Citadelle de Bastia
La Citadelle (en Corse A Citatella ou A Citadella) est un quartier historique de la ville de Bastia. Sa construction date de la présence génoise en Corse.
Histoire
La citadelle de Bastia a été fondée au XIVe siècle par les Génois. La capitale de la Corse est alors Biguglia, où résident les gouverneurs. Mais les Génois considèrent l'endroit dangereux et peu adapté pour le commerce. En 1380, le gouverneur Leonello Lomellini décida de construire un nouveau fort, appelé Fortino[1].
En 1475, le podestà Antonio Tagliacarne entreprend la construction d'une vingtaine de maisons. Ainsi nait le quartier de Terra Nova, en opposition à celui de Terra Vechja, qui correspond au quartier actuel du Vieux-Port, anciennement appelé Portu Cardu[2].
De la première fortification de la Citadelle, en italien Castello della Bastia ou aussi Fortino il ne reste plus rien. Il était situé en lieu et place du bastion Saint Charles, au-dessus du jardin de Romieu actuel. C'est cette tour du Fortino qui va donner son emblème à a ville de Bastia.
Monuments et lieux
La place du Donjon, ou Piazza di A Corte
C'est la place principale de la Citadelle. On y accédait par ce qui était l'unique porte d'entrée de Terra Nova, la ville haute. La place est entourée de bâtiments historiques qui ont fait l'histoire de la ville : le Palais des gouverneurs, le pavillon des Noble-Douzes, la Casetta.
Son nom ancien est Piazza di A Corte[1], en français "Place de la Cour". Le nom fait référence à la cour de justice, qui était installée à la Citadelle.
Le nom de Place du Donjon a été donné sous la domination française. Après la conquête militaire de l'île, l'armée française s'installe dans le Palais des Gouverneurs et on donne au bâtiment le nom de "Donjon".
A Piazzetta
Au bout de la Piazza di A Corte, vers l'Est, se trouve A Piazzetta. Il s'agit en fait de la partie supérieure d'une des grandes citernes de la Citadelle. En plus des deux grandes citernes du Palais des Gouverneurs elle servait à alimenter en eau le quartier de Terra Nova.
Le Palais des gouverneurs
Le bâtiment actuel du Palais des gouverneurs a été construit à partir de 1448 et achevé dans le premier quart du XVIe siècle[3].
Le palais a servi de résidence principale aux gouverneurs de la fin du XVe siècle jusqu'à la fin de la domination génoise, au XVIIIe siècle. Il a servi également de cour de justice et de prison. Ses façades et toitures sont classées au titre des monuments historiques en 1977[4].
Le Palais des Nobles Douze
Le Palais des Nobles Douze a été créé vers 1703. C'était une institution réservée aux Corses, en particulier aux descendants des grandes familles. Les douze conseillers étaient élus pour deux ans. Ils étaient censés aider le gouverneur pour certaines tâches. Ils peuvent être considérés comme les députés des pieve.
Sous la domination française, le bâtiment est récupéré par l'armée qui y met ses bureaux. Ils sont aujourd'hui occupés par les services du patrimoine de la municipalité de Bastia.
Il est situé Place du Donjon, anciennement appelée Piazza di Corte.
Les portes
Il y a deux portes pour entrer dans la Citadelle. La plus ancienne se trouve cours Favale. Elle est appelée Porte Louis XVI car reconstruite en 1775. La porte monumentale est inscrite au titre des monuments historiques en 1935[4]. Le nom corse de ce lieu est "E Loghje". Au dessus de la seconde porte on peut voir une pierre en mauvais état où l'on devine l'emblème de la Sérénissime République de Gênes : deux griffons entourant un blason, et une couronne.
- La première porte donnant sur le cours Favale ou "Porte Louis XVI"
- La seconde porte
- L'emblème de la République de Gênes au-dessus de la seconde porte
La potence
Sur la face ouest des remparts, du côté des petites boutiques près de la Porte Louis XVI, une potence est toujours visible.
Les remparts de la Citadelle
Les murs les plus anciens ont été construits au XVe siècle. Avec les guerres et les destructions qui ont suivi, elles ont été faites et refaites plusieurs fois, entre 1575 et 1626.
Maisons historiques
A Casetta, ou "Casa Tagliacarne"
À l'origine c'est une maison appartenant à la famille Taglicarne. Antonio Tagliacarne était originaire de Levanto, sur la riviera ligure. En 1480 il demande à la République de Gênes l'autorisation de construite une vingtaine de maisons autour de la fortification initiale de La Bastìa. C'est ainsi que nait le quartier de Terra Nova. Il deviendra le premier podestat de la ville, de 1488 à 1498[2].
La maison est appelée "Casetta" à cause de sa petite taille d'origine. Les étages supérieurs ont été rajoutés plus tard. Sous la domination génoise, la Casetta fait office d'hotel de ville. C'est là que se réunissait la "Magnifica Comunità della Bastia", l'équivalent du conseil municipal[1].
La maison Zerbi
C'était la maison du vicaire du gouverneur. Elle a servi de cour de justice. Elle a aussi donné son nom à la place : Piazza di Corte. Le vicaire était le second personnage le plus important de l'administration génoise, après le gouverneur. Quand le vicariat fut transféré dans l'enceinte du Palais des Gouverneurs, la maison devint propriété de la famille Centurione. Puis elle fut acquise par Paulu Zerbi (1582-1635), qui fut podestat. Il la réhaussa d'un étage et la fortifia, ajouta une tour, une citerne. Elle fut connue alors sous le nom de "Casa Zerbi"[2],[1].
Le palais épiscopal
En corse : U palazzu viscuvile. C'était le lieu de résidence de l'évêque de Mariana. En 1570 le siège est transféré à Bastia. En 1660 Mgr Giustiniani fait l'acquisition de cet ancien couvent qui appartenait aux Turchine, les Turquines.
Le bâtiment ne laisse à découvrir que sa façade sobre et austère. Elle était décorée d'un fronton de marbre blanc qui portait les armoiries de la famille Giustiniani. Il a été cassé à la Révolution et on peut le voir aujourd'hui au musée de Bastia.
Le palais s'étend en profondeur mais les rues sont aujourd'hui bouchées. On dénombrait 32 pièces, dont certaines richement décorées.
Après la Révolution le palais est abandonné. Il a été récupéré par l'armée. Il a servi de résidence aux officiers du Génie militaire.
Édifices religieux
La cathédrale Santa Maria
En 1570 le siège de l'évêché de Mariana est transféré à Bastia. La nouvelle cathédrale est construite à l'emplacement d'une ancienne église qui a été rasée, appelée Santa Maria della Consolazione. Elle prenait appui sur un rocher, d'où son autre nom : Santa Maria l'Arrimbata. La construction débute en 1604 et durera quinze ans. Le campanile a été construit en 1620.
L'édifice est de style baroque. La façade, entièrement refaite au XIXe siècle est de style néoclassique. Son intérieur aux trois nefs richement décorées sont un exemple de baroque aux XVII et XVIIIe siècles.
Les orgues du XIXe siècle sont l'oeuvre des frères Serassi de Bergame.
Parmi les nombreux tableaux, on peut admirer une Assomption de la Vierge par Leonoro d'Aquila de 1512. C'est le plus ancien tableau de Bastia[5].
La cathédrale est classée monument historique en 1999.
On peut y voir une statue de la Vierge de 200 kilos. Elle est l'oeuvre d'un orfèvre siennois, Gaetano Macchi, qui l'a réalisée au XIXe siècle grâce aux dons des Bastiais.
L'oratoire Santa Croce
La confrérie de Sainte Croix, Santa Croce en corse est la plus ancienne de Bastia. Son origine est connue au début du XVe siècle. Elle fait bâtir en 1542 une chapelle sur un terrain appartenant à la basilique Saint Jean de Latran, à Rome. L'édifice actuel a été construit en 1600.
On peut y voir à l'intérieur le Très Saint Crucifix des Miracles, le Christ noir, u Cristu negru. Il aurait été découvert en mer en 1428 par deux pêcheurs bastiais.
L'oratoire a été endommagé lors du bombardement de la flotte anglaise en 1745. Le riche décor intérieur laisse à découvrir des stucs dorés, réalisés entre 1758 et 1775 par des artistes ligures et corses.
- La porte sud
- La porte nord
- Le patio
- La chaire
- Le maître-autel
Le couvent Sainte-Claire
Le couvent Sainte-Claire, Santa Chjara, appelé aussi couvent des Clarisses a été édifié en 1600. Sur la marche d'entrée se trouvait gravée l'inscription tirée d'un vers de Dante : "Lasciate ogni sperenza, o voi ch'entrate" ("Abandonnez tout espoir, vous qui entrez"). Une fois par an le gouverneur était reçu au couvent, le jour de la Sainte-Claire.
Le couvent fut désaffecté à la Révolution et récupéré par l'armée. En 1817 il devient prison jusqu'en 1993, date de l'ouverture du centre pénitentiaire de Borgu. Il appartient aujourd'hui à un privé. Le couvent est totalement désaffecté.
Les bastions génois
Les Génois ont édifié les premières fortifications en 1480. Puis ils ont entièrement reconstruit les remparts entre 1575 et 1626[6] . À l'intérieur de la citadelle on dénombrait six bastions :
Le bastion San Giovanni (en corse San Ghjuvanni)
Le bastions San Carlo (San Carlu)
Le bastion Santa Maria
Le bastion San Gerolamo
Le bastion du Dragon (U Tragone)
Le bastion du Chiostro (en corse U Chjostru)
Le chemin de ronde
Le chemin de ronde faisait le tour des remparts de la Citadelle. Il était dédié à la surveillance. Il n'est aujourd'hui pas praticable dans son intégralité (privatisé en certains endroits).
Noms de lieux
En 2014, la municipalité bastiaise entreprend l'instauration d'une signalétique bilingue corse-français dans toutes les rues de la Citadelle[7]. Les noms anciens sont réhabilités. Voici quelques noms de lieux :
- La Poudrière (A Pulverera)
- Place Guasco (U Giardinè)
- Place du Donjon (Piazza di Corte)
- rue Saint-Michel (A Chjappa)
- rue de l'Esplanade (Calarà)
- rue du Dragon (U Tragone)
- passage Antone Rosaguti, ex-passage Vauban (E Loghje)
Notes et références
- dirigé par Jean-Baptiste Raffalli et Michel-Édouard Nigaglioni, Bastia : le guide, Paris, Éditions Du Patrimoine,
- Almanach Bastiais, Tradizione viva di Bastia è di u so circondu, Bastia, Comité des fêtes de l'animation du patrimoine de Bastia,
- « Educorsica - Bastia : U palazzu di i Guvernatori », sur tice-corse.fr (consulté le )
- « Notice n°PA00099158 », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Fernande Bastia. Direction du patrimoine et Impr. bastiaise), La peinture, vol. 1, Ville de Bastia, Direction du patrimoine, (20-bastia : (ISBN 2-9514356-4-9 et 978-2-9514356-4-3, OCLC 469990022, lire en ligne)
- « Porte Louis XVI », sur http://www.bastia.corsica (consulté le )
- « Les premières plaques bilingues ont été posées à la citadelle de Bastia », sur www.corsematin.com (consulté le )
Voir aussi
Liens externes
- Ressource relative à l'architecture :
- Mairie de Bastia, Direction générale adjointe aux politiques éducatives et culturelles, Découvre Bastia à l'époque génoise : https://fr.calameo.com/read/004820425115d01c99543
- U Palazzu di i Guvernatori, video du Scéren-CRDP, 2010
Articles connexes
- Liste des monuments historiques de Bastia
- Édifices religieux de Bastia
- Cathédrale Sainte-Marie de Bastia
- Palais des Gouverneurs de Bastia
- Église Sainte-Croix de Bastia
- Vieux-Port de Bastia
- Place du Marché de Bastia
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