Edmond Jouhaud
Edmond Jules René Jouhaud, né le à Bou-Sfer (Algérie française) et mort le à Royan, est un général d'armée aérienne. Il participe au putsch d'Alger d'avril 1961, ce qui lui vaut une condamnation à mort puis une grâce présidentielle en 1962. Il est amnistié en 1968.
Edmond Jouhaud | ||
Edmond Jouhaud en 1961. | ||
Naissance | Bou-Sfer (Algérie) |
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Décès | Royan (France) |
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Origine | France | |
Arme | Armée de l'air | |
Grade | Général d'armée aérienne | |
Années de service | 1926 – 1961 | |
Conflits | Seconde Guerre mondiale Guerre d'Algérie |
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Distinctions | Légion d'honneur Croix de guerre 1939-1945 Croix de guerre des TOE Croix de la Valeur militaire Médaille de la Résistance |
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Biographie
Origine
Né de parents instituteurs[1], à Bou-Sfer (future base aérienne française), près d’Oran en Algérie, il est le benjamin d'une famille de six enfants, dont les grands parents originaires de Limoges se sont établis en Algérie en 1870. Il fait ses études primaires à Oran puis obtient le baccalauréat au lycée Lamoricière d'Oran.
Carrière militaire
Edmond Jouhaud entre à Saint-Cyr en 1924 ; il en sort en 1926 et est affecté au 35e régiment d’aviation. Il sert de 1930 à 1932 en Afrique Occidentale Française (A.O.F.). Promu capitaine en 1935, il sert de nouveau en A.O.F. jusqu’en 1937. Admis en 1938 à l’École supérieure de guerre aérienne, il est promu commandant le 3 septembre 1939. Affecté à l’état-major des forces aériennes et des forces terrestres antiaériennes du nord-est, il prend par la suite le commandement d’un groupe aérien de reconnaissance. Affecté en 1942 au cabinet militaire du Secrétaire d’État à l’aviation, il est placé en 1943, sur sa demande, en congé d’armistice. Après avoir tenté sans succès de rejoindre l’Angleterre, il entre dans la résistance, dans la région de Bordeaux, sous les ordres du général Revers, chef de l’Organisation de résistance de l'Armée (O.R.A.), comme chef de la région bordelaise.
En février 1944, il fait une nouvelle tentative pour rejoindre l'Angleterre, depuis l'Île-Tudy, à bord du Navire "Le Jouet des Flots", à l'issue de laquelle Pierre Brossolette et Yves Le Hénaff sont faits prisonniers[2],[3]. Commandant des FFI situés au sud de la Gironde, fin août 1944. Rappelé en activité en novembre 1944, il prend le commandement du groupe aérien spécial 1/36[4], puis est affecté au commandement des transports aériens militaires. Colonel en 1946, il est sous-chef d’état-major de l’air en 1947 et est appelé au commandement de l’armée de l’air en Tunisie en 1948.
Promu général de brigade aérienne en 1949, il commande les forces aériennes tactiques en Afrique du nord, puis l'école des mécaniciens de l’armée de l'air. En 1951, il est nommé commandant de la 1re région aérienne, puis désigné auditeur au Centre des hautes études militaires. En 1952, il est nommé commandant de la 1re division aérienne puis commandant des forces aériennes françaises en Allemagne.
En 1954, promu général de division aérienne, il dirige l'armée de l'air en Indochine[5]. De retour en métropole, il est nommé major général de l’armée de l’air puis, le , chef d’état-major des forces de l’armée de l’air. Général de corps aérien en 1956. Il prend le commandement de la 5e région aérienne en Algérie en 1957 et devient adjoint interarmées au général Salan, commandant supérieur interarmées en Algérie.
Général d’armée aérienne en 1958, il est chef d'état-major de l'Armée de l'air, puis, en 1960, inspecteur général de l’armée de l’air.
Putsch des généraux
Quoique mis en disponibilité sur sa demande en 1960, Jouhaud est l'un des quatre généraux cinq étoiles organisateurs du coup d’état d’Alger du 22 au 25 avril 1961, avec Challe, Salan et Zeller. Après son échec, il vit dans la clandestinité et devient l’adjoint du général Salan à la tête de l’OAS, responsable de la région d’Oran.
Arrêté le 25 mars 1962, il est condamné à mort le 13 avril 1962 par le Haut tribunal militaire. Le général Partiot refuse de désigner le peloton d'exécution qu'il aurait dû diriger. Edmond Jouhaud échappe finalement de très peu à l’exécution : le général de Gaulle se serait décidé à le gracier après l'intervention de Jean Foyer[6] et en raison des menaces de démission de plusieurs membres du gouvernement (Georges Pompidou, Pierre Sudreau, Valéry Giscard d'Estaing, Louis Joxe, Pierre Messmer, Edgard Pisani)[7]. Sa peine de mort est commuée en peine de détention criminelle à perpétuité le 28 novembre 1962, après plus de sept mois passés dans une cellule de condamné à mort.
À la suite de son arrestation, le général Jouhaud est remplacé à la tête de l'OAS d'Oranie par le général Paul Gardy[8].
Libéré de la prison de Tulle en décembre 1967, il est amnistié en 1968, et réintégré dans ses grades et prérogatives en 1982.
Décorations
- : Grand Officier de la Légion d'honneur : Obtenue en 1952
- : Commandeur obtenue en 1947
- : Officier obtenue en 1940
- : Chevalier obtenue en 1931
- : Croix de guerre 1939-1945,
- : Croix de guerre des TOE,
- : Croix de la Valeur militaire,
- : Médaille de la Résistance,
- titulaire de nombreuses décorations étrangères
Œuvres
- Histoire de l’Afrique du Nord, Les deux coqs d’or,
- Ô mon pays perdu - De Bou-Sfer à Tulle, Fayard, 1969,
- La vie est un combat - Souvenirs : 1924-1944, Fayard, 1975,
- Ce que je n’ai pas dit - Sakiet, OAS, Évian, Fayard, 1977,
- Youssouf, esclave, mamelouk et général de l’Armée d’Afrique, Robert Laffont, 1980
- Serons-nous enfin compris ?, Albin Michel, 1984.
Toponymie
- Une esplanade du général Jouhaud existe à Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes) depuis 1998. Sur cette esplanade se trouve notamment la piscine municipale et le collège public Joseph Pagnol[9].
- Une avenue du général Jouhaud existe à Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes).
Notes et références
- Acte de naissance numérisé par les ANOM d'Aix en Provence, page 8/20
- "Le procès d'Edmond Jouhaud, Google books"
- "Association des services spéciaux de la défense nationale: bibliographie, Yves Le Henaff"
- "Inventaire archives, p301/426"
- "L'Algérie, De Gaulle et l'armée: 1954-1962"
- Sur les chemins du droit avec le Général
- Au-delà de toutes les frontières, Pierre Sudreau
- « Le général Paul Gardy est mort en Argentine », Le Monde,
- Voir le site d'Henri Pouillot
Voir aussi
- Portail de la Seconde Guerre mondiale
- Armée et histoire militaire françaises