Dorothy Vaughan

Dorothy Vaughan née Dorothy Jean Johnson ( - ) est une mathématicienne et informaticienne américaine qui a travaillé pour le National Advisory Committee for Aeronautics (NACA), puis à la National Aeronautics and Space Administration (NASA) qui a contribué aux premières décennies du programme spatial américain et qui fut la première directrice de division afro-américaine du NACA puis de la NASA.

Pour les articles homonymes, voir Vaughan.

Ne pas confondre avec l'actrice américaine Dorothy Vaughan (1890-1955).

Biographie

Jeunesse

Dorothy Johnson Vaughan[1],[2] est la fille d'Annie et de Leonard H. Johnson[3], elle naît le 20 septembre 1910 à Kansas City, dans l'État du Missouri[4]. Sa famille déménage à Morgantown, dans l'État de Virginie-Occidentale en 1917[1].

En 1925, après ses études secondaires à la Beechurst High School [5],[6] grâce à une bourse, elle entre à l'Université de Wilberforce, (une université fondée par des afro-américains pour des afro-américains lors des lois ségrégatives) dans l'Ohio[1]. En 1929, elle y obtient son Bachelor of Arts (Licence) en mathématiques avec la mention cum laude.

Elle est membre de la sororité Alpha Kappa Alpha[7] (chapitre Zeta)[8], la première société universitaire créée par et pour les femmes afro-américaines le 15 janvier 1908 à l'université Howard [5].

Carrière

Bien qu'encouragée par les professeurs à continuer ses études supérieures à l'Université Howard[9], afin d'aider sa famille lors de la Grande Dépression, Dorothy Vaughan pose sa candidature pour travailler en tant que professeure[4],

Ainsi, Dorothy Vaughan est embauchée comme professeur de mathématiques à la Robert Russa Moton High School[10] (devenue le Robert Russa Moton Museum (en)[11]) de Farmville, en Virginie, établissements secondaires ouvert en 1939 pour les jeunes afro-américains[12] (la ségrégation raciale était encore en place dans les écoles publiques et autres établissements de Virginie en vertu des lois dites Jim Crow[9]).

En 1943, Vaughan a commencé à travailler au NACA, qui avait créé en 1935 une section de femmes mathématiciennes, qui effectuaient des calculs complexes pour le programme aéronautique de l'armée américaine,[9]. À l'origine, le poste proposé à Vaughan est temporaire, juste pour la durée de la guerre[13].

Vaughan est affectée à la West Area Computers (Unité de calcul de la zone ouest) du Centre de recherche Langley de Hampton, en Virginie. Il s'agit d'une unité ségréguée avec sa salle de restauration, ses toilettes propres séparées de leurs collègues blanches. Les mathématiciennes afro-américaines y sont embauchées pour réaliser des calculs mathématiques complexes afin de répondre à la demande croissante de données à destination de la recherche aéronautique[9],[14].

En 1949, Vaughan est nommée directrice du West Area Computers[15].

La mathématicienne Katherine Johnson a travaillé avec le groupe de Vaughan, avant d'être transférée à Langley à la division de la recherche.

En 1958, le NACA devient la NASA et le groupe des mathématiciennes du West Area Computers est affecté à la division d'analyse et de calcul[16], qui est un groupe de travail intégré mettant fin à la ségrégation dans l'établissement[5].

En 1961, Vaughan se dirige vers le secteur du calcul numérique, après que la NASA a acquis son premier ordinateur.

Elle commence l'écriture d'un ouvrage compilant les calculs d'algèbre utiles pour travailler sur les ordinateurs[5].

Elle s'est spécialisée pour le reste de sa carrière dans l'électronique, l'informatique et la programmation Fortran.

Elle a également participé au projet du Solid Controlled Orbital Utility Test (SCOUT)[17],[18].

Vaughan devient une experte en programmation informatique, enseignant le langage Fortran[1],[19] pour apprendre à ses collègues à traduire les formules mathématiques en code informatique[20].

Durant ses années à la NASA, elle s'engage dans la lutte pour l'égalité salariale entre hommes et femmes[20].

Fin de vie

Elle prend sa retraite en 1971[1], quittant la NASA à l'âge de 61 ans, sans avoir obtenu d'autre promotion de direction au Centre de recherche Langley[5],[13].

Elle décède le de mort naturelle à l'âge de 98 ans dans son foyer à Hampton[13].

Dorothy Vaughan repose au Hampton Memorial Gardens à Hampton dans l'état de Virginie[21].

Vie privée

  • Elle était une membre active de la paroisse Saint Paul de Newport News rattachée à l'Église Épiscopale Méthodiste Africaine[22].
  • Elle a activement participé au département de musique, de la Dora Brown Missionary Society de l'église méthodiste et à son programme de secours alimentaire jusqu'à sa maladie.
  • Elle était également membre active de la Phyllis Wheatley YWCA (en) (Young Women's Christian Association) et de son organisation les Silver Bells[23].
  • En 1932, elle épouse Howard Seymoure Vaughan, ils ont quatre enfants, dix petits-enfants et quatorze arrière-petits-enfants.

Prix, distinctions et hommages

Le 15 novembre 2018, une loi est votée au Congrès pour qu'elle reçoive la Médaille d'or du Congrès à titre posthume pour son travail pour la NASA en même temps que deux de ses anciennes collègues, Katherine Johnson et Mary Jackson ainsi que la docteur Christine Darden[24],[25].

À Charlotte dans l'état de la Caroline du Nord, l'agence scolaire Charlotte-Mecklenburg Schools (en) a créé un institut de technologie portant le nom de Dorothy J. Vaughan Academy of Technology[26].

Le 16 novembre 2019, un cratère lunaire est baptisé Vaughan en son honneur[27]. Ce nom a été choisi par la planétologue Ryan N. Watkins et son étudiant et soumis le jour de ce qui aurait été le 109e anniversaire de Dorothy Vaughan[28].

Dans la culture populaire

Dorothy Vaughan, ainsi que Katherine Johnson et Mary Jackson font l'objet du livre intitulé Hidden Figures de Margot Lee Shetterly[29], adapté au cinéma en 2017 sous le titre Les Figures de l'ombre[30],[31]. Son rôle est interprété par Octavia Spencer[32].

Bibliographie

  • (en) Loh-Hagan, Virginia, Dorothy Vaughan, Ann Arbor (Michigan), Cherry Lake Publishing,
  • (en-US) « Learning from Dorothy Vaughan: artificial intelligence and the health professions », Medical Education, Volume52, Issue1, , p. 11-13

Références

  1. (en) « Dorothy Vaughan | Biography & Facts », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  2. (en) « Dorothy Vaughan », sur SpaceNext50 | Encyclopedia Britannica, (consulté le )
  3. « États-Unis : qui sont les « colored computers », femmes noires et pionnières oubliées de l’aérospatiale ? – JeuneAfrique.com », JeuneAfrique.com, (lire en ligne, consulté le )
  4. (en-US) Am et a Prahl Am, « Biography of Dorothy Vaughan, Groundbreaking NASA Mathematician », sur ThoughtCo (consulté le )
  5. « Mathematician Dorothy Vaughan, a pioneer in the Space Age », Amsterdam News, (lire en ligne, consulté le )
  6. (en-US) « Dorothy Johnson Vaughan », sur Biography (consulté le )
  7. (en-US) Fran Becque, Ph.D., « Hidden Figures on Alpha Kappa Alpha Founders’ Day », (consulté le )
  8. (en-US) Euell A. Nielsen, « DOROTHY JOHNSON VAUGHAN », sur BlackPast, (consulté le )
  9. (en) « The Hidden Black Women Who Helped Win the Space Race », The Cut, (lire en ligne, consulté le )
  10. (en-US) Eric Vitug, « Dorothy J. Vaughan », sur NASA, (consulté le )
  11. (en-US) « Robert Russa Moton Museum », sur AfroVirginia (consulté le )
  12. (en-US) « Robert Russa Moton High School and Robert Russa Moton Museum », sur US Civil Rights Trail (consulté le )
  13. « Katherine Johnson, Mary Jackson et Dorothy Vaughan, les véritables femmes de l’ombre de la Nasa », parismatch.be, (lire en ligne, consulté le )
  14. (en-US) « Dorothy Vaughan », sur Human Computer Project / NASA (consulté le )
  15. (en-US) « Vaughan Bio », sur Langley Research Center (consulté le )
  16. (en) « Dorothy Vaughan | Biography & Facts », Encyclopedia Britannica, (lire en ligne, consulté le )
  17. « The Women In Aeronautical Research- Beverly Golemba, 1990 », NASA
  18. (en-US) Christopher McFadden, « Dorothy Vaughan: NASA's "Human Computer" and American Hero », sur Interesting Engineering, (consulté le )
  19. (en-US) Florencia Grattarola, « Dorothy Vaughan — Space Heroine », sur A Medium Corporation, (consulté le )
  20. (en) Maryam Washington, Careers for Tech Girls in Web Development, The Rosen Publishing Group, Inc, (ISBN 978-1-5081-8026-5, lire en ligne)
  21. (en-US) « Dorothy Jean Johnson Vaughan », sur Find a Grave (consulté le )
  22. (en-US) « Dorothy J. Vaughan », sur Legacy (consulté le )
  23. (en-US) « DOROTHY VAUGHAN », sur Gal'Guide / Library & Research Center, (consulté le )
  24. (en-US) « Warner, Kaine bill that awards Congressional Gold Medal to four African American women for work at NASA passes Senate », Augusta Free Press, (lire en ligne, consulté le )
  25. (en-US) Marina Fang, « Bipartisan Group Of Senators Nominates 'Hidden Figures' Trailblazers For Congressional Gold Medal », Huffington Post, (lire en ligne, consulté le )
  26. (en-US) « Dorothy J. Vaughan Academy of Technology », sur dorothyjvaughanacademyoftechnology.wearecms.com (consulté le )
  27. Vaughan dans le Gazetteer of Planetary Nomenclature.
  28. Ryan Watkins, "Thrilled to announce that this small (3 km) crater on the Moon now has a name - Vaughan! My student and I chose to name Vaughan crater after Dorothy Vaughan (you may remember her from @HiddenFigures , where she was portrayed by @octaviaspencer).", Twitter, 16 octobre 2019.
  29. (en-US) Matt Blitz, « The True Story of 'Hidden Figures' and the Women Who Crunched the Numbers for NASA », Popular Mechanics, (lire en ligne)
  30. L’histoire secrète de la NASA
  31. (en-US) Scott Tobias, « The 'Hidden Figures' Who Crunched The Numbers In The Space Race », sur National Public Radio (consulté le )
  32. (en-GB) Karen Krizanovich, « Octavia Spencer: ‘Hidden Figures is about sisterhood’ », Telegraph, (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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