, Sally A. (July 2006) « Primary Care for Lesbians and Bisexual Women » American Family Physician 74(2):279–286.
  6. Vo, Christine, Carney, Michael (décembre 2007). "Ovarian Cancer Hormonal and Environmental Risk Effect", Obstetrics and Gynecology Clinics34 (4) p. 687–700.
  7. Schlager 1998, p. 152.
  8. Schlager 1998, p. 153.
  9. (en) Paula Rust, « Coming out" in the Age of Social Constructionism: Sexual Identity Formation among Lesbian and Bisexual Women », Gender and Society, no 7, , p. 50-77.
  10. Solarz 1999, p. 69.
  11. Schlager 1998, p. 157-158.
  12. Solarz 1999, p. 70.
  13. Drabble, Laurie, Trocki, Karen (2005). "Alcohol Consumption, Alcohol-Related Problems, and Other Substance Use Among Lesbian and Bisexual Women", Journal of Lesbian Studies, 9 (3), p. 19–30.
  14. Solarz 1999, p. 81.
  15. (en) « Women Who Have Sex with Women (WSW) » Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, 2006 MMWR August 4, 2006 / vol. 55 / No. RR--11).
  16. (en) Frenkl, Tara Lee, Potts, Jeannette (February 2008) « Sexually Transmitted Infections » Urologic Clinics of North America 35(1):33–46.
  17. Holmes 2008, p. 226.
  18. (en) Risser Jan MH, Risser William L, Risser Amanda (December 2008) « Epidemiology of Infections in Women » Infectious Disease Clinics of North America 22(4):581–599.
  19. Holmes 2008, p. 229.
  20. Zimmerman 2003, p. 360.
  21. (en) HIV/AIDS Surveillance Report: Cases of HIV Infection and AIDS in the United States and Dependent Areas, 2006. Centers for Disease Control.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) King K. Holmes, Sexually transmitted diseases, McGraw-Hill Medical, , 2166 p. (ISBN 978-0-07-141748-8 et 0-07-141748-6, OCLC 104848174)
  • (en) Neil Schlager, St. James Press gay & lesbian almanac, St. James Press, , 680 p. (ISBN 1-55862-358-2, OCLC 38549845)
  • (en) Andrea L. Solarz et Institute of Medicine (U.S.). Committee on Lesbian Health Research Priorities., Lesbian health : current assessment and directions for the future, National Academy Press, (ISBN 0-585-04728-6, OCLC 42330890)
  • (en) Bonnie Zimmerman, Lesbian histories and cultures : an encyclopedia, Garland Pub, (ISBN 0-203-48788-5, OCLC 53385272)

Articles connexes

  • Portail LGBT
  • Portail de la médecine
  • Portail de la sexualité et de la sexologie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.