Collectif Jeudi noir

Le collectif Jeudi noir est un collectif français créé le [1] pour dénoncer la flambée des prix des loyers et contribuer à une explosion de la bulle immobilière. Par le biais d'actions médiatiques, telles que des visites festives d'appartements à louer et des "réquisitions citoyennes" de bâtiments dans de nombreux endroits de Paris, il attire l'attention des médias et de l'opinion publique sur le fait que la majeure partie de la population souffre de la cherté des logements.

Des banderoles Jeudi noir à Paris

Méthode

Le collectif Jeudi noir s'invite en 2006 lors de visites collectives dans des appartements loués à des prix prohibitifs. Son nom rend hommage "jour de sortie du PAP et au krach de Wall Street en 1929…"[2]. Ses membres débarquent à 15 ou 20, déguisés, avec de la musique funk, des confettis, du mousseux, et des journalistes[3]. Ayant pris une certaine ampleur, le collectif adopte la méthode de la réquisition citoyenne d'immeubles entiers laissés à l'abandon. La médiatisation de ces espaces militants a pour but de susciter un débat sur le droit au logement face au droit de propriété, lorsque celui-ci n'est pas exercé.

Actions

Hôtel Coulanges, place des Vosges, réquisitionné en octobre 2009.

Avec les associations Macaq et Droit au Logement, ils ouvrent en le Ministère de la Crise du Logement, au 24, rue de la Banque, sur la place de la Bourse, dans le 2e arrondissement de Paris. Ce squat, où logent des artistes, des familles et des jeunes actifs, sera finalement racheté par l'office HLM de Paris pour en faire des logements sociaux[4].

Le , pour dénoncer les loyers trop élevés qui poussent certains jeunes à se prostituer en échange d'un logement, le collectif Jeudi Noir défile habillé en prostituées, proxénètes et travestis, devant le Ministère du Logement[5].

Le , le collectif occupe temporairement un immeuble du boulevard Montmartre pour dénoncer les nombreux logements vacants[6] à Paris. Ils sont expulsés par la police quelques heures après.

De mars à , Jeudi noir occupe un bâtiment abandonné de 2 500 mètres carrés en plein Marais, impasse Saint-Claude : c'est « l'Impasse », à laquelle de nombreux soutiens politiques ne parviennent pas à faire éviter l'expulsion. En , un an jour pour jour après l'expulsion, la société propriétaire est condamnée à verser une indemnité aux habitants expulsés illégalement.

Le , le collectif effectue une nouvelle réquisition spectacle en investissant un immeuble du 16e arrondissement, avenue Kleber. Ils sont expulsés dans la soirée. En , l'immeuble est toujours laissé vacant par son propriétaire, le groupe hôtelier Costes[réf. nécessaire].

Depuis 2009, le collectif Jeudi Noir apporte son soutien aux habitants d'un squat rue de Sèvres. Bien qu'ils aient quitté les lieux en , la propriétaire multiplie les procédures et leurs réclame maintenant plus de 450 000 €, représentant plus du quart de la valeur de l'immeuble[7].

Du au , c'est l'occupation de « La Harpe », 24 rue de la Harpe, au cœur du quartier latin. Le bâtiment, un ancien centre médical vide depuis , appartient au CROUS. À la suite d'une médiation du député Etienne Pinte, les neuf habitants, condamnés à l'expulsion en mars, quittent le bâtiment pour que des travaux de transformation en logements étudiants puissent commencer. Malgré les engagements écrits de la ministre Valérie Pécresse et des responsables du CROUS, le bâtiment reste vide et muré plus d'un an, jusqu'en .

En , le collectif Jeudi noir publient avec Mediapart une carte de près de 50 immeubles vides à Paris, représentant près de 200 000 m2 et une valeur de plus d'un milliard d'euros.[8]

D'août à , un ancien foyer de la Poste est réquisitionné passage de la Bonne-Graine. Plus de 45 personnes habitent le lieu jusqu'au démarrage des travaux de rénovation.

, le collectif réquisitionne « La Marquise » (l'hôtel Coulanges), hôtel particulier de la place des Vosges inhabité depuis quarante-quatre ans. Les soutiens politiques sont nombreux (Jack Lang, Anne Hidalgo, Cécile Duflot, Étienne Pinte, entre autres). La décision du tribunal concernant les habitants, qui risquaient de se voir demander la somme de 115 000 euros, a été rendue le . La presse nationale et internationale suit de près cette affaire[réf. nécessaire]. Le jugement condamne les habitants à une indemnité de 25 000 € par mois d'occupation. Bien que le collectif ait fait appel, des saisies ont été tentées sur les comptes de plusieurs d'entre eux[9]. Moins de 24 heures après la décision de la cour d'appel abaissant les indemnités mais confirmant l'expulsion, le , les squatteurs sont expulsés par la police[10]. Les anciens habitants se retrouvent endettés à hauteur de 90 000 €.

À partir du , le collectif occupe un immeuble « abandonné » depuis 2006 appartenant au groupe Axa, situé 22, avenue Matignon, à proximité de l'Élysée[11]. Condamnés à l'expulsion le , ils sont expulsés 3 jours plus tard[12].

Le , Jeudi Noir apporte son soutien au collectif pour la libération du Gabon, à l'occasion d'une action devant un immeuble propriété de Ali Bongo[13]. À la suite de l'interpellation de l'ensemble des militants, les policiers constatent qu'un certain nombre d'activistes ne sont pas des SDF mais des fonctionnaires, des assistants parlementaires et des journalistes et transmettent leurs identités et professions au site Atlantico[14].

Revendications

  • Le gel des loyers pour enrayer leur hausse continuelle;
  • Que le caractère opposable du droit au logement (DALO) devienne effectif face au droit de propriété;
  • L'application de la loi de réquisition pour réaliser rapidement des logements étudiants et des logements sociaux à des prix bas;
  • L'inéligibilité pour les maires qui ne respectent pas la Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (lois SRU puis ALUR), qui impose une proportion de 25 % de logements sociaux;
  • Modification du plan local d'urbanisme (PLU) afin de donner la priorité au logement sur les bureaux pour les constructions et réhabilitations.

Bibliographie

  • Le petit livre noir du logement, corédigé par les membres de Jeudi noir, éditions La Découverte, (ISBN 978-2707158741).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. https://www.dailymotion.com/video/xkik2_jeudi-noir-org_news
  2. Jeudi Noir: la vie en squat, mode d’emploi, Slate.fr, 5 juin 2013, par Olivia Cohen
  3. Visite festive d'un appart' avec Jeudi Noir: Perruques, confettis et... bad trip, Avis Immobilier
  4. Le « Ministère de la crise du logement » ferme ses portes, Le Parisien, 24 octobre 2011
  5. Lise Barcellini, Jeudi noir tapine pour dénoncer les propriétaires pervers, Rue89, 14 février 2008
  6. En 1999, l'INSEE comptabilise 136 554 logements vacants à Paris, soit 10,3 % du total des logements: , INSEE
  7. Nicolas Guégan, Justice : jeudi sombre pour Jeudi noir, Le Point, 21 février 2013
  8. https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1R-vK1uDeDbxSfo-S0thhagtjJj0&hl=en_US&ll=48.889002299196875%2C2.32449500000007&z=13
  9. Delphine Chayet, « La propriétaire veut récupérer son bien squatté place des Vosges », Le Figaro, (lire en ligne)
  10. AFP, « La police fait évacuer les squatteurs de la place des Vosges », Le Monde, (lire en ligne)
  11. Julien Martin, L'annonce du Squat commentée sur Rue89, Rue 89, 7 janvier 2011
  12. Tu ne squatteras point, La Télé Libre, 16 mars 2011
  13. Biens mal acquis : un immeuble de l'Etat gabonais à Paris occupé par des opposants, Le Monde, 21 février 2011
  14. Squat else ? Les vrais faux mal-logés de la pause-café, Atlantico, 1er mars 2011
  • Portail de la politique
  • Portail de la France
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.