Félix Aroux

Félix Aroux, nom de convenance de Guillaume-Félix Aroux, né le à Yébleron[1] et mort en 1875 à Foucart, est un industriel, fabricant innovateur de drap à Elbeuf avant de devenir horticulteur et journaliste positiviste français.

Biographie

Félix Aroux débute dans la draperie à Elbeuf comme commis de fabrique. À 24 ans, il s'installe manufacturier de draperie à Elbeuf, d'abord avec des associés, et depuis 1840 seul propriétaire. Cofondateur, en 1839-1840, de la Société de bienfaisance pour l'emploi des déchets de fabrique, il s'occupe activement du bien-être ouvrières[2].

Il réussit en affaires : en 1844, il est avec 400 ouvriers le 5e grand producent de la ville. En plus de la maison et les ateliers à Elbeuf, il a des propriétés à Caudebec-en-Caux, Montaure, Louviers, Foucart et Paris [3].

Félix Aroux investit dans la création de nouveaux tissus. Il obtient en 1837 un brevet pour un tissu élastique en pure laine à côtes transversales. Ainsi, il est le premier à introduire à Elbeuf le fabricage du drap de côte (sorte de velours côtelé)[4],[5]. En 1844, il introduit une machine à vapeur de faible consommation de charbon[6]. À l'exposition des produits de l'industrie française de 1844, il obtient la médaille d'or pour sa contribution au progrès de l'industrie drapière[7].

En 1846, il fait une expérience avec une trieuse mécanique anglaise. Cette mécanisation du travail cause une émeute à Elbeuf : les ouvriers attaquent en mai l'usine d'Aroux et maltraitent son mécanicien anglais[8],[9],[10].

En 1848, il s'essaye à la politique, mais en réalisant que ses idées ne sont difficilement conciliables avec sa position de patron, il se retire des affaires[11]. Aroux avait des idées socialistes et il « envisageait soit le partage de ses biens entre ses ouvriers, soit la constitution de sa fabrique en coopérative ouvrière de production »[12].

Il est déjà retraité, quand il est poursuivi après le coup d'État du 2 décembre 1851 à cause de ses opinions socialistes. Il est condamné et emprisonné, ensuite gracié en [13].

Il s'occupe ensuite à l'horticulture, ce qui lui vaut un article sur la collection de ses chrysanthèmes[14]. Il développe aussi une nouvelle méthode de semence, ce qu'il fait breveter[15].

En 1867, il devient adepte du Positivisme, courant philosophique du milieu du XIXe siècle, et participe au premier numéro du journal Philosophie positive d'Émile Littré. Sa carrière journalistique est pourtant restée maigre ; quelques textes sur le socialisme et les émeutes d'Elbeuf. Après une longue maladie, il meurt en 1875 à Foucart, où il est enterré[16].

Félix Aroux s'est marié le à Rouen avec Marie-Thérèse Lemarchand[17],[18]. Le couple est resté sans enfant. Un des frères de Félix, Isidore Aroux, était aussi fabricant de draperie à Elbeuf.

Œuvres

  • 1848 : Idée nouvelle sur la question du travail, sa solution ainsi que les moyens d'anéantir les hopitaux et les maisons de bienfaisance, N. Chaix.
  • 1848 : Organisation électorale et de la fraternité, N. Chaix.
  • 1858 : Nouvelle méthode de culture et d'ensemencement des céréales, Rouen, D. Brière.
  • 1858 : Nouvelle méthode de culture du colza, Rouen, D. Brière.
  • 1867 : « Comment on devient positiviste », La Philosophie positive: revue, volume 1, 1867 [lire en ligne].
  • 1870 : Ce que c'est-ce que le socialisme [lire en ligne].
  • 1873 : L'égratonneuse de laine ; l'émeute dont elle a été le prétexte à Elbeuf et ses conséquences, Paris, G. Baillière.
  • 1875 : « Dernières pensées d'un mourant positiviste », La Philosophie positive: revue, volume 15, 1875 p. 449-450.

Notes et références

  1.  ; 1802 est la date sur sa tombe, pourtant Medias19 mentionne pour la naissance 1801 à Contremoulins.
  2. [Bulletin des lois de la République Française, Volume 16, Impr. Nat. des Lois, 1840 p. 436-446].
  3. Alain Becchia, La draperie d'Elbeuf: (des origines à 1870), Publications de l'Université de Rouen, 2000, p. 726
  4. Brevets de 1843 p. 266, 269.
  5. Archives du Commerce, Volume 35, 1845, p. 561.
  6. « Description d'une machine à vapeur d'une force de 30 chevaux, construite en Angleterre par M. Sims, introduite en France par M. Félix Aroux et introduite par lui dans sa manufacture à Elbeuf », Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, volume 47, 1848, p. 306-310. Il s'agit de l'ingénieur anglais James Sims (1795-1862)
  7. Rapport du Jury Central, Volume 1, Exposition des Produits de l'Industrie Française, Jury Central sur les Produits de l'Industrie Française, 1844, p. 81.
  8. François Jarrige, L'émeute contre la trieuse de laine à Elbeuf, in : Au temps des tueuses de bras: les bris de machines à l'aube de l'ère industrielle, 1780-1860, Presses universitaires de Rennes, 2009.
  9. François Jarrige, Le genre des bris de machines : violence et mécanisation à l’aube de l’ère industrielle (Angleterre-France, 1750-1850), in: Clio 38-2013 : Ouvrières, ouvriers, p. 17-40
  10. « Troubles à Elbeuf », L'Illustration, 30 mai 1846, p. 1-2
  11. Alain Becchia, op. cit., p. 736
  12. Le Maitron, notice sur Félix Aroux (faussement orthographié Arioux).
  13. Aroux - Guillaume Félix, sur le site Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851.
  14. M.A. Dufoy, « Sur la collection des chrysanthèmes de M. Félix Aroux », Jardins de France, volume 3, Société nationale d'horticulture de France, 1857, p. 250-251
  15. Félix Aroux, « Improvements in seed drills », English Patents of Inventions, A.D. 1857 no 2094.
  16. « Nécrologie. Mort de M. Félix Aroux », La Philosophie positive: revue, volume 15, 1875, p. 309.
  17. Archives départementales de Seine-Maritime, 3E00999, état civil de Rouen.
  18. Alain Becchia, op. cit., p. 728.

Annexes

Bibliographie

  • Marie-Claire Prudhomme, « Félix Aroux (1802-1875) : un socialiste positiviste », Bulletin de la Société de l'histoire d’Elbeuf, no 35, , p. 36-44.

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