Edmond van Eetvelde

Edmond van Eetvelde ou Stanislas Marie Léon Edmond van Eetvelde (Postel, - Bruxelles, ) était un proche collaborateur du roi Léopold II surtout en la qualité de souverain de l' État indépendant du Congo de ce dernier. Il est également réputé pour avoir fait construire à Bruxelles la maison de maître appelée Hôtel van Eetvelde, sa demeure privée, par l'architecte belge d'art nouveau Victor Horta, en 1898.

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Biographie

Edmond van Eetvelde est issu d'une famille francophone d'Alost, ses parents provenant toutefois de la région de Mol. Il fait ses études moyennes à l'athénée de Liège, puis suit les cours de l'Institut supérieur de Commerce à Anvers où il obtient son diplôme en 1871 avec grande distinction. Cela lui vaut une bourse qui lui permet de partir en Chine pour étudier les possibilités de commerce dans ce pays. Il arrive à Shanghaï en 1872. Il établit rapidement sur place un rapport exposant les possibilités existant pour la Belgique de construire des chemins de fer en Chine. Il travaille sur place pour le service des douanes de Pekin puis de Canton. Six ans après son départ, il revient en Belgique où il remet un rapport détaillé de ses activités. Il gardera notamment de ce séjour un souvenir précis de l'action des Pères de Scheut qui étaient très actifs en Chine et soutiendra cette congrégation pour ses missions au Congo. Il est alors envoyé comme consul général à Calcutta. Il revient des Indes au bout de six mois à cause de problèmes de santé.

Dès 1885 il est nommé administrateur général des affaires étrangères de l'État indépendant du Congo, sur la proposition du ministre du roi Joseph de Riquet de Caraman-Chimay. Malgré la présence d'Auguste Lambermont, principal conseiller du roi, il exerce des attributions importantes non seulement pour les affaires étrangères mais aussi en matière de justice, de culte. Il participe au Conseil royal, organisme informel qui administre l'État Indépendant du Congo jusqu'en 1890.

De plus dès le mois de , Léopold II considère que la façade que constitue l'Association internationale du Congo n'est plus nécessaire après la conférence de Berlin. Il nomme trois administrateurs généraux, dont l'un, Edmond van Eetvelde, est chargé des Affaires étrangères[1]. Les deux premiers (Maximilien Strauch chargé des affaires intérieures et Hubert Van Neuss chargé des finances) démissionnent en 1890 pour protester contre les ordonnances du roi qui créaient de facto un monopole d'État sur les deux produits principaux congolais : l'ivoire et le caoutchouc. Edmond van Eetvelde reste en place et endosse les fonctions des deux autres [2].

tracé des frontières nord du Congo, Fachoda et Lado.

En 1893 il intervient directement dans la négociation entre les émissaires anglais et l'État indépendant du Congo. Celui-ci avait pris pied avec quelques effectifs dans la vallée du Haut Nil à Bahr el-Ghazal. Les Anglais s'inquiétaient surtout du fait que les Français s'intéressaient également à cette région du fait de sa proximité du bassin du Nil. Il valait donc mieux que le roi Léopold II passe de leur côté. Une convention est signée avec les Britanniques qui cèdent à bail à Léopold II, pour la durée de son règne, des territoires situés entre le 30° de longitude est et la rive du Nil jusqu'à Fachoda ainsi que ceux situés entre le 30° et le 25° de longitude est[3]. Le roi tire ainsi également parti des efforts d'Émile Francqui pour obtenir le ce bail avec l'Angleterre , agissant comme tutrice de l'Égypte. Il cède en échange une bande de territoire du lac Albert au lac Tanganyka[4]. Plus tard cet accord a été encore remis en question et seule l'enclave de Lado a subsisté, jusqu'en 1910.

En 1887, il intervient dans les négociations délicates entre la France et l'État indépendant du Congo pour fixer ses frontière nord et ouest. Après l'expédition de l'explorateur belge Alphonse Van Gele vers les sources de l'Ubangi cette fixation étant devenue possible. Ces négociations permettent de conclure un accord en 1887, entre la France et le roi Léopold II, sur un tracé au nord par le Mbomou et à l'est par la rivière Ubangi au lieu du méridien du 17° et la latitude de 4° nord [5].

En 1888, van Eetvelde défend les intérêts de l'État Indépendant du Congo en face du ministre des Affaires étrangères du Portugal José Vicente Barbosa du Bocage qui revendique pour la colonie d'Angola les territoires de l'ancien Royaume Lunda. Les Portugais finirent par accepter le Kwango comme limite jusqu’au 8° de latitude sud où elle suit le parallèle vers l'est jusqu'à la rivière Kasaï[6].

Lorsque le gouvernement belge demanda à van Eetvelde des renseignements précis sur la situation financière de l'État indépendant du Congo, ce dernier accéda à leur demande et tenta de convaincre que ce serait une entreprise rentable d'accepter l'annexion par la Belgique comme le voulait le roi [7]. Les négociations à ce sujet entamées en 1894 ne se sont résolues qu'en 1908 suite au revirements et tergiversations du gouvernement belge qui ont précédé.

En 1897, lors de l'exposition coloniale de Tervueren au Musée royal de l'Afrique centrale van Eetvelde déploya tous ses efforts pour en faire une réussite. Cela lui valut le titre de baron [8].

Art-nouveau Bruxelles, Hôtel van Eetvelde

En , van Eetvelde est victime d'une maladie nerveuse qui le conduit finalement à démissionner en . Il est nommé ministre d'État de l'État indépendant du Congo en . À partir de 1906, il se consacre à sa carrière dans le monde des affaires. Il a été président et administrateur de nombreuses sociétés financières belges tels que la Compagnie du Chemin de fer du Congo Supérieur aux Grands Lacs africains, la Banque de Bruxelles

Edmond van Eetvelde meurt à Bruxelles le et est enterré à Mol.

Références

  1. Bulletin officiel de l'État indépendant du Congo, no 2, 1885.
  2. Emerson p.149.
  3. Emerson p.176.
  4. L de Lichtervelde, Léopold II, Louvain, édition Rex, , p. 237
  5. Emerson p.180.
  6. Emerson p.184.
  7. Emerson p.233.
  8. titre de baron héréditaire transmissible par primogéniture

Bibliographie

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