Édouard De Bièfve

Édouard De Bièfve, né le à Bruxelles et mort dans la même ville le , est un peintre belge qui s'est illustré comme portraitiste et peintre d'histoire.

Biographie

Jean François Édouard De Bièfve est né à Bruxelles en 1808, fils d'un marchand, Charles de Bièfve et d'Anne Josèphe Julienne Thys[N 1]. Son oncle maternel est Jean-François Thys, artiste peintre à Bruxelles. Dès son enfance, il apprend le dessin comme art d'agrément[1].

Édouard De Bièfve étudie de 1825 à 1828 à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles auprès de Joseph Paelinck. En 1828, il poursuit son apprentissage à Paris en qualité de sculpteur à l'atelier de David d'Angers, puis il rejoint l'atelier de peinture de Paul Delaroche de 1831 à 1841. En 1841, son chef-d'œuvre, Le Compromis des nobles en 1566 place le jeune artiste au rang des maîtres et lui acquiert une réputation européenne[1]. Il partage durant la décennie 1831-1840 son temps entre Paris et Bruxelles où il expose aux salons triennaux et reçoit un accueil critique positif. Édouard De Bièfve est ensuite invité à la cour du roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV, puis à celle du roi de Bavière Louis Ier[2]. En 1843, De Bièfve est élu membre effectif de l'Académie des arts de Berlin et devient membre honoraire de plusieurs institutions allemandes et autrichienne : l'École supérieure des beaux-arts de Dresde, l'Académie des beaux-arts de Munich et l'Académie des beaux-arts de Vienne[3].

Il obtient une médaille d'or de l'Académie royale des beaux-arts de Gand. Il reçoit le titre de peintre de la Reine Louise d'Orléans en 1845[réf. souhaitée]. Il est considéré comme l'un des artistes qui, aux côtés de Nicaise De Keyser, Louis Gallait et Gustave Wappers, affirme les tendances rénovatrices et nationales de l'art en Belgique[4]. Une exposition des œuvres des peintres belges d'histoire Gallait, De Keyser et De Bièfve circule dans plusieurs métropoles allemandes en 1842 et 1843 et sert de modèle à des artistes allemands tel Adolph von Menzel[5]. Cependant, il ne réussit plus jamais à égaler son chef-d'œuvre Le Compromis des nobles en 1566 et recueille des critiques défavorables en dépit de la reconnaissance officielle[2].

Considéré, à l'instar de ses confrères peintres d'histoire, comme peintre de « propagande nationale[6] », Édouard De Bièfve essuie également d'autres critiques lorsqu'il expose au salon de Bruxelles de 1842, une Almée alanguie sur un canapé, considérée comme un sujet explicitement sexuel[7]. Au point de vue de son tempérament, il « était doué d'un caractère simple, peu expansif, mais plein de douceur et d'urbanité [...] Il était profondément sensible à la critique [...], elle lui causait plutôt du chagrin que du dépit[1] ».

Après plusieurs années où il vit retiré et au cours desquelles une affection mélancolique nerveuse l'empêchait de peindre[1], il meurt à l'âge de 73 ans à Bruxelles, en sa demeure avenue Marnix, le [N 2]. Hormis une nièce à laquelle il lègue une somme de 10 000 francs, il déshérite sa famille et verse à la caisse centrale des artistes la même somme. Le reste de sa fortune est légué aux hospices de la ville de Bruxelles. Le , après des funérailles à la cathédrale Saint-Jacques-sur-Coudenberg, il est inhumé dans le mausolée, réalisé par l'architecte Emmanuel Cels, au cimetière de Laeken[2].

Œuvres

Le Compromis des nobles en 1566.

Sélection d'œuvres[1],[2] :

  • Eucharis et Télémaque allant à la chasse, 1828 ;
  • Portrait équestre de Léopold Ier, roi des Belges, 1832, conservé au palais de Compiègne ;
  • Ugolin et ses fils dans la tour de Pise, 1836 ;
  • Le Compromis des nobles en 1566, 1841, Musée des beaux-arts de Liège ;
  • La Paix des Dames, 1843 ;
  • Raphaël composant la transfiguration, 1845 ;
  • Rubens rétablissant la paix entre l’Angleterre et l’Espagne, 1848 (détruit) ;
  • Le Compromis (taille réduite) ;
  • Le duc d'Albe à l'hôtel de ville de Bruxelles, 1850 ;
  • La Belgique fondant la Monarchie, 1853 ;
  • Sabine de Bavière à l’abbaye de La Cambre, 1859 ;
  • La comtesse d'Egmont au couvent de la Cambre après la mort de son mari, 1860 ;
  • La comtesse d'Egmont à l'église, 1860 ;
  • Le Conseil de guerre d'Alexandre Farnèse au siège d'Anvers, 1862 ;
  • Guillaume d’Orange méditant son plan de campagne de Briele 1572, 1868 ;
  • Les chevaliers de l'ordre teutonique ;
  • Le banquet de juillet à Cuylembourg ;
  • Les mots de Marie ;
  • Souvenir de Venise.

Honneurs

Édouard De Bièfve est :

Notes et références

Notes

  1. Son acte de naissance, rédigé en français le , précise qu'il est né le , à une heuree du matin, à la Vieille Steenporte, première section, n° 1194 et désigne ses parents comme Charles De Bièfve, marchand et Anne Joseph Julienne Thys, conjoints. Les déclarants sont : 1) Jean Louis Sevestre, oncle de l'enfant, avocat, 38 ans, demeurant place de Saint-Michel et 2) Jean François Thys, oncle de l'enfant, artiste, 28 ans, demeurant rue de Laeken (acte n° 2612 de l'année 1808).
  2. Son acte de décès, rédigé en français le , précise qu'il est mort le , à sept heures du matin, avenue Marnix, et le désigne comme « officier de l'ordre de Léopold, peintre d'histoire », âgé de 73 ans 2 mois et 3 jours. Les déclarants sont : 1) Charles Verraert, 50 ans, pensionné et 2) Pierre Joseph Heerridder, 67 ans, pensionné (acte n° 541 de l'année 1882).

Références

  1. Anonyme, Bulletin de l'académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique : Édouard De Bièfve, Bruxelles, , 876 p., p. 304.
  2. Bénédicte Verschaeren, « Un objet d'art comme concession perpétuelle », Epitaaf, no 5, , p. 10-14 (lire en ligne, consulté le ).
  3. (de) « Jean François Edouard de Bièfve », sur adk.de, (consulté le ).
  4. Comte de Limburg-Stirum et Ferdinand Vanderhaeghen, Messager des Sciences historiques : Archives des arts de la bibliothèque de Belgique, Gand, Eugène Vanderhaeghen, , 510 p., p. 504.
  5. Jacques Le Rider, L'Allemagne au temps du réalisme : De l'espoir au désenchantement 1848-1890, Paris, Albin Michel, , 496 p. (ISBN 978-2-22621-649-6), p. 259.
  6. (nl) Tom Verschaffel, « Schilderen voor het vaderland : kunst en nationale propaganda in de negentiende eeuw », Kunstschrift, vol. 48, no 3, , p. 16-29.
  7. (en) Jill Matus, Unstable Bodies : Victorian Representations of Sexuality and Maternity, Manchester, Manchester University Press, , 288 p. (ISBN 978-0-71904-348-2), p. 135-137.

Références bibliographiques

Liens externes

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