Djer

Djer est un souverain de la Ire dynastie pendant la période thinite. Il est considéré comme le second ou le troisième de la dynastie selon l'hypothèse qui fait de Narmer et de Hor-Aha deux souverains distincts ou une seule et même personne[2]. Sur le Canon royal de Turin et la liste d'Abydos il est nommé « Iti » tandis que Manéthon l'appelle « Kenkénès ».

Djer

Sceau inscrit au serekh de Djer, trouvé en Abydos
Décès v. 3040 avant notre ère
Période Période thinite
Dynastie Ire dynastie
Fonction Pharaon d'Égypte
Prédécesseur Hor-Aha
Dates de fonction v. 3095 à 3040 avant notre ère[1].
Successeur Ouadji
Famille
Grand-père paternel Narmer
Grand-mère paternelle Neith-Hotep
Père Hor-Aha
Mère Khenthap
Conjoint Herneith
Naktneith
Seshemetka ?
Peneboui
bsou
Enfant(s) Ouadji ?
Merneith
Sépulture
Emplacement Cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos (tombe 0 326)
Découvreur William Matthew Flinders Petrie
Fouilles 1901
Objets bijoux

Famille

Il est le fils de Hor-Aha et Khenthap.

Des femmes, portant des titres associés, plus tard, à des reines, tels que le Grand Sceptre Hétès et Celle qui voit/porte Horus, furent enterrées dans des tombes subsidiaires près de la tombe de Djer à Abydos ou attestées à Saqqarah. Ces femmes sont considérées comme des épouses de Djer et sont :

  • Nakhtneith (ou Nekhetneith), enterrée à Abydos et connue par une stèle[3],[4] ;
  • Herneith, enterrée à Saqqarah et souvent considérée comme étant une femme de Djer[4] ;
  • Seshemetka, enterrée à Abydos près de Djer[5] - Dodson et Hilton faisaient plutôt d'elle l'épouse de Den[4] ;
  • Peneboui, son nom et son titre ont été trouvés sur une étiquette en ivoire de Saqqarah[3] ;
  • bsou, connue grâce à une étiquette trouvée à Saqqarah et plusieurs récipients en pierre (lecture du nom incertaine ; nom composé de trois hiéroglyphes de poissons)[3].

Il est probablement le père de la reine Merneith (ou Meret-Neith) et peut-être également de son successeur le roi Ouadji (ou Djet)

Règne

Durée du règne

On situe son règne, peu connu, aux alentours de 3095 à 3040 AEC[1]. Alors que le prêtre égyptien Manéthon, écrivant au IIIe siècle, affirmait que Djer avait régné pendant cinquante-sept ans, les recherches modernes de Toby Wilkinson dans les Annales royales de l'Égypte ancienne soulignent que la pierre de Palerme, datant de la Ve dynastie et donc plus précise, attribue à Djer un règne de quarante-et-une années complètes et partielles[6]. Wilkinson note que les années un à dix du règne de Djer sont conservées dans le registre II de la Pierre de Palerme, tandis que les années intermédiaires du règne de ce pharaon sont inscrites dans le registre II du fragment de pierre du Caire C1[7].

Activités

Sur plusieurs fragments de la Pierre de Palerme, les informations concernant dix huit années de son règne sont encore lisibles. Il est ainsi précisé que le roi organise plusieurs expéditions notamment une militaire au Sinaï dans le but d'assurer le contrôle sur cette région minière mais également commerciale avec le Liban afin d'importer du bois de cèdre. On y apprend également que Djer fait édifier un palais à Memphis, et qu'il organise les cultes de Bouto dans le delta du Nil. La réalité de cette expédition au Sinaï a récemment été démontrée par la découverte d'une inscription commémorative à son nom au ouadi Ameyra[8].

Une inscription à son nom a été retrouvée à Ouadi Halfa, au sud de la première cataracte du Nil, ce qui indiquerait que les troupes égyptiennes avaient déjà pénétré en territoire nubien pendant son règne sans doute dans le but de contrôler le commerce et l'accès à la vallée[9]. Une autre inscription, découverte au Gebel Sheikh Suleiman, entre Bouhen et Mirgissa, confirme les expéditions de Djer en Nubie et laisse supposer qu'il avait pris le contrôle du Nil jusqu'à la seconde cataracte[10].

De son règne datent une série de tombes découvertes à Abydos ainsi que de nombreux mastabas découverts sur le plateau de Saqqarah. Sous son règne, le pays connaît un grand essor économique, particulièrement dans la métallurgie. Dans sa titulature apparaît pour la première fois le nom d'Horus d'or « ni-nbw » dont la transcription et la signification sont incertaines.

Sépulture

Stèle de la tombe de Djer découverte à Oumm el-Qa'ab, près d'Abydos

Le tombeau de Djer (tombe O) a été identifié dans la nécropole royale d'Oumm el-Qa'ab à Abydos, où une grande stèle portant son nom d'Horus a été retrouvée brisée. Elle est actuellement conservée au Musée égyptien du Caire. 318 tombes subsidiaires ont été retrouvées autour du tombeau de Djer[11].

Un ensemble de bijoux y a été découvert par William Matthew Flinders Petrie en 1901, dont un bracelet constitué d'une série de serekh surmontés par une figurine de faucon, chacun des éléments étant alternativement en or et en turquoise[12]. Plusieurs plaquettes d'ivoire y ont été également découvertes, objets souvent précieux par les inscriptions qu'ils comportent.

Cette tombe a été identifiée au Nouvel Empire comme étant celle du dieu Osiris, faisant l'objet de restauration et d'un culte fervent par les milliers de pèlerins venus déposer des offrandes au dieu des morts.

Plusieurs objets ont été trouvés dans et autour de la tombe de Djer[13] :

  • Une stèle de Djer, aujourd'hui au Musée du Caire vient probablement d'Abydos
  • Des étiquettes mentionnant le nom d'un palais et le nom de Meritneith
  • Des fragments de deux vases portant le nom de la reine Neith-Hotep
  • Des bracelets d'une reine ont été trouvés dans le mur de la tombe

Dans les tombes subsidiaires, on a trouvé[13] :

  • des stèles de plusieurs individus ;
  • des objets en ivoire avec le nom de Neith-Hotep ;
  • des tablettes d'ivoire.

Herneith, une des femmes de Djer, a été enterrée près de Saqqarah.

Titulature

On trouve son nom sous deux formes : son nom d'Horus, « Horus Djer », « Horus le sauveur », dont le hiéroglyphe djer représente un paquet de lin, mais devait avoir un autre sens symbolique ; et sous le nom de « Iti », notamment sur la table d'Abydos, qui est son nom de naissance.

Notes et références

  1. Autres avis de spécialistes : -3100 à -3055 (N. Grimal), -2980 à -2960 (R. Krauss), -2974 à -2927 (J. von Beckerath), -2939 à -2892 (J. Málek).
  2. Cf. N. Grimal, La période thinite
  3. W. Grajetzki, Ancient Egyptian Queens: a hieroglyphic dictionary
  4. Aidan Mark Dodson & Dyan Hilton, The Complete Royal Families of Ancient Egypt, 2004
  5. W. M. Flinders Petrie, The Royal Tombs of the Earliest Dynasties, 1901, Part II, London 1901, pl. XXVII, 96
  6. Toby Wilkinson, Royal Annals of Ancient Egypt: The Palermo Stone and Its Associated Fragments, Kegan Paul International, 2000, p. 79.
  7. Toby Wilkinson, Royal Annals of Ancient Egypt, p. 258
  8. Pierre Tallet, La zone minière pharaonique du Sud-Sinaï II. Les inscriptions pré et protodynastiques du ouadi Ameyra, Le Caire, IFAO, , p. 23-32
  9. Cf. N. Grimal, Les premiers rois ; on notera que la datation de ce document est remise en question par certains égyptologues
  10. Claire Somaglino et Pierre Tallet, « Une campagne en Nubie sous la Ire dynastie : la scène nagadienne du Gebel Sheikh Suleiman comme prototype et modèle », Nehet, revue numérique d’égyptologie, Paris-Sorbonne, Université Libre de Bruxelles, , p. 1-46 (lire en ligne, consulté le ).
  11. Thomas Kühn, « Die Königsgräber der 1. & 2. Dynastie in Abydos » dans : Kemet, Issue 1, 2008.
  12. Cf. C. Aldred, pl. 1 p. 49 et note 1 p. 113.
  13. Porter and Moss, Topographical Bibliography of Ancient Egyptian Hieroglyphic Texts, Reliefs, and Paintings, « V. Upper Egypt: Sites », Oxford, 1937

Bibliographie

  • Cyril Aldred, Jewels of the Pharaohs, Londres, Thames & hudson,  ;
  • Nicolas Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne [détail des éditions], « Les Libyens ».

Liens externes

  • Portail de l’Égypte antique
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