Diviciacos

Diviciacos (latinisé en Diviciacus), est un membre du peuple des Éduens, et le seul druide gaulois dont le nom soit historiquement avéré[1]. Les autres, dont les noms nous sont parvenus, notamment par le biais de la littérature irlandaise médiévale, ne sont connus que par l'intermédiaire des mythologies et en particulier de la mythologie celtique, tels Cathbad ou Coirpre. Ce serait aussi, d’après Jules César, le nom d’un roi des Suessions, avant la guerre des Gaules.

Monnaies de Divitiac roi des Suessions.

Xavier Delamarre, dans son Dictionnaire de la langue gauloise, p. 145, privilégie la graphie reconstituée Diviciacus et lit la légende monétaire deioykiiakoc (et non « -tiakoc ») et faisant dériver ce nom de la racine « divic » (vaincre) décalque du latin devincere, lui donne comme sens « le vengeur ».

Le druide des Éduens

En 63 ou 62 av. J.-C., il était déjà sénateur. Il serait donc né à la fin du IIe siècle av. J.-C.[2]

Jules César, qui était en relation avec lui, en parle à plusieurs reprises dans les Commentaires sur la Guerre des Gaules et note ses qualités de diplomate.

Au Ier siècle av. J.-C., César écrit qu'il demanda aux Romains une aide pour repousser la migration des Helvètes, nous montre son rôle politique et rapporte l'un de ses discours[3]. C'est cette migration des Helvètes vers l’Ouest de la Gaule qui sert de prétexte à l’invasion des légions romaines.

Membre de la cité des Éduens, l’un des peuples celtes les plus puissants de la Gaule, il y animait le parti pro-romain. Confronté vers 60 av. J.-C. aux agressions germaniques et pour préserver la prédominance de son peuple, il était partisan d’un rapprochement avec Rome. Il se présente devant le Sénat romain pour demander une aide militaire à la suite de la terrible défaite de Magetobriga face aux Germains suèves d'Arioviste, mais « Invité à s'asseoir, il refusa l'offre qu'on lui faisait et plaida sa cause appuyé sur son bouclier. »[4]. On considère traditionnellement qu'il agit alors en tant que vergobret des Éduens. Il existe cependant des arguments pour lui dénier cette qualité[5].

Il est alors l’hôte de Cicéron, dans sa somptueuse villa du mont Palatin. Cicéron, qui connaissait sans doute déjà Diviciacos à cause des intérêts que lui-même avait dans le commerce du vin en Gaule[6], précise que celui-ci était l'ami de son frère Quintus, et qu'il avait été druide lorsqu'il rapporte des entretiens qu'il eut avec lui sur la divination[7].

Les écrits de Cicéron (De divinatione) nous livrent que Diviciacos appartenait à la fois à la classe sacerdotale et à la classe guerrière. Il confirme donc que celui-ci était bien un druide ce que ne dément pas Jules César[8].

On lui connaît un frère, Dumnorix, farouchement anti-romain, qui sera exécuté sur ordre de César en 54 av. J.-C. Auparavant, Diviciacos avait déjà mis à profit son influence auprès de César pour l'épargner.[2] Étant allié aux Romains contre les Helvètes, il complotait en faveur de ces derniers.[9]

La date de la mort de Diviciacos nous est inconnue, mais Cicéron parle encore de lui au présent en 44 av. J.-C.[2]

Un roi des Suessions

D’après Jules César (De bello Gal., II, 4), un personnage homonyme aurait été le roi des Suessions, au début du Ier siècle av. J.-C. : « Ils avaient eu pour roi, de notre temps encore, Diviciacos, le plus puissant chef de la Gaule entière, qui, outre une grande partie de ces régions, avait aussi dominé la Bretagne » et précise : « le roi actuel étant Galba ».

Son nom est écrit sur des monnaies en bronze en caractères grecs qui peuvent se lire deioutiakos, ce qui donne en transcription latine : Divutiacus.

Postérité

Monument à Divitiac à Autun (détruit pendant l'Occupation).

Le , le conseil muncipal de la ville d'Autun (Saône-et-Loire), cité d'origine romaine, inaugure sur la promenade des Marbres une « statue de Divitiac » (Diviciacos), bronze d'Arthur de Gravillon. Elle est démontée puis fondue par les Allemands pendant l'Occupation[10].

Notes et références

  1. Google Livre "Le monde romain de 70 av. J.-C. à 73 apr. J.-C." de Yannick Clavé, fascicule Capes/Agrégation, éditions Dunod, novembre 2014.
  2. Jean-Louis Brunaux, Les Gaulois, Tallandier, coll. « Texto », , 480 p., p. 404-405
  3. Jules César, Commentaires sur la guerre des Gaules (38), I 31-33.
  4. Panégyriques latins, 8, 3.
  5. Emmanuel Arbabe, La politique des Gaulois : Vie politique et institutions en Gaule chevelue (IIe siècle avant notre ère-70), Paris, Éditions de La Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale », , 440 p. (ISBN 979-10-351-0042-1, présentation en ligne)..
  6. F. Olmer, Les aristocrates éduens et le commerce, 2002, cité par Jean-Louis Brunaux qui fait cette hypothèse.
  7. Cicéron, De la Divination (44), I, 41, 90, qui est un dialogue sur ces questions entre Cicéron et son frère Quintus.
  8. Google Livre "Les Gaulois en guerre, stratégies, tactiques et techniques", page 107, d'Alain Deber, éditions Errance, 2009.
  9. Jean-Louis Brunaux, Les Gaulois, Tallandier, , 480 p., p. 407-408
  10. Lucien Taupenot, « Le druide Divitiac », Images de Saône-et-Loire, no 150, , p. 13-14.

Voir aussi

Documentaire

Bibliographie

  • Stéphane Verger, « Le bouclier de Diviciac. À propos de Liv. V, 34 », in L'immagine tra mondo celtico e mondo etrusco-italico. Aspetti della cultura figurativa nell'antichità, a cura di Daniele Vitali, Bologne, 2003, p. 333-369 (en ligne).

Articles connexes

  • Portail du monde celtique
  • Portail du Morvan
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.