Terre Adélie

La terre Adélie est une région de l'Antarctique découverte en 1840 par l'explorateur français Jules Dumont d'Urville. L'aire d'environ 432 000 km2 située entre 136° et 142° de longitude est et entre 90° (pôle Sud) et 67° de latitude sud est, sous le nom de Terre-Adélie, un territoire revendiqué par la France comme étant l'un des cinq districts des Terres australes et antarctiques françaises, bien que cette revendication ne soit pas universellement reconnue[1]. Le territoire abrite la base scientifique française Dumont-d'Urville, sur l'île des Pétrels, rattachée au fuseau horaire UTC+10:00.

Cet article possède un paronyme, voir Terre adélice.

District de la Terre-Adélie

Drapeau

Situation de la Terre-Adélie sur le continent.
La revendication est suspendue par le traité sur l'Antarctique
Administration
Statut District administratif des Terres australes et antarctiques françaises[Note 1]
Chef-lieu Dumont-d'Urville
Démographie
Population 38 hab.
Densité hab./km2
Géographie
Superficie 432 000 km2
Limites 136° et 142° de longitude est
90° et 67° de latitude sud

    Géographie

    Localisation

    Le district de la Terre-Adélie est situé sur le continent antarctique où il forme un secteur de six degrés angulaires d'inlandsis (432 000 km2), compris entre les 136e et 142e méridiens est. Il a pour sommet le pôle Sud géographique et pour base un peu plus de 270 kilomètres de côtes baignées par la mer Dumont-d'Urville, sur le cercle polaire antarctique.

    Pôle Sud magnétique

    Le pôle Sud magnétique, dont la position varie avec le temps, se déplace au large du cercle polaire. En 2008, il était en face de la terre Adélie 65° 00′ S, 138° 00′ E . Le premier calcul de l'inclinaison magnétique permettant ainsi de localiser ce pôle Sud magnétique avait été fait le par Clément Adrien Vincendon-Dumoulin, hydrographe de l'expédition Dumont d'Urville.

    Climat

    Le climat polaire est caractérisé par de très basses températures et des vents violents souvent chargés de particules de glace, les blizzards. Les températures à Dumont d'Urville, au niveau de la mer, sont en moyenne de −1 à 7 °C pendant l'été (janvier, février) et de −15 à −20 °C pendant l'hiver austral (juillet, août).

    Écosystème

    L'Antarctique est la seule grande région froide du globe qui soit de nos jours dans un état voisin de son état d’origine, contrairement à l'Arctique. En signant la Convention de Rio en 1992, la France s’est engagée à « préserver la diversité biologique pour satisfaire les besoins et les aspirations des générations futures » en prenant toutes les mesures nécessaires, dans le cadre national. En matière de protection de l'environnement, elle a surtout ratifié le protocole au « traité sur l'Antarctique relatif à la protection de l'environnement en Antarctique » (dit protocole de Madrid). Signé en 1991 à Madrid, et entré en vigueur en 1998, ce protocole définit notamment des zones spécialement protégées. La loi du relative à la protection de l’environnement en Antarctique met en œuvre le protocole de Madrid. Elle a été précisée par un décret du . Toute activité française en Antarctique et toute activité menée en terre Adélie doivent faire l'objet d'une procédure de déclaration ou d'autorisation, en fonction de leur impact sur l'environnement.

    Aucun mammifère terrestre n'habite ces régions glacées, mais les oiseaux, dont les manchots en particulier y sont abondants. Deux espèces sont particulièrement bien représentées : le Manchot empereur et le Manchot Adélie.

    Quelques représentants de la faune aviaire en terre Adélie :

    et de celle des mammifères marins :

    Histoire

    Découverte

    Le commandant de l'expédition antarctique française, Jules Dumont d'Urville, découvrit cette région en 1840 dont il reconnut 150 milles de côte[2],[3].

    Après avoir aperçu la côte le [4] à 22 h 50[5], les membres de l'expédition embarquèrent sur deux canots de l’Astrolabe et de la Zélée et mirent pied, le à 17 h 30, sur le « Rocher du Débarquement »[6],[7], le plus élevé et le plus nord-occidental parmi le groupe d'îlots des îles Dumoulin ainsi nommées par Dumont d'Urville en l'honneur de l'hydrographe de l'expédition Vincendon-Dumoulin[8],[9], situées au nord-est de l'archipel de Pointe Géologie[10], à environ km du continent près du cap Géodésie. Ils y prélevèrent des échantillons de roche, d'algues et d'animaux et en prirent possession en plantant le drapeau français (66° 36′ 19″ S, 140° 04′ 00″ E )[11],[12]. Dumont d’Urville annonça à son équipage que cette terre porterait désormais le nom de « terre Adélie », en hommage à son épouse Adèle. Le , ils croisèrent la route de l'expédition américaine de Charles Wilkes, qui le avait aperçu vers l'ouest une « île de glace » située à plus de 175 km de la côte (à l'est de 66° 22′ S, 153° 40′ E ), puis, en voguant plus à l'ouest, la côte elle-même le (67° 04′ 37″ S, 147° 42′ 00″ E ), soit cinq jours après que Dumont d'Urville l'ait aperçue 9 degrés de longitude (environ 400 km) plus à l'ouest, puis y ait débarqué ; néanmoins les États-Unis ne reconnaissent pas la revendication française sur la Terre-Adélie.

    Des premiers hivernages aux stations permanentes

    Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs pays dont la France envisagèrent de créer sur ce continent des stations pour mieux asseoir leurs revendications territoriales. Les Expéditions polaires françaises - Missions Paul-Émile Victor (E.P.F.), créées en 1947, organisèrent trois hivernages successifs et deux campagnes d'été entre 1948 et 1953.

    Une première station, Port-Martin fut créée en 1949-1950, mais à la suite d'un incendie, elle fut par la suite transférée plus à l'ouest, sur l'île des Pétrels de l'archipel de Pointe-Géologie. La nouvelle station, baptisée base antarctique Dumont-d'Urville, est toujours en fonction et accueille une trentaine de personnes, effectif qui double pendant l'été. Cette base aurait dû être desservie par un aérodrome, construit par nivellement des îles Cuvier, l'île du Lion, les îlots Pollux et Zeus, et les îles Buffon, mais la piste est abandonnée en 1994.

    Depuis 1959, année de la signature du traité sur l'Antarctique, il y a une occupation permanente des lieux. De nombreuses études scientifiques sont réalisées en terre Adélie, soit au niveau national, soit dans le cadre de collaborations internationales (avec la Russie et les États-Unis en particulier).

    De plus la base Dumont-d’Urville est reliée par convoi d'engins chenillés à la base antarctique Concordia implantée sur le plateau continental, à proximité du secteur de la Terre-Adélie, et créée en collaboration avec l'Italie pour des études astronomiques (l'implantation de télescopes et radiotélescopes), géophysiques et climatologiques (notamment celle de la magnétosphère, étude de la haute atmosphère, du réchauffement climatique, et de la couche d'ozone), ou physique fondamentale (captage de particules de haute énergie).

    Souveraineté française

    Contexte de la souveraineté

    Extrait du The American Museum journal.

    En Antarctique, la souveraineté française sur la Terre-Adélie s'exerce dans le contexte du traité sur l'Antarctique signé à Washington en 1959 qui établit un « gel » des prétentions territoriales et affirme la liberté de la recherche scientifique sur tout le continent. Elle doit donc être compatible avec les exigences du traité qui a été complété en 1991 par le protocole de Madrid sur la protection de l'environnement et qui fait de ce continent « une réserve naturelle consacrée à la paix et à la science ». La France s'intègre dans ce système international en étant à la fois :

    • signataire dès l'origine du traité sur l'Antarctique, avec onze autres États ; reconnue par ce traité comme un État « possessionné » en raison de la revendication de la Terre-Adélie (il y a six autres États possessionnés qui sont l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, l'Argentine, le Royaume-Uni et la Norvège) ;
    • partie consultative : vingt-huit États sont parties consultatives, à ce titre ils bénéficient d'un droit de vote lors des réunions des parties consultatives. Ce groupe comprend les signataires du traité (dont les États possessionnés) et les États qui ont acquis ce statut en démontrant l'intérêt qu'ils portent à l'Antarctique en y menant des activités substantielles de recherche scientifique telles que l'établissement d'une station ou l'envoi d'une expédition (article 9 du traité sur l'Antarctique).

    Les États-Unis[13] et la Russie ne reconnaissent aucune souveraineté d'un autre État en Antarctique.

    Zones maritimes sous juridiction française

    La France n'a pas explicitement revendiqué de zone économique exclusive au titre de la Terre-Adélie ; toutefois, elle réserve ses droits quant à l'éventuelle revendication d'un plateau continental étendu (qui lui permettrait de prétendre à des droits souverains sur l'exploitation des ressources potentielles du sous-sol, comme les hydrocarbures).

    Administration

    La Terre-Adélie fait partie des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) dont elle est un district[14]. Les TAAF sont placées sous l'autorité de l'administrateur supérieur qui exerce les fonctions de chef du territoire[15]. Il est à noter que ce dernier jouit du rang de préfet.

    Un chef de district est le représentant de l’administrateur supérieur[16]. Un des rôles des chefs de district dans les TAAF est de diriger les bases australes et antarctique. Sur la Terre-Adélie ce rôle est surtout focalisé autour de la base Dumont d’Urville[17].

    De plus, la Terre-Adélie, comme les autres territoires d’outre-mer, est associée à l’Union européenne, en tant que PTOM (pays et territoires d’outre-mer)[18].

    Enfin le budget du district est lié au budget général des TAAF qui représente actuellement 26 millions d'euros[18].

    Notes et références

    Notes

    1. Les îles Éparses formaient un territoire distinct avant leur intégration dans les TAAF en .

    Références

    1. « Code des collectivités d'outre-mer (COM) », Insee (consulté le ).
    2. Carte des explorations effectuées par les corvettes l’Astrolabe et la Zélée dans les régions circum-polaires, 1841, site du secrétariat du traité de l'Antarctique, documents, sites historiques et monuments, planche du Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie sur les corvettes l’Astrolabe et la Zélée, agrandir pour trouver la position no 38 des vaisseaux avant le débarquement, à plus de 7 milles nautiques au sud (environ 14 km), près de la langue du glacier de l'Astrolabe appelé « Pointe Géologie » sur la carte.
    3. Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie sur les corvettes l'Astrolabe et la Zélée, exécuté par ordre du Roi pendant les années 1837-1838-1839-1840 sous le commandement de M. J. Dumont-d'Urville, capitaine de vaisseau, Paris, Gide éditeur, 1842-1846, tome 8, p. 148-152, site Gallica : « Le canot de l'Astrolabe avait déjà pris beaucoup d'avance (...) et au bout de deux heures et demie, nous atteignîmes le plus rapproché des îlots aperçus. (...) en si peu de temps, une distance de plus de 7 milles. (...) Il était près de neuf heures lorsque, à notre grande joie, nous prîmes terre sur la partie ouest de l’îlot le plus occidental et le plus élevé ». On notera que dans sa relation de voyage Dumont d'Urville, ayant oublié de rajouter un jour en passant le méridien 180° par l'est, antidate d'un jour les évènements qui suivirent, ce qui inspira peut être Jules Verne dans son Tour du monde en quatre-vingts jours.
    4. Proposition de classement du rocher du débarquement dans le cadre des sites et monuments historiques, Réunion consultative du traité de l'Antarctique, 2006, note 4, qui mentionne l'erreur de date commise par Dumont d'Urville.
    5. Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie sur les corvettes l'Astrolabe et la Zélée, exécuté par ordre du Roi pendant les années 1837-1838-1839-1840 sous le commandement de M. J. Dumont-d'Urville, capitaine de vaisseau, Paris, Gide éditeur, 1842-1846, tome 8, p. 138, site Gallica.
    6. Photographie du rocher du Débarquement, site du secrétariat du traité de l'Antarctique, Documents, Sites Historiques et Monuments.
    7. Proposition de classement du rocher du Débarquement dans le cadre des sites et monuments historiques, site du secrétariat du traité de l'Antarctique, Documents, Sites Historiques et Monuments, p. 2.
    8. Carte des îles Dumoulin par Dubouzet en 1840, site du secrétariat du traité de l'Antarctique, Documents, Sites Historiques et Monuments.
    9. Carte des îles Dumoulin et du « rocher du Débarquement » dans le Pilote de Terre Adélie, site du secrétariat du traité de l'Antarctique, Documents, Sites Historiques et Monuments.
    10. Carte IGN de l'archipel de Pointe Géologie, site du secrétariat du traité de l'Antarctique, Documents, Sites Historiques et Monuments.
    11. Planches 168 à 171 du Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie sur les corvettes l'Astrolabe et la Zélée, site LINK Tasmania, Adelie Coast (Antarctica) - Pictorial works.
    12. Prise de possession de la terre Adélie, site du secrétariat du traité de l'Antarctique, Documents, Sites Historiques et Monuments, planche 171 du Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie sur les corvettes l'Astrolabe et la Zélée, vue de l'ouest.
    13. (en)U.S. Department of State, Bureau of Arms Control, Verification, and Compliance, "Antarctic Region"
    14. District de Terre-Adélie sur le site officiel des Terres australes et antarctiques françaises.
    15. Préfet administrateur sur le site des Terres australes et antarctiques françaises.
    16. Blog de la Terre-Adélie.
    17. Le chef de district sur le site des TAAF.
    18. Présentation générale des TAAF.

    Annexes

    Articles connexes

    Liens externes

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