Daugavpils

Daugavpils (/ˈdaʊɡaʊpils/, en russe : Даугавпилс et Dvinsk (1893-1920), Dunebourg en français [2]; en allemand : Dünaburg ; en polonais : Dyneburg) est la deuxième ville en population (avec 95 000 habitants) de la Lettonie. C'est l'une des neuf grandes villes de Lettonie ayant un statut particulier de lielpilseta. C'est également le chef-lieu de la province orientale de Latgale. La ville se trouve dans le Sud-Est de la Lettonie, sur les deux berges du fleuve Daugava. Elle est très proche des frontières lituanienne, biélorusse et russe. La langue officielle est le letton, mais la langue de communication majoritaire entre les différentes communautés reste le russe. Une grande partie de la population parle également le latgalien.

« Dinaburg » redirige ici. Pour le club de football, voir Dinaburg FC.

Daugavpils
Dunebourg

Héraldique

Drapeau

Dvinsk en 1912, avec l'église luthérienne en premier plan et l'église de l'Immaculée-Conception au fond
Administration
Pays Lettonie
Lielpilseta Daugavpils
Maire Rihards Eigims
Code postal LV-5400
Démographie
Population 95 467 hab.[1] (2016)
Densité 1 317 hab./km2
Géographie
Coordonnées 55° 53′ nord, 26° 31′ est
Superficie 7 248 ha = 72,48 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Lettonie
Daugavpils

    Variété de nomination

    Daugavpils a connu différents noms, au XVIe siècle Borissoglebsk, jusqu'au XIXe siècle Dünabourg, puis Dvinsk, et à partir de 1920 jusqu'à nos jours Daugavpils.

    Histoire

    Livonie

    Les premiers documents mentionnent en 1275 le château fort de Dünaburg édifié par le baron Ernst von Razeburg sur ordre du grand-maître de l'Ordre de Livonie (Ordo Fratres miliciæ Christi de Livonia), au bord de la Dvina occidentale. Ses ruines se trouvent à une dizaine de kilomètres de la ville moderne. Le château fort était une forteresse d'importance pour défendre la région contre les attaques des populations lives et des princes russes. Plusieurs fois reconstruit, il est finalement pris par Ivan III en 1481.

    Union de Lublin

    La Guerre de Livonie commence en 1558, et le roi Sigismond II de Pologne rend le château et les villages alentour à l'Ordre de Livonie, pour s'assurer de son soutien matériel et militaire. En effet, Dünabourg devient la forteresse principale du grand-duché outre-dvinien (Ducatus Ultradunensis), ou grand-duché de Livonie. Il est cependant détruit en 1577 par les troupes d'Ivan le Terrible. Les ruines servent à construire un nouveau bourg à l'emplacement actuel de Daugavpils avec un petit fort. Dünabourg reçoit les droits de cité des mains du roi de Pologne Étienne Báthory, le .

    La ville devient en 1629, après les guerres polono-suédoises et les pertes de territoires qui s'ensuivent en Livonie pour les Polonais, au profit des Suédois, le siège principal du petit voïvodat de Livonie. La ville de Dünabourg et ses environs sont pris par le tsar Alexis Romanov en 1659, pendant la première guerre du Nord contre la Suède et ses alliés, qui menacent le nord et l'ouest de la Russie. Elle est rebaptisée Borissoglebsk (ville des saints Boris et Gleb). La ville est reprise par les Polonais en 1667.

    Empire russe

    Place du marché de Dvinsk en 1910, avant la démolition en 1969 de la cathédrale orthodoxe Saint-Alexandre-Nevski

    Dünabourg entre dans le territoire de l'Empire russe, lors du premier partage de la Pologne en 1772, selon l'accord entre les puissances. Elle entre d'un point de vue administratif dans le gouvernement de Pskov et en 1802 devient le chef-lieu de l'ouiezd de Dünabourg, faisant partie du gouvernement de Vitebsk. On construit entre 1810 et 1833 une nouvelle forteresse moderne[3], avec une interruption pendant l'invasion de la Grande Armée napoléonienne, cette forteresse joue un rôle important pendant cette guerre de 1812 et la Retraite de Russie. Une fontaine de l'Arsenal commémore la victoire sur la France.

    Le bourg est modernisé en 1826, date de la construction des nouveaux quartiers, et la vieille ville démolie.

    Dünabourg prend le nom russe de Dvinsk par oukaze du .

    Au XIXe siècle, la ville est un nœud de communication important. Le chemin de fer joint la ville à Riga (1861), Saint-Pétersbourg (1860), Varsovie (1862), Vitebsk (1866) ou encore Oriol. Le fameux Nord-Express s'y arrête. Le fleuve permet les échanges et une route Saint-Pétersbourg - Varsovie est construite.

    Dvinsk compte 112 837 habitants en 1914, devenant ainsi la ville la plus importante du gouvernement de Vitebsk d'un point de vue démographique et industriel.

    De 1915 à 1920

    La plupart des usines sont évacuées plus à l'intérieur de la Russie au début de la Première Guerre mondiale et le front s'approche de Dvinsk à l'automne 1915, les Allemands sont à Novoalexandrovsk (aujourd'hui Zarasai) le . Des combats importants ont lieu sur les hauteurs de la Dvina. Les Russes comparent Dvinsk à Verdun, car la guerre de position s'amorce, la ville étant située sur la route de Petrograd (ex-Saint-Pétersbourg). Dvinsk est bombardée et évacuée de ses industries et administrations. Cinq armées russes commandées par le général Plehve (1850-1916) et le général Gourko (1864-1937) sont positionnées autour de la ville. Les combats sont extrêmement rudes à l'hiver 1916-1917, mais des amorces de fraternisation commencent après la révolution de février et à l'automne 1917 l'influence des bolchéviques renforce le pacifisme des troupes.

    Le décret de paix signé par Lénine le 8 (26) provoque un cessez-le-feu[réf. nécessaire]. Une délégation de plénipotentiaires du soviet des commissaires du peuple en provenance de Petrograd pour Brest-Litovsk traverse Dvinsk en novembre pour mener les pourparlers de paix avec l'Allemagne. L'ouïezd de Dvinsk, qui fait partie du gouvernement de Vitebsk depuis 1802, entre le par décision du soviet de la Russie bolchévique, dans le territoire de la république lettone soviétique (1917-1918), dite république d'Iskolat (en), alors qu'une minorité infime de Lettons y vivent. Mais son territoire évacué par l'armée allemande est pris par des divisions lettones bolchéviques. Les Allemands reprennent les territoires le , mettant fin à la république Iskolat (en) soviétique lettone. La chute de l'Empire allemand et la révolution spartakiste modifient la situation : les Allemands évacuent sans combat. Les Bolchéviques peuvent reprendre la région sans coup férir. L'Armée rouge fait son entrée dans Dvinsk, le qui intègre la République soviétique socialiste de Lettonie le . Le président en est un certain temps Pēteris Stučka.

    Puis, les Polonais interviennent. L'armée polonaise du général Rydz-Smigly occupe Dvinsk le . Le traité de Riga fait entrer Dvinsk, qui devient Daugavpils, dans la nouvelle république de Lettonie indépendante.

    De 1939 à 1945

    Les Allemands prennent la ville par un raid du 56e corps blindé (LVI. Armee-Korps (mot.), en allemand) du général von Manstein le , alors que l'Armée rouge se concentre sur le 41e corps blindé (XLI. Armee Korps (mot.), en allemand) plus à l'ouest.

    Les Juifs sont dans un premier temps enfermés dans le Ghetto de Daugavpils avant d'être massacrés dans les bois aux alentours. Le nombre de victimes juives est estimé entre 13 000 à 16 000[4]. C'est la Shoah en Lettonie.

    La forteresse est le siège du Stalag 340. La ville est occupée jusqu'en 1944.

    De 1945 à 1990

    En 1953, Grīva, la ville voisine se situant sur la rive gauche de la Laucesa (lv), est administrativement attachée à Daugavpils.

    Climat

    • Climat de Daugavpils (en)

    Population

    Évolution démographique de la ville de Daugavpils entre 1772 et 2008

    En 2009, la population de la ville était estimée à 104 857 habitants. Sa composition ethnique était la suivante :

    • Russes à 52,8 % avec 55 320 habitants.
    • Lettons à 17,6 % avec 18 411 habitants.
    • Polonais à 14,6 % avec 15 327 habitants.
    • Biélorusses à 7,8 % avec 8 206 habitants.
    • Ukrainiens à 2,1 % avec 2 253 habitants.
    • Lituaniens à 1,0 % avec 1 005 habitants.
    • Autres à 4,1 % avec 4 335 habitants.

    Transports

    La ville de Daugavpils possède un réseau de tramways, qui comporte trois lignes et s'étend sur plus de 21 kilomètres.

    Monuments, bâtiments, installations

    • Église Saint-Pierre-aux-Liens
    • Église de l'Immaculée-Conception
    • Cathédrale Saint-Boris-et-Saint-Gleb
    • Église Martin Luther
    • Église de la Nativité de la Mère de Dieu[5] (vieux-croyant)
    • Église Alexander Nevsky
    • Cadran solaire
    • Maison de l'Unité, Vienibas Nams (1937)
    • Maison Lettonie, Latviesu maja
    • Forteresse de Daugavpils (1810-1878)
    • Musée Mark Rothko[6],[7],[8], à la Forteresse,
    • Musée des véhicules militaires, au Manoir Svente
    • Musée régional d'art de Daugavpils (1883)
    • Musée juif de Daugavpils et Latgale, et Synagogue rénovée
    • Musée Shmakovka (alcool local)
    • Centre culturel russe, Maison Russe
    • Centre culturel biélorusse
    • Centre culturel polonais
    • Centre d'art de la poterie de Daugavpils, Mala makslas centrs
    • Théâtre (1856)
    • Académie Internationale Balte
    • Parc Dubrovin (ancien maire)
    • Parc central
    • Jardin public Andrejs Pumpurs (poète), avec la nouvelle chapelle Alexandre Nevski
    • Jardin botanique
    • Zoo de Latgale
    • Centre des chauves-souris de Daugavpils, à la Forteresse

    Personnalités

    Galerie

    Notes et références

    1. «Latvijas iedzīvotāju skaits pašvaldībās pagastu dalījumā»
    2. https://fr.wikisource.org/wiki/L’Encyclopédie/1re_édition/DUNEBOURG
    3. Œuvre du général d'origine allemande Johann Heckel (1764-1832)
    4. Ezergailis, The Holocaust in Latvia, page 275.
    5. https://www.visitdaugavpils.lv/en/turisma-objekts/jaunbuves-vecticibnieku-draudzes-augsamcelsanas-dievmates-piedzimsanas-un-svetitaja-nikolas-dievnams/
    6. (en) « Daugavpils Mark Rothko art centre - », sur Daugavpils Mark Rothko Art Centre (consulté le ).
    7. AFP, « Lettonie : Un musée Mark Rothko ouvre dans sa ville natale », sur rfi.fr, (consulté le ).
    8. (en) « The Mark Rothko Center : Rothko’s Stunning Legacy In Latvia », sur Art Weekenders, (consulté le ).

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

    • Portail de la Lettonie
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.