Disparition d'un Boeing 727 en Angola en 2003

Le , un Boeing 727, immatriculé N844AA, est volé à l'aéroport international Quatro de Fevereiro de Luanda en Angola. Sa disparition provoque une recherche dans le monde entier par plusieurs agences gouvernementales dont le Federal Bureau of Investigation (FBI) et la Central Intelligence Agency (CIA) des États-Unis[1]. Aucune trace de l'avion n'a depuis été retrouvée.

Disparition du Boeing 727 N844AA en Angola en 2003

L'appareil impliqué dans la disparition (N844AA), alors qu'il volait pour American Airlines en 1989.
Caractéristiques de l'accident
Date
SiteAéroport international Quatro de Fevereiro, Luanda, Angola
Coordonnées 8° 51′ 30″ sud, 13° 13′ 52″ est
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilBoeing 727-223
CompagnieAerospace Sales & Leasing
No  d'identificationN844AA
Équipage2 (non confirmé)

Géolocalisation sur la carte : Angola

Contexte

L'avion impliqué est un Boeing 727-223 fabriqué en , numéro de série 20985, et anciennement exploité par American Airlines, qui l'a utilisé pendant 25 ans[2],[3]. Fin , après une longue carrière, l’avion est retiré du service par American Airlines. Son dernier propriétaire serait la société Aerospace Sales & Leasing de Miami[4]. Il avait été immobilisé et resté inactif à Luanda pendant 14 mois, « après avoir été interdit de survoler le territoire angolais en raison d'une série d'irrégularités[5] », générant plus de 4 millions de dollars de frais d'aéroport impayés, et il était l'un des deux avions à l'aéroport Quatro de Fevereiro en cours de conversion pour être utilisé par IRS Airlines (en)[6]. La compagnie aérienne décide alors d’employer deux personnes pour effectuer la maintenance de l’appareil et le remettre en état de voler.

Le FBI a décrit l'avion comme étant « de couleur argentée non peinte avec une bande de bleu, blanc et rouge. L'avion était auparavant dans la flotte aérienne d'une grande compagnie aérienne, mais tous les sièges passagers ont été supprimés. Il est équipé pour transporter du carburant diesel[N 1] »[7],[8].

Évènement

Il est généralement admis que peu de temps avant le coucher du soleil (probablement vers 17 heures, heure locale), le , deux hommes sont montés à bord de l'avion. L'un d'eux était un pilote et mécanicien navigant américain du nom de Benjamin Charles Padilla[9]. L'autre homme, John M. Mutantu, était un mécanicien embauché par la République du Congo[1]. Aucun des deux hommes n'était certifié pour piloter un Boeing 727, qui nécessite normalement trois membres d'équipage. De plus, John Mutantu n'avait jamais piloté d'avion de sa vie et Benjamin Padilla ne possédait qu'une licence pour des appareils légers[1].

Les deux hommes avaient travaillé avec des mécaniciens angolais pour préparer l'avion au vol. Les autorités américaines pensent que Benjamin Padilla se serait installé aux commandes de l'appareil[10],[11]. Un employé de l'aéroport a déclaré n'avoir vu qu'une seule personne à bord de l'avion au moment des faits[5] tandis que d'autres responsables de l'aéroport ont déclaré que deux hommes étaient montés à bord de l'avion avant l'incident[12],[13].

L'avion a commencé à rouler sans communiquer avec la tour de contrôle. Il a manœuvré de façon irrégulière et est entré sur une piste sans autorisation. Les contrôleurs aériens ont tenté de prendre contact, mais aucune réponse n'a été transmise[14]. Sans lumière, et avec son transpondeur désactivé, l'avion décolle, se dirigeant vers le sud-ouest au-dessus de l'océan Atlantique avant de disparaître[1],[15],[16]. Avant l'incident, l'avion était rempli de 53 000 litres de carburant, ce qui lui donnait une autonomie d'environ 2 400 kilomètres (1 296 mille nautique)[12]. Ni l'avion ni les deux hommes n'ont été revus depuis et aucun débris de l'avion n'a été retrouvé sur terre ou en mer[1],[17].

Théories

La sœur de Benjamin Padilla, Benita Padilla-Kirkland, a déclaré au journal Sun-Sentinel en que sa famille soupçonnait que c'était lui qui avait piloté l'avion et craignait qu'il se fût par la suite écrasé quelque part en Afrique[11] ou qu'il soit retenu contre son gré[18] ; une théorie avec laquelle le président d'Aerospace Sales & Leasing, Maury Joseph, qui avait examiné l'avion deux semaines avant sa disparition, était d'accord. Cependant, les autorités américaines soupçonnent que les antécédents de fraude comptable de Joseph Mutantu impliquant une autre société qu'il possédait ont joué un rôle. Ces dernières pensent que l'avion a été volé dans le cadre d'une escroquerie financière, d'assurance ou peut-être d'un différend commercial[9].

En , une éventuelle observation de l'avion disparu a été signalée à Conakry, en Guinée[19],[20],[21], mais cette dernière a été rejetée par le département d'État des États-Unis[22] et le FBI a fermé le dossier de la disparition en [1].

Les informations divulguées dans le cadre de la révélation de télégrammes de la diplomatie américaine indiquent que les États-Unis ont recherché l'avion dans plusieurs pays après l'événement. Un agent de sécurité régional du service de sécurité diplomatique américain l'a recherché au Sri Lanka sans résultat[23]. Une recherche au sol a également été effectuée par des diplomates stationnés au Nigeria dans plusieurs aéroports sans trace de l'avion[24]. Le télégramme du Nigeria a également déclaré que les diplomates n'avaient pas envisagé un atterrissage probable du 727 dans un grand aéroport, car l'avion aurait pu être facilement identifié[24].

Un article détaillé publié dans le magazine Air & Space (en) en n'a pas non plus pu tirer de conclusions sur le lieu ou le sort de l'avion, malgré des recherches et des entretiens avec des personnes connaissant les détails de la disparition[1].

Culture

Le livre de W. E. B. Griffin, By Order of the President (en), est basé sur la disparition[25]. De même, dans Chariot, un film indépendant sorti en et réalisé par Brad Osborne, les protagonistes se retrouvent sur un mystérieux 727 qui est supposé être le même avion.

Notes et références

Notes

  1. L'avion avait été loué pour livrer du carburant diesel aux mines de diamants de la région, le 727 transportait 10 réservoirs de carburant de 500 gallons (1 893 litres) et quelques sièges passagers dans sa cabine[1].

Références

  1. (en) Tim Wright (photogr. Mike Gabriel), « The 727 that Vanished » Le 727 qui a disparu »], sur www.airspacemag.com, Air & Space, (consulté le ).
  2. (en) JetPhotos (photogr. Senga Butts), « Photo of N844AA - Boeing 727-223(Adv) - American Airlines », sur www.jetphotos.com, (consulté le ).
  3. (en) Gary Leff, « A Former American Airlines Plane is Still Missing After 15 Years » Un ancien avion d'American Airlines est toujours porté disparu après 15 ans »], sur viewfromthewing.com (blog), (consulté le ).
  4. (en) « Aircraft N844AA Data » Données de l'avion N844AA »], sur www.airport-data.com (consulté le ).
  5. (en) « Plane disappears after mystery take-off » Un avion disparaît après un décollage mystère »], sur www.abc.net.au, ABC News, (consulté le ).
  6. (en) Airliners.net (photogr. Justin Cederholm), « Aviation Photo #1128509 : Boeing 727-223/Adv - Untitled (IRS Airlines) », sur www.airliners.net, (consulté le ).
  7. (en) « Seeking Information. Ben Charles Padilla, Luanda, Angola, May 25, 2003 » (version du 10 mars 2006 sur l'Internet Archive), sur www.fbi.gov.
  8. (en) JetPhotos (photogr. Brian Stevenson), « Photo of N844AA - Boeing 727-223(Adv) - IRS Airlines », sur www.jetphotos.com, (consulté le ).
  9. (en) The Charley Project (base de données de personnes disparues), « Ben Charles Padilla Jr. », sur charleyproject.org (consulté le ).
  10. (en) « African hunt for stolen Boeing » Recherche en Afrique concernant le Boeing volé »], sur news.bbc.co.uk, BBC News, (consulté le ).
  11. « L'autre Boeing disparu... », sur www.leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le ).
  12. (en) The Daily Telegraph, « Into thin air » Dans l'air fin »], sur www.smh.com.au, The Sydney Morning Herald, (consulté le ).
  13. (en) Associated Press et al., « Missing jet linked to terrorism » L'avion disparu lié au terrorisme »], sur www.news24.com, News24, (consulté le ).
  14. (en) Les Hewitt, « The Stolen Airliner TAAG Boeing 727-223 (N844AA) » L'avion de ligne volé Boeing 727-223 TAAG (N844AA) »], sur www.historicmysteries.com, (consulté le ).
  15. (en) CNN et Stan Bernard, « US Confirms Boeing 727 Missing » Les États-Unis confirment la disparition d'un Boeing 727 »], sur rense.com, (consulté le ).
  16. Jean-Baptiste Gaudey, « Avant le MH370, ces crashs restés des énigmes », sur www.ouest-france.fr, Ouest-France, (consulté le ).
  17. Cécile Chalancon, « L'avion de la Malaysia Airlines n'est pas le premier gros avion à disparaître: l'histoire du mystère du Boeing 844AA », sur www.slate.fr, Slate, (consulté le ).
  18. (en) Associated Press, « Questions arise over W. Africa jet crash » Des questions se posent au sujet de l'accident d'un avion en Afrique de l'Ouest »], sur usatoday30.usatoday.com, USA Today, (consulté le ).
  19. (en) Agence France-Presse, « Mystery Boeing briefly resurfaces after disappearance » Le Boeing mystère refait surface brièvement après sa disparition »], sur www.smh.com.au, The Sydney Morning Herald, (consulté le ).
  20. (en) « Missing plane turns up in Guinea » L'avion disparu apparaît en Guinée »], sur archive.is, The Scotsman, (consulté le ).
  21. (en) James Astill, « Plane in terrorism scare turns up sporting a respray » L'avion dans la peur du terrorisme se révèle arborant une nouvelle peinture »], sur www.theguardian.com, The Guardian, (consulté le ).
  22. (en) « Counterterrorism » Contre-terrorisme »], sur www.qsl.net (consulté le ) : « Le Boeing 727 que tout le monde continue d'affirmer et qui a été trouvé dans le pays ouest-africain de Guinée n'est pas le même avion qui a disparu en Angola. Cela a été confirmé par le département d'État américain à Washington, D.C. ».
  23. (en) WikiLeaks, « Public Library of US Diplomacy : Missing 727 » Bibliothèque publique de la diplomatie américaine : le 727 disparu »], sur wikileaks.org, (consulté le ).
  24. (en) WikiLeaks, « Public Library of US Diplomacy : Nigeria: No sign of missing 727 » Bibliothèque publique de la diplomatie américaine : Nigéria : aucune trace du 727 disparu »], sur wikileaks.org, (consulté le ).
  25. (en) W. E. B. Griffin, By Order of the President [« Sur ordre du président »], G. P. Putnam's Sons, , 624 p. (ISBN 978-0-515-13977-8, OCLC 693535652).

Voir aussi

Articles connexes

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