Cristóbal Balenciaga

Cristóbal Balenciaga Eizaguirre, né le à Getaria (Pays basque espagnol) et mort le à Xàbia (Communauté valencienne), est un couturier et modiste espagnol.

Il est l'un des plus grands couturiers, unanimement reconnu par ses pairs et surnommé « le maître » ou encore « le couturier des couturiers ». S'il débute bien avant la Seconde Guerre mondiale, c'est durant les années 1950 qu'il transforme totalement la silhouette féminine, la faisant évoluer pour atteindre finalement son apogée au début des années 1960. Son style classique et épuré lui vaut de compter parmi ses clientes fidèles les Reines d'Espagne et de Belgique, la Princesse Grace de Monaco et la Duchesse de Windsor. Son travail a influencé de nombreux couturiers, tels que Oscar de la Renta, André Courrèges qui travailla dans son atelier, Emanuel Ungaro et Hubert de Givenchy qu'il aida. En 1968, le couturier décide de se retirer. La marque, appartenant de nos jours à la holding française Kering, est actuellement sous la direction de Demna Gvasalia, après le départ d'Alexander Wang en 2015, qui succéda en décembre 2012 à Nicolas Ghesquière.

Biographie

Débuts en Espagne

Cristóbal Balenciaga Eizaguirre est né le 21 janvier 1895 à Getaria[1], village de pêcheurs dans la province de Gipuzkoa au Pays basque espagnol. Il grandit dans un environnement modeste, entouré par son père marin-pêcheur et maire du village, de sa mère, couturière et de ses deux frère et sœur, Augustina et Juan Martín. Son père meurt jeune et laisse la mère de Balenciaga, Martina Eizaguirre, sans ressources et ses trois enfants à charge.

Martina, qui enseigne sa profession aux jeunes filles du village, initie très tôt Cristóbal à la couture, lui transmet son savoir-faire et sa passion. C'est à l'âge de douze ans que la marquise de Casa Torres, alors cliente de Martina, remarque son don et son habileté. Elle lui confie alors une de ses robes en lui demandant de la reproduire. Il s'exécute, laissant transparaître son talent inné pour la couture. La marquise va ensuite l'encourager et le pousser à persévérer dans cette voie, et en 1908 il entre en apprentissage chez un tailleur de Saint-Sébastien.

À seize ans, il part quelques mois à Bordeaux pour parfaire son français. Un an plus tard en 1912, il entre au magasin du Louvre de Saint-Sébastien, rue Hernani, comme ouvrier aux côtés de Mademoiselle Victoria, première d'atelier pour dames. Il deviendra ensuite à son tour chef d'atelier chez New England[2].

À la fin des années 1910, sûr de son talent, il ouvre sa première maison de couture, rue Vergara, Saint-Sébastien, sous le nom de C. Balenciaga et engage une trentaine d'ouvrières. L'année suivante, les sœurs Benita et Daniela Lizaso s'associent à lui et injectent des capitaux dans son entreprise qui portera désormais le nom de Balenciaga y Compañía[2]. Saint-Sébastien étant la résidence d'été de la cour d'Espagne, son talent l'amène à côtoyer et à habiller la famille royale, notamment la reine Victoria Eugenia et la reine mère María Cristina. Avec elles, c'est toutes les dames de la société qui deviennent clientes régulières de Balenciaga et sa renommée se consolide rapidement. Il effectue de nombreux séjours à Paris où il se fait connaître comme acheteur chez les couturiers[3]. Il y rencontre Worth, Jeanne Lanvin, Chéruit, Paquin, Lelong et notamment Coco Chanel avec qui il va lier une étroite amitié jusqu'à la fin de sa vie.

La fin de la monarchie espagnole en 1931 signe la fin d'une époque, sa clientèle privilégiée commence à disparaître. Mais fort de son succès et déjà bien entouré, notamment par Wladzio d'Attainville, fils d'une de ses clientes, Balenciaga ouvre une seconde maison de couture à Saint-Sébastien mais qui ferme rapidement. C'est en 1933 qu'il ouvre une maison à Madrid, rue Caballero de Gracia. Sa seconde maison ayant fait faillite, Balenciaga n'a plus le droit d'user de son nom pour ses maisons. C'est donc le nom de sa mère Eisa (Eizaguirre) que vont désormais porter ses maisons de couture, Eisa Costura. En 1935, une autre maison voit le jour à Barcelone, 10 rue Santa Teresa, dans son hôtel particulier.

Paris

Mais la Guerre civile de 1936 l'oblige à quitter l'Espagne et à fermer ses trois maisons de couture, existant déjà depuis presque vingt ans. Il tente dans un premier temps de se réfugier à Londres et de travailler chez Worth et chez Rouff. Mais dès juillet 1937, il s'installe à Paris et ouvre une maison au 10, avenue George-V[1] sous le nom de Balenciaga, grâce à un mécène et à quelques fabricants de tissus français qui le connaissent du temps où il venait se fournir chez eux pour la cour espagnole[n 1]. Il présente sa première collection parisienne en août 1937, qui remporte immédiatement un franc succès[4]. Le Daily Express le surnommera même « le jeune Espagnol qui révolutionne la mode ». Un autre défilé deux ans plus tard, où il présente cette fois une collection inspirée du Second Empire français, remporte lui aussi un vif succès.

À la fin de la guerre d'Espagne, Balenciaga décide de rouvrir ses maisons locales. Celle de Madrid déménage rue José Antonio, sur les recommandations de la marquise de Casa Torres et compte désormais deux-cent cinquante employés ; sa sœur en prend la direction en 1948, jusqu'à sa fermeture en 1968. Son neveu, José Balenciaga, quant à lui, dirige celle de Barcelone. Il continue d'habiller l'aristocratie espagnole mais également des personnalités. Son succès grandissant, il élargit sa maison parisienne en 1939 en rachetant les locaux de Mainbocher, mitoyens aux siens avenue George-V.

La Seconde Guerre mondiale ne l'arrête pas, il fermera juste sa maison en juillet 1940 pour la rouvrir en septembre afin d'éviter d'être réquisitionné. Les collections qui suivent pendant cette période de restriction sont des collections réduites pour une clientèle privée, fidèle à sa mode. Il introduit l'usage de la broderie et la passementerie dans ses robes du soir durant cette période.

À la fin de la guerre en 1945, il faut reconquérir le public et relancer la haute couture parisienne. Il participe donc au Théatre de la Mode, exposition itinérante, installée dans un premier temps au Pavillon de Marsan à Paris où sont mises en scène des figurines habillées par les plus grands couturiers de l'époque. L'arrivée de Christian Dior en 1947 créé un véritable raz-de-marée dans l'univers de la mode mais Balenciaga n'en est pas pénalisé pour autant, lançant sa ligne « Tonneau ». Sa réputation est déjà bien établie auprès de la presse et de ses clientes à l'international, et sa mode ne peut faire concurrence à celle de Dior, les deux styles étant très différents. Dior ira même jusqu'à appeler Balenciaga « notre maître à tous »[5].

En 1948, la collection est encensée par Carmel Snow[6]. Cette année-là, Balenciaga doit faire face au décès de son proche collaborateur Wladzio d'Attainville, le 14 décembre. Va s'ensuivre une période difficile où il envisage d'arrêter toute activité mais Dior réussit à le convaincre de ne rien abandonner. Il lance son premier parfum Le Dix, allusion à l'adresse de sa maison de couture à Paris, à cette période ; le deuxième suivra quelque temps plus tard La fuite des heures, puis un troisième Quadrille. Il ouvre également une boutique au 10, avenue George-V, dans la partie rachetée à Mainbocher qui sera entièrement décorée par Christos Bellos.

André Courrèges intègre l'atelier Balenciaga en 1950 comme assistant. Les années cinquante voient Balenciaga ne se donner qu'à son œuvre, sa mode. Ce sera sans doute la décennie la plus importante de sa carrière, chaque collection voit fleurir une nouvelle pièce « maître ». Il passe du temps à recréer sa silhouette, à la parfaire. Chaque nouveau défilé est un réajustement du précédent, les coupes et les volumes sont affinés ; la presse de mode approuve. Ses créations de cette époque font appel aux manches melon, aux jupes ballon et à des tissus volumineux et lourds. L'année d'après, Balenciaga revient à des lignes plus fluides, avec des tailleurs semi-ajustés, cintrés devant et vagues derrière ; cette ligne sera appelée par Carmel Snow du Harper's Bazaar la « semi fitted look[7] ». Il présente en 1955 la tunique, robe étroite deux pièces aux lignes droites et épurées.

Il compte dans sa clientèle beaucoup de personnalités, notamment les actrices comme Marlène Dietrich, Ginger Rogers, Alice Cocéa, ou Carole Lombard, mais ne participe à aucun essayage excepté ceux de quelques amies privilégiées.

Balenciaga possède un appartement à Paris, avenue Marceau mais également une maison près d'Orléans, La Reyneirie, ainsi que deux appartements en Espagne, l'un à Madrid et l'autre à Barcelone. Mais le seul endroit où il se plaise totalement, exceptée sa maison de couture parisienne, est sans doute sa maison à Igeldo, Guipuscoa au Pays basque.

En 1958, Balenciaga fait un voyage aux États-Unis et veut constater par lui-même son succès outre-Atlantique, tant la presse américaine parle de lui et les riches Américaines sont de fidèles clientes. Là-bas il découvre les usines de fabrication de prêt-à-porter et se rend compte que sa mode ne pourra jamais adhérer à ce mode de fabrication à grande échelle où tout est confectionné sur des machines. Il appartient au monde de la haute couture et de l'élégance et ne veut en aucun cas perdre ce qui lui donne tant de valeur. Très indépendant, il refuse également d'intégrer la Chambre syndicale de la haute couture pour continuer à créer sans devoir se plier à certaines contraintes[n 2] et grâce à sa clientèle internationale extrêmement riche, il réussit à maintenir un chiffre d'affaires presque aussi important que les autres maisons de couture, avec un mode de fabrication beaucoup plus artisanal et un personnel moindre. Ses maisons espagnoles sont très importantes pour le bon fonctionnement de son entreprise, les matières et fournitures dont il use sont moins chères en Espagne, il crée donc pour moins de frais.

Le 12 mai de la même année, Balenciaga est fait Chevalier de la Légion d'honneur pour sa contribution à l'industrie de la mode[4]. Il crée la même année les robes « Baby Doll »[9] et en queue de paon, longues derrière et courtes devant.

Au début des années 1960, Il lance le parfum « Eau de Balenciaga ». Les parfums Balenciaga resteront une activité très annexe pour la maison[7]. Balenciaga commercialise peu après une élégante ligne de vêtements de style sport. En 1966, Le Yorkshire Post titre « La bombe Balenciaga »[7]. Son style devient de plus en plus épuré mais est toujours autant acclamé par la presse internationale.

L'année 1968 est une année de bouleversement social en France. C'est également le cas pour Balenciaga qui ne se retrouve plus dans les nouveaux codes et mœurs prônés par la société française, selon lui le luxe, l'élégance et la couture n'ont plus leur place dans ce nouveau monde. Les « années Courrèges » et de la minijupe, le prêt-à-porter[n 3] auront eu raison de sa créativité[7] et il présente sa dernière collection haute couture[13]. Il prend donc la décision de fermer toutes ses maisons de couture après trente ans d'activités parisiennes, ce qui plonge le monde de la mode dans un grand désarroi ainsi que les centaines d'employés qui travaillaient pour lui jusqu'alors. Dans la seule interview qu'il donna de toute sa carrière, en 1971 au journal The Times, il déclara « C'était une vie de chien. »

Projet initié début 1968, il dessine tout de même l'année 1969, d'après une commande d'Air France, les uniformes des hôtesses de l'air de la compagnie nationale[n 4],[14]. Deux ans plus tard, la maison équipe le personnel au sol d'une tenue différente. Malgré tout, dès le début, les uniformes rencontrent de nombreuses critiques[7],[n 5].

Il se retire ensuite en Espagne, dans sa maison d'Igeldo. On ne le reverra publiquement que lors de l'enterrement de Gabrielle Chanel en 1971, et son dernier travail dans le monde de la mode sera la création d'une robe de mariée pour la Duchesse de Cadix, Carmen Martínez-Bordiú y Franco en 1972 puis meurt le 23 mars d'une crise cardiaque à Xàbia, âgé de 77 ans. Il se fait inhumer à Getaria, sa ville natale.

Reconnaissance

« Le Roi est mort » titre la bible de la mode en mars 1972 sans qu'il soit utile de préciser son nom[15]. « Le couturier des couturiers[16] », le plus grand d'entre eux[17],[18],[19], vient de mourir et reste dans la mode comme étant le plus respecté, vénéré et admiré[20],[21].

En Espagne à ses débuts, Balenciaga achète des modèles aux couturiers parisiens, qu'il adapte, tout en réalisant ses propres créations ; rapidement, Madeleine Vionnet reconnait son talent et l'encourage à ouvrir sa maison[15]. Peu après l'ouverture de celle-ci, Vogue écrit que « ses créations traverseront l'histoire, […] comme il ne suit aucune autre mode que la sienne, tout le monde le suit[20]. » Jusqu'à la fin des années 1940, Cristóbal Balenciaga est un couturier reconnu pour la grande qualité de ses réalisations et leur simplicité, sans la prédominance sur la haute couture qu'il imposera peu après[16]. Mais un événement va le faire se renouveler et laisser éclater sa créativité[2].

En 1947, alors que Christian Dior révolutionne la silhouette féminine avec son New Look, Balenciaga  son ami  refuse cette mode corsetée et contraignante pour la femme. Ne cédant pas aux tendances[22],[23], il transcende la saisonnalité de la mode avec ses silhouettes sobres[n 6], durables, pragmatiques mais sophistiquées ; « il a la clientèle la plus élégante du monde » écrit Vogue[20],[n 7]. Dans les années 1950, celui que Dior surnomme « notre Maître à tous[26],[1] » remodèle la silhouette féminine, puis l'épure[15] : « incarnant à la fois le classicisme absolu et la modernité, Balenciaga devient insurpassable[2]. »

Prudence Glyn, journaliste au Times, à qui le couturier donnera l'unique interview de sa vie[19], précise que ces années-là, « Dior est devenu un mot familier grâce à l'influence du New Look mais pour les puristes il y avait qu'une seule direction dans laquelle il fallait regarder, Cristóbal Balenciaga[15]. »[n 8] Gabrielle Chanel, que Balenciaga « admire » et à qui il donnera son amitié jusqu'à sa mort en 1971[15], le cite comme le seul couturier existant[28], considérant tous les autres comme de simples « dessinateurs de mode »[15],[n 9]. « La haute couture est un grand orchestre que seul Balenciaga sait diriger, tous les autres créateurs que nous sommes suivons simplement ses indications » dit Christian Dior[24].

Pour beaucoup il reste une énigme[19] : Balenciaga n'a pas de date symbolique comme peut l'avoir Dior, ou un style particulier comme celui de Chanel[15]. Il n'est pas un phénomène culturel comme le sera Yves Saint Laurent plus tard. Refusant les interview à cause de « l'impossibilité absolue qu'il a d'expliquer son métier[15] », rarement vu en public, sa vie privée est inconnue, ainsi que ses relations[2] ; il fuit la presse, la publicité[15],[8], n'est d'aucune corporation, même pas inscrit à la Chambre syndicale[2]. Ses défilés  silencieux  sont réservés à quelques privilégiés triés sur le volet[2]. Certains journalistes, exaspérés, vont jusqu'à spéculer de son existence[15]. « Le maître[24] » refuse la mode pour ce qu'elle est, préférant le travail de coupe et le dessin de la silhouette[7].

Ce mystère qui l'entoure ne l'empêche pas d'obtenir des parutions dans les plus grands magazines mondiaux, grâce, entre autres, au soutien clairement affiché des très influentes journalistes Diana Vreeland[n 10] et surtout Carmel Snow qui le désigne comme « le nec plus ultra de la mode[26] »[n 11]. Dès 1948, après avoir assisté à la collection du couturier, cette dernière décide de ne porter que du Balenciaga toute sa vie ; ce qu'elle fera : elle est retrouvée morte dans son lit en 1961, vêtue ainsi[6]. Par la suite, c'est le puissant John Fairchild (en) du WWD qui parachève la réputation de Balenciaga. L'air hautain de Lisa Fonssagrives ou Dovima saisi par Henry Clarke, Louise Dahl-Wolfe, Georges Dambier, Richard Avedon ou Irving Penn puis affiché en couverture de Vogue ou d'Harper's Bazaar, perpétue la diffusion de l’élégance Balenciaga.

Pourtant loin d'être austère[15], il maintient une ambiance monacale dans sa maison et ses ateliers[15] où le silence règne. En 1991 dans Vogue, Hubert de Givenchy, qui est largement soutenu par son mentor Balenciaga à ses débuts, décrit le couturier espagnol comme un homme « gracieux, élégant, pieux, simple, talentueux »[20], disant par la suite que « Balenciaga était ma religion. Depuis que je suis croyant, pour moi, il y a Balenciaga et le Seigneur[30]. » La métaphore, pour le couturier espagnol si proche de l'Église catholique[2] et dont les références au costume religieux sont fréquentes[31], est souvent utilisée à différents niveaux : Le « moine de la couture » ou « l'évêque de la modernité » tel qu'on le nomme parfois[19],[32], « serait — et de loin — le pape de la couture moderne. Un homme au-dessus de tout soupçon, inattaquable et jamais égalé. Le deus ex machina de la machine à coudre que ni Chanel, ni Vionnet, ni Dior n'oseront jamais critiquer. […] si Dior a pris le pouvoir, le nouveau temple de la mode a désormais une nouvelle adresse, le 10, avenue George-V. »[2] Balenciaga « continue de régner sur les esprits comme sur les ateliers de haute couture »[2] ; la « légende de la mode[7] » est, depuis ses débuts et encore de nos jours, totalement intouchable[2],[33].

L'œuvre

Robes de Cristóbal Balenciaga

Considéré comme un des grands couturiers du XXe siècle, l'œuvre de Balenciaga a accompagné de près l'évolution vestimentaire de la femme durant la première moitié du siècle. Son style se caractérise par la sobriété, les combinaisons de couleurs audacieuses et son inspiration espagnole, comme les robes infante.

Durant les années quarante, il introduit des broderies et de la dentelle. Balenciaga puise dans le passé pour ses robes aux formes amples et arrondies, à l'opposé des silhouettes cintrées de Christian Dior. Durant ses plus grandes années, vers 1950, il sera souvent opposé, avec ses lignes fluides, au New Look de Dior qui triomphe alors à Paris et dans le monde[1] à partir de 1947. Viennent ensuite les lignes tonneau, au dos arrondi et à la taille décentrée, semi-ajustée, en 1951, la veste ballon en 1953 enveloppant le haut du corps dans un cocon[1], la robe tunique deux ans plus tard, et la robe-sac en 1957.

Musée

Le Cristóbal Balenciaga Museoa a été inauguré en 2011 à Getaria, la ville natale de Balenciaga. Il occupe deux bâtiments, l'ancien Palais Aldamar construit au XIXe siècle et une annexe moderne conçue par l'architecte Julián Argilagos. Le musée présente dans six salles la vie et l'œuvre de Balenciaga.


Vie privée

Cristóbal Balenciaga était homosexuel, bien qu'il ait gardé sa sexualité privée tout au long de sa vie. L'amour de sa vie et son partenaire de longue date était le modiste franco-polonais Władzio Jaworowski d’Attainville, qui avait aidé à financer sa mise en place. À la mort d'Attainville en 1948, Balenciaga était tellement brisé qu'il envisagea de fermer l'entreprise.

Rachat de l'entreprise

  • 1986 : acquisition de Balenciaga par le groupe Jacques Bogart[13].
  • 1995 : premiers pas de Nicolas Ghesquière chez Balenciaga
  • 1997 : Nicolas Ghesquière est nommé à la direction artistique[34], puis présente sa première collection de prêt-à-porter féminin. Il va transformer la marque dans les années suivantes[35].
  • 2001 : acquisition de la Maison par la marque italienne Gucci, qui sera intégrée deux ans plus tard au département luxe du groupe PPR, désormais nommé Kering.
  • 2011 : ouverture du musée Balenciaga au Pays basque[36],[37].
  • 2012 : arrivée de Alexander Wang à la direction artistique[38].
  • 2015 : Demna Gvasalia est nommé à la direction artistique[39].

Notes et références

Notes

  1. Ouverture de sa maison parisienne en partenariat avec Nicolas Bizcarrondo et Wladzio Jaworowski d'Attainville.
  2. Depuis 1956, le pillage et la copie de ses collections font qu'il décide de ne plus défiler en même temps que les autres couturiers ; la presse internationale est obligée de venir à Paris spécifiquement pour lui[8].
  3. Au début des années 1960, Balenciaga et Chanel sont les deux seules maisons notables à refuser de créer une ligne de prêt-à-porter[10] ; Chanel s'y résoudra quelques années plus tard. Laurence Benaïm résume plus simplement cette fermeture : « Balenciaga, qui trouvait que l'époque n'était plus son genre, avait claqué la porte en 1968[11]. » Mais plus que les tendances de l'époque, c'est tout le système économique de la haute couture, impossible à rendre rentable après les années 1950 sans le prêt-à-porter en parallèle, qui s'effondre symboliquement avec cette fermeture : « Cristóbal Balenciaga […] préféra fermer en 1968 sa maison de couture, plutôt que de passer du côté des confectionneurs[12]. »
  4. Les uniformes des navigants féminins de la compagnie sont constitués d'un tailleur d'hiver composé d'une veste à la taille marquée, avec quatre poches, une jupe s'arrêtant au milieu du genou, avec les poches cachées dans les coutures, ainsi qu'un chemisier, un foulard, et une bombe à petite visière. Le reste de l'uniforme comprend un manteau et un imperméable tous deux identiques dans la coupe, un tailleur d'été avec un calot. Air France fournira en plus, pour la première fois, de nombreux accessoires : sac à main, escarpins et bottes, gants[7]
  5. Il est principalement reproché à la compagnie d'avoir fourni un uniforme peu pratique, dessiné par un couturier hors des tendances de l'époque : à la fin des années 1960, André Courrèges, Pierre Cardin, ou Yves Saint Laurent triomphent et sont des couturiers adulés. Le prêt-à-porter a changé les tendances. L'uniforme signé Balenciaga est « trop parfait, trop couture, trop bourgeois[7] ».
  6. Carmel Snow écrit : « Rien n'est plus mystérieux que la simplicité… Comme toujours, on peut s'attendre à ce que l'influence de Balenciaga se manifeste en profondeur, sans bruit, jusqu'à ce qu'elle gagne l'ensemble du monde de la mode. »[24] Balenciaga ira jusqu'à créer un modèle spécialement pour elle qu'elle décrira comme « l'ensemble le plus extraordinaire de notre temps »[16].
  7. Confirmé également en ces termes : « C'est un des plus grands créateurs de notre temps et ses clientes sont parmi les femmes désignées par la presse comme les mieux habillées du monde[25]. »
  8. Sur la place de Dior et Balenciaga dans le paysage de la haute couture, cette idée est exprimée d'une façon proche dans l'ouvrage En Vogue : « Parmi les couturiers, pendant que Dior régnait dans les années 1950, Cristóbal Balenciaga, défenseur du style européen et maître de la coupe, restait au plus haut de son pouvoir[27]. »
  9. Avis plusieurs fois souligné, la citation de Chanel est reprise ainsi : « Lui seul est capable de couper un tissu, de le monter, de le coudre de sa main. Les autres ne sont que des dessinateurs. »[24]
  10. Diana Vreeland dira : « Quand vous portez une robe de Balenciaga, les femmes autour de vous cessent d'exister[2]. »
  11. Vreeland et Snow sont les deux seules journalistes que Balenciaga accepte[29].

Références

  1. (en) Design Museum et Paula Reed, Fifty fashon looks that changed the 1950s, Londres, Conran Octopus, , 112 p. (ISBN 978-1-84091-603-4), « Cristóbal Balenciaga 1953 », p. 30
  2. Kerlau 2013, p. 163 à 202
  3. Örmen 2012, p. 29
  4. Olivier Saillard (dir.), Elsa Rigaux et al., Musée de l'Histoire et des Cultures de l'immigration, Fashion Mix : Mode d'ici. Créateurs d'ailleurs, Paris, Flammarion, , 176 p. (ISBN 978-2-08-134309-2, présentation en ligne), « Cristóbal Balenciaga », p. 91 à 92
  5. Caroline Cox, Le luxe en héritage, Dunod, 2013, p. 220.
  6. (en) Calvin Tomkins, « The world of Carmel Snow », The New Yorker, , p. 148 à 158 (ISSN 0028-792X, lire en ligne)
  7. Florence Müller et Eric Reinhardt (Conception éditoriale), Élégances aériennes : une histoire des uniformes d'Air France, Air France, , 136 p., « L'uniforme « couture » de Balenciaga contesté par l'esprit de mai 1968 », p. 62 à 81
  8. Örmen 2012, p. 27
    « On disait que Cristobal Balenciaga était austère, que ses ateliers ressemblaient à un couvent… Il était catholique pratiquant et semblait sans humour et mystérieux. Protégeant farouchement sa vie privée, rétif à la publicité […] »
  9. Örmen 2012, p. 28
  10. Didier Grumbach, Histoires de la mode, Paris, Éditions du Regard, (1re éd. 1993 Éditions du Seuil), 452 p. (ISBN 978-2-84105-223-3), « Le prêt-à-porter mal-aimé », p. 149
  11. Laurence Benaïm, Azzedine Alaïa, le Prince des lignes, Paris, Grasset, coll. « Documents Français », , 160 p. (ISBN 978-2-246-81055-1, présentation en ligne), « Anatomie du temps », p. 121
  12. Olivier Saillard (dir.), Anne Zazzo (dir.), Alexandra Bosc et al. (préf. Bertrand Delanoë), Paris Haute Couture, Paris, Skira, , 287 p. (ISBN 978-2-08-128605-4), « Début et fin de la haute couture », p. 256
  13. Marie Ottavi, « Balenciaga bientôt de retour en haute-couture », Mode, sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  14. Quelques détails sur la production et l'anecdote du premier essayage en présence de Balenciaga in : Didier Grumbach, Histoires de la mode, Paris, Éditions du Regard, (1re éd. 1993 Éditions du Seuil), 452 p. (ISBN 978-2-84105-223-3), « Le prêt-à-porter des couturiers », p. 250
  15. (en) Susan Irvine, Vogue on : Cristobal Balenciaga, Quadrille Publishing Ltd, coll. « Vogue on Designers », , 160 p. (ISBN 978-1-84949-311-6, présentation en ligne)
  16. Valerie Mendes et Amy de la Haye (trad. de l'anglais par Laurence Delage, et al.), La mode depuis 1900 [« 20th Century Fashion »], Paris, Thames & Hudson, coll. « L'univers de l'art », , 2e éd. (1re éd. 2000), 312 p. (ISBN 978-2-87811-368-6), p. 131 et sv.
    « Souvent surnommé le couturier des couturiers, Balenciaga ouvrit sa maison de couture à Paris en 1937 et lança de nombreux styles tournés vers l'avenir, atteignant sa position prééminente dans la haute couture française après la guerre. »
  17. Jean-Noël Liaut, Modèles et mannequins : 1945 - 1965, Paris, Filipacchi, , 220 p. (ISBN 978-2-85018-341-6, notice BnF no FRBNF35660421, présentation en ligne), « Cristobal Balenciaga », p. 133
    « Cristobal Balenciaga fut bien plus qu'un simple créateur de talent. Pour beaucoup, il reste le plus grand couturier du siècle. »
  18. Musée Galliéra, p. 3, préface de Bertrand Delanoë
    « Il y a quarante ans, un des plus grands noms de l'histoire de la mode disparait […] l’œuvre du maître couturier. »
  19. Musée Galliéra, p. 8 et 9, introduction de Olivier Saillard
    « (Violette Leduc) avouant sans déception qu'elle ne rencontra pas le maître. Balenciaga, en effet, se refuse à toute interview. Aux dires de certains, il n'en aurait donné qu'une seule au cours de sa carrière. « L'homme invisible de la couture française », également nommé le « moine de la couture » […] est un être secret. Depuis 1937 […] journalistes et auteurs, rédactrices et directeurs artistiques, à défaut de le rencontrer cherchent à percer le mystère de sa création. […] Sujet de fascination, y compris de la part d'autres couturiers qui apprécient en lui sa maîtrise et sa virtuosité, Balenciaga continue d'envoûter. […] Cristóbal Balenciaga suscite l'admiration […] »
  20. Linda Watson (trad. de l'anglais), Vogue - La mode du siècle : Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs [« Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer »], Paris, Éditions Hors Collection, , 255 p. (ISBN 2-258-05491-5), « Balenciaga, Cristobal », p. 95
  21. Jacqueline Dumaine et Palais Galliera 2014, Le style Balenciaga, p. 60
    « Pour ses pairs, Balenciaga […] était considéré comme l'architecte de la haute couture. Dior lui-même lui vouait une admiration sans bornes, disant de lui : « Il est notre maître à tous. » Le vêtement était sa religion. Balenciaga était un technicien hors normes, […] »
  22. Georgina O'Hara Callan (trad. Lydie Échasseriaud), Dictionnaire de la mode [« The Encyclopaedia of Fashion »], Paris, Thames & Hudson, coll. « L'univers de l'art », (réimpr. 2011) (1re éd. 1986), 303 p. (ISBN 978-2-87811-327-3, présentation en ligne), p. 21
  23. Marnie Fogg (dir.) et al. (trad. de l'anglais par Denis-Armand Canal et al., préf. Valerie Steele), Tout sur la mode : Panorama des chefs-d’œuvre et des techniques, Paris, Flammarion, coll. « Histoire de l'art », (1re éd. 2013 Thames & Hudson), 576 p. (ISBN 978-2-08-130907-4), « L'âge d'or de la haute couture », p. 299
    « Cristóbal Balenciaga régna lui aussi au zénith de la haute couture. […] Balenciaga n'avait aucune envie d'influencer la tendance ou de développer une ligne de prêt-à-porter, préférant concentrer la pureté de sa conception sur le sur-mesure. »
  24. Noël Palomo-Lovinski (trad. de l'anglais par Lise-Éliane Pomier), Les plus grands créateurs de mode : de Coco Chanel à Jean Paul Gaultier, Paris, Eyrolles, , 192 p. (ISBN 978-2-212-55178-5), « Cristobal Balenciaga », p. 94 à 97
    « Il est considéré par beaucoup, dans le domaine de la mode, comme « le maître ». »
  25. Madeleine Delpierre et Davray-Piékolek, Le costume : la haute couture 1945-1995, Paris, Flammarion, coll. « Tout l'art », (1re éd. 1991), 80 p. (ISBN 2-08-011236-8), p. 18 à 19
  26. Didier Grumbach, Histoires de la mode, Paris, Éditions du Regard, (1re éd. 1993 Éditions du Seuil), 452 p. (ISBN 978-2-84105-223-3), « Les puristes - Cristóbal Balenciaga », p. 122
  27. Norberto Angeletti, Alberto Oliva et al. (trad. de l'anglais par Dominique Letellier, Alice Pétillot), En Vogue : L'histoire illustrée du plus célèbre magazine de mode, Paris, White Star, , 410 p. (ISBN 978-88-6112-059-4, présentation en ligne), « 1940-1950 : de la Café Society à Christian Dior », p. 140
  28. Musée Galliéra, p. 11, introduction de Olivier Saillard
    « Mademoiselle Chanel reconnaissait en Cristóbal Balenciaga le seul couturier de son temps. »
  29. Colin MCDowell, « Mode : pour une presse libre », sur Business of Fashion - lemonde.fr, (consulté le )
    « Cristóbal Balenciaga faisait tout son possible pour éviter tout contact avec la presse, à l’exception de Diana Vreeland et Carmel Snow, les « grandes dames » du Vogue américain et de Harpers’s Bazaar. Seule Carmel Snow étant réellement adoubée. »
  30. (en) Leisa Barnett, « The French Connection », sur vogue.co.uk, Condé Nast, (consulté le ) : « "Balenciaga was my religion," confesses Hubert de Givenchy. "Since I'm a believer, for me there's Balenciaga and the good Lord."  »
  31. Marie-Laure Gutton in : in : Musée Galliera, Les chapeaux de Balenciaga, une création inspirée, p. 29
  32. Musée Galliéra, p. 12, introduction de Olivier Saillard
  33. Örmen 2012, p. 26
    « Ce couturier espagnol a laissé sur la mode une empreinte indélébile grâce à ses créations rigoureuses et incroyablement équilibrées, qui ont révolutionné les techniques de coupe. »
  34. Anne-Laure Quilleriet, « Les hommes de Balenciaga », sur lexpress.fr/styles, L'Express, (consulté le )
  35. Xavier de Jarcy, « Fraîches collections », sur telerama.fr, (consulté le )
  36. Lucie Dancoing, « Balenciaga, immortalisé au musée », sur parismatch.com, HFM, (consulté le )
  37. Caroline Pigozzi, « Un musée sur mesure pour Balenciaga », sur parismatch.com, HFM, (consulté le )
  38. « Alexander Wang directeur artistique de Balenciaga », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le )
  39. Eugènie Trochu, « Demna Gvasalia nommé directeur artistique de Balenciaga », sur vogue.fr (consulté le )

Ouvrages utilisés

  • Marie-André Jouve, Balenciaga, Éditions Assouline, collection Mémoire de la mode
  • Marie-André Jouve, Jacqueline Demornex, Balenciaga, Éditions du Regard
  • Musée historique des tissus de Lyon, Hommage à Balenciaga - Hersher

Voir aussi

Ouvrages

Presse

Exposition

  • Cristóbal Balenciaga, collectionneur de modes, du 13 avril au 7 octobre 2012, les Docks, Cité de la mode et du design, Paris
  • Balenciage, l'oeuvre au noir, 2017, Musée Bourdelle, Paris

Liens externes

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