Collioure (AOC)

Le collioure[1] est un vin d'appellation d'origine contrôlée produit dans un vignoble de 330 hectares sur les communes de Banyuls-sur-Mer, Cerbère, Collioure et Port-Vendres dans les Pyrénées-Orientales.

Pour l’article homonyme, voir Collioure.

Collioure

Parcelles de vigne de l'AOC Collioure avec le Fort Dugomier (premier plan) et la tour Madeloc (second plan)

Désignation(s) Collioure
Appellation(s) principale(s) collioure[1]
Type d'appellation(s) AOC-AOP
Reconnue depuis 1971
Pays France
Région parente Languedoc-Roussillon
Sous-région(s) Roussillon (Côte Vermeille)
Localisation Pyrénées-Orientales
Climat tempéré méditerranéen
Ensoleillement
(moyenne annuelle)
300 jours / an
Sol schiste
Superficie plantée 1 850 hectares
Cépages dominants grenache N, mourvèdre N, syrah N, carignan N et grenache blanc B[2]
Vins produits rouges, rosés et blancs
Pieds à l'hectare minimum 4 000 pieds par hectare
Rendement moyen à l'hectare maximum 40 à 48 hectolitres par hectare[3]

Histoire

Antiquité

Fondée par les Phéniciens pendant le VIe siècle av. J.-C., Port-Vendres fut le premier port de commerce du Roussillon, utilisé pour relier le monde occidental au monde oriental[4]. Sur l’une des falaises, les Grecs élevèrent un temple à Vénus, datant du VIIe siècle av. J.-C., identique à tous ceux qu'ils possédaient en Grèce, au bord des flots. Vénus, qui venait d'émigrer aux grèves de la Gaule, devint la Vénus pyrénéenne, hommage rendu aux habitants qui peuplaient le versant nord de ces montagnes[5].

Moyen Âge

La cité de Banyuls est dénommée Bannils de Maritimo en 1074. L'organisation du vignoble, implanté par les Grecs et Phéniciens, va être radicalement modifiée, au cours du Moyen Âge, par les Templiers qui mettent en place un système de filtrage et d'écoulement des eaux pluviales qui est d'ailleurs toujours utilisé actuellement[5].

Période moderne

Chaque année, les fêtes de la Saint Vincent se déroulent dans les rues de Collioure, du 14 au 18 août. Historiquement, la procession sur mer du 16 août constituait l’événement majeur des fêtes. La première eut lieu le , afin de célébrer l’arrivée dans la ville des reliques de Saint Vincent. Cette célébration eut alors lieu chaque année jusqu’à l’instauration de la loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905. Depuis 2001 (à l’occasion du tricentenaire des fêtes), la procession sur mer a lieu à nouveau ; un feu d’artifice est tiré à l’occasion.

Période contemporaine

Les vendanges 1906 avaient été désastreuses dans tout le Roussillon. Ce qui n'empêchaient pas la chute des cours du vin. Des familles vigneronnes se heurtaient à des difficultés financières telles qu'elles ne pouvaient plus payer l'impôt. Informé, le gouvernement donna ordre de faire intervenir les huissiers. Le village de Baixas fut le premier à se révolter au début de l'année 1907[6].

Le 18 février, il reçut le soutien de Marcelin Albert, qui envoya un télégramme à Georges Clemenceau. Quant à Joseph Tarrius, viticulteur et pharmacien à Baixas, il fait parvenir au gouvernement une pétition signée des habitants du village. Il y est précisé que le seul impôt que les contribuables puissent encore payer est celui du sang. Alors que les défilés de protestations s'étaient multipliés dans les villes et villages, préfectures et sous-préfectures accueillirent les manifestations viticoles. Le 19 mai, à Perpignan 170 à 200 000 personnes défilent dans la ville. La manifestation se déroule sans incidents graves[7],[6].

Dans les départements du Gard, de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales, les conseils municipaux démissionnent collectivement - il y en aura jusqu'à 600 - certains appellent à la grève de l'impôt. La situation devient de plus en plus tendues, les viticulteurs furieux attaquent perceptions, préfectures et sous-préfectures[8]. Le 20 juin, la tension monte encore. À Perpignan, la préfecture est pillée et incendiée. Le préfet David Dautresme doit se réfugier sur le toit[7].

Climatologie

Le climat de la région de Collioure est de type méditerranéen. Les hivers y sont doux avec quatre jours de gelées par an, les étés sont souvent chauds et secs. La tramontane (Tramuntana) souffle fréquemment (un jour sur quatre ; moins depuis quelques années) et amène une certaine fraîcheur en période estivale. La température moyenne annuelle sur Perpignan est de 15,9 ℃. La température des mois les plus chauds atteint plus de 30 ℃. La plaine du Roussillon est en effet l'une des régions les plus chaudes de France. Avec plus de 300 jours d’ensoleillement par an, un vent fréquent, des pluies rares mais violentes qui permettent de ne réaliser que 3 à 4 traitements par an, les producteurs se sont engagés dans une viticulture respectueuse de son environnement.

  Relevés des précipitations, des heures d'ensoleillement et des phénomènes météorologiques de Perpignan-Collioure 1961–1990 [9],[10]
MoisJanv.Fév.MarsAvr.MaiJuinJuil.AoûtSept.Oct.Nov.Déc.Total année
Heures moyennes d'ensoleillement 147,5 153,2 206,2 214,2 240,1 270,6 313,9 270,7 217,7 182,3 147,7 141,9 2506
Moyennes mensuelles de précipitations (mm) 50,6 44,8 43,5 55,9 50,1 28,3 17,1 32,0 47,3 89,8 58,6 54,4 572,4
Nombre de jours de pluie ≥ mm 5,2 4,7 4,5 5,9 5,5 4,1 3,0 3,9 4,2 5,1 5,1 5,3 56,5
Nombre de jours de brouillard 1,2 0,9 0,9 0,8 1,1 0,6 0,6 0,9 2,4 2,0 1,3 1,4 14,1
Nombre de jours d'orage 0,4 0,2 0,5 1,2 2,8 4,3 4,6 5,2 3,2 2,3 0,7 0,5 23,7
Nombre de jours de neige 0,9 0,6 0,4 0,2 0,4 2,6
Nombre de jours de gel 4,9 2,8 1,1 0 0 0 0 0 0 0 0,9 3,8 13,5
Nombre de jours de vent ≥ 57,6 km/h 14,4 11,5 15,6 12,9 8,1 7,0 9,0 7,3 6,8 9,4 11,6 13,4 127
Nombre de jours de vent ≥ 100,8 km/h 2,0 1,2 2,1 0,6 0,5 0,2 0,2 0,1 0,4 0,7 2,7 10,7

Vignoble

Présentation

L'AOC est produite sur les communes de Banyuls-sur-Mer, Collioure, Port-Vendres et Cerbère[11].

Encépagement

Ce vignoble produit des vins rouges, rosés et blanc. Les cépages principaux pour le vin rouge sont le grenache N, le mourvèdre N et la syrah N, en complémentaire le carignan N et en accessoire le cinsault N. Pour l'élaboration du vin rosé s'ajoute en cépage complémentaire le grenache gris G. Le vin blanc assemblent en cépages principaux le grenache blanc B et le grenache gris G avec possibilité d'y adjoindre en cépages accessoires le macabeu B, la marsanne B, la roussanne B, le tourbat B et le vermentino B[11].

Méthodes culturales et réglementaires

Terroir d'un vignoble de Collioure AOC
Vignoble de Collioure AOC en terrasse

Le cahier des charges de l'AOC a formalisé les traditions culturales qui prévalent dans ce vignoble depuis des générations. Les viticulteurs s'obligent à ce que leurs vignes présentent une densité minimale de 4 000 pieds à l'hectare avec un écartement entre les rangées ne peut être supérieur à 2,50 mètres. Pour les ceps plantées au carré ou en quinconce et conduites en gobelet, l'écartement ne peut dépasser 1,70 mètre[11].

Les vignes sont taillées en taille courte avec un maximum de 7 coursons par pied avec un maximum de 2 yeux francs. Seule la syrah N est conduite en taille Guyot simple avec un maximum de 8 yeux francs par pied. Il est obligatoire que la taille soit terminée avant le 31 mars. Le respect de ces modes de conduites permet de limiter les rendements avec une charge maximale moyenne à la parcelle fixée à 6 500 kilogrammes par hectare et inférieure ou égale à 1,6 kilogramme par cep de vigne[11].

De plus les viticulteurs se doivent d'entretenir les murets, terrasses et banquettes dont le rôle est de stabiliser les sols. Ceux-ci ne peuvent pas faire l'objet de modifications importantes[11].

Vinification et élevage

Seule la vendange manuelle est admise pour l'AOC et celle-ci ne doit pas comporter plus de 5 % de baies abimées ou de maturité insuffisante. Sinon un tri est obligatoire soit dans le vignoble, soit à la cave. De plus, lors du transport, les baies des raisins doivent rester intactes[11].

Lors de la vendange, le raisin doit avoir une richesse en sucre de 195 pour le vin blanc, 198 pour le vin rosé et 207 pour le vin rouge. Potentiellement, ils doivent avoir un potentiel d'alcool de 12,0 % pour les blancs, 11,5 % pour les rosés et 12,0 % pour les rouges. Le rendement est de 40 hectolitres à l'hectare[11].

Pour la vinification,il est obligatoire que la cave soit équipée d'un matériel permettant la maîtrise des températures pour l'élaboration des rosés et des blancs. En outre les rouges font l'objet d'un élevage jusqu'au 15 mai suivant la récolte, les blancs jusqu'au 15 février[11].

Terroir et vins

Au niveau caractère :

  • Les blancs sont aromatiques avec des notes florales ou de fruits à chair blanche.
  • Les rosés sont nerveux, avec des arômes fruités et floraux.
  • Les rouges sont puissants, colorés avec des arômes de fruits rouges. Certains de ces vins de Collioure gagnent à être élevés et conservés une dizaine d'années. Ils évoluent alors vers des notes plus musqués et de sous-bois.

Type de vins et gastronomie

AOC Collioure et gastronomie locale
Soupe de lentilles catalane

Les vins de Collioure (rouge, rosé et blanc) se marient parfaitement à l'ensemble de la cuisine catalane. En rouge, ils se révèlent parfaits pour accompagner les viandes rouges, le gibier à poil ou à plume, les différents civets, dont la llagostada, nom catalan du civet de langouste et les daubes, en rosé, il s'accorde avec les viandes blanches, la charcuterie, les terrines, les abats et les champignons. Le vin blanc est traditionnellement dévolu aux poissons ou fruits de mer (anchois, saumon, homard, etc.) et les escargots (cargolade), il se révèle parfait sur les fromages de brebis ou de chèvre. L'AOC Collioure s'accorde aussi avec un certain nombre de mets régionaux (chili con carne, pâtes à la carbonara, tomates à la provençale, couscous, paella, tajine, thon à la provençale, etc.)[12]

Notes et références

Bibliographie

  • R. Furon, L'érosion du sol, conséquence de l'activité humaine. Application à la région du vignoble de Banyuls, Vie Milieu, n°1 (4), pp. 465-473, 1950.
  • F. Poirot, C. Rosas, A. Dourdan, J.M. Goyhenex et P. Palat, Les vignerons sculpteurs de montagnes, Terres catalanes, n° 5, 1974.
  • Jacques Maby, Terroirs agressés : de la nature des agressions, in Colloque sur la protection des terroirs du Comité interprofessionnel des Vins Doux du Roussillon, Perpignan, 1997.
  • F. Alcaraz, Feixes, agouilles et peus de gall : le dispositif anti-érosion du vignoble de Banyuls. Étude des pratiques d'entretien des terrasses de culture. Montagnes méditerranéennes, 5, 1997.
  • F. Alcaraz, Les terrasses méditerranéennes, entre terroirs et paysages (nord-ouest du bassin méditerranéen), Toulouse, Université de Toulouse Le Mirail, U.F.R. de Sciences humaines et sociales, Département de Géographie, thèse de doctorat de l'Université de Toulouse, Vol. I et II, 1999.
  • Roger Rull, Actes du Congrès international : Terroir, paysage et environnement méditerranéens en viticulture de montagne, Banyuls, mai 2002
  • Guy Olivier, Le paysage de terrasses du cru "Banyuls" (Pyrénées orientales) et son évolution, 1er novembre 2002, en ligne.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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