Famille Tissot

La famille Tissot est une famille suisse, originaire de Le Locle (canton de Neuchâtel). Ses membres travaillent dans l'industrie horlogère, notamment à travers la marque de montre éponyme, fondée en 1853, intégrée dans la SSIH en 1930, puis englobée dans le groupe SMH à partir de 1983, qui sera finalement rachetée par Swatch Group en 1998.

Pour les articles homonymes, voir Tissot.

Généalogie

  • Simon Pierre Tissot-Daguette ∞ Sophie Tissot (Ducommun)
    • Charles-Félicien Tissot-Daguette (1804-1873) ∞ Julie Tissot (Othenin-Girard)
      • Charles-Émile Tissot (1830-1910), conseiller général, député, conseiller national ∞ Sophie Amélie Tissot (Favre)
        • Charles Tissot (1860-1936) ∞ Marie Tissot (Fadieff)
          • Paul Tissot (1890-1951), CdA Omega, CdA SSIH
          • Marie Tissot (1897-1980), Cda Tissot, CdA SSIH
        • Paul-Édouard Tissot (1864-1939), banquier, Dr en électricité EPFZ ∞ Laure Alice Tissot (Martin)
          • Édouard-Louis Tissot (1896-1977) ∞ Gabrielle Tissot (Bernoud)
            • Luc Édouard Tissot (1937-), EPFZ, MBA
              • Philippe Édouard Tissot (1963-), EPFL, Ph. D.

Histoire

Charles-Félicien Tissot-Daguette (1804-1873)

Charles-Félicien Tissot, dit Daguette

Fils de Simon Pierre Tissot-Daguette et de Sophie Tissot (Ducommun) Charles Félicien Tissot nait en 1804 à Renan, dans le vallon de St-Imier. En en 1830, Charles F. Tissot épouse Julie Othenin-Girard, union d'où naissent cinq enfants, dont son fils, Charles-Emile [1],[2].

Monteur de boîte jusqu'en 1853, il conclut cette année un contrat d'Association pour 10 ans avec son fils Charles-Émile afin de produire au Locle des montres sous la marque Chs-F. Tissot. Dans ce but, il transforme son appartement du Crêt-Vaillant 23 en un atelier pour assembler et commercialiser avec son fils des montres de gousset à partir de pièces fournies par d'autres horlogers[1],[2].

Sa femme Julie Tissot Othenin-Girard s'occupe de la comptabilité de l'entreprise.

Charles-Félicien Tissot meurt au Locle en 1873 et laisse la direction de l'entreprise familiale à son fils Charles-Émile.

Charles-Émile Tissot-Daguette (1830-1910)

Charles-Emile-Tissot, dit Daguette

Fils de Charles-Félicien Tissot et de Julie Tissot (Othenin-Girard), Charles-Émile Tissot naît le à La Ferrière[1],[3]

Âgé que de 12 ans, Charles-Émile Tissot débute son apprentissage d'horloger en 1842. Alors que le canton de Neuchâtel s'émancipe de la tutelle prussienne, en 1848, il part pour les États-Unis d'Amérique en paquebot à voiles, et il y pressent l'essor que prendra la technique et l'économie avant la fin du siècle[1].

Fort de l'expérience acquise en Amérique, Il ouvre avec son père un atelier au Locle en 1853 où ils produisent des montres de gousset avec des pièces étrangères[3]. Charles-Émile Tissot, qui effectue de fréquents déplacements de vente, se voit confier la direction de l'usine horlogère Tissot, qui vend ses produits principalement en Russie et aux États-Unis[1].

Il épouse Françoise Sophie Amélie Favre avec qui il a deux fils, Charles (1860-1936) et Paul-Édouard (1864-1939)[3]

Le , il se trouve encore à New York, à l'Exposition de l'Industrie et des Arts de toutes les Nations. À son retour, il fait à son père un rapport enthousiaste et peut alors créer avec lui la fabrique d'horlogerie Chs-Félicien Tissot & Fils. Cette entreprise occupe la maison familiale du Crêt-Vaillant jusqu'en 1907. C'est de là que Charles-Emile Tissot déploie toute son énergie. En 43 ans, il entreprend 52 voyages totalisant 7 ans et 99 jours d'absence du foyer familial ; tous ces voyages à destination de l'Amérique et de la Russie, dans des conditions souvent pénibles à supporter[1].

Président du parti radical du Locle, il est élu conseiller général au législatif du Locle de 1858 à 1906 et député au Grand Conseil neuchâtelois pour les législature (1865-1873) et (1879-1904)[1],[3].

Trois ans après l’École d'Horlogerie de la Chaux de Fonds et deux ans après l’École d'Horlogerie de St-Imier, Charles-Emile Tissot fonde l'école d'Horlogerie du Locle en 1868 et occupe également le poste d'Inspecteur fédéral des écoles d'horlogerie[1],[3].

À la mort de son père Charles-Félicien Tissot en 1873, il modifie la raison sociale de l'entreprise familiale en Chs-F. Tissot & Fils S.A.[1].

Il est Conseiller national radical[4] de décembre 1881 à décembre 1899, spécialisé sur les questions industrielles : lois sur le contrôle des métaux précieux, traités de commerce. Il est distingué par le Conseil fédéral aux Expositions universelles de Chicago 1889 et Paris 1893[1],[3].

Il est aussi inspecteur fédéral des Ecoles d'horlogerie et il participe à plusieurs expositions importantes, en qualité de délégué du Conseil fédéral, ou comme membre ou président du jury international : Exposition universelle de Paris 1878, Anvers 1885, Paris 1889, Chicago 1893, Exposition nationale suisse 1896[1],[3].

Cette activité professionnelle débordante ne l'empêche pas d'exercer de hautes fonctions politiques : député au Grand Conseil neuchâtelois de 1883 à 1892 qu'il préside en 1892[1],[3].

Charles-Émile meurt le au Locle[1],[3], à l'âge de 80 ans et laisse la direction de l'entreprise familiale à son fils Charles.

Charles Tissot (1860-1936)

Nomination de Charles Tissot comme administrateur en 1917

Fils de Charles-Émile et de Françoise Sophie Amélie Tissot (Favre), Charles Tissot assume la direction de l'entreprise familiale, dès 1883, comme troisième génération, après avoir suivi l'École d'horlogerie du Locle fondée par son propre père en 1868.[1],[5]

Il dirige l'agence de Francfort puis celle de Moscou, avant d'assumer la direction de l'usine du Locle. Son épouse Marie Fadieff est de nationalité russe et c'est à Moscou que naîtront ses enfants Paul et Marie[1][réf. à confirmer].

Philologue, il a contribué au succès de l'agence de Moscou, jusqu'à la révolution. Sous sa direction, l'usine change de locaux et en 1907 la première partie des locaux actuels est occupée. C'est la grande époque des ventes de montres en Russie, où la marque Tissot s'implante fortement, mais unilatéralement[1].

En 1907, toute la famille Tissot et son atelier se déplace sur le plateau de l'Argillat, à l'emplacement actuel de l'usine, où n'existent à l'époque que deux bâtiments, à savoir la ferme habitée par la famille Tissot et la ferme appartenant à la veuve de Raoul Gabus[1].

En 1915, Charles Tissot entre officiellement dans la direction et fait produire par la fabrique la première montre-bracelet de la marque. Charles dote également la Tissot d'un Bureau Technique en 1916, sous la direction d’un horloger, Henri Sandoz-Robert, qui était allé au Etats-Unis d'Amérique. Dans une séance de justice et Police du Conseil Fédéral du 4 mai 1920, Charles Tissot recherche à assurer le transfert de platine et d'or avec la Russie en présentant l'agent commercial Stefan Bratmann. Charles Tissot meurt en 1936 au Locle, à l'âge de 76 ans et laisse la direction de l'entreprise familiale à son fils Paul et à sa fille Marie[1].

Paul-Édouard Tissot-Daguette-Martin (1864-1939)

Paul Edouard Tissot au Congrès international de l'énergie à Berlin en 1930

Fils de Charles-Émile et de Françoise Sophie Amélie Tissot (Favre), Paul-Édouard Tissot, nommé la plupart du temps Édouard, naît le au Locle[6] et de fait, appartient aussi à la troisième génération.

Après avoir obtenu son diplôme d'ingénieur en 1885 et son doctorat en 1890 à l'EPF de Zurich, Paul-Édouard épouse en 1894 Laure Alice Martin, fille de Louis Alexandre, négociant en vins[6].

Il débute dans la construction de machines à Genève (Compagnie de l'industrie électrique), puis réoriente sa carrière vers la finance à Bâle en 1899. Il travaille comme ingénieur et comme banquier dans les conseils d'administration de Cossonay de 1904 à 1917 et de SBS de 1914 à 1939[6].

Il sert également de conseiller financier à son frère Charles, ainsi qu'à son neveu Paul Tissot. Ingénieur, docteur EPF en électricité, il a commencé sa carrière à l'usine Sécheron, à Genève, par la recherche dans le domaine du transport de haute tension. Après avoir pris la tête de la Banque d'Electricité et de traction, à Bâle, il joua un rôle de premier plan dans la mise en valeur de l'énergie électrique, soit en Suisse, soit en Italie, en Styrie, en Argentine, mais tout spécialement en France où ses travaux de mise en exploitation des forces hydro-électriques des Alpes, du Massif Central et des Pyrénées lui valurent d'être promu commandeur de la Légion d'Honneur[6].

Il devient vice-Président de Elektrowerte et membre du Conseil d'Administration de KW Laufenburg en 1929[6].

Membre du Comité de la Société de Banque Suisse, il préside en 1930 le Conférence Mondiale de l'Energie, à Berlin[6].

Ses conseils et son appui financier ont contribué au succès des firmes Omega et Tissot[1].

Il œuvre comme président du Comité de direction auprès de la Chambre suisse de l'horlogerie de 1923 à 1935. Il fait partie du Conseil d'Administration de Motor-Colombus de 1929 à 1937 et est vice président de la SSIH de 1930 à 1937. Il fait partie de la commission fédérale de l'économie hydraulique dépendant du DETEC en 1937[6].

Paul-Édouard meurt le en mer, de retour d'un voyage en Argentine, à l'âge de 75 ans et 3 ans après son frère Charles, laissant seuls son neveu Paul et sa nièce Marie gérer la direction de l'entreprise familiale[1].

Paul Tissot (1890-1951)

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Réclame pour les montres Tissot vers 1920

Fils de Charles Tissot et Marie Tissot (Fadieff), Paul Tissot naît à Moscou en 1890, fait ses classes d'horlogerie et commence son activité au sein de l'entreprise en 1911. Rapidement confronté à des difficultés techniques et commerciales, il les résout avec succès, mais la révolution en Russie entraîne la perte de l'important marché russe pour les montres Tissot[1],[7].

Au début des années 1910, la quatrième génération Tissot prend part aux activités de l'entreprise Tissot, où Paul Tissot dirige les affaires commerciales dès 1911, suivi par sa sœur Marie, qui y commence son activité de comptable 4 ans plus tard en 1916. Paul et Marie Tissot dirigent l'entreprise familiale avec leur père Charles jusqu'à sa mort en 1936, puis seuls en 1939, après la mort de leur oncle Paul Edouard[1].

Paul, de concert avec son père Charles et sa sœur Marie ouvre le Bureau Technique Tissot en 1916, qu'ils mettent sous la direction de Henri Sandoz-Robert, un horloger qui était allé au Etats-Unis d'Amérique. En 1917, Paul et Marie transforment les ateliers Tissot en une véritable manufacture et en 1918, ils rehaussent fabrique et maison familiale mitoyenne d'un étage. Ce premier agrandissement de la fabrique Tissot permet d'y fabriquer également des ébauches en 1920, ce qui la transforme en manufacture. En homme moderne, Paul Tissot n'a pas baptisé ses ébauches en lignes, mais en millimètres : les calibres 43, 27, 13,6 sont à l'origine d'une grande famille de calibres sans cesse perfectionnés[1].

En plus de transformer les ateliers Tissot en manufacture, Paul et Marie Tissot nouent les premiers contacts avec la firme Omega en vue d'une collaboration. En 1925, ils concluent un accord de sous-traitance avec la marque Omega, qui conduit à une première rationalisation de la production des deux entreprises. En plus de son travail de manager dans la manufacture Tissot au Locle, Paul Tissot s'occupe, dès 1925, de la direction commerciale de la firme Omega, fondée à Bienne par Louis Brandt en 1848[1].

En pleine crise, Paul et Marie décident d'un nouvel agrandissement de la fabrique Tissot vers l'ouest, pour introduire dès 1928 la pierre chassée dans les ébauches Tissot. En juillet 1929, le Conseil d'administration de Omega décide sa fusion avec la maison Tissot. En effet, la chute soudaine des cours à la bourse de New York (Krach de Wall-Street), provoque une diminution des ventes et annonce la crise économique. La création d'un nouveau groupe horloger permet d'utiliser les canaux de distribution existant de chaque firme, ainsi qu'une gestion commune des fournisseurs et des sous-traitants. De plus, la standardisation et l'utilisation d'ébauches communes fait également baisser le prix de revient. Le rapprochement d'Omega et de Tissot inonde les détaillants en montres de luxe et en montres de gamme moyenne[1].

En 1930, Paul Tissot, Marie Tissot et Louis Brandt créent la SSIH, Société Suisse pour l'Industrie Horlogère S.A. ; Holding financier dont le siège est à Genève.

Société suisse pour l'Industrie horlogère (1930-1983)

Jusqu'aux années 1960, la concentration économique dans le monde horloger est limitée par des ententes cartellaires. Dès 1925, Paul et Marie Tissot s'associent avec Louis Brandt pour conclure le partenariat commercial Omega-Tissot, qui évoluera vers la création de la holding Société suisse pour l'industrie horlogère (SSIH). En 1930, pour faire face au conséquences du crash boursier de 1929, Paul et Marie Tissot réunissent les capital-actions de Tissot et de Omega dans la holding Société suisse pour l'industrie horlogère par un échange d'actions.

Selon le « plan Tissot » résultant de cette association : Omega devait fournir à la clientèle des montres de luxe, alors que Tissot devait fournir du milieu de gamme. Un coffret limité aux 18 modèles Tissot les plus demandés est fourni aux l'horloger-détaillants, pour éviter les « rossignols ». Grâce à cette réorganisation et à l'invention de la montre amagnétique, Paul Tissot fait progresser les ventes de plus de 70 % en 1933[1].

Paul et Marie agrandissent à nouveau en 1947 l'usine Tissot, l'entoure de l'usine II et du Foyer Tissot. Mais, victime de son immense activité, Paul Tissot meurt subitement à Paris, en rentrant d'Angleterre où il a présidé la séance du Conseil d'Administration de l'agence de Londres[1].

Décédé le 3 juin 1951, Paul Tissot laisse l'entreprise familiale à son cousin Édouard-Louis et à sa sœur Marie[8].

N.B. ne dois pas être confondu avec Paul Tissot, Avocat et notaire à La Chaux-de-Fonds; président du tribunal de la Métropole horlogère; conseiller communal et directeur de police; président de la Chambre suisse de l'horlogerie (1918-1935), avis de décès paru dans L'Impartial du 2 août 1964.

Marie Tissot (1897-1980)

Fille de Charles et Marie Tissot (Fadieff), la sœur de Paul, Marie Tissot, naît à Moscou en 1897 et entre au service de l'entreprise familiale en 1916, année où le Bureau Technique Tissot est créé. Elle travaille inlassablement dans le domaine des finances pendant plus de 60 ans, notamment en qualité d'administrateur. Marie fut la pierre angulaire de la croissance de l'entreprise Tissot, car d'une quinzaine d'employés que compte l'entreprise à son arrivée, ils sont plus de 1 000 quand elle prend sa retraite en 1971[1].

Marie Tissot voit non seulement la création du Bureau Technique, mais participe aussi à la transformation des ateliers en manufacture et s'implique dans le rehaussement des bâtiments et l'agrandissement de l'usine. Marie accompagne activement le rapprochement d'Omega et de Tissot. Du point de vue social, Elle se soucie du bien-être des employés, crée le foyer Tissot et gère leur caisse-maladie de prévoyance. Malgré divers soucis, Marie Tissot a toujours su faire face aux situations[1]et représenter l'esprit de la famille durant ces années, car dans les assemblées, sa voix était écoutée, comme celle d'une grande dame.

Véritable directrice de Tissot, Marie Tissot a pris sa retraite en 1971 et n'a pas assisté à la création de la SMH[9]. Morte au Locle le , à l'âge de 83 ans, Marie laisse la gestion de l'entreprise familiale à son cousin Édouard-Louis Tissot.

Édouard-Louis Tissot (1896-1977)

Fils de Paul-Édouard et Laure Alice Tissot (Martin), Édouard-Louis Tissot naît en 1896 à Genève, fait ses études primaires et secondaires à Bâle et obtient son diplôme d'ingénieur électricien de l'Ecole polytechnique de Zurich[10]. Il épouse Gabrielle Bernoud, avec laquelle il a 4 enfants, dont son fils Luc-Edouard.

En 1924, Édouard-Louis Tissot part pour l'Argentine où il fonde la Compagnie Suisso-Argentine d'électricité ou Sociedad de Electricida qu'il développera jusqu'en 1951. Il construit une vingtaine de centrales électriques pour autant de villes.

En 1939, Édouard-Louis Tissot succède à son père au conseil d'administration de la SSIH. Par la suite, il prendra parallèlement à ses activités professionnelles la présidence de la Sociedad commercial de Reloyeria, représentant Omega et Tissot en Argentine.

En 1951, Édouard-Louis Tissot rentre en Suisse, après le décès par crise cardiaque de son cousin Paul Tissot, pour reprendre la direction de l'usine, en compagnie de sa cousine Marie Tissot. Mettant à profit son expérience dans la vente pour Omega-Tissot, Édouard-Louis Tissot ne rechigne pas à assimiler, à 56 ans, le fonctionnement de la montre dans « La théorie générale de l'horlogerie » de Défossez. Observant dans les ateliers et dans les laboratoires les problèmes de fabrication, Édouard-Louis Tissot, grâce à son intelligence, lui permette de résoudre les problèmes fondamentaux et de s'acquitter des nouvelles tâches qui lui sont dévolues[1].

En 1952, Édouard-Louis Tissot dépose un brevet pour des paliers autolubrifiants. Vers 1953, le premier effort dans ce sens fut l'introduction du roulement autolubrifiant. Les rubis, traditionnellement utilisés en horlogerie pour maintenir les engrenages du mouvement en place, sont chers et doivent être huilés pour que le mouvement fonctionne parfaitement. En remplaçant les pierres naturelles par cet appareil synthétique, Edouard-Louis espère créer des mouvements meilleurs marché. Après de années de recherches, il peut présenter à la foire de Bâle en 1971 l’Astrolon, un concept innovant de mouvement conçu en matière synthétique. Parallèlement, il rationalise son entreprise.

Dès 1958, dans le domaine de la production, Édouard-Louis Tissot argumente en faveur d'un calibre unique et dans les années 1960, il incite ses représentants généraux à effectuer des restructurations dans les circuits de distribution[1].

En 1965, la conjoncture est prospère et Édouard-Louis Tissot reconstruit les bâtiments de la Fabrique Tissot. Le conseil municipal du Locle avait même demandé la construction de deux étages supplémentaires au bâtiment, après avoir examiné les plans de construction. De manière incroyable la holding SSIH, qui n'avait pas de dettes, avait financé la construction des bâtiments Tissot sur ses fonds propres.

Astrolon, la montre en plastique suisse (1964-1971)

Pour résoudre les problèmes de lubrification des engrenages, Édouard-Louis Tissot lance en 1952 le projet "Sytal", système Tissot d’auto-lubrification et dépose un premier brevet. Entre 1964 et 1971, un mouvement en Nylon nommé Astrolon est développé, car la fabrication de pièces par injection de matière plastique fait passer le nombre de composants standard de 91 à 52 environ, soit une quarantaine de pièces en moins. Comme le remplacement du laiton par du Nylon occasionne des problèmes d'usure et de déformation, l'emploi du Teflon est privilégié, puis du Delrin. Les mouvements en matière plastiques ne résolvent pas seulement les problèmes de lubrification, ils abaissent aussi considérablement le prix de revient de production d'un mouvement et ne nécessitent aucune révision.

Dans le même temps, le développement des montres à quartz se déroule au Japon et en Suisse. C'est lors du concours international de chronométrie de 1967 que les premiers mouvements à quartz sont présentés au grand public. Certains proviennent du Centre électronique horloger (CEH) et d'autres du centre de recherche et développement de Seiko. Révolution technique, ces mouvements sont déjà dix fois plus précis que les meilleures montres mécaniques de l'époque. Les dix premières places du concours sont remportées par le CEH. Ces mouvements contiennent un résonateur à quartz ayant la forme d'un barreau, un type de résonateur aujourd'hui obsolète[11].

La première montre-bracelet à quartz à être commercialisée est la Seiko 35SQ, sortie sur le marché en 1969. Édouard-Louis Tissot présente fièrement sa Tissot mécanique en matière plastique à la Basler Messe 1971, mais un accueil plus que mitigé est réservé à cette nouveauté[1].

Dans les années 1970, l'industrie horlogère suisse était en effet à un tournant de son histoire [12]; la montre mécanique traditionnelle avait fait son temps et de nouvelles techniques concernant le mode d'affichage, la réserve d'énergie et le balancier étaient apparues[13]. La fondation en 1962 du Centre Electronique Horloger répondait au défi des montres bracelets remplaçant leurs ressorts mécaniques par des micro-piles électriques, annoncées à la fin des années 50 par Lip en France, par Hamilton au USA et par Ebauches et Bulova en Suisse.

Pendant ses 20 ans d'activité, jusqu'à fin 1971, Édouard-Louis Tissot développera néanmoins de plus de sept fois le chiffre d'affaires de l'entreprise, donnant à l'entreprise familiale une nouvelle dimension[1]. Édouard-Louis Tissot meurt le 6 novembre 1977 à la Chaux-de-Fonds à l'âge de 81 ans et laisse l'entreprise familiale à son fils unique Luc-Édouard Tissot.

Société suisse de microélectronique et d'horlogerie (1983-1985)

Une nouvelle ère débute avec la disparition en 1983, de la la holding SSIH (Société suisse d'Industrie horlogère) et de la holding ASUAG (Allgemeine Gesellschaft der schweizerischen Uhrenindustrie AG) au profit de la SMH (Société de microélectronique et d'horlogerie SA). Mais ni Paul Tissot (mort en 1971), ni Edouard Tissot (mort en 1977), ni Marie Tissot (morte en 1980) ne voient disparaître la SSIH au profit de la SMH.

Le tissu industriel jurassien et neuchâtelois, hautement spécialisé et uniquement tourné vers la production de montres mécaniques, ne résiste pas à l'apparition des nouvelles techniques tel le quartz, l'électronique, le plastique et l'affichage digital. N'arrivant pas à s'adapter en un laps de temps aussi réduit, plusieurs fabricants disparaissent, entrainant la faillite de nombreux sous-traitants et créant une crise économique majeure pour la région, qui va perdre le tiers de sa population[11].

Crise économique (1973-1983)

Concentration des entreprises horlogères de l'arc jurassien.

Suite à la crise du quartz, « entre 1981 et 1983, les banques suisses injectent plus de 900 millions dans les groupes SSIH et l'ASUAG »[14]. En 1983, un audit sur la solvabilité est demandé par les banques créditrices à la firme zurichoise Hayek Engineering[14]. Ce rapport oblige les deux grands groupes horlogers suisses à fusionner afin de faire face à leurs difficultés économiques[14]. Mais en 1985, le Libanais Hayek et un groupe d'investisseurs rachètent 51 % du capital-actions du groupe SSIH-ASUAG pour la somme dérisoire de 153 millions de francs[14]. Le groupe prend alors le nom de Société suisse de microélectronique et d'horlogerie SA (SMH), marquant la fin de l'indépendance de plusieurs marques historiques.

Luc-Édouard Tissot (1937- )

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Né le , à Buenos Aires en Argentine, Luc-Édouard Tissot est le fils de Louis Edouard Tissot et lui succède en 1973, comme cinquième génération, au poste de président directeur général de la fabrique, qui compte à l’époque environ 1 000 employés.

Après des études d'ingénieur au Poly de Zurich et un MBA à l'IMD, Luc-Édouard Tissot reprend les rennes de Tissot SA de 1973 à 1981 et est membre du conseil de surveillance de la SSIH. Confronté à la crise horlogère, Luc-Édouard Tissot cherche à dynamiser les affaires par la diversification, notamment avec la fabrication d’appareils cardiaques. Comme les autres chefs d'entreprise de la région, Luc-Édouard Tissot doit affronter des années d’incertitudes et de difficultés et en 1978, la conjoncture économique contraint Tissot SA de fermer son département Ebauches, créé en 1920.

En 1983, un nouveau chapitre s’ouvre avec la fusion de la SSIH et de ASUAG. Le libanais Nicolas Hayek prend la nouvelle entité sous sa responsabilité, puis crée en 1985 la Société de microélectronique et d’horlogerie (SMH). La marque Tissot ne dépend plus de la famille Tissot, mais est appelée à jouer un rôle non négligeable dans le milieu de gamme du groupe nouvellement créé.

Precimed (1978)

Après la mort de son père Édouard-Louis Tissot, Luc-Édouard Tissot cherche une diversification économique pour le haut du canton qui permette d'utiliser le savoir faire horloger et créer de nouveaux emplois. Il fonde la société Precimed, (future Intermedics), le 14 novembre 1977, pour fabriquer des stimulateurs cardiaques en Suisse et plus particulièrement dans les montagnes neuchâteloise. C'est la naissance du Medtech horloger.

Fondation Tissot pour la promotion de l'Économie (1980)

En 1980, dans le but de relancer l'économie dans le haut du canton de Neuchâtel, mise à mal par crise du Quartz, Luc E. Tissot crée cette fondation économique au Locle.

Medos (1982)

En 1982, toujours dans le but de dynamiser la région, Luc-Édouard Tissot il fonde un autre start up MedTech au Locle, Medos, avec le neurochirurgien colombien Solomon Hakim et son fils Carlos Hakim. Cette nouvelle Start-up produit des valves unidirectionnelles avec la capacité de réguler la pression ventriculaire interne[15]. En 1991, la StartUp Medos est rachetée par Johnson & Johnson. Medos, fililale de Johnson & Johnson, rachète le site de production Intermedics au Locle (NE), fermé en 1999 après l’abandon par Sulzer Medica d’une partie de ses activités. La transaction s’est effectuée par l’intermédiaire du Service de la promotion économique.

Notes et références

  1. Fonds d'Archives de la Famille Tissot, Archives communales, Le Locle
  2. « Tissot, Charles-Félicien (1804-1873) – Watch-Wiki », sur watch-wiki.org (consulté le )
  3. « Tissot, Charles-Émile » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  4. Parlement fédéral, « Biographie de Charles-Emile Tissot », sur https://www.parlament.ch (consulté le )
  5. JEANIN-JAQUET, Isabelle, « Tissot-Daguette, Charles-Emile », Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 22.01.1999 (. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/004761/1999-01-22/, consulté le 17.09.2021)
  6. Serge Paquier, « Édouard Tissot-Daguette » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  7. Hélène Pasquier, Hélène Pasquier, La «recherche et développement» en horlogerie: acteurs, stratégies et choix technologiques dans l’arc jurassien suisse 1900–1970), Neuchâtel, Alphil, , 503 p.
  8. « Base de données sur les Élites suisses au XXe siècle », sur www2.unil.ch (consulté le )
  9. 1
  10. UNIL, « Tissot, Édouard-Louis (1896 - 1977) », sur Université de Lausanne, http://www.unil.ch/elitessuisses. (consulté le )
  11. BURGAT, François, « Structure de l'offre horlogère mondiale et forme des marchés », revue scientifique, (François Burgat, Structure de l'offre horlogère mondiale et forme des marchés, Université de Neuchâtel, 1973)
  12. CEH, Dixieme Rapport de Gestion, Neuchâtel, (lire en ligne)
  13. sous la dir. de Th. Perret, « Microtechniques et mutations horlogères », cahier de l'institut neuchâtelois, n° 28,, Hauterive, Ed. Gilles Attinger, , 336 p. (ISBN 2-88256-110-5), p.146-149
  14. Hélène Pasquier, « Swatch Group » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  15. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30142621/

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre-Yves Donze, Histoire de l'industrie horlogère suisse au XIXe-XXe siècle, Neuchâtel, éd. Alphil, 2017 (ISBN 978-2-88950-000-0)
  • Esther Fallet, Tissot 150 ans d'histoire 1853-2003, 2003.
  • « Microtechniques et mutations horlogères », cahier de l'institut neuchâtelois, no 28, sous la Dir. de Th. Perret, Ed. Gilles Attinger, Hauterive, 2000, 336 p., ill. (ISBN 2-88256-110-5)

Articles connexes

Fonds d'archives

  • Fonds d'archives de la Famille Tissot, Archives communales du Locle, versé le 29.06.2021.

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