Ebrahim Raïssi

Ebrahim Raisol-Sadati dit Ebrahim Raïssi (en persan : ابراهیم رئیسی), né le à Mashhad, est un religieux chiite et homme d'État iranien. Il est président de la république islamique d'Iran depuis le .

Ebrahim Raïssi
(fa) ابراهیم رئیسی

Ebrahim Raïssi en 2021.
Fonctions
Président de la république islamique d'Iran
En fonction depuis le
(1 mois et 7 jours)
Élection
Vice-président Mohammad Mokhbér
Guide suprême Ali Khamenei
Gouvernement Raïssi
Prédécesseur Hassan Rohani
Chef du système judiciaire iranien

(2 ans, 3 mois et 24 jours)
Prédécesseur Sadeq Larijani
Successeur Mohseni Ejei
Procureur général d'Iran

(1 an, 7 mois et 9 jours)
Prédécesseur Gholamhussein Mohseni Ejei
Successeur Mohammad Jafar Montazeri
Biographie
Nom de naissance Seyyed Ebrahim Raïsol-Sadati
Date de naissance
Lieu de naissance Mashhad (Khorassan-e Razavi, Iran)
Nationalité Iranien
Parti politique Association du clergé militant
Conjoint Jamileh Alamolhoda
Diplômé de Séminaire de Qom
Université Shahid Motahari
Religion Islam chiite

Présidents de la république islamique d'Iran

Il est directeur de la fondation (ou Bonyad) Astan-e Qods-e Razavi. Entre mars 2019 et juillet 2021, il est chef du système judiciaire iranien et vice-président de l'Assemblée des experts.

Raïssi est candidat à l'élection présidentielle iranienne de 2017, qu'il perd face au président sortant, l’islamiste modéré Hassan Rohani. De nouveau candidat en 2021, soutenu par le régime conservateur en place, il l’emporte au premier tour.

Biographie

Formation et débuts

Après des études religieuses, Raïssi commence sa carrière en 1980 dans le nouveau système judiciaire islamique (la Révolution islamique date de 1979).

En 1988, il serait l'un des responsables d'exécutions massives d'opposants dont des membres de l'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien[1],[2]. Il nie sa participation à cet évènement[3]. En 2021, à la suite de son élection à la présidence de la République, Amnesty International appelle à une enquête contre Ebrahim Raïssi, l'accusant de crimes contre l'humanité et d'avoir participé à des disparitions forcées et des exécutions extrajudiciaires d'opposants en 1988[4].

Ebrahim Raïssi est nommé en 2004 procureur adjoint d'Iran, une haute position dans l'appareil judiciaire iranien[1]. En 2005, le président Mahmoud Ahmadinejad lui propose le poste de ministre des Renseignements et de la Sécurité mais il refuse. En 2006, Raïssi est élu à l'assemblée des experts pour la province du Khorasan-e Razavi. En août 2014, Sadeq Larijani, le procureur d'Iran, le nomme au poste de procureur général d'Iran. Le mandat dure 5 ans mais en mars 2016, Raïssi démissionne[1].

En mars 2016, Raïssi devient président d'Astan Quds Razavi (en), la plus riche fondation religieuse (bonyad) du monde musulman. La fondation administre le mausolée de l'imam Reza[1],[2] et gère un grand nombre de conglomérats économiques en Iran[5]. Il succède à l'ayatollah Abbas Vaez-Tabasi (en) qui a présidé la fondation de 1979 à sa mort en mars 2016. Raïssi est le beau-fils de l'ayatollah Ahmad Alamolhoda (en) qui dirige la prière du vendredi dans le mausolée de l'imam Reza et qui est le représentant du Guide de la Révolution Ali Khamenei dans la province du Khorasan-e Razavi[2],[6].

Élection présidentielle de 2017

À partir de 2017, Ebrahim Raïssi est considéré comme le successeur le plus probable du Guide de la Révolution, Ali Khamenei[7],[8],[9]. Il a une grande influence dans les groupes économiques conservateurs et parmi les Gardiens de la révolution, et n'a jamais quitté le sillage d'Ali Khamenei (qui a été l’un de ses professeurs). Cependant Raïssi n'est pas reconnu par les religieux chiites comme une autorité sur le plan religieux. Pour pallier cette faiblesse (dans le système théocratique iranien), il se pare du titre d'ayatollah. Raïssi est un seyyed, c'est-à-dire un descendant du prophète Mahomet[1],[2].

Raïssi est candidat à l'élection présidentielle de 2017[10]. Il est présenté comme le candidat principal du camp conservateur, devant même Mohammad Ghalibaf, autre candidat conservateur qui retire sa candidature au profit de Raïssi peu avant le scrutin[11],[5]. Raïssi est largement battu, dès le premier tour avec 38,5 % des voix contre 57 % à Hassan Rohani, le président sortant[12].

Chef du système judiciaire iranien

Le 3 mars 2019, Ali Khamenei le nomme successeur de Sadeq Larijani en tant que chef du système judiciaire iranien ; Raïssi prend ses fonctions le 8 mars suivant[13],[14]. Le 12 mars 2019, Raïssi est élu vice-président de l'Assemblée des experts dont le président, Ahmad Jannati est alors âgé de 92 ans. Le principal rôle de l'assemblée est d'élire le Guide de la Révolution[15].

En novembre 2019, Raïssi, ainsi que de nombreux proches de Khamenei, sont soumis à des sanctions du département du Trésor des États-Unis[16],[17].

En juillet 2021, en anticipation de sa prise de fonction en tant que président de la République islamique, il est remplacé par Mohseni Ejei, jusqu'alors premier chef-adjoint du système judiciaire[18].

Élection présidentielle de 2021

Ebrahim Raïssi est dans un premier temps considéré comme favori à l'élection présidentielle de 2021 au côté d’Ali Larijani, mais celui-ci voit finalement sa candidature invalidée[19],[20] ; dès lors, Raïssi apparaît comme le grand favori du scrutin. La candidature de Raïssi est favorisée dans la mesure où il serait pressenti à terme pour succéder à Ali Khamenei comme Guide de la Révolution, le chef de l’État en Iran[21],[22].

Dans une élection où une majorité de candidats sont principalistes, Raïssi est l'un des plus fondamentalistes[23]. Il est officiellement soutenu par l'Association du clergé militant, un parti principaliste[24]. Plusieurs candidats de premier plan, tel que Mohammad Ghalibaf, président du Madjles (l'assemblée consultative islamique) et membre du Front populaire des forces de la révolution islamique (en), organisation principaliste, se sont retirés en sa faveur.

Lors de la campagne, il affirme son soutien aux négociations en cours avec les pays signataires de l'accord sur le nucléaire iranien pour un retour aux termes de l'accord de 2015[25].

Il est élu président dès le premier tour avec 72 % des suffrages. Le scrutin est marqué par un nombre important de vote blanc (14 % des votants) et par une abstention atteignant 51 % des inscrits, soit la plus forte pour une élection présidentielle depuis 1979 et la proclamation de la république islamique[26].

Président de la République

Ebrahim Raïssi prend ses fonctions de président de la république islamique d'Iran le 3 août 2021[27], prête serment devant le Parlement le 5 et soumet la liste de son gouvernement le 11[28].

Références

  1. (en) Sanam Vakil et Hossein Rassam, « Iran’s Next Supreme Leader », Foreign Affairs,
  2. (en) Saeed Kamali Dehghan, « Ebrahim Raisi: the Iranian cleric emerging as a frontrunner for supreme leader », The Guardian,
  3. « Présidentielle en Iran: l'ultraconservateur Raïssi vainqueur au premier tour », sur TV5MONDE, (consulté le ).
  4. « Amnesty appelle à enquêter sur le nouveau président iranien pour « crimes » », sur 20minutes.fr (consulté le ).
  5. (en) Amir Vahdat et Jon Gambrell, « Tehran’s mayor drops out of Iran election to back hard-liner », Associated Press,
  6. Bahar Makooi, « Présidentielle en Iran : Raissi, candidat inexpérimenté mais adversaire "sérieux" face à Rohani », France 24,
  7. (en-US) « For Ebrahim Raisi, Iran’s presidency is a step toward Supreme Leader », sur atlanticcouncil.org, (consulté le )
  8. (en-US) « Ebrahim Raisi: Iran’s new chief justice and possible Supreme Leader in waiting », sur atlanticcouncil.org, (consulté le )
  9. (en-US) « Has Ebrahim Raisi been Tagged as Iran’s Next Supreme Leader? », sur inss.org.il, (consulté le )
  10. « Iran : six candidatures à la présidentielle validées, mais pas celle de l’ex-président Ahmadinejad », Le Monde,
  11. « Présidentielle iranienne : premier débat télévisé se transforme en duel entre maire de Téhéran et Etat », Le Monde,
  12. (en) Thomas Erdbrink, « Rouhani Wins Re-election in Iran by a Wide Margin », The New York Times,
  13. (fa) « 'ابراهیم رئیسی 'جانشین صادق لاریجانی در قوه قضائیه می‌شود », sur bbc.com, (consulté le )
  14. (en) « Some Iranian Reformists welcome new hard-line judiciary chief », sur al-monitor.com, (consulté le )
  15. (en) Babak Dehghanpisheh, « Hardline Iranian cleric Raisi gets second powerful job in a week: IRNA », Reuters,
  16. (en) « US puts new sanctions on Iranian supreme leader’s inner circle », Al Jazeera,
  17. (en) « Treasury Designates Supreme Leader of Iran’s Inner Circle Responsible for Advancing Regime’s Domestic and Foreign Oppression », département du Trésor des États-Unis,
  18. (en) « Ejei Appointed as Iran’s New Judiciary Chief », sur Tehran Times, (consulté le )
  19. (en) « Leading conservatives Raisi and Larijani enter Iran presidential race », sur bbc.com,
  20. « Sept candidats à l’élection présidentielle approuvés en Iran », sur lemonde.fr,
  21. « Géopolitique, le débat - Iran: une présidentielle verrouillée entre conservateurs », sur RFI, (consulté le )
  22. « En Iran, les autorités verrouillent la présidentielle pour mettre sur orbite leur favori, Ebrahim Raïssi », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  23. (fa) « روزمه کم وزن کاندیداهای ریاست جمهوری /جای خالی میانه‌روها », sur khabaronline.ir, (consulté le ).
  24. (en) « ‘Principlist candidates may not quit in favor of Raeisi’ », sur Tehran Times, (consulté le )
  25. (en) « Iranian presidential candidates face off in final showdown », sur Tehran Times, (consulté le )
  26. « Programme. En Iran, les défis qui attendent le nouveau président », sur Courrier international, (consulté le )
  27. « L’Iran intronise Ebrahim Raïssi, son nouveau président ultraconservateur », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  28. « Iran : le président Raïssi présente un gouvernement conservateur et uniquement masculin », sur LEFIGARO (consulté le )
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