Emánuel Moór

Emánuel Moór (né à Kecskemét en Hongrie le et mort au Mont-Pèlerin (Chardonne) en Suisse le ) est un pianiste, compositeur et concepteur de pianos hongrois. Son nom est attaché à l'élaboration du Duplex-Coupler Grand Pianoforte.

Dans le nom hongrois Moór Emánuel, le nom de famille précède le prénom, mais cet article utilise l’ordre habituel en français Emánuel Moór, où le prénom précède le nom.

Biographie

Clavier Moor de Pleyel

Emánuel Moór était le fils du chanteur d'opéra et ténor Rafael Moór qui lui donna ses premières leçons. Il étudia la composition musicale à Budapest avec Robert Volkmann, puis à Vienne avec Anton Door et Anton Bruckner. À 18 ans, il devint professeur de piano au Conservatoire de musique de Szeged.

Il entreprit entre 1885 et 1897 plusieurs tournées qui l'emmenèrent aux États-Unis, où il apparut avec la chanteuse Lilli Lehmann. En 1888, il épousa Anita Burke en Angleterre et devint citoyen britannique. Le compositeur allemand George Henschel fit une campagne élogieuse pour sa musique orchestrale. De là, il s'installa en Suisse en 1901.

En 1905, il rencontra le violoncelliste Pablo Casals. Il dédia le deuxième concerto de violoncelle à Pablo Casals et réalisa le double concerto de violoncelle pour Casals et la violoncelliste portugaise Guilhermina Suggia. Emánuel Moór composa un triple concerto pour le trio Pablo Casals, Alfred Cortot et Jacques Thibaud. Mais plusieurs facteurs contribuèrent à mettre fin à cette période, et notamment la séparation de Pablo Casals et de Guilhermina Suggia, qui bouleversa la vie du violoncelliste et son réseau d’amis. La personnalité difficile d'Emánuel Moor et la Première Guerre mondiale contribuèrent aussi à briser sa carrière[1].

Après la Première Guerre mondiale, il se consacra aux instruments de musique. Il développa à partir de 1920 le Duplex-Coupler Grand Pianoforte, aussi appelé piano Pleyel-Moór, dont la particularité est de posséder deux claviers frappant les mêmes cordes avec une octave d'écart, et une pédale supplémentaire qui les couple pour jouer une octave avec une seule touche, facilitant les sauts à une distance importante, les passages joués à l'octave, les larges accords jusqu'à deux octaves qui n'ont plus besoin d'être joués en arpège, etc. Les touches blanches du clavier inférieur comportent également une élévation à l'arrière qui les met au même niveau que les touches noires, permettant le glissando chromatique[2]. Des pianos Pleyel, Bechstein, Steinway et Bösendorfer furent ainsi équipés.

Après la mort de sa première épouse Anita survenue en 1922, il épousa en 1923 la pianiste anglaise Winifred Christie (en) qui était une utilisatrice convaincue du double clavier.

Œuvres

Emánuel Moór composa entre autres, cinq opéras, huit symphonies, quatre concertos pour piano et quatre pour violon, deux concertos pour violoncelle, un pour alto et un autre pour harpe, un triple concerto pour violon, violoncelle et piano, un concerto pour 2 violoncelles, de la musique de chambre, un requiem et des chansons.

Opéras

  • La Pompadour (Cologne, )
  • Andreas Hofer (ou Moser) (Cologne, )
  • Hochzeitsglocken (Cassel, )
  • Der Goldschmied von Paris (L'orfèvre de Paris)
  • Hertha (inachevé)

Orchestration

  • 3 concertos pour piano (1886, 1888, 1906)
  • 8 symphonies (1893-1910)
  • 4 concertos pour violon (1905-1907)
  • 2 concertos pour violoncelle (1905-1906)
  • Triple Concerto pour violon, violoncelle, piano et Orchestre (1907)
  • Concerto pour harpe (1913)

Autres

  • Requiem (1916)
  • Plusieurs musiques de chambre
  • Plusieurs chansons[3]

Notes et références

  1. Stephen Sensbach, « Emmanuel Moor, grand ami du violoncelle », Le Violoncelle, Association Française du Violoncelle, no 29, (lire en ligne)
  2. (de) Biographie d'Emánuel Moór et instruments inventés par lui, sur le site de la Fondation Emanuel und Henrik Moor
  3. (en) Aryeh Oron, « Emanuel Moór (Composer, Arranger) », sur Bach Cantatas Website,  : Biographie succincte et liste d'œuvres

Voir aussi

Bibliographie

  • (hu) Vilmos Palotai, « A „Clavier-Moór”. A jövő zongorája », Crescendo, nos 1–2,  Le Clavier Moór, le piano du futur »]
  • (hu) György Kálmán, « A Pleyel-Moór-zongora », Crescendo, nos 9–10,  Le piano Pleyel-Moór »]
  • (hu) Jenő Kerntler, « A jövő zongorája », Zenei Szemle, Timișoara,  Le piano du futur »]
  • (de) L. Deutsch, Die Technik der Doppelklaviatur, Leipzig,
  • (hu) József Gát, A zongora története [« L'histoire du piano »], Budapest,

Liens externes

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