Expédition antarctique australasienne

L'expédition antarctique australasienne (en anglais : Australasian Antarctic Expedition), dit expédition Aurora ou expédition Mawson[1], est une expédition australasienne — principalement australienne — en Antarctique. Elle fut menée entre 1911 et 1914 par Douglas Mawson dans le cadre de l'exploration et de la cartographie d'une partie quasiment inexplorée de la côte de l'Antarctique située au sud de l'Australie, entre le cap Adare et le mont Gauss[2].

Pour les articles homonymes, voir Aurora.

Ne doit pas être confondu avec Opération Aurora.

Carte de l'expédition antarctique australasienne (1911-1914).

Contexte

Douglas Mawson, responsable de l'expédition.

Mawson choisi de monter sa propre expédition malgré la proposition de Robert Falcon Scott alors en train de préparer l'expédition Terra Nova[3]. Scott avait été impressionné de sa participation à l'expédition Nimrod d'Ernest Shackleton mais Scott ne pouvait inclure les objectifs de l'Australien dans les siens[2].

Mawson exposa ses plans lors d'un voyage en Europe en février 1910[2].

Préparations

Financement

L'Australian Association for the Advancement of Science, la Royal Geographical Society et les gouvernements des pays du Commonwealth apportèrent une contribution financière à l'expédition et une souscription publique fut organisée[2].

Les hommes et le navire

Les hommes choisis par Mawson furent essentiellement sélectionnés dans des universités australiennes et néo-zélandaises[2]. Parmi les membres de l'expédition se trouvent Mawson, le photographe Frank Hurley, le responsable de la base ouest Frank Wild, le géologue Charles Hoadley, le capitaine du navire Aurora John King Davis, le météorologue Cecil Madigan, Xavier Mertz et Belgrave Edward Sutton Ninnis.

L’Aurora fut le navire de l'expédition.

L'expédition

Départ et lieu d'arrivée

L’Aurora quitta Hobart le [4]. Après l'entrée dans le pack, après avoir longé la côte proche de la terre Adélie, le navire mouilla au cap Denison[4] dans la baie du Commonwealth.

Camp de base

Mawson's Huts, le camp de base de l'expédition.

Un groupe de dix-huit hommes[4] monta la base principale sur place, la Mawson's Huts, sans se douter que le blizzard rend particulièrement la vie difficile dans cette zone. En effet, le blizzard y souffle 285 jours par an[4].

Le navire continua vers l'ouest le long de la côte pour établir une base secondaire la banquise de Shackleton. Ce deuxième groupe de huit hommes dirigé par Frank Wild cartographiera 250 miles de côtes, découvrant notamment un lieu de reproduction de manchots à l'instar du cap Crozier près de l'île Haswell[4]. Une autre petite base fut établie sur l'île Macquarie.

Le drame

Le trajet aller du « groupe de l'est lointain » du camp de base principal du cap Denison dans le nord-ouest, à travers les glaciers Mertz et Ninnis, puis le trajet retour.
  • Mawson, Mertz et Ninnis (10 novembre – 14 décembre 1912)
  • Mawson et Mertz (14 décembre 1912 – 8 janvier 1913)
  • Mawson (8 janvier – 8 février 1913)

Au cours d'un parcours en traîneau, le traîneau tiré par Ninnis tomba dans une crevasse. L'explorateur, six chiens et le traîneau contenant la plupart de la nourriture fut perdu. Les survivants, Mawson et Mertz ont commencé un voyage de retour, au cours duquel ils mangeaient les autres chiens pour se nourrir. Mertz devenu délirant à cause du scorbut et finalement mort pendant le retour, laissa Mawson seul survivant. Hypothermie, quasi-famine et épuisement constituent les raisons les plus probables de la mort de Mertz. Des chercheurs ont envisagé, bien plus tard, un surdosage toxique en vitamine A provenant du foie des husky. Mawson est rentré à la base, malade également, avec quelques échantillons géologiques, mais avec une réserve alimentaire minime pour faire les venteux 160 km jusqu'à la Mawson's Huts. Selon Edmund Hillary, ce dernier voyage est le plus impressionnant des voyages en solitaire en Antarctique[5].

Géologie

Comme le commandant de l'expédition, Douglas Mawson, est lui-même géologue, l'examen des formations rocheuses accessibles  non recouvertes de glace  de la terre de Wilkes est un élément clé de l'expédition.

L'expédition est connue pour avoir réalisé la première découverte d'une météorite, une chondrite, à 30 kilomètres à l'ouest du cap Denison. Au cours du siècle suivant, de nombreuses météorites ont été découvertes en Antarctique.

Météorologie

L'emplacement choisi par Mawson pour le camp de base principal, au cap Denison, s'est avéré être l'un des endroits sur Terre avec les vents les plus forts et avec une morphologie locale favorisant la génération de conditions de vent catabatique quasi-continu.

Communications

L'Aurora transporte un engin de communications sans fil de la compagnie Marconi et un autre est installé au cape Denison, mais en raison de la nature compétitive de l'exploration de l'Antarctique, les transmissions sont volontairement limitées. L'équipement utilisé est un émetteur à étincelles Telefunken de 1,5 kW et une antenne en T.

Les conditions atmosphériques associées à l'aurore polaire interférent à maintes reprises avec les transmissions radio, mais les équipes de l'expédition peuvent généralement recevoir des nouvelles du monde extérieur raisonnablement régulièrement via la station relais de l'île Macquarie.

L'avion de l'expédition

Le « traîneau à traction aérienne » en 1912 sur une photographie de Frank Hurley.

L'expédition apporte avec elle un avion monoplace qui est le premier fabriqué par la firme Vickers[6]. C'est encore le début de l'aviation et l'appareil est l'un des premiers à voler dans le monde[6]. Prévoyant d'effectuer le premier vol au-dessus de l'Antarctique[6], l'avion est malheureusement abîmé avant son arrivée sur le continent lors d'un vol d'essai en Australie[6]. L'avion équipé de skis est toutefois emmené, sans ailes, afin de tracter grâce à son moteur de lourdes charges[6]. Néanmoins, le résultat du « tracteur des neiges » est décevant car le moteur souffrait des basses températures[6]. L'appareil avait donc été abandonné au cap Denison[6].

Une expédition australienne de la Mawson's Huts Foundation partit sur les traces de Mawson en 2009 et 2010, a retrouvé la carcasse de l'avion grâce à des appareils à résonance magnétique nucléaire et à un coup de chance[6]. L'appareil, encore visible en 1975[6], était pris dans les glaces et la marée basse du jour de l'an, a permis de découvrir partiellement l'avion[6]. Des pièces de l'avion seront ramenées en Australie[6], probablement pour être exposées.

Postérité

Le blizzard du cap Denison est très puissant.

Fin 2013 début 2014, le MV Akademik Chokalski réalise une expédition-croisière organisée par le climatologue Chris Turney de l'université de Nouvelle-Galles du Sud sur les traces de l'expédition Aurora[7]. Le brise-glace se retrouve bloqué dans les glaces de la baie du Commonwealth une dizaine de jours avec 52 passagers à son bord[7]. Plusieurs autres navires brise-glace sont déroutés pour l'aider[7].

Bibliographie

  • (en) Douglas Mawson, The Home of the Blizzard, the Story of the Australasian Antarctic Expedition, 1911-1914
  • (en) Lennard Bickel, Mawson's Will: The Greatest Polar Survival Story Ever Written, Hanover, Steerforth press, coll. « Biography / Antarctic history », , 272 p. (ISBN 978-1-58642-000-0)
  • (en) Carmen Bredeson, After the Last Dog Died: The True-Life, Hair-Raising Adventure of Douglas Mawson and His 1912-1914 Antarctic Expedition, National Geographic Society, , 64 p. (ISBN 978-0792261407)
  • (en) Charles Francis Laseron, South with Mawson : reminiscences of the Australasian Antarctic Expedition, 1911–1914, Sydney, Australasian Publishing Co., .
  • Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pôles, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard », (réimpr. 2006), 224 p. (ISBN 9782070763320)

Notes et références

  1. Bertrand Imbert, Le grand défi des pôles, Découverte Gallimard, , p. 96.
  2. (en) Biographie de Douglas Mawson, south-pole.com
  3. (en) Douglas Mawson - 1882-1958, coolantarctica.com
  4. (Bertrand Imbert et Claude Lorius, Le grand défi des pôles, p. 96)
  5. Lennard Bickel, Mawson's Will: The Greatest Polar Survival Story Ever Written, p. Couverture et préface
  6. « Et la Lune bleue mit à mal la cryonie de l'avion centenaire », Le Monde, (consulté le )
  7. Stéphane Foucart, « Colère des scientifiques contre la croisière piégée dans l'Antarctique », Le Monde, (consulté le )
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