Crepidula fornicata

Crepidula fornicata est une espèce de mollusque gastéropode marin connu sous le nom de crépidule ou berlingot de mer.

Crépidules fixées les une sur les autres et sur un galet. Longueur : jusqu'à 5 cm. On distingue un Chiton sur la coquille du haut.
Crepidula fornicata
Crépidule
Classification
Règne Animalia
Sous-embr. Mollusques
Classe Gastéropodes
Ordre Mesogastropoda
Sous-ordre à préciser
Famille Calyptraeidae
Genre Crepidula

Espèce

Crepidula fornicata
(Linnaeus, 1758)

Synonymes

  • Crepidula densata Conrad
  • Crepidula maculata Rigacci
  • Crepidula mexicana Rigacci
  • Crepidula nautiloides auct. non Lesson
  • Crepidula roseae Petuch
  • Crepidula violacea Rigacci
  • Crepidula virginica Conrad
  • Crypta nautarum Mörch
  • Patella fornicata Linné

Elle est originaire de la façade atlantique de l'Amérique du Nord et est devenue invasive en Europe.

Les crépidules vivent au niveau des côtes, à faible profondeur, elles s'encastrent les unes sur les autres, formant des colonies qui résistent facilement au courant et à la plupart des prédateurs. Fait rare chez les gastéropodes, elles se nourrissent de plancton en filtrant l'eau (microphagie suspensivore).

?
?

Invasion biologique

La crépidule est considérée comme une espèce invasive et problématique pour les ressources halieutiques, en raison de sa prolifération sur les côtes.

On connait au moins deux origines à cette invasion biologique[1] :

  • Une première introduction a été faite par des ostréiculteurs avec des huîtres de Virginie transplantées en Angleterre, à la fin du XIXe siècle, ce qui lui a permis d'envahir une partie du littoral anglais. Elle est ensuite apparue en France sur les côtes normandes et dans la rade de Brest, probablement à la suite de transferts de propagules à partir de l'Angleterre vers les côtes normandes lors du débarquement des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale.
  • Une seconde vague de colonisation correspond à des introductions involontaires avec l'huître japonaise Crassostrea gigas implantée en Europe à partir du Japon et de la Colombie-Britannique pour remplacer l'huître portugaise Crassostrea angulata décimée au début des années 1970. La plupart des centres ostréicoles l'ont ainsi involontairement diffusée. De là, la crépidule a ensuite gagné toute la côte européenne, de la Suède jusqu'à l'Espagne et à la Méditerranée.

Certaines activités humaines ont favorisé sa rapide propagation ; outre l'ostréiculture qui les a involontairement introduites le long du littoral, l'eutrophisation générale des eaux leur est très favorable, de même que la pêche au chalut qui les diffuse sur des kilomètres à chaque pêche.

Conséquences : elle entre en compétition pour la nourriture et l'espace avec d'autres mollusques comme les moules et les huîtres et les élimine de leur environnement initial.

Les particularités écologiques et biologiques de l'espèce favorisent une telle prolifération. Sa stratégie de reproduction est efficace (hermaphrodisme successif et fécondation directe, pontes multiples et protection des œufs). Elle est peu exigeante et ne possède pas en Europe de prédateurs.

Expérience de la Bretagne

Commencée en 2002, l'opération de pompage des crépidules par deux navires sabliers dans la baie de Saint-Brieuc et la baie de Cancale a été interrompue en 2007. Seulement 111 000 tonnes ont été récoltées sur les 175 000 prévues, mais surtout, les zones nettoyées ont été réinfestées rapidement, alors que d'autre part, les solutions de valorisation n'ont pas été développées hormis la transformation en engrais[2].

Grâce aux recherches effectuées par Ingrid Isabel Bahamondes-Rojas[3], docteur en biologie marine, deux pistes sont aujourd'hui exploitables : l'alimentaire et le domaine de la santé car le produit est riche en protéines et en oligo-éléments[4].

La société SLP a été créée en 2008 à Cancale pour mettre en place une filière durable d'exploitation de la crépidule. La crépidule est récoltée dans la baie de Cancale grâce à une barge ostréicole nommée « Papy ». À la suite de la récolte, elle est décortiquée à froid (sans cuisson) de manière industrielle, lavée et directement surgelée, pour pouvoir valoriser la chair sur le marché alimentaire, et la coquille comme amendement calcaire.

Gustative et de bon rapport qualité-prix, la chair de la crépidule a déjà séduit des chefs étoilés bretons, invités par les porteurs de projets à faire découvrir des variations gourmandes du coquillage. La crépidule est déclinable en soupe, parmentier, cassolette, coquille ou coquillage[5].

Voir aussi

https://www.franceinter.fr/emission-co2-mon-amour-la-rentree-de-co2-mon-amour : "Et si la crépidule, montrée du doigt comme envahisseur en milieu marin, était réhabilitée dans les assiettes. La société Britexa, de Châteaulin, s'y emploie. Son directeur, Pierrick Clement, nous expliquera comment ce coquillage peut connaître une deuxième vie."

Notes et références

  1. Plan d’actions stratégique du MEDD pour les milieux marins (Tome 1. Diagnostic et Orientations p59/118)
  2. Plus d'un million et demi d'euros ont été dépensés sans résultat probant pour débarrasser la Bretagne-nord des crépidules envahisseuses. Ouest-France du vendredi 15 juin 2007
  3. Ingrid BAHAMONDES - ROJAS - conseillère scientifique en aquaculture et produits de mer dans l'agro alimentaire, consulté le .
  4. Le fabuleux destin de la crépidule, consulté le 1er mai 2014.
  5. "Nous vous Ille" le magazine du conseil général extraits de l'article de Bruno Saussier dans le n° 85 janvier, février 2009

Références externes

Liens externes

  • Portail des mollusques et de la malacologie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.