Eugène Primard

Eugène Primard né à Paris le et décédé le à Arpajon est une personnalité de la mouvance catholique personnaliste de l’entre-deux-guerres.

Eugène Primard aurait été diplômé du seul certificat d’études quand il fut mobilisé pour la guerre en 1914. A sa sortie de l’école des EOR, il fut envoyé en mission aux Etats-Unis. Après la guerre, il passe son baccalauréat, et fait des études de droit qui lui permettent de devenir avocat à la cour d’appel de Paris, mais il ne plaide pas. Il prépare l’Inspection des finances, mais n’exerce pas [1]. Il aurait été administrateur de sociétés [2] tout en fréquentant certains cercles catholiques proches de Jean Plaquevent.

En 1924, Eugène Primard créa dans le XIe arrondissement un « Centre d’action sociale », sorte de lieu d’écoute qu’il dupliqua dans d’autres arrondissements, et quelques années plus tard, les animateurs de ces Centres d’action sociales se regroupèrent dans la « Société de Saint-Louis ». Ils s’appelaient entre eux « les gens de Saint-Louis »[1].

Les Gens de Saint-Louis visaient un idéal de vie chrétienne placé assez haut « à la recherche de la perfection chrétienne dans le mariage ». Un projet de règle imposait aux chevaliers et dames de Saint Louis de consacrer « leur vie par une recherche solennelle à la recherche de la perfection chrétienne dans le mariage ». Les prétendants doivent avoir reçu les sacrements de l’Église, être de nationalité française et avoir satisfait à un examen écrit concernant le dogme, la morale la liturgie, la spiritualité, l’histoire de l’Église et de la France et les bases de l’économie sociale. Une période de sept années de probation est prévue avant une promesse solennelle devant l’évêque [3]. A propos de la Société de Saint Louis, Plaquevent écrira en 1928 [3] :

« Si Primard se livre à la Grâce assez pour devenir un saint, il peut, avec la Société de Saint Louis sauver la France politiquement, moralement, socialement »

Eugène Primard laissa peu d’écrits si ce n’est dans le bulletin confidentiel qu’il avait réé ‘’Où va la France ?’’. On retrouve néanmoins quelques idées force de sa pensée dans la préface qu’il écrivit en 1934 pour l’essai d’Étienne Gilson Pour un ordre catholique. En voici quelques extraits :

« Combien sommes-nous ? Nous n’en savons rien. Déjà un certain nombre, et qui, à en juger par tant de lettres échangées, d’entretiens, de rencontres en ces dernières années, va chaque jour croissant. Mais qu’importe le nombre. Nous existons, et notre seule volonté de vivre notre foi nous unit d’un élan commun… »

« ...Déplorer indéfiniment ce qui est, proclamer indéfiniment ce qui devrait être, sont également insuffisants. Il faut se demander ce qui peut être réalisé aujourd'hui même et se mettre à l’œuvre »

Lorsque la Grande Dépression déferla sur la France à partir de 1931, beaucoup d’industriels qui finançaient les «Centres d’action sociale » se retirèrent de cette œuvre qui tourna court. C’est alors que naquit l’idée de se regrouper autour d’un projet en dehors du désordre capitaliste, idée qui se concrétisa dans ce qui devint le département de l’Essonne. Une exploitation agricole tombée en friches fut achetée au Rotoir, commune de Boissy-le-Sec et Eugène loua également une grande propriété aux Ronces à Saint-Sulpice-de-Favières pour en faire une maison d’accueil.

En plus de l’exploitation agricole, un certain nombre d’entreprises furent créées à Saint Sulpice ou au Rotoir ; une blanchisserie, un atelier de moulage, une biscuiterie, une entreprise de gainage, une entreprise de bâtiment . Dans la petite communauté, tous ont un salaire égal. Pour Eugène Primard, un patron doit avoir le même salaire qye ses ouvriers.[4]

Parmi les personnalités ayant fréquenté les Ronces ou le Rotoir, on compte tout d’abord Paul Flamand, Henri Sjöberg et Jean Bardet qui se sont rencontrés aux Ronces avant de fonder les Éditions du Seuil en 1935[3].

Alexandre Marc qui participa à la fondation de la revue Esprit en 1932 séjourna au Rotoir quelques années avec son épouse.[5]

Jean Bauchau, frère de l’écrivain belge Henry Bauchau qui avait participé au mouvement des communautés chrétiennes initié par Jacques et Raïssa Maritain rejoint la communauté dès 1934. Il y rencontre sa future épouse et le gapençais Marcel Arnaud qui s’établira ultérieurement dans le Diois.[6],[7]

Le physicien et pédagogue Georges Zadounaïssky fréquentera également le Rotoir, mais plus tard, dans les années 1950 [4]

En 1930, Eugène Primard avait épousé une jeune employée de banque de 24 ans prénommée Marguerite. Ils eurent 9 enfants entre 1930 et 1944. « Dans notre famille, aucun des neuf enfants n’est allé à l’école … une douzaine de grands, disponibles en partie, convaincus, confiants, osaient partager une partie de leur vie avec une quinzaine de petits, passant de l’éveil aux jeux, de l’étude aux découvertes, de l’apprentissage aux travaux manuels... » écrira le dernier enfant Étienne [1]. A la fin des années 1930, Eugène avait organisé au Rotoir une vie quasi monacale, rythmée par la prière : chaque matin, une messe était célébrée dans la petite chapelle. A midi, une prière commune rassemblait à nouveau la communauté, alors que la prière du soir se partageait en famille[4].

Notes et références

  1. Étienne Primard, Penser et vivre autrement, tous les chemins mènent à l’homme, L’Harmattan, 2021
  2. La communauté du Rotoir et la « sobriété heureuse », La Croix, 14/10/2009
  3. Hervé Serry, Aux origines des Editions du Seuil, Editions du Seuil, 2015
  4. Marie-France Roger, ‘’Solidarités nouvelles pour le logement’’, L’Harmattan, 2011
  5. Christian Roy, ‘’Humaniser l’entreprise d’après Alexandre Marc à la fin des années 1930 : Convergences avec l’antiproductivisme contemporain dans L’Europe en formation’’ n°355, 2010/1
  6. Jean-Pierre Pellegrin, ‘’Jean Bauchau : un paysan par vocation, sur le dite Mémoires du Champsaur
  7. Marthe Arnaud, ‘’De mémoire et d’amour’’, Paradigmes, 2000,sur le site des Clionautes
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