Fève tonka
La fève tonka, fève de tonka ou coumarou est une graine produite par plusieurs espèces d'arbres tropicaux de la famille des Fabaceae des genres Dipteryx et Taralea[1] : principalement Dipteryx odorata, mais aussi, notamment, Dipteryx alata[note 1] et Taralea oppositifolia (ceb)[note 2]. Cette graine, qui se caractérise notamment par sa teneur en coumarine, est contenue dans le noyau du fruit de cet arbre, qui est une gousse drupacée. La fève tonka est originaire des Caraïbes et d'Amérique du Sud. Elle est récoltée depuis le Mexique jusqu'au Brésil, mais on la trouve surtout au Venezuela, en Guyane et au Brésil. Ces graines sont noires et ridées, et mesurent environ 3 cm de long sur 1 cm de large[2].
Pour les articles homonymes, voir Fève (homonymie) et Tonka.
Fève de tonka | |
Graines desséchées, appelées « fèves tonka ». | |
Espèce | Dipteryx odorata, Dipteryx alata, Taralea oppositifolia |
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Origine | Amérique centrale, Amérique du Sud |
La fève tonka a pour synonymes coumarou, coumaron ou coumarine. Ce dernier terme désigne également une des substances principales qui la composent, la coumarine qui signe l'odeur caractéristique du foin fraîchement coupé. On extrait des fèves une huile jaune orangé.
Étymologie
Le mot « tonka » est emprunté à la langue des Galibi, ou à celle des Tupis, peuples amérindiens de Guyane et du Brésil, dans lesquelles elle désigne l'arbre lui-même[3]. Un autre nom désignant cet arbre chez les Tupis, « kumarú », est à l'origine de « Coumarouna », ancien nom du genre Dipteryx, et de « coumarou » ou « coumaron », autres noms vernaculaires de la fève tonka. Ce terme est également à l'origine de « coumarine », nom donnée à la substance isolée pour la première fois de ces graines en 1820[3],[1].
Production
Les fruits, arrivés à maturité en hiver, tombent naturellement au sol, et sont récoltés au printemps suivant (de mai à juin). Ils sont ensuite décortiqués pour en extraire les graines qui sont mises à sécher à l'ombre. On les fait ensuite macérer dans de l'alcool pendant une demi-journée à une journée[1]. Après dessiccation, les graines devenues presque noires se couvrent de cristaux blancs et brillants. On en extrait ensuite la coumarine destinée à la parfumerie par traitement à l'alcool[4].
Un arbre adulte produit environ 15 kg de graines par an[1].
Utilisation
La fève tonka est utilisée dans l'alimentation (en infusion ou dans les madeleines, par exemple), la parfumerie, la cosmétique et même dans certains produits amincissants.
Parfumerie
La fève tonka intervient dans la composition de certains parfums, par exemple l'eau de parfum « Tonka Impériale »[5] ou « Insolence » de Guerlain, ou « Pour un homme » de Caron[6].
Alimentation
La fève tonka sert principalement à accommoder les plats et desserts.
Aux États-Unis, l'utilisation dans les aliments de la coumarine, soit en tant que telle, soit sous forme de fèves tonka ou d'extraits de ces graines, est interdite par la Food and Drug Administration en vertu d'une décision prise en 1954[7].
Autrefois, on en ajoutait au tabac à priser pour son odeur forte et caractéristique, proche de la cannelle, que certains qualifient de vanille et de foin coupé, d'autres de cousine du musc. Cette utilisation dans le tabac en France est désormais interdite.
Les Autochtones d'Amazonie la considèrent comme un porte-bonheur[8].
Toxicité
La coumarine contenue dans les fèves tonka est toxique et peut provoquer, à fortes doses ou si elle est appliquée régulièrement pendant un certain temps, des lésions hépatiques graves, bien que réversibles. La dose toxique est d'environ 1 g mais varie sensiblement selon les personnes. Cette substance s'est avérée cancérigène chez les rongeurs. Certains dérivés de la coumarine, notamment produits sous l'action de certaines moisissures, agissent comme des antagonistes puissants de la vitamine K, empêchant la coagulation du sang ; ils peuvent être utilisés comme rodenticides et comme anticoagulants médicamenteux[3].
L'absolue de fève tonka utilisée en parfumerie peut présenter un risque d’allergie chez certaines personnes à cause de la coumarine qu'elle contient. Elle peut aussi être photosensibilisante[12].
Notes et références
Notes
- Dipteryx alata, synonyme : Dipteryx pteropus
- Le Taralea oppositifolia, synonyme Dipteryx oppositifolia, fut décrit pour la première fois par le botaniste français Jean Baptiste Christophe Fusée-Aublet (1723-1778)
Références
- Clémence Decolin, « Fève Tonka et coumarine : de la fève aux cristaux », sur Osmothèque, (consulté le ).
- Marmiton-aufeminin, « Fève tonka », sur marmiton.org (consulté le ).
- (en) Gernot Katzer, « Tonka Beans (Dipteryx odorata) », sur Gernot Katzer’s Spice Pages (consulté le ).
- Émile Perrot, Matières premières usuelles du règne végétal: thérapeutique - hygiène - industrie, Masson, , 2343 p., p. 1561-1562.
- « Tonka Impériale - eau de parfum - L'envoûtement de sa majesté la fève tonka », sur Guerlain - France (consulté le ).
- « Parfum Fève tonka, Fève tonka en parfumerie », sur Olfastory : l’encyclopédie des parfums pour tout connaître sur les parfums (consulté le ).
- (en) « § 189.130 Coumarin », sur Code of Federal Regulations - Title 21 - Food and Drugs, (consulté le ).
- (en) « Tonka beans », sur Flick on Food, flickonfood (consulté le ).
- (en) Zaria Gorvett, « The delicious flavour with a toxic secret », sur BBC Future (consulté le ).
- « Fève tonka (ou coumarou) (épices, huiles et condiments) », sur L'Académie du goût (consulté le ).
- « Fève tonka ... merveille culinaire ou poison ? », sur Cook and Dôme, (consulté le )
- « Fève tonka (Dipteryx odorata) absolue », sur Aliksir (consulté le ).
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