Chouchen

Le chouchen (en breton : chouchenn ou mez, d'après les dictionnaires Catholicon de 1464 et An Here), historiquement proche mais pourtant différent de l'hydromel, est une boisson alcoolisée obtenue à partir de la fermentation du miel dans l'eau (vin de miel), très ancrée dans la culture celte. Il se fabriquait autrefois plus particulièrement à partir de miel de sarrasin, jadis très présent en Bretagne, qui lui donnait sa couleur foncée et son goût prononcé[1].

Pour l’article ayant un titre homophone, voir Chouchène.

Chouchen

Des bouteilles de Chouchen

Pays d’origine France
Type Boisson alcoolisée
Principaux ingrédients eau, miel
Degré d'alcool 12° à 15°
Couleur Ambré
Parfum(s) Miel

Le terme chouchen est très récent (début XXe siècle) et trouve ses origines à Rosporden en Bretagne, où Joseph Postic, un producteur local, déposa la marque commerciale « chouchen ». Avant lui, la première trace écrite remonte à 1895 dans le journal de l'Union agricole et Maritime[2], orthographié « Souchen ».

Élaboration et utilisation

En Bretagne, cette fermentation est déclenchée par l'apport de levures comme pour la bière. Un litre de chouchen nécessite environ un tiers de son volume en miel pour atteindre un degré alcoolique suffisant.

Boisson traditionnelle de Bretagne, le chouchen est une boisson liquoreuse alcoolisée (14° environ) comparable à l'hydromel. Dans les années 1830 déjà, Alexandre Bouët signalait que « quelques-uns, dans les années où le cidre manquait, faisaient de l’hydromel, cette boisson des anciens temps ». Toujours est-il que, dans une partie de la Basse Cornouaille, le chouchen semble, au lendemain de la Première Guerre mondiale, concurrencer le cidre et les autres boissons alcoolisées. De nombreux faits divers évoquent les « méfaits du chouchen », témoignant à l’évidence qu’il était consommé par les couches sociales les plus modestes, ce qui ne l’empêcha pas d’être servi lors de la réception de la fête des reines de Cornouaille de 1928 à Quimper. Un négociant rospordinois, Le Moal, fut le premier à employer le mot chouchen (qu'il écrit d'ailleurs souchen) dans un article daté du de l'Union agricole et maritime où il présente sa nouvelle liqueur comme efficace pour lutter contre l'influenza ; l'appellation fut officiellement déposée vers 1920 par Joseph Postic, négociant et plusieurs fois maire de Rosporden[3].

Le chouchen de Maison Fisselier

Cet alcool se consomme bien frais (toujours sans glaçon, cela masque le goût du miel), généralement en apéritif, pour agrémenter le melon (comme le pineau des Charentes ou le porto) ou parfois en hiver comme un vin cuit. On trouve en Bretagne différents types de chouchen dont certains sont réalisés avec un mélange d'eau et d'eau de mer, sans oublier le miel. Aujourd'hui, le chouchenn retrouve ses lettres de noblesse grâce aux efforts de petits producteurs et quelques chefs étoilés.

Selon la légende, les effets du chouchen auraient été autrefois très violents. Après extraction du miel, rien n'était perdu : les rayons naturels étaient disposés dans le fût de fermentation. Des abeilles se trouvaient mélangées au miel et leur venin se diffusait dans la boisson[4]. Le chouchen pouvait alors avoir un effet assommant. En effet, le venin d'abeille[5] attaque le cervelet (organe servant à garder l'équilibre). Toujours selon la légende, quelques verres auraient suffi pour tomber à la renverse.

Plus vraisemblablement, il s'agissait en fait du moût de pomme ajouté à la préparation de miel pour en accroître la fermentation, le venin des abeilles empêchant celle-ci. L'explication serait donc l'effet habituel de l'alcool.

Le chufere

Il existe une autre boisson proche du chouchen, le chufere, qui est à base de miel et de cidre. Il est en général moins fort que le chouchen, environ 8 à 9°. La production de chufere est devenue moins courante, ainsi que le chouchen [6].

Le chamillard

En Haute Bretagne, plus particulièrement dans le pays Gallo, il est possible de retrouver la dénomination chamillard[7] qui s'ajoute au nom chouchen pour stipuler une appartenance géographique.

Références culturelles

Le chouchen est également évoqué dans de nombreuses chansons :

  • Matmatah évoque le chouchen dans les chansons Lambe An Dro et Les Moutons.
  • Manau en parle aussi dans la chanson Tout le monde.
  • Dans leur chanson bretonne parodique Ker Chansonec, Oldelaf et Monsieur D évoquent le « chouchen au bon miel de Landerneau ».
  • Les Bidochons le citent dans leur parodie de Come Together, « Comme tu dégueules ».
  • Jean Floc'h et Grandpamini l'évoquent dans leur chanson humoristique "Bienvenue chez les Bretons".
  • Dans la chanson Tu n'as pas les oreillons de l'album Un coup de queue de vache, Thomas Fersen fait référence à un druide buvant du chouchen sous un chêne.
  • Dans la série Imogène (série télévisée) les personnages boivent allègrement du chouchen
  • Le groupe Aioli fait référence au chouchen parmi les différentes boissons à déguster en Bretagne dans son clip Le Breton

Références

  1. Philippe Marchenay et Laurence Bérard, L'homme, l'abeille et le miel, Éditions de Borée, 2007, (ISBN 2-84494-533-3), p.202
  2. « Qu'est-ce que le chouchen ? Cet alcool breton si délicieux... », sur Chouchen.bzh, (consulté le ).
  3. « Le chouchen », sur Becedia, (consulté le ).
  4. Le chouchen, un héritage des Celtes
  5. Article sur le venin d'abeille
  6. Qu’est-ce que le chouchen ? Cet alcool breton si délicieux…, sur le site chouchen.bzh
  7. « Le Chamillard, le chouchen du pays Gallo en Haute Bretagne », sur LAMBIG.BZH, (consulté le )
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