Escroquerie
L’escroquerie est le fait, soit par l'usage d'un faux nom ou d'une fausse qualité, soit par l'abus d'une qualité vraie, soit par l'emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d'un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge.
Certains types d'escroquerie relèvent de la criminalité financière ou « en col blanc ». En France, l'escroquerie est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 375 000 € d'amende[1]. En Chine, l'escroquerie peut être passible de la peine de mort[2].
Techniques
Cavalerie
Une cavalerie est une escroquerie basée sur la collecte de nouveaux fonds et pour effectuer les remboursements des anciens fonds visant à donner confiance. Une vitrine fictive sert à expliquer les gains auprès des bailleurs de fonds.
L'exemple canonique est basé sur une fausse entreprise qui ouvre des comptes dans deux banques. Un premier emprunt est fait dans la première banque, l'argent sert à justifier auprès de la seconde banque la possibilité de faire un nouvel emprunt (plus gros), qui sert à payer le premier emprunt, etc. Le système s'écroule lorsque l'escroc n'obtient pas le n-ième prêt : il sait alors qu'il ne pourra pas rembourser le ou les prêts précédents qui lui restent et il est temps de clore l'escroquerie.
Une autre forme de cavalerie est basée sur les dates de valeur : une entreprise A demande à une entreprise B de lui faire un chèque d'un montant de cent, et lui fait également un chèque du même montant. Au jour d'encaissement de son chèque, l'entreprise A voit son compte crédité de cent. À cause des dates de valeur, le débit réel sur le compte de B ne sera fait que quelques jours après. De ce fait, de la « monnaie de singe » est créée (et créditée) sur les comptes de A et de B, qui devrait s'évaporer quelques jours plus tard, au moment du débit des comptes. Juste avant le jour du débit, l'entreprise A (qui a utilisé ou volé les cent crédités) fait appel à une autre entreprise C pour faire la même chose, mais avec un montant supérieur, puisqu'il faudra couvrir le chèque de cent fait à B. Ce jeu continue, jusqu'à ce que l'entreprise A ne trouve plus de complice acceptant la manigance. Le système s'effondre alors. Ce système peut même être amplifié avec les effets de commerce, payable qu'après 30, 60 ou même 90 jours.
En crédit à la consommation, on parle de cavalerie lorsqu'un client prend un crédit à la consommation pour en rembourser un autre qu'il n'arrive plus à rembourser. En général, le nouveau crédit pris est plus cher que le premier, puisque plus facile à contracter (exemple : crédit revolving). Le client entre alors dans une spirale négative : le second crédit n'est pas mieux remboursé que le premier, et le client est alors tenté de poursuivre la cavalerie, en trouvant un nouveau crédit à la consommation pour éponger le second. Ce procédé peut entraîner la banqueroute du client (voir faillite civile).
Prisonnière espagnole
La prisonnière espagnole est un type d'escroquerie qui remonte à l'Espagne du XVIe siècle[réf. nécessaire]. Un seigneur recevait un message du type « Une princesse espagnole très riche et très belle est détenue par les Turcs, envoyez telle somme d'argent pour la libérer et elle viendra vous épouser ».
Remaniée, la technique est appliquée au XIXe siècle sous le nom de lettre de Jérusalem, puis renouvelée au XXIe siècle, où elle se retrouve notamment dans les courriels et les SMS (Fraude 4-1-9).
Si les variantes sont très nombreuses, le concept de cette escroquerie est toujours de faire croire à la victime qu'elle recevra une énorme récompense à condition qu'elle accepte d'avancer une certaine somme d'argent. Un élément romantique y est ajouté afin de diminuer la vigilance de la victime.
La Prisonnière espagnole (1996) est un film qui s'inspire de cette escroquerie.
Cette technique est utilisée de façon très habile sur des sites de rencontre gratuits, dans le but de soutirer une somme coquette d'argent en un temps convenable. L'escroc, qui se fait passer pour une jeune et jolie femme envoie un message où il donne une adresse e-mail privée. La victime, un homme lui répond et une correspondance privée s'engage. Au début la femme raconte sa vie, donne des éléments de sa vie, et raconte ses déceptions, et l'envie qu'elle a de rencontrer quelqu'un de bien. Elle envoie également quelques photos. L'homme victime répond et rentre alors dans une correspondance suivie. Il ne se doute de rien, parce que les mails sont très plausibles et l'escroc s'arrange parfois pour y mettre quelques réponses à des questions posées. Progressivement, la femme semble tomber amoureuse, et expose des idées de mariage, disant à l'homme que celui-ci est l'homme de sa vie, elle veut absolument le rencontrer. Elle a l'impression qu'ils sont faits l'un pour l'autre.
L'homme y croit, et arrive le moment de la rencontre. Mais au dernier moment, un problème énorme se présente, et la femme demande de l'argent pour résoudre le problème. L'homme célibataire, déjà presque amoureux à distance, et voulant absolument rencontrer la personne, hésite, puis finit par envoyer de l'argent. Une fois l'argent envoyé, plus aucune nouvelle. L'escroc a réussi son coup.
Une variante de la précédente escroquerie consiste à faire croire au « pigeon » qu'une jeune et belle femme russe est traquée par la mafia qui l'a enlevée et battue (la femme porte des traces de violence physique) dans le but de la prostituer ; de surcroît les « proxénètes » menacent la famille de la jeune femme restée au pays de représailles sanglantes en cas d'indocilité de celle-ci. Pour plus de crédibilité de l'histoire, l'homme victime de l'escroquerie sera en contact physique avec les mafieux, qui le menaceront et le mettront à l'amende pour qu'il puisse « racheter la liberté » de la jeune femme (le « pigeon » ne doutera pas de l'existence des mafieux). La menace pesant sur la famille de la jeune femme le dissuadera d'avoir recours à la police. Après le paiement la jeune femme disparaîtra.
Cette variation sur un thème présente des avantages pour les escrocs par rapport à la version précédente. La victime étant mise en présence des protagonistes, elle ne pourra pas ignorer leur existence ; les relations effectives (notamment preuves électroniques) entre la victime de l'escroquerie et les escrocs ne pourront être établies ; la transaction étant réglée en espèces, sa traçabilité sera quasi nulle (le fisc pourrait également s'intéresser à l'origine de ces fonds) ; la peur des mafieux incitera la victime à la prudence (le doute sur la qualité mafieuse des escrocs n'étant pas effacé). L'anglicisme romance scam est aussi employé.
Ces arnaques reposent sur la création de liens affectifs forts qui sortent de toute logique habituelle et font appel à des émotions intenses. Ces émotions sont suscitées en ayant recours à des photos attractives, des profils de rêve sur des sites de rencontre, des lettres flatteuses, etc. La stratégie consiste principalement à obtenir de la victime qu'elle tombe amoureuse et ait envie d'être avec l'arnaqueur. La promesse d'un mariage est courante.
En anglais, ce genre de pratique est fréquemment nommé catfishing (« pêche au poisson-chat »), d'après le film Catfish et la série télévisée du même nom. Le but n'est pas toujours de soutirer de l'argent à la victime, il s'agit parfois plutôt d'une forme de jeu psychologique pour la personne qui trompe l'autre[3]. Dans le cas où l'objectif consiste à soutirer de l'argent à une victime, il s'agit d'escroquerie sentimentale.
Arnaque à l'irlandaise
L'arnaque à l'irlandaise[4],[5] est un type de vol par ruse. Plusieurs individus se présentant comme irlandais, parfois constituant ou semblant constituer une famille, se présentent aux victimes en leur racontant s'être fait voler leurs biens (papiers, argent et cartes) et ayant besoin d'argent pour faire le plein de carburant afin de rentrer en Irlande tout en leur assurant qu'il les rembourseront très rapidement - proposant éventuellement une reconnaissance de dette.
Vente pyramidale
La vente pyramidale est une forme d'escroquerie dans laquelle le profit ne provient pas vraiment d'une activité de vente comme annoncé, mais surtout du recrutement de nouveaux membres. Le terme « pyramidale » identifie le fait que seuls les initiateurs du système (au sommet) profitent en spoliant les membres de base.
Ce système se camoufle fréquemment derrière les termes de « marketing multi-niveaux » ou « commercialisation à paliers multiples » (en anglais multi-level marketing ou « MLM »), bien que des différences fondamentales existent, qui permettent à certains pays d'interdire la vente pyramidale alors que la vente multiniveaux reste permise (notamment en France grâce au statut de VDI[6]).
Le système de vente pyramidale peut être décelé par une disproportion entre la valeur réelle d'un bien à vendre (« paquet ») ou l'opacité qui entoure ce paquet, et l'argent procuré par le système de filleuls.
Internet connaît ses propres versions de systèmes pyramidaux, notamment avec le fameux spam « MMF » (Make Money Fast).
Démarchage en cycle court (alias « one shot »)
Technique « à l'arraché » qui permet de réaliser directement une vente B2B (inter-entreprises), sans que le client n'ait le temps de lire en détail le ou les contrats, alors qu'il n'aurait pas toujours accepté l'offre s'il avait eu le temps de lire lesdits contrats[7]. Le client ne signe pas un contrat de vente, mais une licence d'exploitation ou un contrat de location. Il n'est pas propriétaire de son produit (et ce n'est pas toujours prévu dans le contrat)[8]. Le commercial fait également signer au client un deuxième contrat de crédit-bail (autrement dit une location avec option d'achat), sur 24 à 60 mois[9]. Celui-ci finance le produit (même virtuel tel un site marchand) par mensualité de 100 à 500 euros. Le contrat d'exploitation du produit est revendu sous 48 heures au leaser (organisme de crédit-bail), qui commence immédiatement à prélever le compte du client, qui n'en avait parfois jamais entendu parler[10].
Internet
Les escroqueries sur internet sont très nombreuses et variées :
- L'hameçonnage (phishing) : certains courriels (spam) sur internet incitant à
- collaborer à des transferts d'argent
- ou communiquer ses données bancaires sous prétexte de vérification en se faisant passer pour une banque ou une société ayant pignon sur rue (hameçonnage)
- ou acheter d'obscurs titres cotés en bourse afin de faire monter leur cours au profit d'un escroc qui pourra les vendre au prix fort (agiotage ou bouilloire).
- Escroquerie de sortie, où le paiement d'une commande est exigé sans que le produit ne soit envoyé au client.
- Escroquerie par petites annonces et rip deal
- En demandant l'envoi d'argent par mandat cash urgent par exemple
- Sur les sites de rencontre (arnaque nigériane)
- Escroquerie sur l'investissement Forex et la bourse
- Méthodes d'argent facile truquées vous amenant à déposer de l'argent chez des partenaires commerciaux et à vous faire perdre votre argent
- Quelques faits: 250 000 000 € de dégâts par an dans le monde, Une Française perd 230 000 € dans une arnaque à l’amour, Des paiements de plus de 50 millions de $ signalés au FBI en 2011, Les sites de rencontres suppriment près de 180 000 profils douteux par jour[11].
- Les escroqueries sur internet touchent également le milieu professionnel. Avec la recrudescence d'internet comme moyen d'attirer de nouveaux consommateurs, les profits ont su attirer toutes sortes d'escroqueries. En voici quelques-unes :
- Negative SEO : Action d'appliquer des techniques de marketing en ligne telles que l'optimisation pour les moteurs de recherche (SEO) à des fins néfaste, provoquant ainsi une pénalisation de Google sur le site visé.
- Fraude à la location de vacances
En téléphonie mobile
De nouvelles formes d'escroquerie sont apparues concernant les téléphones mobiles, avec en particulier le spam par SMS, consistant à inciter par SMS à rappeler un numéro surtaxé (en 0899), ou encore le « ping call », un appel d'une seule sonnerie ne laissant pas le temps de décrocher, que rappellent environ 20 % des destinataires[12] qui n'ont pas conscience qu'il s'agit en fait d'un numéro surtaxé[13].
Autres
- Activités dérivées du domaine paranormal[14]
- Bonneteau (avec des cartes à jouer)
- La fraude 4-1-9 aussi appelée « arnaque nigériane »
- Une carambouille est une vente d'un produit qui n'appartient pas au vendeur
- Vol à la ramastic
- Escroquerie à la charité
- Émission intentionnelle de chèque sans provision (le caractère intentionnel doit être prouvé). Utilisation de chèques ou cartes bancaires volés ou falsifiés.
- Remise de fonds sous contrainte (ex : présence d'un chien malade ou agressif) pour faire pression sur la cible, extorsion de fonds
- Marchand de sommeil[15]
- Grivèlerie, non payement intentionnel de notes d'hôtel ou de restaurants.
Grandes escroqueries
- l'Affaire du collier de la reine (1785)
- l'affaire Helga de la Brache (1860-1885)
- l'affaire Stavisky (1933-1934)
- l'homme de Piltdown (1912)
- Victor Lustig, l'homme qui vendit la tour Eiffel
- l'affaire Thérèse Humbert (1880-1903)
- le système de Ponzi
- l'affaire des Avions renifleurs
- la lettre de Jérusalem (fin du XVIIIe siècle et XIXe siècle)
- l'escroquerie aux jades
- l'affaire Bernard Madoff, mise au jour en 2008
- l'affaire des fromages magiques
- en , l'affaire Martin Shkreli accusé d'être à la tête d'un système de Ponzi[16]
- Anna Anderson, qui s’est fait passer pour la princesse Anastasia Romanov de 1918 à 1990
- Van Meegeren, l’un des plus importants faussaires contemporains.
- Abus de pouvoir, détournement de fonds, évasion fiscale et « fraude à une échelle épique » de la part de Moukhtar Abliazov pour plusieurs milliards de dollars.
- Franck Abagnale Junior, spécialiste du changement d’identité, à extirper pour plusieurs millions de dollars en se faisant passer pour un médecin, un pilote de ligne ou un avocat.
- Grégory Zaoui a mis en place une escroquerie à la taxe carbone d’une valeur de 6 milliards d’euros[17].
Notes et références
- L'escroquerie dans le Code pénal français.
- (en) Eric Vanman, « We asked catfish why they trick people online—it's not about money », sur phys.org, (consulté le )
- Fabienne Béranger, « Sarthe : attention à l'arnaque "à l'Irlandaise" », sur francetvinfo.fr, France 3 Pays de la Loire, (consulté le ).
- Lambert Pecheux, « Sur la route des vacances, gare à l'arnaque "à l'irlandaise" », sur planet.fr, (consulté le ).
- Plus qu'un job, un métier - L'Express
- (fr) Keren Lentschner, « Les ventes « one shot » à la rescousse de l'immobilier », Le Figaro, 8 novembre 2007
- « Édern : le site Internet leur revient cher ».
- « Vendeurs de sites Internet aux curieuses méthodes »
- « À la Une : Arnaque aux sites web, des commerçants et artisans bernés ».
- Infographique sur Romance Scam ou Love Scam in France.
- « journal du net » (consulté le )
- « lepoint.fr » (consulté en )
- « Le droit face au paranormal », Jean Boudot, déc. 2002
- Interview de M. Julien Denormandie, secrétaire d’État auprès du ministre de la cohésion des territoires, avec Europe 1 le 23 août 2018, sur la lutte contre les marchands de sommeil, l'aide personnalisée au logement et sur les logements pour les étudiants.
- How Martin Shkreli Allegedly Created a 'Ponzi Scheme' With Biotech Stocks
- « Plus grands arnaqueurs du monde : 10 escrocs et leurs histoires insolites », sur La Liste, (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
- Escroquerie en droit pénal français
- Escroquerie en droit suisse
- Charlatan, Pseudoscience, Imposture
- Rip deal
- Ingénierie sociale (sécurité de l'information)
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